Expulsion de migrants vers le Rwanda: Londres défend une mesure «humanitaire»

Le Premier ministre britannique Rishi Sunak (Photo, AFP).
Le Premier ministre britannique Rishi Sunak (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Dimanche 19 mars 2023

Expulsion de migrants vers le Rwanda: Londres défend une mesure «humanitaire»

  • Les conservateurs britanniques ont fait de la lutte contre l'immigration clandestine, une des promesses du «Brexit»
  • Plus de 45.000 sont arrivés sur les côtes anglaises en 2022, contre 28.526 en 2021

KIGALI: La ministre de l'Intérieur britannique Suella Braverman a défendu samedi, depuis Kigali, le projet hautement controversé d'expulser vers le Rwanda les migrants arrivés illégalement au Royaume-Uni, assurant qu'il était "humanitaire" et "compatissant".

Les conservateurs britanniques ont fait de la lutte contre l'immigration clandestine, une des promesses du "Brexit", l'une de leurs priorités.

Mais les migrants n'ont jamais été aussi nombreux à traverser la Manche sur des petites embarcations pour rallier le Royaume-Uni. Plus de 45.000 sont arrivés sur les côtes anglaises en 2022, contre 28.526 en 2021, et déjà 3.150 en 2023.

Espérant décourager les traversées, le gouvernement britannique avait conclu il y a près d'un an un accord avec Kigali prévoyant des expulsions vers le Rwanda, dénoncé par de nombreuses organisations de défense des droits humains.

Cet accord a été actualisé et étendu pour concerner tous les migrants arrivés illégalement au Royaume-Uni et qui ne peuvent pas être renvoyés dans leurs pays d'origine, selon un communiqué du ministère britannique de l'Intérieur publié samedi soir.

"Je crois sincèrement que ce partenariat de premier plan mondial entre deux alliés et deux amis, le Royaume-Uni et le Rwanda, ouvrira la voie à la recherche d'une solution à la fois humanitaire et compatissante", a déclaré à la presse Suella Braverman, au côté de Vincent Biruta, ministre rwandais des Affaires étrangères.

La très à droite patronne du "Home Office", qui a visité un chantier de construction d'un site destiné à accueillir des migrants en provenance du Royaume-Uni, a souligné qu'il y avait une "crise migratoire au niveau mondial".

Ce projet "contribuera non seulement à démanteler les réseaux criminels de trafic d'êtres humains, mais aussi à sauver des vies", a assuré de son côté Vincent Biruta.

Le ministère britannique de l'Intérieur a indiqué que le Rwanda avait de nouveau assuré qu'il était prêt à accueillir "des milliers" de personnes dans le cadre de l'accord entre Londres et Kigali.

En décembre, la Haute Cour de Londres avait donné son feu vert à ce projet hautement controversé que le gouvernement conservateur de Rishi Sunak veut déployer dès que possible, en jugeant le dispositif "légal". Mais la justice britannique a accepté en janvier d'examiner en appel le projet gouvernemental.

Un premier vol prévu en juin avait été annulé, après une décision de la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) qui réclamait un examen approfondi de cette politique.

Le Rwanda, dirigé d’une main de fer par Paul Kagame depuis la fin du génocide de 1994, qui a fait 800.000 morts du côté des Tutsis et des Hutus modérés selon l'ONU, est régulièrement accusé par des ONG de réprimer la liberté d'expression, les critiques et l'opposition politique.

Samedi, plusieurs milliers de personnes ont manifesté dans plusieurs villes du Royaume-Uni, comme à Londres, Glasgow et Cardiff, contre la volonté des conservateurs de durcir la législation contre l'immigration illégale, notamment sur l'application du droit d'asile. Certains portaient la pancarte "Safe passage, not Rwanda" ("Passage sûr, pas le Rwanda").

Plusieurs médias britanniques, dont le Guardian et la BBC, n'ont pas été invités pour couvrir la visite au Rwanda de la ministre de l'Intérieur, selon le journal classé à gauche. Sur place, les informations ont été délivrées au compte-goutte aux journalistes.


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Short Url
  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

 


L'envoyé américain Hochstein va rencontrer Netanyahu jeudi

L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
Short Url
  • L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu

JERUSALEM: L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle.

Omer Dostri, porte-parole de M. Netanyahu, a confirmé que les deux hommes devaient se voir dans la journée. La rencontre doit avoir lieu à 12H30 (10H30 GMT), selon un communiqué du Likoud, le parti du Premier ministre. Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir en provenance du Liban et s'est entretenu dans la soirée avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance de M. Netanyahu.


Cessez-le-feu à Gaza: nouveau veto américain au Conseil de sécurité de l'ONU

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
Short Url
  • "Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya
  • "Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum"

NATIONS-UNIES: Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

"Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya.

"Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum".

Les Palestiniens plaidaient en effet pour une résolution dans le cadre du chapitre VII de la Charte des Nations unies qui permet au Conseil de prendre des mesures pour faire appliquer ses décisions, par exemple avec des sanctions, ce qui n'était pas le cas.

Le texte préparé par les dix membres élus du Conseil, vu par l'AFP, exigeait "un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent qui doit être respecté par toutes les parties" et "la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages".

"Nous avons été très clairs pendant toutes les négociations que nous ne pouvions pas soutenir un cessez-le-feu inconditionnel qui ne permette pas la libération des otages", a justifié après le vote l'ambassadeur américain adjoint Robert Wood, estimant que le Conseil aurait envoyé au Hamas "le message dangereux qu'il n'y a pas besoin de revenir à la table des négociations".

La résolution "n'était pas un chemin vers la paix mais une feuille de route vers plus de terrorisme, de souffrance, de massacres", a commenté l'ambassadeur israélien Danny Danon, remerciant les Etats-Unis.

La plupart des 14 autres membres du Conseil, qui ont tous voté pour, ont déploré le veto américain.

"C'est une génération entière d'enfants que nous abandonnons à Gaza", a lancé l'ambassadrice slovène adjointe Ondina Blokar Drobic, estimant qu'un message uni et "sans équivoque" du Conseil aurait été "un premier pas pour permettre à ces enfants d'avoir un avenir".

En protégeant les autorités israéliennes, "les Etats-Unis de facto cautionnent leurs crimes contre l'humanité", a dénoncé de son côté Louis Charbonneau, de Human Rights Watch.

"Directement responsables"

Le Hamas a lui accusé les Américains d'être "directement responsables" de la "guerre génocidaire" d'Israël à Gaza.

Le 7 octobre 2023, des commandos infiltrés dans le sud d'Israël à partir de la bande de Gaza voisine ont mené une attaque qui a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP fondé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité.

Ce jour-là, 251 personnes ont été enlevées. Au total, 97 restent otages à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée.

En représailles, Israël a lancé une campagne de bombardements massifs suivie d'une offensive terrestre à Gaza, qui ont fait au moins 43.985 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

La quasi-totalité des quelque 2,4 millions d'habitants ont été déplacés dans ce territoire en proie à un désastre humanitaire.

Depuis le début de la guerre, le Conseil de sécurité de l'ONU peine à parler d'une seule voix, bloqué plusieurs fois par des veto américains, mais aussi russes et chinois.

Les quelques résolutions adoptées n'appelaient pas à un cessez-le-feu inconditionnel et permanent. En mars, avec l'abstention américaine, le Conseil avait ainsi demandé un cessez-le-feu ponctuel pendant le ramadan --sans effet sur le terrain--, et avait adopté en juin une résolution américaine soutenant un plan américain de cessez-le-feu en plusieurs phases accompagnées de libérations d'otages, qui n'a jamais abouti.

Certains diplomates espéraient qu'après la victoire de Donald Trump, les Etats-Unis de Joe Biden seraient plus flexibles dans les négociations, imaginant une répétition de décembre 2016.

A quelques semaines de la fin du mandat de Barack Obama, le Conseil avait alors adopté, pour la première fois depuis 1979, une résolution demandant à Israël de cesser la colonisation dans les Territoires palestiniens occupés. Un vote permis par la décision des Américains de ne pas utiliser leur droit de veto, alors qu'ils avaient toujours soutenu Israël jusqu'alors sur ce dossier.