Retraites: routes bloquées, réquisitions et mouvements sociaux dans plusieurs régions

Lundi soir, dans le centre historique de Rennes, des échauffourées ont éclaté entre plusieurs centaines de jeunes et les forces de l'ordre, causant des dégradations. (AFP).
Lundi soir, dans le centre historique de Rennes, des échauffourées ont éclaté entre plusieurs centaines de jeunes et les forces de l'ordre, causant des dégradations. (AFP).
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Publié le Mardi 21 mars 2023

Retraites: routes bloquées, réquisitions et mouvements sociaux dans plusieurs régions

  • En Bretagne, comme lundi matin, le trafic routier était perturbé par plusieurs blocages en raison de "manifestations sociales"
  • A Rennes, il y a "des difficultés de circulation en cours sur la rocade et ses abords"

RENNES: Le dépôt pétrolier de Vern-sur-Seiche, près de Rennes, était toujours occupé mardi matin par des manifestants opposés à la réforme des retraites, tandis que le trafic routier était perturbé en Bretagne par des blocages, a-t-on appris de source syndicale et par Bison Futé.

En Bretagne, comme lundi matin, le trafic routier était perturbé par plusieurs blocages en raison de "manifestations sociales", selon Bison Futé, notamment sur le périphérique rennais et nantais, ou encore à Laval, Vannes et Brest.

A Rennes, il y a "des difficultés de circulation en cours sur la rocade et ses abords", a indiqué sur Twitter la préfecture d'Ille-et-Vilaine, qui conseille aux automobilistes "d'éviter le secteur".

A environ cinq kilomètres plus au sud, le dépot de Vern-sur-Seiche était toujours à l'arrêt et inaccesible aux camions.

"Le dépôt est toujours bloqué, il y a une dizaine de camions qui attendent. On est une cinquantaine" de manifestants de la CGT et de Force ouvrière (FO), a déclaré à l'AFP Céline Cussac, responsable syndicale FO présente sur place.

"Potentiellement on pourrait être délogé aujourd'hui" par les forces de l'ordre, a-t-elle ajouté alors que le dépôt est bloqué depuis lundi matin. Mais, au lendemain du rejet de la motion de censure et de l'adoption de la réforme contestée des retraites, les manifestants "étaient plus déterminés que jamais", a-t-elle assuré.

Selon le site de TotalEnergies, ce dépôt, proche de Rennes, "approvisionne l'Ouest en essence sans plomb 95 et 98, en gazole et en fioul domestique".

Lundi soir, dans le centre historique de Rennes, des échauffourées ont éclaté entre plusieurs centaines de jeunes et les forces de l'ordre, causant des dégradations.

Selon la préfecture, 9 personnes ont été interpellées pour "incendie volontaire et jets de projectiles".

En Loire-Atlantique, les forces de l'ordre sont intervenues dans la nuit de lundi à mardi pour débloquer le terminal pétrolier de Donges qui était occupé depuis une semaine par des grévistes, a constaté un photographe de l'AFP.

Les forces de l'ordre évacuent le port pétrolier de Donges bloqué par les grévistes

Les forces de l'ordre sont intervenues dans la nuit de lundi à mardi pour débloquer le terminal pétrolier de Donges (Loire-Atlantique) qui était occupé depuis une semaine par des grévistes, a constaté un photographe de l'AFP.

Selon une source de la CGT à l'AFP, le port pétrolier a été évacué en moins de 2 heures pour faciliter un déchargement d'une cargaison de gasoil.

Les gendarmes mobiles ont démarré leur intervention vers 02H00 du matin, a-t-on appris auprès de la même source.

Ils ont, à l'aube, sécurisé la zone en éteignant notamment des feux allumés par les manifestants, a vu un photographe de l'AFP.

Vers 04H30, plus aucun manifestant n'était présent sur le site, selon le photographe.

Une source proche des grévistes jointe par l'AFP avant la fin de l'intervention a fait état "d'affrontements" dans la nuit.

Selon cette source, les forces de l'ordre auraient "commencé à charger" les manifestants "dès leur arrivée" vers 02H05.

Selon le photographe, une dizaine de fourgons des forces de l'ordre étaient visibles sur le site vers 04H30 du matin.

Contactée par l'AFP, l'astreinte de la préfecture n'a pas été en mesure de confirmer si une intervention des forces de l'ordre avait eu lieu, ni la présence de blessés.

La préfecture a prévu un point presse sur la situation dans la matinée.

"On est bloqué à côté, on ne peut pas passer", a indiqué à l'AFP la source proche des grévistes, qui a évoqué la mise en place de "herses" par les gendarmes.

"On devait être 200-300 grévistes. Donges est bloqué depuis une semaine", a rappelé cette source.

Parmi les manifestants qui ont occupé le site de la raffinerie de Donges: des agents de la raffinerie, des dockers, ou encore des salariés de la centrale thermique de Cordemais.

Réquisitions de personnel au dépôt pétrolier de Fos-sur-Mer

Le ministère de la Transition énergétique a annoncé mardi la réquisition de "trois salariés par relève" au dépôt pétrolier de Fos-sur-Mer "face à l'aggravation des tensions d'approvisionnement dans les Bouches-du-Rhône", conséquence des grèves contre la réforme des retraites.

"La réquisition est valable pendant 48h en tant que de besoin, à compter du 21 mars" et concerne "des personnels indispensables au fonctionnement du dépôt" qui approvisionne la région PACA et l'Est de la région Occitanie en carburants, a précisé le ministère dans un communiqué.

Le dépôt expédie également du carburant par oléoduc vers la région lyonnaise.

"Aujourd'hui les stations restent globalement bien approvisionnées au niveau national, mais des tensions se cristallisent en PACA", a expliqué la ministre Agnès Pannier-Runacher.

La moitié des stations-service des Bouches-du-Rhône manquaient d'un type de carburant, et 37% étaient à sec lundi, selon des données publiques analysées par l'AFP. La situation était particulièrement perturbée également dans les départements voisins du Gard (40,9%), du Vaucluse (33,33%), du Var (23,24%) et des Alpes-de-Haute-Provence (22,22%). Au niveau national, environ 8% des stations-service de France étaient à court d'essence ou de gazole.

Les préfectures du Vaucluse et du Gard ont décidé lundi de limiter les ventes de carburants dans les stations du département, jusqu'à jeudi inclus, notamment à 30 litres par véhicule tout en interdisant la vente d'essence dans des jerricans.

Le manque de carburants touche également quelques départements de l'Ouest, comme la Loire-Atlantique.

La France compte 200 dépôts pétroliers. L'Ufip, syndicat professionnel des entreprises pétrolières, a évoqué lundi "entre cinq et huit dépôts de carburants bloqués".

Dans les raffineries, qui continuent à produire même si le carburant n'est pas expédié, les grèves se sont également durcies récemment, avec l'arrêt ce week-end de la production sur le site TotalEnergies en Normandie, puis de la raffinerie Pétroineos à Lavéra (Bouches-du-Rhône).

Les forces de l'ordre sont intervenues dans la nuit de lundi à mardi pour débloquer le terminal pétrolier de Donges (Loire-Atlantique), qui était occupé depuis une semaine par des grévistes, pour faciliter le déchargement d'une cargaison de gasoil.


Agriculteurs: la Coordination rurale bloque toujours le port de Bordeaux

 La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais. (AFP)
La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais. (AFP)
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  • La ministre Annie Genevard est arrivée peu avant 10H30 dans une exploitation d'endives à La Couture, première étape de son déplacement dans le Pas-de-Calais, sans s'exprimer immédiatement auprès de la presse sur place
  • Les panneaux d'entrée et de sortie du village et des alentours étaient barrés d'autocollants "Paraguay", "Brésil" ou "Argentine", en référence à l'accord de libre-échange UE-Mercosur en négociation avec ces pays d'Amérique latine

BORDEAUX: La Coordination rurale (CR), principal syndicat agricole mobilisé sur le terrain jeudi, maintient son blocage du port de commerce de Bordeaux et la pression sur le gouvernement, dont la ministre de l'Agriculture visite une exploitation dans le Pas-de-Calais.

La ministre Annie Genevard est arrivée peu avant 10H30 dans une exploitation d'endives à La Couture, première étape de son déplacement dans le Pas-de-Calais, sans s'exprimer immédiatement auprès de la presse sur place.

Les panneaux d'entrée et de sortie du village et des alentours étaient barrés d'autocollants "Paraguay", "Brésil" ou "Argentine", en référence à l'accord de libre-échange UE-Mercosur en négociation avec ces pays d'Amérique latine et auquel les agriculteurs comme la classe politique française s'opposent.

Il s'agit de la première visite de la ministre sur le terrain depuis le retour des paysans dans la rue, une mobilisation surtout marquée en fin de semaine par les actions des bonnets jaunes de la Coordination rurale.

A Bordeaux, ils bloquent ainsi les accès au port et au dépôt pétrolier DPA: des pneus, des câbles et un tracteur entravent l'entrée du site.

Sous une pluie battante, les agriculteurs s'abritent autour d'un feu et de deux barnums tanguant avec le vent. Une file de camions bloqués dont des camions citernes s'allonge aux abords.

Les manifestants ont tenté dans la matinée de joindre Annie Genevard, sans succès.

"On bloque tant que Mme Genevard et M. Barnier [Michel Barnier, Premier ministre] ne mettent pas en place des solutions pour la profession. Des choses structurelles, (...), on ne veut pas un peu d'argent aujourd'hui pour rentrer dans nos fermes, on veut des réformes pour vivre, avoir un salaire décent", a déclaré à l'AFP Aurélie Armand, directrice de la CR du Lot-et-Garonne.

"Le temps est avec nous parce que quand il pleut on ne peut pas travailler dans les fermes, donc c'est très bien", a-t-elle lancé, alors qu'une pluie battante balaye la Gironde avec le passage de la tempête Caetano.

Plus au sud, dans les Landes, des agriculteurs de la CR40 occupent toujours une centrale d'achat Leclerc à Mont-de-Marsan mais les autorités leur ont donné jusqu'à vendredi inclus pour libérer les lieux, a-t-on appris auprès de la préfecture.

Tassement du mouvement, avant une reprise 

La préfète du département a par ailleurs condamné "les dégradations commises par des membres de la Coordination rurale" mercredi soir sur des sites de la Mutualité sociale agricole (MSA), visée par des dépôts sauvages, et de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM), ciblée par un incendie "volontairement déclenché" dans son enceinte.

Sur Europe1/Cnews, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a redit que les agriculteurs avaient "parfaitement le droit de manifester", mais qu'il y avait "des lignes rouges" à ne pas dépasser: "pas d'enkystement", "pas de blocage".

A l'autre bout de la France, à Strasbourg, des membres de la CR se sont installés dans le centre avec une dizaine de tracteurs pour y distribuer 600 kilos de pommes aux passants.

"Nous, on propose un pacte avec le consommateur, c'est-à-dire lui fournir une alimentation de qualité en quantité suffisante et en contrepartie, le consommateur nous paye un prix correct", a souligné le président de la CR départementale, Paul Fritsch.

Les autorités constatent une "légère baisse" de la mobilisation à l'échelle du pays par rapport au début de la semaine, quand les syndicats majoritaires FNSEA et JA étaient aussi sur le terrain.

Ce nouvel épisode de manifestations agricoles intervient à quelques semaines d'élections professionnelles. La CR, qui préside aujourd'hui trois chambres d'agriculture, espère à cette occasion briser l'hégémonie de l'alliance FNSEA-JA et ravir "15 à 20 chambres" supplémentaires.

Le président de la FNSEA Arnaud Rousseau a annoncé mercredi que les prochaines manifestations emmenées par ses membres auraient lieu la semaine prochaine, "mardi, mercredi et jeudi", "pour dénoncer les entraves à l'agriculture".

FNSEA et JA avaient prévenu qu'ils se mobiliseraient jusqu'à la mi-décembre contre l'accord le Mercosur, contre les normes selon eux excessives et pour un meilleur revenu.

Troisième syndicat représentatif, la Confédération paysanne organise aussi des actions ponctuelles, contre les traités de libre-échange ou les installations énergétiques sur les terres agricoles.


Les députés approuvent en commission l'abrogation de la réforme des retraites

L'ancien Premier ministre français Elisabeth Borne arrive pour son audition devant une mission d'information du Sénat français sur la dégradation des finances publiques de la France depuis 2023 au Sénat français à Paris le 15 novembre 2024. (Photo / AFP)
L'ancien Premier ministre français Elisabeth Borne arrive pour son audition devant une mission d'information du Sénat français sur la dégradation des finances publiques de la France depuis 2023 au Sénat français à Paris le 15 novembre 2024. (Photo / AFP)
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  • La réforme, adoptée en 2023 sous le gouvernement d'Élisabeth Borne, était « injuste démocratiquement et socialement, et inefficace économiquement », a plaidé le rapporteur (LFI) du texte, Ugo Bernalicis.
  • La proposition de loi approuvée mercredi touche non seulement à l'âge de départ (c'est-à-dire à la réforme Borne), mais également à la durée de cotisation.

PARIS : La gauche a remporté mercredi une première victoire dans son offensive pour abroger la très décriée réforme des retraites : sa proposition de ramener l'âge de départ de 64 à 62 ans a été adoptée en commission des Affaires sociales, avant son arrivée dans l'hémicycle le 28 novembre.

Le texte, présenté par le groupe LFI dans le cadre de sa niche parlementaire, a été approuvé par 35 voix (celles de la gauche et du Rassemblement national), contre 16 (venues des rangs du centre et de la droite).

La réforme, adoptée en 2023 sous le gouvernement d'Élisabeth Borne, était « injuste démocratiquement et socialement, et inefficace économiquement », a plaidé le rapporteur (LFI) du texte, Ugo Bernalicis.

Le Rassemblement national, qui avait présenté une proposition similaire fin octobre, mais que la gauche n'avait pas soutenue, a voté pour le texte de La France insoumise. « C'est le même que le nôtre et nous, nous ne sommes pas sectaires », a argumenté le député Thomas Ménagé.

La proposition de loi approuvée mercredi touche non seulement à l'âge de départ (c'est-à-dire à la réforme Borne), mais également à la durée de cotisation : celle-ci est ramenée de 43 à 42 annuités, ce qui revient à abroger également la réforme portée en 2013 par la ministre socialiste Marisol Touraine pendant le quinquennat de François Hollande.

Un amendement, présenté par les centristes du groupe Liot pour préserver la réforme Touraine, a été rejeté. Les socialistes, qui auraient préféré conserver cette réforme de 2013, ont décidé d'approuver le texte global malgré tout.

La gauche affirme qu'elle est en mesure de porter sa proposition d'abrogation jusqu'au bout : après l'examen du texte dans l'hémicycle la semaine prochaine, elle a déjà prévu de l'inscrire à l'ordre du jour du Sénat le 23 janvier, à l'occasion d'une niche communiste, puis en deuxième lecture à l'Assemblée nationale le 6 février, cette fois dans un créneau dédié aux écologistes.

Les représentants de la coalition gouvernementale ont mis en garde contre un texte « pas sérieux » ou « irresponsable ».

« Il faut être honnête vis-à-vis des Français : si cette réforme des retraites est abrogée, certes ils pourront partir à 60 ans, mais avec une retraite beaucoup plus basse », a ainsi argumenté la députée macroniste Stéphanie Rist.


Censure du gouvernement : Le Pen fait monter la pression avant sa rencontre avec Barnier

Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. (Photo RTL)
Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. (Photo RTL)
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  • "Nous n'accepterons pas que le pouvoir d'achat des Français soit encore amputé. C'est une ligne rouge. Si cette ligne rouge est dépassée, nous voterons la censure"
  • Le vote de cette motion de censure interviendrait alors dans la deuxième quinzaine de décembre lorsque le gouvernement aura recours à l'article 49.3 de la Constitution, comme c'est probable faute de majorité, pour faire adopter sans vote le budget

PARIS: Marine Le Pen fait monter la pression sur Michel Barnier, avant leur rencontre lundi à Matignon : elle assure que son parti n'hésitera pas à censurer le gouvernement à la veille de Noël si "le pouvoir d'achat des Français est amputé" dans le projet de budget 2025.

"Nous n'accepterons pas que le pouvoir d'achat des Français soit encore amputé. C'est une ligne rouge. Si cette ligne rouge est dépassée, nous voterons la censure", a affirmé mercredi la cheffe de file des députés du Rassemblement national sur RTL.

Le vote de cette motion de censure interviendrait alors dans la deuxième quinzaine de décembre lorsque le gouvernement aura recours à l'article 49.3 de la Constitution, comme c'est probable faute de majorité, pour faire adopter sans vote le budget de l'Etat.

Si le RN et la gauche votaient conjointement cette motion alors la coalition Barnier, fragile attelage entre LR et la macronie, serait renversée et le projet de budget rejeté.

Si elle n'a pas détaillé la liste précise de ses revendications, Marine Le Pen a en particulier jugé "inadmissible" la hausse envisagée par le gouvernement pour dégager trois milliards d'euros des taxes sur l'électricité, une mesure toutefois supprimée par l'Assemblée nationale en première lecture.

"Taper sur les retraités, c'est inadmissible", a-t-elle aussi affirmé, insatisfaite du compromis annoncé par le LR Laurent Wauquiez. Celui-ci prévoit d'augmenter les retraites de la moitié de l'inflation au 1er janvier, puis d'une deuxième moitié au 1er juillet pour les seules pensions sous le Smic.

Depuis quelques jours, les responsables du Rassemblement national brandissent plus fortement la menace de la censure tout en assurant que cela n'a rien à avoir avec les réquisitions du parquet dans l'affaire des assistants parlementaires au Parlement européen. Si elles étaient suivies, celles-ci pourraient empêcher Mme Le Pen de participer à une quatrième élection présidentielle.

Face à cette menace de censure, Michel Barnier va recevoir en début de semaine prochaine, un par un, l'ensemble des présidents de groupes parlementaires, à commencer par Marine Le Pen dès lundi matin.

Ce premier tête à tête, depuis son entrée à Matignon, suffira-t-il ?

"Et-ce que M. Barnier va respecter l’engagement qu’il a pris, que les groupes d’opposition puissent reconnaître dans son budget des éléments qui leur paraissent essentiels ?", s'est interrogée la cheffe de file des députés RN.

Les demandes de notre parti étaient "de ne pas alourdir la fiscalité sur les particuliers, de ne pas alourdir sur les entrepreneurs, de ne pas faire payer les retraités, de faire des économies structurelles sur les dépenses de fonctionnement de l'Etat", a-t-elle récapitulé. "Or nous n'avons pas été entendus, nous n'avons même pas été écoutés".

Poker menteur 

Alors qu'il a déjà lâché du lest sur les économies demandées aux collectivités locales, aux retraités et aux entreprises face aux critiques de sa propre majorité, le Premier ministre, confronté à la colère sociale des agriculteurs, des fonctionnaires ou des cheminots, a très peu de marge de manoeuvres.

"L'objectif est d'arriver à un équilibre entre les ambitions des groupes parlementaires et les impératifs de rigueur" budgétaire, répète Matignon, alors que le déficit public est attendu à 6,1% du PIB fin 2024 contre 4,4% prévu initialement.

L'exécutif agite, à destination du RN mais aussi des socialistes, la menace du chaos.

"Celui ou celle qui renversera le gouvernement privera le pays d'un budget et le précipitera dans le désordre et la chienlit", a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, sur CNews.

"Le pire pour le pouvoir d'achat des Français, ce serait une crise financière", a alerté de son côté sur LCI sa collègue Astrid Panosyan-Bouvet (Travail).

Une question demeure: le RN bluffe-t-il ?

"Si le gouvernement tombe, il faudra attendre juin pour qu'il y ait des élections législatives parce qu'il ne peut pas y avoir de dissolution pour le moment!", a semblé nuancer le porte-parole du RN Julien Audoul.

Dans tous les cas, ce jeu de poker menteur risque de durer jusque la veille de Noël, lorsque l'Assemblée nationale aura à se prononcer définitivement sur le projet de budget 2025 de l'Etat.

Le RN n'entend, en effet, pas déposer ou voter de motion de censure sur les deux autres textes (fin de gestion de 2024 et projet de budget de la Sécurité sociale) qui pourraient être adoptés par 49.3 avant.