NEW YORK: L’Arabie saoudite a appelé vendredi tous les États membres de l’ONU à condamner la violence contre les musulmans et à promouvoir une culture de paix qui rejette la discrimination et l’extrémisme et favorise le respect mutuel nécessaire à la paix et à la compréhension.
Mohammed Alateek, le représentant permanent adjoint du Royaume auprès de l’ONU, s’est exprimé lors d’un événement de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations unies avant la première Journée internationale de lutte contre l’islamophobie le 15 mars.
L’événement de l’ONU est organisé par le Pakistan, qui assure actuellement la présidence tournante de l’Organisation de la coopération islamique, et le président de l’Assemblée générale, Csaba Korosi.
Il appelle à une coopération internationale dans les efforts de lutte contre la discrimination, la xénophobie, l’intolérance et la violence contre les peuples en raison de leur religion ou de leurs convictions, y compris le discours qui «conduit au profilage racial, à la discrimination, aux stéréotypes négatifs et à la stigmatisation des musulmans», soutiennent les organisateurs.
Un autre objectif était de promouvoir une action internationale pour favoriser le dialogue mondial qui promeut une culture de tolérance ancrée dans le respect des droits de l’homme, poursuivent-ils.
S’exprimant au nom des membres du Groupe arabe à l’ONU, M. Alateek déclare que la grande participation à l’événement de vendredi reflète la solidarité qui existe entre la communauté internationale au sens large et les musulmans dans la lutte contre l’islamophobie.
Le Groupe arabe estime que la célébration d’une Journée internationale de lutte contre l’islamophobie contribuera à renforcer le dialogue, à promouvoir une culture de paix et à renforcer le respect des droits de l’homme, précise M. Alateek.
«C’est une occasion importante qui nous permet de mettre en lumière toutes les manifestations de haine et d’islamophobie contre les musulmans, qui conduisent parfois à des actes abominables – les derniers étant ceux perpétrés en Suède par un groupe d’extrémistes, ajoute-t-il.
En janvier, un militant d’extrême droite danois a été autorisé par la police suédoise à organiser une manifestation devant l’ambassade de Turquie à Stockholm, au cours de laquelle il a brûlé un exemplaire du Coran et fait des remarques désobligeantes sur les immigrés et l’islam.
M. Alateek a exhorté la communauté internationale à condamner de tels actes extrémistes pour «promouvoir une culture de paix, combattre la discrimination et l’extrémisme et renforcer le dialogue entre les cultures et les religions en vue d'établir la paix, la sécurité et le respect mutuel».
C’est une condition préalable, dit-il, pour un environnement propice à la paix et à la compréhension aux niveaux régional et international.
Dans son discours d’ouverture, le ministre pakistanais des Affaires étrangères Bilawal Bhutto Zardari, qui est l’actuel président du Conseil des ministres de l’Organisation de la coopération islamique, met en avant quelques cas d’islamophobie qui persistent et ne sont souvent pas signalés.
«Les dangers de l’islamophobie attirent souvent l’attention internationale lorsqu’un acte odieux de violence et de terrorisme frappe des musulmans innocents, tandis que les actes quotidiens de discrimination, de haine et d’hostilité contre les musulmans restent largement ignorés et sous-estimés», explique M. Bhutto Zardari.
Il appelle à la nomination d’un envoyé spécial de l’ONU pour lutter contre l’islamophobie, ainsi qu’à «l’adoption de mesures internationales pour la protection des lieux saints; l'adoption de lois interdisant les discours de haine; la fourniture d’une assistance juridique et d’une indemnisation appropriée; et la mise en place de mécanismes judiciaires nationaux et internationaux et de lois pour tenir les responsables d’actes d’islamophobie responsables».
Une résolution de l’ONU proclamant le 15 mars comme Journée internationale de lutte contre l’islamophobie a été adoptée à l’unanimité par l’Assemblée générale à cette date en 2022. Elle a été choisie parce qu’elle commémore les attaques contre deux mosquées par un homme armé à Christchurch, en Nouvelle-Zélande, en 2019. Les attentats avaient fait 51 morts et 40 blessés.
Lorsque la résolution a été présentée, le représentant du Pakistan a déclaré que l’islamophobie était apparue comme une nouvelle forme de racisme. Elle impose, entre autres, des interdictions de voyager discriminatoires, tient des discours de haine et prend des filles et des femmes pour cibles à cause de la manière dont elles s’habillent.
Le texte de la résolution appelle la communauté internationale à encourager la tolérance et la paix ancrées dans le respect des droits de l’homme et de la diversité des religions et des convictions.
M. Alateek affirme que la résolution illustre la nécessité «d’unir nos efforts, au niveau international, pour prendre des mesures sérieuses en vue de mettre fin à la discrimination, à la haine et à l’islamophobie».
Il a réitéré l’appel à tous les États membres de l’ONU, au nom des membres du Groupe arabe, pour que la résolution soit mise en œuvre «dans son intégralité, puisqu’il s’agit de notre civilisation commune et que nous avons l’obligation de lutter contre la discrimination fondée sur la religion».
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a déclaré lors de l’événement de vendredi que les deux milliards de musulmans dans le monde reflètent l’humanité dans toute sa magnifique diversité, mais qu’ils sont souvent confrontés au sectarisme et aux préjugés «pour aucune autre raison que leur foi».
Il ajoute que le lien entre la haine antimusulmane et l’inégalité des sexes est indéniable.
«Nous constatons certaines des pires répercussions de la triple discrimination à l’encontre, principalement, des femmes, en raison de leur sexe, de leur appartenance ethnique et de leur religion», dit António Guterres.
«La haine croissante à laquelle les musulmans font face n’est pas un développement isolé. Elle fait inexorablement partie de la résurgence de l’ethno-nationalisme, des idéologies de suprématie blanche néonazie et de la violence ciblant les populations vulnérables, notamment les musulmans, les juifs, et certaines communautés chrétiennes minoritaires, entre autres.»
Il ajoute que la discrimination «nous affaiblit tous et qu’il nous incombe à tous de nous y opposer».
M. Alateek salue les efforts du président de l’Assemblée générale «pour renforcer les valeurs de tolérance religieuse», ainsi que ceux du secrétaire général et du bureau de l’Alliance des civilisations de l’ONU.
Il conclut en soulignant que la nécessité de combattre l’islamophobie fait partie intégrante de l’objectif et des principes de l’ONU, à commencer par la recherche de la paix, de la sécurité et de la protection des droits de l’homme.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com