Le patron de la BBC ne démissionnera pas après le tollé suscité par la suspension de Gary Lineker

Sur cette photo d'archive prise le 21 mars 2021, le présentateur de télévision de la BBC Gary Lineker avant le match de football de quart de finale de la FA Cup anglaise entre Leicester City et Manchester United au King Power Stadium de Leicester, centre de l'Angleterre. (Photo, AFP)
Sur cette photo d'archive prise le 21 mars 2021, le présentateur de télévision de la BBC Gary Lineker avant le match de football de quart de finale de la FA Cup anglaise entre Leicester City et Manchester United au King Power Stadium de Leicester, centre de l'Angleterre. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 12 mars 2023

Le patron de la BBC ne démissionnera pas après le tollé suscité par la suspension de Gary Lineker

  • L'ex-attaquant de l'équipe d'Angleterre, qui présente depuis 1999 l'émission de football, a été suspendu après avoir critiqué mardi le nouveau projet de loi du gouvernement conservateur
  • Dans la foulée, plusieurs consultants d'émissions de football du weekend ont décidé de se retirer de leurs programmes par «solidarité»

LONDRES: Le directeur général de la BBC Tim Davie a déclaré samedi qu'il ne démissionnera pas malgré la tempête déclenchée par la suspension du présentateur star Gary Lineker, sanctionné pour un tweet critiquant le gouvernement, et les perturbations des émissions sportives du groupe audiovisuel britannique.

"Tout le monde souhaite régler la situation dans le calme", a déclaré M. Davie dans une interview à la BBC.

Gary Lineker, ancien footballeur et présentateur de la très populaire émissionMatch Of The Day , a été suspendu vendredi, après avoir accusé le gouvernement britannique d'utiliser la rhétorique de l'époque nazie pour lutter contre l'immigration clandestine.

Cette suspension a entraîné le bouleversement des programmes sportifs de la BBC à la télévision et à la radio.

Plusieurs consultants d'émissions de football, tels que les anciens internationaux anglais Ian Wright et Alan Shearer, ont décidé de se retirer de leurs programmes par "solidarité".

Match Of The Day, véritable institution au Royaume-Uni où le programme est diffusé depuis 1964, a été diffusé samedi pour la première fois sans présentateur, ni consultant, ni même commentaire, dans le cadre d'un programme raccourci de 20 minutes sur les temps forts de six matches de la première division anglaise.

L'émission d'avant-première du week-end Football Focus et l'émission de résultats Final Score ont été retirées de la grille et la couverture de Radio 5Live perturbée.

Interrogé sur son éventuelle démission, M. Davie a répondu: "Absolument pas", affirmant "attendre avec impatience que nous résolvions cette situation".

«Désolé»

"Pour être clair, la réussite à mes yeux serait que Gary revienne à l'antenne et qu'ensemble nous offrions au public une couverture sportive internationale", a-t-il ajouté, affirmant être "désolé que nous n'ayons pas été en mesure de la fournir aujourd'hui".

Les propos de l'ex-footballeur Gary Lineker, qui partage régulièrement ses opinions progressistes auprès de ses 8,8 millions d'abonnés, ont suscité une vive polémique dans un contexte très crispé autour des questions d'immigration mais aussi de critiques récurrentes d'impartialité visant l'audiovisuel public de la part de la droite britannique.

La BBC avait d'abord affirmé qu'elle allait "s'entretenir" avec le présentateur.

Vendredi, le groupe audiovisuel a finalement "décidé que (Gary Lineker) allait se retirer de la présentation de Match Of The Day jusqu'à ce que nous ayons un accord clair avec lui sur son utilisation des réseaux sociaux".

Une pétition de soutien en ligne dépasse samedi matin les 190.000 signatures et le hashtag #BoycottBBC est en tendance sur Twitter.

Côté politique, la décision du groupe audiovisuel a été dénoncée par de nombreuses personnalités, de l'opposition travailliste jusqu'à la Première ministre écossaise Nicola Sturgeon qui a qualifié d'"indéfendable" la position de la BBC. Elle met selon elle "en danger la liberté d'expression face à la pression politique".

Selon le journal The Daily Express samedi, un groupe de 36 députés conservateurs britanniques auraient écrit une lettre au directeur général du groupe, Tim Davie, pour demander des excuses "sans réserve" du présentateur.

Impartialité 

"La BBC a mis à mal sa propre crédibilité en donnant l'impression de plier face à la pression du gouvernement", a estimé l'ancien directeur général de la BBC, Greg Dyke. Selon lui, le devoir d'impartialité demandé aux employés travaillant sur l'actualité politique ne devrait pas s'appliquer aux présentateurs d'émissions de divertissement.

La BBC est régulièrement attaquée par les conservateurs qui l'accusent d'avoir couvert le Brexit de manière biaisée et d'être centrée sur les préoccupations des élites urbaines.

Le groupe a depuis érigé l'impartialité en "priorité" et, sur conseil du gouvernement, Richard Sharp a été nommé en 2021 à la présidence de la BBC.

Mais cette nomination fait l'objet de critiques car cet ancien banquier, donneur connu du parti conservateur, aurait peu avant sa nomination joué les entremetteurs pour aider l'ancien Premier ministre Boris Johnson à obtenir un prêt de 800.000 livres (900.000 euros).

Gary Lineker, 48 buts sous le maillot de l'Angleterre jusqu'à sa retraite en 1994, n'a pas réagi publiquement à sa suspension mais a répété cette semaine qu'il assumait complètement ses propos.

Surnommé "Mr Nice" pour son comportement irréprochable tout au long de sa carrière - il n'a jamais écopé d'un seul carton jaune -, il a l'habitude d'exprimer ses positions politiques sur les réseaux sociaux, notamment contre le Brexit et pro-migrants.

Le nouveau projet de loi, qui vise selon le gouvernement à mettre fin à l'arrivée illégale de migrants par la Manche, a été critiqué par les associations de défense des droits humains et par l'ONU qui a accusé Londres de vouloir "mettre fin au droit d'asile".


Israël : Netanyahu revient sur son choix pour la direction du Shin Bet

Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
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  • La nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 
  • M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

JERUSALEM : Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mardi être revenu sur son choix pour le nouveau directeur de l'Agence de la sécurité intérieure (Shin Bet) après que son candidat a été critiqué à Washington par un influent sénateur.

« Lundi, M. Netanyahu a de nouveau rencontré le vice-amiral [Eli] Sharvit à propos de sa nomination à la tête du Shin Bet », indique un communiqué du Bureau du Premier ministre.

Il l'a « remercié [...] d'avoir répondu à l'appel du devoir, mais l'a informé qu'après plus ample considération, il avait l'intention d'examiner d'autres candidatures », a indiqué un communiqué du bureau de M. Netanyahu.

Ce revirement soudain survient après que la nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 

« S'il est vrai que l'Amérique n'a pas de meilleur ami qu'Israël, la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet est plus que problématique », a écrit M. Graham sur X.

« Mon conseil à mes amis israéliens est de changer de cap et d'examiner plus minutieusement le passé de leur candidat », a-t-il ajouté, notant que des « déclarations » de l'amiral Sharvit « sur le président Trump et sa politique créeraient des tensions inutiles à un moment critique ».

M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

La décision de démettre M. Bar de ses fonctions, en qui M. Netanyahu dit ne plus avoir confiance, est fortement critiquée en Israël où les manifestations se multiplient contre le gouvernement et contre ce qui est perçu par ses opposants comme une dérive dictatoriale du Premier ministre.


Ukraine : Poutine « reste ouvert à tout contact » avec Trump, après ses critiques selon le Kremlin

Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
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  • « Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
  • Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

MOSCOU : Vladimir Poutine « reste ouvert à tout contact » avec son homologue américain Donald Trump, a affirmé lundi le Kremlin, après les critiques du locataire de la Maison Blanche à l'encontre du président russe malgré leur rapprochement entamé depuis plusieurs semaines.

« Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, lors de son briefing quotidien, précisant qu'« aucun » nouvel appel entre les deux dirigeants n'était « prévu pour l'instant ».

Donald Trump a dit à la chaîne américaine NBC être « très énervé, furieux » envers son homologue russe, après que ce dernier eut évoqué l'idée d'une « administration transitoire » en Ukraine, sans son président actuel, Volodymyr Zelensky.

Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

Ces dernières semaines, Moscou et Washington ont convenu d'une remise à plat de leurs relations bilatérales, très fortement dégradées par des années de tensions, qui ont culminé depuis 2022 avec le déclenchement de l'assaut russe contre l'Ukraine, soutenue par les États-Unis.

Donald Trump, qui souhaite mettre fin au conflit le plus rapidement possible, a également menacé la Russie de nouvelles taxes sur le pétrole russe si aucun accord n'était trouvé.

Or, la manne financière issue de la vente de son or noir est vitale pour Moscou, qui doit financer son offensive en Ukraine, particulièrement coûteuse.

Le président russe Vladimir Poutine a rejeté plus tôt ce mois-ci la proposition de cessez-le-feu inconditionnel de Donald Trump en Ukraine, que Kiev avait pourtant acceptée sous pression américaine.

Lundi, Dmitri Peskov a martelé que la Russie continuait à travailler « tout d'abord sur l'établissement de relations bilatérales et nous travaillons également sur la mise en œuvre de certaines idées liées au règlement ukrainien ».

« Le travail est en cours. Il n'y a pas encore de détails précis. Il s'agit d'un processus qui prend du temps, probablement en raison de la complexité du sujet », a-t-il poursuivi.


Lutte contre l'immigration clandestine : plus de 40 pays réunis à Londres

Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
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  • Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale.
  • Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

LONDRES : Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale, un dossier prioritaire pour Londres.

Le dirigeant travailliste, qui a pris ses fonctions en juillet dernier, a promis, comme ses prédécesseurs conservateurs, d'endiguer le phénomène des « small boats » (petits bateaux) en luttant contre les réseaux de passeurs.

Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

Keir Starmer donnera le coup d'envoi de ce « premier grand sommet international organisé au Royaume-Uni pour faire face à l'urgence de l'immigration clandestine », qui se tiendra sous la houlette de la ministre de l'Intérieur Yvette Cooper.

Le ministre français Bruno Retailleau et son homologue allemande Nancy Faeser sont attendus, de même que des représentants du reste de l'Europe, d'Asie, du Moyen-Orient, d'Afrique et d'Amérique du Nord, y compris des États-Unis.

Les discussions porteront sur la collaboration entre les États pour démanteler les réseaux de passeurs de migrants, notamment vers le Royaume-Uni et les pays de l'Union européenne.

« Je ne crois tout simplement pas qu'il soit impossible de s'attaquer à la criminalité organisée liée à l'immigration », a déclaré le dirigeant travailliste dans un communiqué diffusé dimanche par le ministère de l'Intérieur.

- « Consensus mondial » -

« Nous devons combiner nos ressources, partager nos renseignements et nos tactiques, et nous attaquer au problème en amont », doit-il ajouter.

Ce sommet s'inscrit dans le prolongement des discussions que Mme Cooper avait eues en décembre avec ses homologues belge, allemand, français et néerlandais.

Les cinq pays avaient alors signé un plan d'action commun destiné à renforcer la coopération pour lutter contre ces réseaux de passeurs de migrants.

Le sommet de cette semaine réunira des représentants de pays de départ de migrants, comme le Vietnam ou l'Irak, ainsi que de pays de transit, comme ceux des Balkans.

Il réunira également le directeur de la Border Force, l'agence responsable des opérations de contrôle de la frontière au Royaume-Uni, ainsi que des représentants d'Interpol, d'Europol et d'Afripol.

Selon le ministère britannique de l'Intérieur, les ministres discuteront de l'équipement, de l'infrastructure et des faux papiers que les bandes criminelles utilisent pour faire entrer des personnes illégalement.

Ils examineront également le fonctionnement des filières et chercheront à « établir un consensus mondial sur la lutte » contre le recrutement de migrants en ligne.

Les Britanniques souhaitent également voir avec la Chine comment elle peut cesser d'exporter des moteurs et d'autres pièces détachées de petits bateaux utilisés pour les traversées de la Manche.

Keir Starmer est sous pression, face à la montée du parti anti-immigration Reform UK de Nigel Farage, qui a obtenu environ quatre millions de voix lors des élections générales de juillet, un résultat sans précédent pour un parti d'extrême droite.

Le Premier ministre a comparé les passeurs d'immigrés clandestins à des « terroristes ». En réponse, son gouvernement a introduit un projet de loi conférant aux forces de l'ordre des pouvoirs comparables à ceux dont elles disposent en matière de lutte antiterroriste, afin de combattre ces réseaux.

En février, le gouvernement a durci les règles d'acquisition de la nationalité pour la rendre pratiquement impossible à une personne arrivée illégalement au Royaume-Uni.

Il a aussi annoncé des règles plus strictes en matière de droit du travail.

« Fermer les yeux sur le travail illégal fait le jeu des passeurs qui tentent de vendre des places sur des bateaux peu solides et surchargés en promettant un travail et une vie au Royaume-Uni », a déclaré dimanche Mme Cooper, citée dans un communiqué de son ministère.

Au total, plus de 157 770 migrants sont arrivés au Royaume-Uni en traversant la Manche à bord de petites embarcations depuis que le gouvernement a commencé à collecter des données en 2018.