«Le cerveau» nucléaire iranien tué, Téhéran accuse Israël et crie vengeance

La scène où Mohsen Fakhrizadeh a été tué à Absard, une petite ville juste à l'est de Téhéran, peut être vue le vendredi 27 novembre 2020 (Photo, AP)
La scène où Mohsen Fakhrizadeh a été tué à Absard, une petite ville juste à l'est de Téhéran, peut être vue le vendredi 27 novembre 2020 (Photo, AP)
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Publié le Samedi 28 novembre 2020

«Le cerveau» nucléaire iranien tué, Téhéran accuse Israël et crie vengeance

  • Mohsen Fakhrizadeh a dirigé le programme iranien portant le nom d’«Amad» ou «Hope»
  • Israël et l'Occident ont affirmé qu'il s'agissait d'une opération militaire évaluant la faisabilité de la fabrication d'une arme nucléaire en Iran

TEHERAN: L'Iran a accusé Israël d'avoir joué un "rôle" dans l'assassinat vendredi d'un scientifique iranien de haut rang travaillant dans le secteur nucléaire, prévenant qu'une "vengeance terrible" attendait les personnes impliquées dans ce que Téhéran a qualifié d'"acte terroriste".

"Des terroristes ont assassiné aujourd'hui un éminent scientifique iranien. Cette lâcheté -avec des indications sérieuses du rôle d'Israël- montre le bellicisme désespéré de ses auteurs", a tweeté Mohammad Javad Zarif, ministre des Affaires étrangères.

Il a appelé la communauté internationale à "mettre un terme à ses honteuses positions ambivalentes et à condamner cet acte terroriste".

Selon le chef d'état-major, le général de division Mohammad Baghéri, une "vengeance terrible" attend "les groupes terroristes et les responsables et les auteurs de cette tentative lâche".

La mort de Mohsen Fakhrizadeh, 59 ans, est un "coup amer et lourd", a tweeté M. Baghéri, selon l'agence de presse étatique Irna, assurant que les Iraniens "n'auront pas de repos tant que nous n'aurons pas pourchassé et puni" les personnes impliquées.

Le ministère de la Défense avait plus tôt identifié la victime comme étant Mohsen Fakhrizadeh, chef du département recherche et innovation du ministère.

Il a été "gravement blessé" lorsque sa voiture a été prise pour cible par plusieurs assaillants, qui ont en retour été pris à partie par l'équipe de sécurité du scientifique, a indiqué le ministère dans un communiqué, ajoutant que l'équipe médicale n'était pas parvenue à le ranimer.

Selon un journaliste d'une télévision d'Etat, un pick-up noir transportant des explosifs dissimulés sous du bois a explosé devant la voiture de Fakhrizadeh, avant qu'elle ne soit visée par des tirs nourris provenant d'un véhicule circulant sur une autre voie.

Des images et vidéos de la scène montrent une berline noire sur le bas-côté d'une route, le pare-brise criblé d'impacts de balles. Du sang est visible sur l'asphalte.

L'attaque s'est déroulée près de la ville d'Absard, à l'est de Téhéran.

Le ministre de la Défense Amir Hatami a relevé à la télévision que le scientifique avait eu un "rôle marquant dans les innovations de défense". "Il gérait la défense nucléaire et faisait un travail considérable", a-t-il ajouté, sans autre précision.

Selon lui, cet assassinat est "totalement connecté" à la mort du général Qassem Soleimani, chef de la Force Qods --unité d'élite chargée des opérations extérieures des Gardiens--, le 3 janvier dans une frappe aérienne américaine près de l'aéroport international de Bagdad.

Père du programme nucléaire

Le département d'Etat américain avait indiqué en 2008 que Fakhrizadeh menait "des activités et des transactions contribuant au développement du programme nucléaire de l'Iran".

Le scientifique avait été qualifié par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu de père du programme iranien d'armement nucléaire.

Le quotidien américain New York Times a indiqué qu'un responsable américain et deux responsables des renseignements avaient confirmé qu'Israël était derrière l'attaque, sans autre détail.

Hossein Dehghan, conseiller militaire du guide suprême iranien Ali Khamenei et ancien haut responsable des Gardiens de la Révolution, a accusé l'Etat hébreu d'essayer de provoquer une guerre avec cet assassinat.

"Dans les derniers jours de la vie politique de leur allié amateur de jeux risqués (Trump), les Sionistes essaient d'intensifier la pression sur l'Iran pour créer une guerre totale", a-t-il tweeté. "Nous frapperons les tueurs telle la foudre."

Cet assassinat intervient moins de deux mois avant l'investiture du démocrate Joe Biden à la présidence des Etats-Unis.

Il entend changer de posture vis-à-vis de l'Iran après les quatre années de présidence de Donald Trump, qui s'est retiré en 2018 de l'accord sur le programme nucléaire iranien signé trois ans plus tôt. Les Etats-Unis, dans le cadre de leur politique de "pression maximale", ont ensuite rétabli puis durci les sanctions contre l'Iran.

Nuire à la diplomatie

Pour M. Trump, cet accord n'offre pas de garanties suffisantes pour empêcher Téhéran de se doter de l'arme nucléaire. L'Iran a toujours nié vouloir d'un tel armement.

M. Trump a retweeté vendredi des informations sur l'assassinat du scientifique iranien, mais sans y adjoindre de commentaire personnel.

Pour Ellie Geranmayeh, du Conseil européen des relations internationales, tuer Fakhrizadeh "ne vise pas à nuire au programme nucléaire (iranien) mais à nuire à la diplomatie", notamment à "compliquer" la tâche pour M. Biden.

John Brennan, ancien patron de l'agence de renseignement américaine CIA, a qualifié sur Twitter cet assassinat d'"acte criminel extrêmement dangereux", pouvant entraîner des "représailles létales et une nouvelle phase de conflit régional".

Plusieurs scientifiques spécialisés dans le domaine nucléaire en Iran ont été assassinés ces dernières années, Téhéran en attribuant systématiquement la responsabilité à Israël.

Et le quotidien américain New York Times a rapporté mi-novembre qu'Abdullah Ahmed Abdullah, alias Abou Mohammed al-Masri et numéro deux d'Al-Qaïda, avait été abattu à Téhéran le 7 août par des agents israéliens, lors d'une mission secrète commanditée par Washington.

L'Iran a démenti la présence de membres de ce groupe jihadiste sur son sol, affirmant que l'assassinat évoqué par le quotidien américain était une "information fabriquée".


Finul: quatre soldats italiens blessés, Rome accuse le Hezbollah

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  • Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban
  • Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus

ROME: Quatre soldats italiens ont été légèrement blessés lors d'une nouvelle "attaque" contre la mission de maintien de la paix de l'ONU au Liban, la Finul, a indiqué vendredi le gouvernement italien, qui en a attribué la responsabilité au Hezbollah.

"J'ai appris avec profonde indignation et inquiétude que de nouvelles attaques avaient visé le QG italien de la Finul dans le sud du Liban (et) blessé des soldats italiens", a indiqué dans un communiqué la Première ministre Giorgia Meloni.

"De telles attaques sont inacceptables et je renouvelle mon appel pour que les parties en présence garantissent à tout moment la sécurité des soldats de la Finul et collaborent pour identifier rapidement les responsables", a-t-elle affirmé.

Mme Meloni n'a pas désigné le responsable de cette attaque, mais son ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a pointé du doigt le Hezbollah: "Ce devraient être deux missiles (...) lancés par le Hezbollah, encore une fois", a-t-il déclaré là la presse à Turin (nord-ouest).

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué à l'AFP que Rome attendrait une enquête de la Finul.

Dans un communiqué, le ministère italien de la Défense indique que "quatre soldats italiens ont été légèrement blessés après l'explosion de deux roquettes de 122 mm ayant frappé la base UNP 2-3 de Chamaa dans le sud du Liban, qui abrite le contingent italien et le commandement du secteur ouest de la Finul".

"J'essayerai de parler avec le nouveau ministre israélien de la Défense (Israël Katz, ndlr), ce qui a été impossible depuis sa prise de fonction, pour lui demander d'éviter d'utiliser les bases de la Finul comme bouclier", a affirmé le ministre de la Défense Guido Crosetto, cité par le communiqué.

Selon un porte-parole de la Finul, la force onusienne a recensé plus de 30 incidents en octobre ayant entraîné des dommages matériels ou des blessures pour les Casques bleus, dont une vingtaine dus à des tirs ou des actions israéliennes.

Plus de 10.000 Casques bleus sont stationnés dans le sud du Liban, où la Finul est déployée depuis 1978 pour faire tampon avec Israël. Ils sont chargés notamment de surveiller la Ligne bleue, démarcation fixée par l'ONU entre les deux pays.

L'Italie en est le principal contributeur européen (1.068 soldats, selon l'ONU), devant l'Espagne (676), la France (673) et l'Irlande (370).


Syrie: le bilan des frappes israéliennes sur Palmyre s'élève à 92 morts

Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan. (AFP)
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  • Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie
  • Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah

BEYROUTH: Quatre-vingt-douze combattants pro-iraniens ont été tués dans des frappes israéliennes mercredi à Palmyre, dans le centre de la Syrie, a annoncé vendredi l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) dans un nouveau bilan.

Mercredi, trois frappes israéliennes ont ciblé la ville moderne attenante aux ruines gréco-romaines de la cité millénaire de Palmyre. Une d'entre elles a touché une réunion de membres de groupes pro-iraniens avec des responsables des mouvements irakien d'Al-Noujaba et libanais Hezbollah, selon l'Observatoire.

Un dépôt d'armes proche de la zone industrielle de Palmyre a aussi été visé, selon l'OSDH, ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Le bilan s'élève à "92 morts", a déclaré l'OSDH, parmi lesquels 61 combattants syriens pro-iraniens dont onze travaillant pour le Hezbollah libanais, "27 ressortissants étrangers" pour la plupart d'Al-Noujaba, et quatre membres du Hezbollah.

L'ONG avait fait état la veille de 82 morts.

Ces frappes israéliennes sont "probablement les plus meurtrières" ayant visé la Syrie à ce jour, a déclaré jeudi devant le Conseil de sécurité Najat Rochdi, adjointe de l'envoyé spécial de l'ONU en Syrie.

Depuis le 23 septembre, Israël a intensifié ses frappes contre le Hezbollah au Liban mais également sur le territoire syrien, où le puissant mouvement libanais soutient le régime de Damas.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, Israël a mené des centaines de frappes contre le pays voisin, visant l'armée syrienne et des groupes soutenus par Téhéran, son ennemi juré. L'armée israélienne confirme rarement ces frappes.

Le conflit en Syrie a éclaté après la répression d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Il a fait plus d'un demi-million de morts, ravagé les infrastructures et déplacé des millions de personnes.

Située dans le désert syrien et classée au patrimoine mondial de l'Unesco, Palmyre abrite des temples gréco-romains millénaires.

 


Israël annonce mettre fin à un régime de garde à vue illimitée pour les colons de Cisjordanie

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  • Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne
  • Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé vendredi que le régime dit de la détention administrative, équivalent d'une garde à vue quasi illimitée, ne serait désormais plus applicable aux colons israéliens en Cisjordanie.

Alors que "les colonies juives [en Cisjordanie] sont soumises à de graves menaces terroristes palestiniennes [...] et que des sanctions internationales injustifiées sont prises contre des colons [ou des entreprises oeuvrant à la colonisation], il n'est pas approprié que l'Etat d'Israël applique une mesure aussi sévère [la détention administrative, NDLR] contre des colons", déclare M. Katz dans un communiqué.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967 et les violences ont explosé dans ce territoire palestinien depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas à Gaza, le 7 octobre 2023.

Quelque 770 Palestiniens y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon des données de l'Autorité palestinienne. Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, 24 Israéliens, civils ou militaires, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Face à la montée des actes de violences commis par des colons armés, plusieurs pays occidentaux (Etats-Unis, Union européenne, Royaume-Uni et Canada notamment) ont au cours des douze derniers mois pris des sanctions (gel des avoirs, interdiction de voyager) contre plusieurs colons qualifiés d'"extrémistes".

Il y a quelques jours, les Etats-Unis ont sanctionné pour la première fois une entreprise israélienne de BTP active dans la construction de colonies en Cisjordanie.

La détention administrative est une procédure héritée de l'arsenal juridique de la période du Mandat britannique sur la Palestine (1920-1948), avant la création d'Israël. Elle permet aux autorités de maintenir un suspect en détention sans avoir à l'inculper, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à plusieurs mois, et pouvant être renouvelées pratiquement à l'infini.

Selon le Club des prisonniers palestiniens, ONG de défense des Palestiniens détenus par Israël, plus de 3.430 Palestiniens se trouvaient en détention administrative fin août. Par comparaison, seuls huit colons juifs sont détenus sous ce régime à ce jour, selon le quotidien israélien de gauche Haaretz vendredi.

L'annonce de la fin de la détention administrative pour les colons survient au lendemain de l'émission par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêts internationaux contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant recherchés par la justice internationale pour des "crimes de guerres" et "crimes contre l'humanité".

M. Netanyahu a rejeté catégoriquement la décision de la Cour comme une "faillite morale" et une mesure animée par "la haine antisémite à l'égard d'Israël".