BANGUI: Une enquête a été ouverte sur le meurtre de neuf Chinois dans l'attaque d'un site minier en Centrafrique, en proie à une guerre civile, alors que le président chinois Xi Jinping a appelé lundi à "sévèrement punir" les coupables.
L'attaque a été perpétrée par des "hommes armées" dimanche vers 05H00 locales (04H00 GMT) dans la région de Bambari, dans le centre du pays, avait déclaré dimanche à l'AFP le maire de la commune, Abel Matchipata. Il ajoutait que les victimes travaillaient sur un site minier d'une entreprise, à 25 kilomètres de la localité dans un pays théâtre depuis 2013 d'une guerre civile très meurtrière.
La Chine a confirmé lundi le bilan, évoquant "deux blessés graves", mais sans donner de détails sur les circonstances de cette attaque, qui n'a fait l'objet d'aucune revendication jusqu'à présent.
"Une enquête a été ouverte", a annoncé à l'AFP Manassé Wankian, procureur de la République de Bambari, le chef-lieu de la préfecture de la Ouaka, la province du centre du pays, au lendemain de l'assaut meurtrier.
Dimanche, le Premier ministre de Centrafrique, Félix Moloua, avait accusé la Coalition des Patriotes pour le Changement (CPC), une alliance de groupes rebelles créée en décembre 2020 pour renverser le président Faustin Archange Touadéra, d'être à l'origine de cette attaque, mais sans prouver ces allégations.
L'alliance rebelle avait répondu le même jour qu'elle n'avait pas commis ces meurtres, dénonçant un acte "ignoble et barbare", et accusant les "mercenaires russes (de l'organisme paramilitaire) Wagner" d'en être à l'origine, là encore sans avancer de preuves.
Des recherches sont en cours pour identifier les auteurs, a indiqué le sous-préfet de Bambari, Saturnin Nicaise Ngrepande: "Les Forces armées centrafricaines et les Russes ont été sur place hier (…) Ils sont partis à la recherche des rebelles dont l'identité n'est pas encore confirmée", a-t-il précisé.
"Il pourait s'agir de membres de l'Union pour la Paix en Centrafrique (UPC) mais c'est difficile de savoir si c'est un groupe rattaché à la Coalition des Patriotes pour le Changement", a-t-il ajouté.
Xi Jinping "a appelé à déployer tous les efforts nécessaires pour soigner les blessés" ainsi qu'à "sévèrement punir les meurtriers conformément à la loi", a indiqué le ministère chinois des Affaires étrangères dans un communiqué.
«Risque sécuritaire»
"A l'exception de la capitale Bangui, le niveau de risque sécuritaire dans les autres régions de la Centrafrique est rouge, c'est-à-dire extrêmement élevé", a souligné le ministère, appelant les citoyens chinois "à évacuer au plus vite" les zones dangereuses.
Les corps des victimes de l'attaque ont été transférés à l'hôpital de l'Amitié à Bangui dimanche, où se sont rendu l'ambassadeur de Chine, Li Qinfeng, et la ministre centrafricaine des Affaires étrangères, Sylvie Baipo Temon, avait constaté un journaliste de l'AFP.
La Centrafrique, deuxième pays le moins développé au monde selon l'ONU, est le théâtre depuis 2013 d'une guerre civile, très meurtrière dans ses premières années mais qui a baissé d'intensité depuis 2018.
Fin 2020, les plus puissants des nombreux groupes armés qui se partageaient alors les deux tiers du territoire avaient lancé, peu avant les élections, une offensive sur Bangui et M. Touadéra avait appelé Moscou à la rescousse de son armée démunie.
Des centaines de paramilitaires russes avaient alors rejoint les quelques centaines déjà présents depuis 2018.
Cela avait permis, en quelques mois, de repousser l'offensive des rebelles, puis de les refouler d'une grande partie des territoires et villes qu'ils contrôlaient, mais sans pouvoir y réinstaller partout et durablement la présence et l'autorité de l'Etat centrafricain.