En Cisjordanie, des morts-vivants et le sentiment d'être «des numéros»

Un Palestinien à côté d'une maison endommagée à la suite d'un raid israélien dans le camp de réfugiés d'Aqabat Jabr dans la ville de Jéricho en Cisjordanie occupée (Photo, AFP).
Un Palestinien à côté d'une maison endommagée à la suite d'un raid israélien dans le camp de réfugiés d'Aqabat Jabr dans la ville de Jéricho en Cisjordanie occupée (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 15 mars 2023

En Cisjordanie, des morts-vivants et le sentiment d'être «des numéros»

  • Le 6 février, cinq Palestiniens sont tués et deux autres blessés dans un raid de l'armée israélienne mené à Jéricho
  • Un responsable sécuritaire israélien indique que l'armée détient cinq corps

AQABAT JABR: Pendant deux semaines, Basma Aweidat a pleuré la mort de son fils qu'elle croyait tombé sous des balles israéliennes début février en Cisjordanie occupée. Jusqu'à cet appel lui annonçant qu'il était vivant mais hospitalisé dans un état grave en Israël.

Le 6 février, cinq Palestiniens sont tués et deux autres blessés dans un raid de l'armée israélienne mené à Jéricho afin de retrouver des suspects après une attaque anti-israélienne dans la zone.

Après cette opération dans le camp de réfugiés palestiniens d'Aqabat Jabr, un responsable sécuritaire israélien indique que l'armée détient cinq corps. L'Autorité palestinienne, informée par Israël, annonce que Thayer Aweidat, 28 ans et membre de la branche armée du mouvement islamiste palestinien Hamas, fait partie des cinq morts.

Sa photo est placardée sur les murs du camp de réfugiés, à l'image d'autres "martyrs", et les messages de condoléances déferlent.

Au bout de deux semaines, Basma Aweidat reçoit un coup de fil: c'est une cousine dont le fils, Alaa Aweidat, avait été blessé dans le raid. Après avoir enfin obtenu un permis des autorités israéliennes, elle vient de lui rendre visite à l'hôpital israélien Hadassah à Jérusalem. Mais là, stupeur: elle découvre que le blessé n'est pas son fils mais Thayer Aweidat.

Blessé par balles, celui-ci est dans le coma.

Le sort d'Alaa Aweidat reste lui inconnu. Un cousin a informé la famille qu'il l'avait vu repartir vivant à bord d'une ambulance israélienne le 6 février après les accrochages dans le camp, mais depuis lors, plus rien. L'armée affirme à l'AFP ne pas avoir d'informations à son sujet.

«Emotions à l'épreuve»

Après le coup de fil de sa cousine, Basma Aweidat, la cinquantaine, n'a d'abord pas pu "croire [que son fils] était toujours en vie". "J'ai attendu d'avoir un permis israélien pour aller lui rendre visite", raconte-t-elle à l'AFP. "Là je l'ai vu, la tête bandée et son corps portant plusieurs blessures. J'ai essayé de lui parler mais il n'a pas répondu."

Son mari, Khaled Aweidat, n'a pas reçu d'autorisation pour rendre visite à leur fils.

"D'après ce que m'a dit mon épouse, il est dans un état grave et sa mort peut être annoncée à tout moment", s'inquiète-t-il.

Contactée par l'AFP, l'Autorité palestinienne n'a pas souhaité préciser qui lui avait transmis, côté israélien, l'identité des Palestiniens tués à Jéricho.

Interrogés par l'AFP sur une possible erreur israélienne, l'armée, la police, le Cogat (organe du ministère de la Défense israélien supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens) et les hôpitaux israéliens se renvoient la balle, et la responsabilité de cette mauvaise identification reste difficile à établir.

"Je ne sais pas qui est responsable de cette erreur qui met nos émotions à l'épreuve", souffle Basma Aweidat.

"Quelques jours après être venues pour pleurer sa mort, les femmes du camp sont venues me féliciter parce qu'il était en vie", ajoute-t-elle.

«Martyr vivant»

En octobre, une histoire similaire s'est déroulée dans le camp de réfugiés de Jalazoun, près de Ramallah.

La famille Basbous a pleuré son fils Bassel pendant deux jours, après que des sources palestiniennes l'eurent informée qu'il avait été tué près de Ramallah par des tirs de soldats sur la voiture à bord de laquelle il circulait avec deux autres personnes.

Après les tirs, "je me suis évanoui et je me suis réveillé le deuxième jour à l'hôpital, avec les jambes et les mains menottées" au lit, raconte à l'AFP Bassel Basbous.

Sa mère, Ataf Basbous, explique avoir été appelée par une amie dont le frère travaille à l'hôpital Shaare Tzedek à Jérusalem. Celui-ci l'informe alors que son fils est toujours en vie.

Une porte-parole de l'hôpital a fait état auprès de l'AFP d'une "certaine confusion sur son identité avant son admission" dans l'établissement, attribuée à "son état", sans davantage de détails.

"Les Israéliens nous traitent comme des numéros, ils se fichent des familles", accuse Ataf Basbous. "On tire sur mon fils qui reste 18 jours à l'hôpital avant d'être libéré, mais tout le monde s'en fiche alors qu'il n'a rien fait".

Bassel Basbous reçoit toujours des soins dans un hôpital de Ramallah pour ses blessures à la jambe et à la main.

D'abord surnommé le "martyr héroïque", comme tous les Palestiniens tués par des balles israéliennes, Bassel Basbous est désormais connu comme le "martyr vivant".


Les États-Unis débloquent 117 millions de dollars pour les Forces libanaises

Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
Drapeau américain agitant isolément sur fond blanc (Photo iStock)
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  • Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».
  • C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

WASHINGTON : Lles États-Unis ont annoncé  samedi le transfert de 117 millions de dollars destinés à soutenir les forces de l'ordre et l'armée libanaises, à l'issue d'une réunion de donateurs internationaux, jeudi.

Selon un communiqué du département d'État, ces fonds doivent aider les Forces armées libanaises (FAL) et les Forces de sécurité intérieure (FSI, chargées du maintien de l'ordre) à « garantir la souveraineté du Liban dans tout le pays ».

C'est ce dernier qui est à l'origine de la réunion des donateurs internationaux qui a eu lieu jeudi « avec partenaires et alliés pour évoquer le soutien crucial à la sécurité du Liban afin de pérenniser la cessation des hostilités avec Israël ».

Un cessez-le-feu a pris effet fin novembre entre le mouvement islamiste pro-iranien Hezbollah et Israël, après plus d'un an de bombardements de part et d'autre, ainsi qu'une incursion des forces israéliennes en territoire libanais à partir de fin septembre.

L'enveloppe annoncée samedi par le département d'État « démontre son engagement à continuer à travailler avec ses partenaires et alliés pour s'assurer que le Liban bénéficie du soutien nécessaire pour renforcer la sécurité du pays et de la région ».

Samedi, le président libanais, Joseph Aoun, a réclamé le retrait de l'armée israélienne « dans les délais fixés » par l'accord de cessez-le-feu.

Ce dernier prévoit le déploiement de l'armée libanaise aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays et le retrait de l'armée israélienne dans un délai de 60 jours, soit d'ici au 26 janvier.

Le Hezbollah doit, pour sa part, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne. 


Manifestation pour revendiquer la libération de l'opposante Abir Moussi

Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
Des partisans d'Abir Moussi, chef du Parti Destourien Libre (PDL), participent à une manifestation demandant sa libération, à Tunis le 18 janvier 2025. (Photo FETHI BELAID / AFP)
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  • Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.
  • Soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

TUNIS : Plusieurs centaines de sympathisants du Parti destourien libre (PDL), qui revendique l'héritage des autocrates Bourguiba et Ben Ali, ont manifesté samedi en Tunisie pour réclamer la libération de leur dirigeante, l'opposante Abir Moussi.

Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Liberté pour Abir » ou « Nous sommes des opposants, pas des traîtres ! », ils étaient entre 500 et 1 000, selon des journalistes de l'AFP. Beaucoup portaient des drapeaux tunisiens et des photos de la dirigeante du PDL.

Ils ont critiqué virulemment à la fois le président Kaïs Saied et le parti islamo-conservateur d'opposition Ennahdha. Mme Moussi, ex-députée de 49 ans, est en détention depuis son arrestation le 3 octobre 2023 devant le palais présidentiel, où, selon son parti, elle était venue déposer des recours contre des décrets de M. Saied.

Mme Moussi fait l'objet de plusieurs accusations, dont celle particulièrement grave de tentative « ayant pour but de changer la forme de l'État », soupçonnée d'avoir voulu rétablir un pouvoir similaire à celui de Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 par la première révolte du Printemps arabe.

Les manifestants ont dénoncé le décret 54 sur les « fausses nouvelles », en vertu duquel Mme Moussi est poursuivie dans cette affaire, et dont l'interprétation très large a entraîné l'incarcération depuis septembre 2022 de dizaines de politiciens, d'avocats, de militants ou de journalistes.

Pour Thameur Saad, dirigeant du PDL, emprisonner Mme Moussi pour des critiques envers l'Isie « n'est pas digne d'un pays se disant démocratique ». « Les prisons tunisiennes sont désormais remplies de victimes du décret 54 », a renchéri à l'AFP Karim Krifa, membre du comité de défense de Mme Moussi.

D'autres figures de l'opposition, dont le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont également emprisonnées.

Depuis le coup de force de M. Saied à l'été 2021, l'opposition et les ONG tunisiennes et étrangères ont déploré une régression des droits et des libertés en Tunisie. Le chef de l'État a été réélu à une écrasante majorité de plus de 90 % des voix le 6 octobre, lors d'un scrutin marqué toutefois par une participation très faible (moins de 30 %).


L'Égypte annonce que 50 camions-citernes de carburant entreront chaque jour dans la bande de Gaza

Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu'une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, a tué cinq personnes mardi, l'armée israélienne confirmant avoir mené une attaque dans la région. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.
  • M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

LE CAIRE : Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a annoncé samedi que 50 camions-citernes chargés de carburant devaient entrer dans la bande de Gaza à partir de dimanche, marquant le début du cessez-le-feu.

M. Abdelatty, dont le pays, le Qatar et les États-Unis ont servi de médiateur, a déclaré que l'accord prévoyait « l'entrée de 600 camions par jour dans la bande, dont 50 de carburant ».

La trêve devrait entrer en vigueur dimanche à 13 h 30 GMT, ouvrant ainsi la voie à un afflux massif d'aide, selon les médiateurs.

Des centaines de camions sont garés du côté égyptien du poste frontière de Rafah, un point d'entrée autrefois vital pour l'aide humanitaire, fermé depuis mai, lorsque les forces israéliennes ont pris le contrôle du côté palestinien du point de passage.

Au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue nigérian, M. Abdelatty a déclaré : « Nous espérons que 300 camions se rendront au nord de la bande de Gaza », où des milliers de personnes sont bloquées dans des conditions que les agences humanitaires qualifient d'apocalyptiques.

Les travailleurs humanitaires ont mis en garde contre les obstacles monumentaux qui pourraient entraver les opérations d'aide, notamment la destruction des infrastructures qui traitaient auparavant les livraisons.