Pakistan: Imran Khan retranché chez lui après des heurts entre ses partisans et la police

Les partisans de l'ancien premier ministre Imran Khan ont continué à se heurter aux forces de sécurité venues l'arrêter. (AFP)
Les partisans de l'ancien premier ministre Imran Khan ont continué à se heurter aux forces de sécurité venues l'arrêter. (AFP)
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Publié le Mercredi 15 mars 2023

Pakistan: Imran Khan retranché chez lui après des heurts entre ses partisans et la police

  • M. Khan a été renversé en avril 2022 par une motion de censure et est confronté depuis à une multitude de procédures judiciaires, mais il reste très populaire et espère revenir au pouvoir lors des élections législatives prévues d'ici octobre
  • Mercredi matin, des centaines de partisans du PTI avaient encerclé la résidence de M. Khan située dans un quartier cossu et repoussaient les tentatives de la police de prendre d'assaut les lieux

LAHORE : L'ancien Premier ministre pakistanais Imran Khan reste retranché mercredi à son domicile à Lahore dans l'est du pays, défiant les tentatives d'arrestation, après que des heurts ont éclaté entre ses partisans et la police.

M. Khan a été renversé en avril 2022 par une motion de censure et est confronté depuis à une multitude de procédures judiciaires, mais il reste très populaire et espère revenir au pouvoir lors des élections législatives prévues d'ici octobre.

Pendant toute la nuit, la police s'est livrée à des batailles rangées avec les militants du parti de M. Khan, le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI, Mouvement du Pakistan pour la justice), près de sa résidence de Zaman Park, tirant des gaz lacrymogènes et esquivant les pierres lancées par la foule en colère.

Le porte-parole de la police de Lahore, Syed Mubashir, a déclaré que plus de 35 policiers avaient été blessés.

Peu avant l'aube, l'ancien chef du gouvernement a publié une vidéo dans laquelle on le voit assis à un bureau décoré de cartouches de gaz lacrymogène usagées devant des drapeaux du Pakistan et du PTI.

"Je dis aujourd'hui à toute la nation qu'ils (les policiers) (...) vont revenir". "Ils utiliseront des gaz lacrymogènes contre notre peuple et feront d'autres choses de ce genre, mais vous devez savoir qu'ils n'ont aucune raison de le faire", déclare-t-il.

Mercredi matin, des centaines de partisans du PTI avaient encerclé la résidence de M. Khan située dans un quartier cossu et repoussaient les tentatives de la police de prendre d'assaut les lieux.

Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux - en grande partie diffusées par les comptes officiels du PTI - montrent plusieurs partisans ensanglantés et d'autres personnes luttant contre les gaz lacrymogènes.

Un responsable du PTI a tweeté qu'il y avait "un besoin urgent" de kits de premiers secours dans le quartier de Zaman Park.

Un compte du parti a également publié une vidéo montrant des bombes lacrymogènes atterrissant dans le jardin de M. Khan, mais la police ne semble pas avoir franchi le portail ou le mur.

Des partisans du PTI ont également défilé dans la ville portuaire de Karachi et à Peshawar, bloquant les routes avec des feux de joie.

«Sans précédent»

"La façon dont la police s'en prend à notre peuple est sans précédent", a affirmé M. Khan qui a tweeté des photos de douilles de balles prétendument recueillies sur les lieux. Un représentant du gouvernement du Pendjab a toutefois nié que des balles réelles aient été tirées.

"Il est clair que la revendication d'une +arrestation+ n'était qu'une mise en scène, car l'intention réelle est d'enlever et d'assassiner", a tweeté M. Khan.

C'est la seconde fois ce mois-ci que des policiers ont été dépêchés depuis la capitale Islamabad au domicile de M. Khan à Lahore pour exécuter un mandat d'arrêt. Il y a quelques semaines la police avait en effet essayé en vain de l'arrêter. L'ex-Premier ministre s'est soustrait à plusieurs assignations à comparaître au tribunal, invoquant des raisons de sécurité.

"Nous sommes simplement ici pour exécuter le mandat d'arrêt et l'arrêter", a fait savoir Syed Shahzad Nadeem Bukhari, un haut responsable de la police d'Islamabad, à la presse devant la maison de M. Khan.

Un haut responsable du PTI a déclaré que la Haute Cour d'Islamabad se réunirait mercredi pour examiner une requête visant à empêcher l'arrestation de Khan, ce qui pourrait désamorcer la situation.

Les responsables du parti ont également déposé une requête similaire auprès d'un tribunal de Lahore.

Imran Khan, 70 ans, a été convoqué au tribunal pour répondre aux accusations selon lesquelles il n'aurait pas déclaré l'ensemble des cadeaux diplomatiques reçus sous son mandat et aurait gagné de l'argent en revendant certains d'entre eux.

Depuis son éviction, Imran Khan fait pression sur le gouvernement de Shehbaz Sharif, son successeur, en multipliant les grands rassemblements. Il a également dissous les deux assemblées provinciales contrôlées par son parti, pour tenter d'obtenir des élections anticipées, auxquelles le gouvernement se refuse.

En novembre, l'ancienne star de cricket a également été blessé par balle à la jambe lors d'un rassemblement politique. Une tentative d'assassinat qu'il a attribué à Shehbaz Sharif.

Ces événements se déroulent dans un contexte tendu: le pays, qui compte plus de 220 millions d'habitants, est en proie à de graves difficultés économiques avec une inflation galopante, des réserves de change insuffisantes et un enlisement des négociations avec le FMI.

La situation sécuritaire se détériore également avec une série d'attaques meurtrières visant la police, liées aux talibans pakistanais.

"L'impasse de Lahore montre illustre combien l'état du pays s'est dégradé", a déclaré Tauseef Ahmed Khan, analyste politique et militant des droits de l'homme.

"D'une part, il s'agit d'un échec de la police et des forces de l'ordre. D'autre part, il s'agit d'une nouvelle tendance dans la politique sud-asiatique : un dirigeant politique défie l'arrestation en utilisant ses collaborateurs et ses partisans" a-t-il ajouté.


L'Otan en plein doute sur son avenir face à la tempête Trump

Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, s'exprime lors d'une conférence et d'une réunion avec des étudiants de l'École d'économie de Varsovie (SGH), à Varsovie (Pologne), le 26 mars 2025. (Photo Wojtek RADWANSKI / AFP)
Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, s'exprime lors d'une conférence et d'une réunion avec des étudiants de l'École d'économie de Varsovie (SGH), à Varsovie (Pologne), le 26 mars 2025. (Photo Wojtek RADWANSKI / AFP)
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  • Sous les coups de butoir de Donald Trump et de son équipe, l'Organisation du traité de l'Atlantique nord, vieille dame de plus de 75 ans, doit rapidement changer.
  • les États-Unis restent membres de l'OTAN, y compris pour la dissuasion nucléaire, mais se désengagent des forces conventionnelles, comme l'a évoqué le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth. 

BRUXELLES : Les tirs de barrage américains contre les pays européens de l'Otan ébranlent jusqu'aux fondements de l'Alliance atlantique, qui a cependant toutes les peines du monde à imaginer un avenir sans les États-Unis.

Sous les coups de butoir de Donald Trump et de son équipe, l'Organisation du traité de l'Atlantique nord, vieille dame de plus de 75 ans, doit rapidement changer. Un diplomate interrogé sous couvert d'anonymat décrit l'agressivité de la nouvelle administration américaine comme un « traumatisme ».

Ce changement se fera-t-il avec ou sans les États-Unis ? La question agite les couloirs du siège de l'Alliance à Bruxelles.

« On connaît la direction : moins d'États-Unis et plus d'Europe », résume un diplomate sous couvert d'anonymat. Cependant, de nombreuses questions restent en suspens.

En deux mois, Donald Trump s'en est pris au Canada qu'il entend voir devenir le 51ᵉ État américain, et au Danemark, dont il revendique l'un des territoires, le Groenland. 

Plusieurs responsables américains, dont le vice-président J. D. Vance, n'ont pas caché leur mépris à l'égard des Européens, considérés comme des « profiteurs » et des passagers clandestins d'une alliance où, dénoncent-ils, ils ne paient pas leur dû.

Depuis le 20 janvier, date du retour de Donald Trump à la Maison Blanche, « l'optimisme est de moins en moins de mise », confie un diplomate. « Les États-Unis n'ont pas encore pris de décisions concrètes, mais on dirait que chaque jour est porteur d'un nouveau coup contre les fondations de l'Alliance. »

- Transition « désordonnée » -

Pour Camille Grand, ancien secrétaire général adjoint de l'Otan et chercheur auprès de l'ECFR, trois scénarios sont possibles.

Celui de la transition ordonnée : les Américains se désengagent, mais en bon ordre, à la suite d'une négociation qui donne aux Européens le temps de se préparer. « Cela permet d'éviter les incertitudes », assure-t-il dans un entretien avec l'AFP.

Celui de la transition « désordonnée » : les États-Unis restent membres de l'OTAN, y compris pour la dissuasion nucléaire, mais se désengagent des forces conventionnelles, comme l'a évoqué le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth. 

Le retrait se fait « en mode crise », avec des « menaces et des annonces désordonnées ». C'est « le scénario dominant » aujourd'hui, estime l'analyste.

Il y a aussi le scénario cauchemar pour nombre d'Alliés : le retrait « de facto ou de jure ». Les États-Unis se désintéresseront de la défense du continent européen.

Donald Trump exige que les Européens et les Canadiens consacrent au moins 5 % de leur PIB à cette défense, alors qu'ils sont à moins de 2 % pour l'Italie ou l'Espagne. La marche est très haute. Mais tous savent qu'il faudra « annoncer » quelque chose au sommet de l'OTAN en juin, selon un diplomate.

Le Secrétaire général de l'Alliance Mark Rutte a évoqué un chiffre entre 3,5 et 3,7 %. Ce sera difficile, mais c'est une question de priorités dans les dépenses nationales, ajoute-t-il. 

Personne ne sait si ce chiffre sera suffisant pour Donald Trump.

- "Cinq ans" -

En attendant, beaucoup à Bruxelles et dans les autres capitales européennes s'interrogent sur un "après" Etats-Unis.

"Nous avons toujours su que le moment viendrait où l'Amérique se retirerait en quelque sorte et où l'Europe devrait faire davantage", rappelle ainsi Jamie Shea, ancien porte-parole de l'Otan et expert auprès du think tank londonien Chatam House.

Et le calendrier est très serré. Les Européens ont "cinq ans" pour recréer une dissuasion face à la menace russe, juge ainsi Camille Grand. Un calcul basé sur le temps jugé nécessaire, selon plusieurs services de renseignement, pour que la Russie reconstitue son armée et soit en mesure de menacer un pays de l'Otan, explique-t-il. 

Selon cet expert français, les Européens en sont capables, même si un investissement substantiel sera nécessaire pour combler l'apport américain en termes de renseignement, de satellites ou de logistique. « Il n'y a pas de raison que 500 millions d'Européens ne puissent pas dissuader 140 millions de Russes », assure-t-il.

Plusieurs pays en doutent. « Les États-Unis restent indispensables pour une dissuasion crédible », estime ainsi un diplomate européen auprès de l'Otan.


Le Wisconsin, théâtre d'une première défaite électorale pour Trump et Musk

 Donald Trump et Elon Musk. (Photo AFP)
Donald Trump et Elon Musk. (Photo AFP)
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  • Le président américain Donald Trump a essuyé mardi son premier revers électoral avec l'élection d'une juge démocrate dans le Wisconsin,
  • En Floride, deux législatives partielles ont également eu lieu mardi dans des circonscriptions solidement ancrées à droite et qui resteront dans l'escarcelle des républicains, selon les projections de plusieurs médias

WASHINGTON : Le président américain Donald Trump a essuyé mardi son premier revers électoral avec l'élection d'une juge démocrate dans le Wisconsin, un scrutin habituellement d'ampleur locale, marqué cette fois-ci par la forte implication d'Elon Musk.

Selon les projections de plusieurs médias américains, Susan Crawford, soutenue par les démocrates, a remporté un siège pour dix ans à la Cour suprême de cet État de la région des Grands Lacs.

Elle faisait face à Brad Schimel, soutenu par Donald Trump et par le multimilliardaire Elon Musk, et dont la victoire aurait fait basculer la haute instance du Wisconsin du côté conservateur.

En Floride, deux législatives partielles ont également eu lieu mardi dans des circonscriptions solidement ancrées à droite et qui resteront dans l'escarcelle des républicains, selon les projections de plusieurs médias.

Mardi soir, le président a mis à profit sa plateforme Truth Social pour se féliciter des deux « larges » victoires de son camp en Floride, mettant en avant son « soutien » aux candidats.

Il n'a en revanche pas commenté le résultat pour la Cour suprême du Wisconsin, préférant y retenir l'adoption, par un référendum organisé le même jour, d'une mesure obligeant les électeurs à présenter une pièce d'identité avec photo afin de pouvoir voter.

« C'est une grande victoire pour les républicains, peut-être la plus grande de la soirée », a-t-il écrit.

« Le plus important » 

Elon Musk n'a pas non plus réagi à la défaite de Brad Schimel, et a plutôt salué l'issue du référendum local. « C'était le plus important », a-t-il affirmé sur son réseau social X.

Le patron de Tesla et Space X s'inquiétait d'un potentiel rééquilibrage par la Cour suprême locale dans le découpage des circonscriptions électorales, en faveur des démocrates. État pivot, le Wisconsin avait été remporté par Donald Trump à la présidentielle de novembre.

« C'est l'une de ces situations étranges où une petite élection en apparence pourrait déterminer le destin de la civilisation occidentale », avait lancé Elon Musk mardi.

Le président républicain avait, lui, publié lundi sur Truth Social un message de soutien à Brad Schimel. Il s'en était surtout pris à Susan Crawford, qui serait, selon lui, « un désastre pour le Wisconsin et pour les États-Unis d'Amérique ».

Un peu plus de deux mois après le début de son mandat, les enquêtes d'opinion indiquent une baisse relative de la popularité de Donald Trump. Ces élections dans le Wisconsin et en Floride étaient les premières véritables épreuves auxquelles il faisait face dans les urnes depuis novembre.

Campagne onéreuse 

Mardi, le trumpiste Randy Fine a bien remporté le siège en jeu à la Chambre des représentants face au démocrate Josh Weil, mais avec une avance bien plus mince qu'il y a quelques mois.

Ces résultats ont « de quoi donner des sueurs froides à mes collègues républicains », a déclaré sur la chaîne MSNBC Hakeem Jeffries, responsable de la minorité démocrate à la Chambre des représentants. Cela fait écho à la difficulté de l'opposition à se faire entendre depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.

Dans le Wisconsin, les deux camps avaient sorti l'artillerie lourde pour une élection qui, d'ordinaire, passe inaperçue dans le reste du pays.

Selon le Centre Brennan de l'université de New York, c'est « le scrutin judiciaire le plus coûteux de l'histoire américaine », avec plus de 98 millions de dollars déversés dans la campagne, dont 53 millions en faveur du candidat conservateur.

Elon Musk n'est pas étranger à cela.

« Il a dépensé plus de 25 millions de dollars pour essayer de m'empêcher de siéger à la Cour suprême du Wisconsin », a lancé dimanche Susan Crawford lors d'un rassemblement.

Son équipe de campagne avait récemment accusé Elon Musk de vouloir « acheter un siège à la Cour suprême du Wisconsin afin d'obtenir une décision favorable » dans des poursuites engagées par Tesla, son entreprise de véhicules électriques, contre les autorités du Wisconsin.


Amnesty International demande à la Hongrie d'arrêter M. Netanyahou

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. (Photo d'archives de l'AFP)
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le Premier ministre israélien doit se rendre cette semaine dans un pays membre de la Cour pénale internationale
  • Cette visite " ne doit pas devenir un indicateur de l'avenir des droits humains en Europe "

LONDRES : Amnesty International a demandé à la Hongrie d'arrêter le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, à la suite d'informations selon lesquelles il se rendra dans cet État membre de l'UE mercredi à l'invitation de son homologue hongrois Viktor Orban.

M. Netanyahou fait l'objet d'un mandat d'arrêt délivré en novembre par la Cour pénale internationale en raison de la conduite d'Israël à Gaza.

M. Orban, proche allié de M. Netanyahu, a déclaré qu'il n'exécuterait pas le mandat. En tant qu'État membre, la Hongrie est tenue d'exécuter tout mandat d'arrêt délivré par la CPI.