ATHENES: Le ministre grec de l'Environnement s'est engagé mardi à stopper les constructions illégales sur l'île touristique de Mykonos en mer Egée, après l'agression d'un archéologue, apparemment liée à un conflit sur un projet immobilier local.
"La loi sera appliquée à Mykonos", a déclaré Kostas Skrekas dans un communiqué, ajoutant qu'aucun nouveau permis de construction ne serait accordé dans les zones rurales de l'île des Cyclades en dehors du plan d'urbanisme en vigueur.
"Aucun projet illégal ne sera légalisé", a-t-il assuré, "il n'y aura aucune échappatoire".
"Les auteurs de l'attaque criminelle et mafieuse contre l'archéologue seront punis", a ajouté le ministre.
Cette déclaration intervient après une attaque commise le 7 mars contre un archéologue travaillant dans les Cyclades, Manolis Psarros, battu devant son domicile à Athènes par des assaillants non identifiés.
Une unité de la police grecque spécialisée dans les affaires de chantage enquête sur cette agression.
Chargé de l'examen des permis de construction et donc d'enregistrer d'éventuelles violations sur cette île "branchée", Manolis Psarros a évoqué "la hausse de l'activité de construction à Mykonos" et sur d'autres îles, interrogé la semaine dernière par le quotidien grec Kathimerini.
"Des pressions existent toujours (de la part des constructeurs) pour accélérer les procédures mais ce qui s'est passé, c'est autre chose", a-t-il jugé évoquant son agression.
Selon l'association des archéologues grecs, les constructions illégales à Mykonos sont "hors de contrôle".
«Industrie lourde»
En 2020, le ministère de l'Environnement avait suspendu pour un an l'octroi des licences de construction pour de nouveaux logements touristiques dans certaines zones en dehors du plan urbain à Mykonos et Santorini, deux des îles les plus touristiques et en vue des Cyclades.
Comme à Paros, autre île de l'archipel, les excès de construction sont fréquemment dénoncés alors que le gouvernement mise sur le tourisme frappé de plein fouet pendant la pandémie de coronavirus.
Ce secteur représente environ un quart du PIB de la Grèce qui mise aussi sur le bâtiment, autre moteur d'une économie largement basée sur le secteur des services.
Le tourisme a repris ces deux dernières années sans toutefois atteindre le niveau record du 2019 avec plus de 30 millions de visiteurs.
L'année dernière, Mykonos, réputée pour être "une île de la fête", a attiré plus de deux millions de touristes.
Toutefois, selon des experts, la suspension des licences de construction dont leur durée ne doit pas dépasser les trois ans, selon la Constitution, est une mesure "qui n'est pas très efficace".
Le principal problème est "le non respect des limites imposées par la loi et les constructions illégales", a indiqué à l'AFP Panagiotis Galanis, avocat spécialisé dans le droit de l'environnement et de l'urbanisme.
Selon lui, les raisons des excès dans la construction sont surtout le manque de "contrôle adéquat par les autorités qui sont laxistes pour des raisons économiques étant donné que le tourisme est +l'industrie lourde+ du pays".