BEYROUTH: À l’issue d’une session extraordinaire qui s’est tenue lundi, le gouvernement libanais a décidé de passer officiellement à l’heure d’été dans la nuit de mercredi à jeudi.
La décision de reporter d’un mois le passage à l’heure d’été, prise de manière unilatérale par le Premier ministre, Najib Mikati, la semaine dernière, à la suite d’une discussion avec le président de la Chambre des députés, Nabih Berri, a suscité polémiques et réactions sectaires, notamment au sein de la communauté maronite.
La décision du Premier ministre montre à quel point le Liban peut facilement sombrer dans une plus grande division, ce qui reflète la tension politique résultant du vide présidentiel qui dure depuis cinq mois.
«Depuis la fin du mandat de l’ancien président, Michel Aoun, j’ai travaillé sans relâche avec un groupe de ministres, l’armée, les forces de sécurité et les employés de l’administration publique pour préserver la structure de l’État libanais qui deviendrait très difficile à reconfigurer si jamais elle s’effondrait. Je n’ai jamais été partisan de la défiance ou de l’empiétement sur les autorités religieuses», a déclaré M. Mikati lundi.
Le but de cette décision était de permettre à ceux qui jeûnent pendant le mois de ramadan de se reposer pendant une heure sans causer de préjudice à aucune autre composante libanaise, ajoute-t-il.
«Je n’aurais jamais imaginé que certains considéreraient cette décision comme confessionnelle ou sectaire. Je croule depuis sous une montagne d’accusations et de tromperies.»
«J’ai persévéré et souffert en silence, mais aujourd’hui, je place chacun devant ses responsabilités. Le plus simple pour moi serait de m’abstenir de tenir des réunions et la chose la plus difficile est de continuer à en assumer la responsabilité. Chaque personne a son propre niveau d'endurance, et le mien est en train de s'épuiser.»
«Le vrai problème est le vide présidentiel et je n’en assume pas la responsabilité. Les personnes responsables sont les dirigeants politiques et spirituels, principalement les blocs parlementaires qui ont perturbé le quorum lors des onze sessions électorales et ceux qui se sont engagés à ne pas l’obtenir lors des sessions suivantes en refusant de s’entendre sur un candidat.»
Le Premier ministre souligne que la communauté sunnite qu’il représente «a toujours été patriote et a préservé, à travers l’Histoire, l’unité du pays et de ses institutions, tout en œuvrant, par l’intermédiaire de ses dirigeants, à formuler des projets nationaux et non sectaires depuis l’indépendance du Liban».
Il ajoute que l’annonce de l’annulation de la décision de la semaine dernière nécessite «un délai de quarante-huit heures pour régler certaines questions techniques», en référence à la reprogrammation des horaires de vol à destination et en provenance de Beyrouth et à la programmation des serveurs informatiques dans les institutions et les réseaux de téléphonie mobile.
Cette décision divise les Libanais. Certaines institutions médiatiques privées et certains établissements d’enseignement ont refusé de s’y conformer. Le ministre de l’Éducation par intérim, Abbas Halabi, a déclaré dimanche dans un communiqué que «l’heure d’été est approuvée et sera appliquée dans le secteur de l’éducation».
Ceux qui ont rejeté la décision de Najib Mikati soutiennent que la modification de l’heure d’été nécessite la validation du gouvernement et que le Premier ministre avait unilatéralement pris cette décision. Le gouvernement s’est donc réuni lundi pour débattre exclusivement de la question.
Le gouvernement libanais tiendra également une session pour approuver les augmentations des salaires dans le secteur public et mettre en œuvre un accord visant à augmenter le salaire minimum à 4 500 000 livres libanaises (295 dollars; 1 dollar = 0,92 euro), à augmenter l’indemnité de transport à 125 000 livres libanaises et à doubler les allocations scolaires et familiales.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com