Sushis volants: Israël se prépare aux livraisons par drones

Cette photo prise le 11 octobre 2021 dans la ville côtière israélienne d'Herzliya montre un véhicule aérien sans pilote (UAV ou drone) transportant des livraisons de restauration rapide lors d'une présentation à la presse dans le cadre de l'opération de test de la National Drone Initiative. JACK GUEZ / AFP
Cette photo prise le 11 octobre 2021 dans la ville côtière israélienne d'Herzliya montre un véhicule aérien sans pilote (UAV ou drone) transportant des livraisons de restauration rapide lors d'une présentation à la presse dans le cadre de l'opération de test de la National Drone Initiative. JACK GUEZ / AFP
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Publié le Vendredi 15 octobre 2021

Sushis volants: Israël se prépare aux livraisons par drones

  • Israël, un des leaders sur le marché des drones, se lance dans les livraisons, notamment de plats à emporter et de matériel médical, via ces engins volants
  • Israël est en train de concevoir des «analogues civils» aux drones militaires, des engins de plus en plus petits et capables de se déplacer en groupe

Sushis et bière tombés du ciel ou presque. Israël, un des leaders sur le marché des drones, se lance dans les livraisons, notamment de plats à emporter et de matériel médical, via ces engins volants.

Lors d'une démonstration lundi, trois drones, chargés de sushis et de cannettes de bière, bourdonnent au-dessus des gratte-ciel de Tel-Aviv, avant de descendre sur des aires d'atterrissage en bord de mer.

L'exercice, organisé par High Lander et Cando, deux entreprises de pointe du secteur, faisait partie d'un projet de 20 millions de shekels (environ 6 millions de dollars) visant à promouvoir la technologie israélienne dans le domaine des drones.

"L'idée n'est pas de faire voler un drone mais plusieurs, issus de différents fabricants, contrôlés par notre logiciel et que l'on s'assure qu'ils ne se percutent pas", explique à l'AFP le PDG de High Lander, Alon Abelson.

«Réduire la pollution»

Daniella Partem, chargée du projet au sein de l'Autorité israélienne de l'innovation, explique imaginer des "milliers" de drones volant simultanément dans des villes surpeuplées du futur, livrant toutes sortes de produits, des médicaments aux plats à emporter, mais aussi renforçant les missions de police en prenant par exemple des photos.

"Notre objectif est de créer un marché compétitif en Israël qui ne soit pas dominé par une seule entreprise", explique-t-elle. 

"Si nous parvenons à retirer les véhicules des routes pour les mettre dans l'air, nous pourrons agir sur la circulation, nous pourrons réduire la pollution de l'air (...) nous pourrons créer un environnement meilleur et plus sûr pour les livraisons", ajoute-t-elle.

L'expert en drones Michael Horowitz, politologue à l'Université de Pennsylvanie, explique qu'Israël est en train de concevoir des "analogues civils" aux drones militaires, des engins de plus en plus petits et capables de se déplacer en groupe.

"Si une entreprise israélienne développe un système local efficace pour commander et contrôler des drones, capable d'inclure des drones de différentes compagnies, ça peut potentiellement intéresser beaucoup de monde", dit-il. 

Selon lui, les avancées dans le domaine des drones civils pourraient aider Israël à reconquérir des parts de marché dans le secteur des drones, alors que ses rivaux, la Chine et la Turquie, grignotent ses exportations de drones militaires. 

M. Abelson, de High Lander, dit avoir des clients dans le monde entier, notamment au Japon, en Corée du Sud, en France, aux États-Unis, en Israël et dans des pays africains. 

Manoel Coelho, PDG de la société brésilienne de drones Speedbird Aero, a déclaré à l'AFP qu'il utilisait High Lander pour "déconflictualiser l'espace aérien" car l'entreprise est "l'une des premières au monde à le faire de manière aussi organisée", en allusion au risque d'accidents. 

D'autres projets en sont encore à un stade très expérimental. 

Hadas Aharoni, 22 ans, contrôleuse de la société de drones Airwayz, surveille des dizaines de drones autonomes volant au-dessus de la ville de Hadera, dans le nord du pays, depuis une salle de contrôle à Tel-Aviv, à environ 50 km au sud. 

Livraison rapide

"Nous pouvons voir les trajectoires de vol où les drones décollent et atterrissent, leur hauteur, leur niveau de batterie et toutes sortes de problèmes que nous devons résoudre pour que les drones arrivent à bon port", explique Hadas Aharoni. 

Jusqu'à présent, ses drones n'ont effectué que des missions d'entraînement.

"Nous sommes en train de nous assurer que ce système sera sûr pour l'avenir quand il y aura davantage de vols", ajoute Hadas Aharoni. 

Et les entreprises israéliennes semblent être au rendez-vous, avec plusieurs qui expérimentent ce nouveau mode de livraison, comme les chaînes de sushis Japanika ou de glaces Golda.

Pendant une semaine, cette dernière a ouvert une boutique pop-up en bord de plage à Tel-Aviv, proposant aux clients de scanner un code QR et de commander des glaces livrées par un drone. 

Et pour Talya Marder, responsable marketing de Golda, la valeur ajoutée des drones est évidente. 

"En moins de dix minutes, vous pouvez obtenir votre commande, ce que vous ne pouvez pas faire avec des véhicules ordinaires", explique t-elle.  


L'Union européenne, le Canada et la Grande-Bretagne avancent en front uni face à Trump

Le président français Emmanuel Macron (à droite) et le nouveau Premier ministre canadien Mark Carney (à gauche) se serrent la main après une déclaration commune au palais présidentiel de l'Élysée, à Paris, le 17 mars 2025. (Photo par Thomas Padilla / POOL / AFP)
Le président français Emmanuel Macron (à droite) et le nouveau Premier ministre canadien Mark Carney (à gauche) se serrent la main après une déclaration commune au palais présidentiel de l'Élysée, à Paris, le 17 mars 2025. (Photo par Thomas Padilla / POOL / AFP)
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  • Ils avaient affronté Donald Trump en ordre dispersé lors de son premier mandat, mais les pays de l'Union européenne font désormais bloc.
  • En moins de deux mois à la présidence, Donald Trump a bousculé l'ordre géopolitique mondial en considérant la diplomatie comme un rapport de force, y compris avec les partenaires les plus proches de Washington.

PARIS : Ils avaient affronté Donald Trump en ordre dispersé lors de son premier mandat, mais les pays de l'Union européenne font désormais bloc, agissant comme un pôle d'attraction, notamment pour le Canada et la Grande-Bretagne qui partagent leur vision du monde.

Le nouveau Premier ministre canadien, Mark Carney, qui a choisi la France et la Grande-Bretagne pour son premier déplacement à l'étranger, en a délaissé son voisin nord-américain. Il a souligné lundi qu'il était « plus important que jamais de renforcer » les liens de son pays avec des « alliés fiables » et de « diversifier » ses relations commerciales et sécuritaires, au moment où le Canada subit les menaces répétées du président américain.

« À l'évidence, une alliance se dessine dans les premiers mois de la présidence Trump », observe Frédéric Merand, professeur de sciences politiques à l'Université de Montréal. Il explique que les alliés historiques des États-Unis ont pris conscience qu'il n'y a « aucune relation spéciale qui vaille, sauf peut-être avec Israël » pour l'hôte de la Maison Blanche.

En moins de deux mois à la présidence, le républicain a bousculé l'ordre géopolitique mondial en considérant la diplomatie comme un rapport de force, y compris avec les partenaires les plus proches de Washington.

Il a multiplié les propos menaçants sur l'annexion du Canada, qu'il aimerait voir devenir le 51ᵉ État américain, ou sur la possibilité de s'emparer du Groenland et du canal de Panama.

Sur le plan économique, il a dégainé, comme lors de son premier mandat, des droits de douane punitifs, tandis que, dans le domaine de la défense, les alliés des États-Unis dans l'Otan sont accusés de tirer profit de la générosité de l'Amérique.

Les États-Unis de Donald Trump sont ainsi devenus un repoussoir.

« Par conséquent, la seule stratégie viable, c'est de faire front commun et de l'isoler sur la scène internationale », estime Frédéric Merand.

- Entre le continent et le grand large.

Dans ce contexte, « l'Union européenne devient un point d'attraction pour des pays traditionnellement alliés des États-Unis et démocratiques, comme le Canada, qui sont menacés par le pouvoir à Washington », constate Sylvie Bermann, ancienne ambassadrice de France au Royaume-Uni.

Elle note le changement de posture de l'allié britannique, qui avait toujours dit qu'entre le continent et le grand large, il choisirait le grand large. « Sauf qu'aujourd'hui, c'est compliqué, à partir du moment où Donald Trump ne respecte plus les règles du jeu et s'éloigne des démocraties », dit-elle.

Le Royaume-Uni, qui a quitté l'Union européenne en 2020, est plus proche que jamais de la France et des autres pays membres, notamment dans la défense de l'Ukraine face à la Russie.

Pour le moment, on est dans « une réaffirmation de solidarité entre ces pays démocratiques qui ont la même vision du monde ». Cela ne veut toutefois pas dire qu'une alliance structurée sera mise en place », estime néanmoins la diplomate Sylvie Bermann.

Pour autant, en affichant un réalignement stratégique, l'UE, le Canada et le Royaume-Uni signalent la nécessité d'un bloc transatlantique renforcé à long terme.

« Nous n'avons aucune assurance que les États-Unis, dans trois ans ou dans quatre ans, seront les États-Unis que nous avions connus depuis la Seconde Guerre mondiale », poursuit le professeur de l'Université de Montréal.

Pour lui, il est temps de « penser à long terme et de mettre en place des fondations qui permettraient d'institutionnaliser et de pérenniser un pacte des démocraties alliées historiques aux États-Unis ».

Alors que l'UE, le Canada et le Royaume-Uni sont déjà liés par des accords de libre-échange, l'intégration économique semble être une voie d'entrée. Cependant, harmoniser les réglementations, coordonner les politiques industrielles ou réduire la dépendance envers les États-Unis constituent de sérieux obstacles.

« Aucun pays n'est plus vulnérable que le Canada en raison de sa dépendance économique envers les États-Unis et de sa dépendance à l'égard du parapluie sécuritaire américain », note pour sa part Edward Alden, expert au Council on Foreign Relations (CFR).

Renforcer ses liens avec l'Europe ne suffira pas à combler le vide, dit-il. « L'UE (...) représente environ 5 % des exportations canadiennes, tandis que les États-Unis en représentent plus de 75 %. Tout réalignement économique sérieux prendrait des décennies. »

Quels que soient les obstacles, ces pays ont toutefois intérêt à se doter des moyens pour agir de façon plus autonome, que ce soit sur le plan économique, diplomatique ou sécuritaire, estime néanmoins Sylvie Bermann.

« On a longtemps considéré que le premier mandat de Donald Trump était l'exception et que celui de Joe Biden était la norme. Ce n'est pas le cas", résume-t-elle, rappelant les faits : « Depuis plus d'une décennie, sinon davantage, puisque c'était déjà le cas avec Barack Obama, les États-Unis se désintéressent de l'Europe. »


Trump veut rallier un Poutine récalcitrant à un projet de trêve en Ukraine

Cette combinaison d'images créée le 7 novembre 2024 montre l'ancien président des États-Unis et candidat républicain à la présidence Donald Trump (à gauche) assistant à une réunion de Fox News Townn Hall animée par l'animateur de télévision américain Harris Faulkner (hors champ), à Cumming, en Géorgie, le 15 octobre 2024, et le président russe Vladimir Poutine (à droite) s'exprimant lors du sommet des BRICS à Kazan, le 24 octobre 2024.  (Photo Elijah Nouvelage et Alexander NEMENOV / AFP)
Cette combinaison d'images créée le 7 novembre 2024 montre l'ancien président des États-Unis et candidat républicain à la présidence Donald Trump (à gauche) assistant à une réunion de Fox News Townn Hall animée par l'animateur de télévision américain Harris Faulkner (hors champ), à Cumming, en Géorgie, le 15 octobre 2024, et le président russe Vladimir Poutine (à droite) s'exprimant lors du sommet des BRICS à Kazan, le 24 octobre 2024. (Photo Elijah Nouvelage et Alexander NEMENOV / AFP)
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  • Donald Trump souhaite convaincre mardi Vladimir Poutine d'accepter son projet de trêve en Ukraine, à l'occasion d'un entretien prévu dans l'après-midi.
  • Vladimir Poutine, qui a l'avantage militaire sur le terrain, a pris soin de ne pas refuser cette idée, mais a publiquement exprimé de nombreuses réticences.

WASHINGTON : Donald Trump souhaite convaincre mardi Vladimir Poutine d'accepter son projet de trêve en Ukraine, à l'occasion d'un entretien prévu dans l'après-midi. Une idée sur laquelle Moscou a exprimé bien des réserves, tout en se gardant à ce stade de la rejeter.

La conversation téléphonique entre les présidents américain et russe est prévue pour durer de 13 heures à 15 heures GMT, selon le Kremlin.

Les résultats de cet échange seront scrutés avec attention dans les capitales européennes et à Kiev, où l'on craint que M. Trump ne cède trop à M. Poutine, perçu comme une menace à l'échelle du continent.

Des représentants russes et américains négocient depuis que l'Ukraine a accepté, sous la pression de Donald Trump, l'idée d'un cessez-le-feu inconditionnel de trente jours.

Vladimir Poutine, qui a l'avantage militaire sur le terrain, a pris soin de ne pas refuser cette idée, mais a publiquement exprimé de nombreuses réticences.

- « Établir un dialogue » ;

« Il y a certaines ententes, bien sûr. Mais il y a aussi un grand nombre de questions liées à la poursuite de la normalisation de nos relations et à la question ukrainienne, dont les deux présidents doivent discuter", a résumé mardi Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin.

Puis, parlant aux médias russes, il a semblé vouloir ménager les attentes, présentant l'entretien Trump-Poutine comme « une conversation dans une chaîne d'actions visant à établir un dialogue ».

La coopération russo-américaine est quasi inexistante depuis le début de l'invasion de l'Ukraine. Et la Russie est la cible de douloureuses sanctions économiques.

Côté américain, M. Trump a écrit lundi sur sa plateforme Truth Social que de « nombreux éléments » sur la trêve en Ukraine avaient « été convenus ». « Mais beaucoup restent encore » à négocier, a-t-il insisté.

Européens et Ukrainiens attendent donc avec appréhension la conversation entre les deux hommes, d'autant que le président américain a repris sur plusieurs points la rhétorique et des contre-vérités du Kremlin.

Il a déjà accédé à des revendications russes en jugeant impossible l'intégrité territoriale de l'Ukraine et son adhésion à l'OTAN.

Par ailleurs, Donald Trump, qui s'est déjà entretenu une première fois, officiellement, avec Vladimir Poutine le 12 février, a publiquement rabroué le chef de l'État ukrainien, Volodymyr Zelensky, à la Maison Blanche. Cette scène a rompu avec trois années de soutien américain et le front uni occidental face à Moscou.

Il avait ensuite suspendu l'aide militaire et en matière de renseignement à Kiev, ne les rétablissant que lorsque l'Ukraine avait entériné son projet de trêve.

La Russie n'a pour sa part fait état d'aucune concession de fond.

Elle réclame toujours cinq régions ukrainiennes, dont la Crimée, l'abandon des ambitions de Kiev de rejoindre l'Alliance atlantique, ainsi que le démantèlement du pouvoir ukrainien et de son armée.

M. Poutine a aussi jugé qu'une cessation provisoire des combats dépendrait de la situation dans la région russe de Koursk, que l'armée ukrainienne occupe partiellement depuis août 2024.

Au début du mois de mars, à la faveur d'une contre-offensive, les soldats russes ont repris un terrain considérable, affaiblissant ainsi la position de l'Ukraine qui espérait utiliser ces terres comme monnaie d'échange.

- « Soufflé en une seconde » -

Des déplacés russes, qui ont passé sept mois coupés du monde dans des localités sous contrôle ukrainien et visés par de nombreux bombardements, ont pu sortir de la zone ces derniers jours.

Olga Chkouratova raconte à l'AFP qu'elle sort tout juste des « décombres » de son village de Gontcharovka. Elle y a perdu « papy » Nikolaï, son mari de 73 ans, la semaine passée.

« Un obus est tombé et tout a été soufflé en une seconde : plus de maison, plus de garage, plus de grange. Et papy a été écrasé sous le poids du garage », explique-t-elle, émue.

Elena Soukhareva, une bénévole de 50 ans venue en aide à Olga et à ses semblables, espère que Donald Trump et Vladimir Poutine trouveront un compromis, car « des pourparlers de paix » sont « la seule façon de résoudre le problème ».

L'Ukraine ne peut imaginer la paix sans garanties de sécurité : la Russie lui livre la guerre sous une forme ou sous une autre depuis 2014. Sans démonstration de force occidentale, Kiev estime que Moscou attaquera de nouveau.

Donald Trump a exclu pour l'heure de fournir de telles garanties, un vide que l'Europe cherche à combler sans avoir pour autant été incluse aux pourparlers dont le président américain a pris l'initiative.

 

 


Face à Trump, le Premier ministre canadien à Paris et Londres pour renforcer les liens avec l'Europe

France's President Emmanuel Macron (R) and Canada's newly appointed Prime Minister Mark Carney (L) shake hands after a joint statement at the Elysee presidential palace as part of Carney's trans-Atlantic trip to strengthen ties with traditional friends France and Britain, in Paris on March 17, 2025. (AFP)
France's President Emmanuel Macron (R) and Canada's newly appointed Prime Minister Mark Carney (L) shake hands after a joint statement at the Elysee presidential palace as part of Carney's trans-Atlantic trip to strengthen ties with traditional friends France and Britain, in Paris on March 17, 2025. (AFP)
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  • Le nouveau Premier ministre canadien Mark Carney a déclaré lundi à Londres, après un passage à Paris, que son pays devait "diversifier" ses relations commerciales et sécuritaires, "trop centrées" sur les Etats-Unis
  • Les Premiers ministres canadiens réservent traditionnellement leur première visite à l'étranger au voisin américain, mais le pays de 41 millions d'habitants traverse une crise sans précédent depuis que Donald Trump a lancé une guerre commerciale

LONDRES : Le nouveau Premier ministre canadien Mark Carney a déclaré lundi à Londres, après un passage à Paris, que son pays devait "diversifier" ses relations commerciales et sécuritaires, "trop centrées" sur les Etats-Unis, à l'heure où son pays subit la pression de Donald Trump.

Charles III, chef d'Etat du Canada, a accueilli au palais de Buckingham M. Carney, qui entendait réaffirmer lors de sa visite la souveraineté du Canada dans l'Arctique, face aux menaces d'annexion du président américain.

Le roi est "un défenseur inébranlable" du Canada, a affirmé Mark Carney lors d'une conférence de presse.

"Ce qui est clair c'est que nos relations commerciales et sécuritaires sont trop centrées sur les Etats-Unis. Il faut nous diversifier", a également dit le dirigeant, qui a pris ses fonctions vendredi. "C'est une des raisons pour lesquelles ma première visite est à Paris et Londres".

A Paris, au côté du président français Emmanuel Macron, il a déclaré qu'il était "plus important que jamais pour le Canada de renforcer ses liens avec (des) alliés fiables comme la France".

Les Premiers ministres canadiens réservent traditionnellement leur première visite à l'étranger au voisin américain, mais le pays de 41 millions d'habitants traverse une crise sans précédent depuis que Donald Trump a lancé une guerre commerciale à son encontre et ne cesse de dire qu'il souhaite en faire le "51e Etat américain".

"Nous devons renforcer la collaboration" entre la France et le Canada "pour assurer notre sécurité, celle de nos alliés et celle du monde entier", a martelé Mark Carney. "Nous devons renforcer nos liens diplomatiques pour faire face, ensemble, à ce monde de plus en plus instable et dangereux" et créer aussi de nouvelles "opportunités pour nos entrepreneurs".

Le chef du gouvernement britannique Keir Starmer a assuré vouloir "renforcer" les relations entre les deux pays, expliquant qu'ils avaient "tant de choses en commun, une histoire partagée, des valeurs partagées, un même roi".

Les deux dirigeants britannique et canadien ont échangé sur la situation en Ukraine, selon un communiqué de Downing Street, et en particulier sur la "coalition des (pays) volontaires", prêts à s'engager pour défendre un éventuel cessez-le-feu.

- "Bon camarade" -

Plus tôt à Paris, Mark Carney et Emmanuel Macron ont eux aussi insisté sur leur volonté commune de continuer à soutenir l'Ukraine et la sécurité en Europe à l'heure où les Etats-Unis menacent de s'en désengager et entendent négocier la paix directement avec la Russie de Vladimir Poutine, qui a attaqué son voisin en février 2022.

"Nous sommes tous les deux pour la souveraineté et la sécurité, comme le démontre notre soutien sans faille à l'Ukraine", a pointé M. Carney.

"Le Canada répondra toujours présent pour assurer la sécurité de l'Europe", a-t-il ajouté tout en soulignant une "détermination" commune à "maintenir les relations les plus positives possibles avec les Etats-Unis".

La France et le Canada veulent une "paix solide et durable, assortie de garanties robustes qui prémuniront l'Ukraine contre toute nouvelle agression russe et permettront d'assurer la sécurité de l'Europe toute entière", a martelé le président français, à la veille d'un nouvel entretien téléphonique entre Donald Trump et Vladimir Poutine.

Le Premier ministre canadien est "un homme qui aime son pays" et qui "pense qu'on peut servir les intérêts de son pays en étant un bon camarade sur la scène internationale", a encore souligné Emmanuel Macron dans une pique à peine voilée au président américain.

- "Jamais"-

Dans son premier discours officiel, Mark Carney, 60 ans, premier Premier ministre canadien à n'avoir jamais été député ni ministre, a déclaré vouloir faire "la diversification de nos relations commerciales" une priorité et assuré que le Canada ne ferait "jamais partie des Etats-Unis".

Les droits de douanes imposés par l'administration Trump ont provoqué un électrochoc dans le pays car 75% des exportations du Canada partent vers les Etats-Unis et une guerre tarifaire avec son puissant voisin du sud pourrait causer d'importants dégâts à l'économie canadienne.

Sur le chemin du retour, Mark Carney s'arrêtera mardi à Iqaluit, dans le Nunavut, un territoire canadien proche du Groenland, "pour réaffirmer la souveraineté et la sécurité du Canada dans l'Arctique", alors que Donald Trump a maintes fois fait part de son souhait d'annexer le Groenland.