Chine: Xi Jinping obtient un troisième mandat historique de président

Xi Jinping a obtenu vendredi un troisième mandat historique de président en Chine, après un vote à l'unanimité du Parlement, l'aboutissement d'une ascension qui l'a vu devenir le dirigeant le plus puissant du pays depuis des générations. (AFP)
Xi Jinping a obtenu vendredi un troisième mandat historique de président en Chine, après un vote à l'unanimité du Parlement, l'aboutissement d'une ascension qui l'a vu devenir le dirigeant le plus puissant du pays depuis des générations. (AFP)
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Publié le Vendredi 10 mars 2023

Chine: Xi Jinping obtient un troisième mandat historique de président

  • Le Parlement étant, dans la pratique, inféodé au Parti communiste (PCC) au pouvoir, l'issue du scrutin ne faisait aucun doute
  • Le dirigeant, âgé de 69 ans, avait déjà obtenu en octobre une prolongation de cinq ans au sommet du PCC et de la commission militaire du Parti, les deux postes de pouvoir les plus importants en Chine

PEKIN: Xi Jinping a obtenu vendredi un troisième mandat historique de président en Chine, après un vote à l'unanimité du Parlement, l'aboutissement d'une ascension qui l'a vu devenir le dirigeant le plus puissant du pays depuis des générations.

Le résultat du vote des députés, sans appel (2.952 votes pour, zéro contre, zéro abstention), a été accueilli par un tonnerre d'applaudissements des parlementaires réunis à Pékin, dans l'immense Palais du peuple bordant la place Tiananmen.

Le Parlement étant, dans la pratique, inféodé au Parti communiste (PCC) au pouvoir, l'issue du scrutin ne faisait aucun doute.

Le dirigeant, âgé de 69 ans, avait déjà obtenu en octobre une prolongation de cinq ans au sommet du PCC et de la commission militaire du Parti, les deux postes de pouvoir les plus importants en Chine.

Seul candidat, Xi Jinping a été reconduit pour la même durée comme chef de l'Etat.

Dès l'annonce du résultat, trois militaires en uniforme d'apparat ont descendu au pas de l'oie les escaliers de la monumentale salle où sont réunis les députés, avant de déposer un exemplaire de la Constitution sur un pupitre.

"Je jure d'être (...) loyal à la patrie et au peuple (...) et de travailler dur à l'édification d'un grand pays socialiste moderne qui soit prospère, fort, démocratique, plus civilisé et harmonieux", a promis Xi Jinping, poing droit levé et main gauche sur le document.

Les derniers mois ont toutefois été compliqués pour lui, avec de grandes manifestations fin novembre contre sa politique "zéro Covid" et une importante vague de décès qui a suivi l'abandon en décembre de cette stratégie sanitaire.

Qui est le président chinois Xi Jinping ?

A l'arrivée de Xi Jinping au pouvoir fin 2012, nombre d'observateurs prédisaient qu'il serait le plus progressiste des dirigeants communistes de l'histoire de Chine, en raison de son profil discret et de son passé familial.

Dix ans plus tard, ces prédictions se sont avérées erronées, ce qui prouve à quel point l'homme de 69 ans, qui vient d'obtenir vendredi un inédit troisième mandat de chef de l'Etat, était alors méconnu.

Dirigeant le plus puissant depuis le fondateur du régime Mao Tsé-toung, Xi Jinping s'est patiemment attelé à la consolidation de son pouvoir, bâillonnant toute dissidence, son désir de contrôle s'immisçant désormais dans nombre de sujets socio-économiques.

Séjour forcé à la campagne au contact de la rude vie paysanne, lente montée des échelons, travailleur acharné... Son parcours est inlassablement loué par l'historiographie officielle du Parti communiste chinois (PCC).

"Je conteste l'idée reçue selon laquelle Xi Jinping se bat pour le pouvoir dans le seul intérêt du pouvoir", déclare à l'AFP Alfred L. Chan, auteur d'un livre sur la vie du dirigeant chinois.

"Je dirais qu'il cherche le pouvoir (et en use) comme d'un instrument (...) pour réaliser sa vision" pour son pays, souligne-t-il.

Un autre biographe, Adrian Geiges, ne pense pas que Xi Jinping soit motivé par un désir d'enrichissement.

"Il a vraiment une vision de la Chine, il veut que la Chine devienne le pays le plus puissant du monde", assure-t-il à l'AFP.

«Mûrir plus tôt»

Au coeur de cette vision se trouve le Parti communiste, avec ce que Xi Jinping appelle le "rêve chinois" ou la "grande renaissance de la nation chinoise", victime pendant un siècle et demi d'invasions étrangères puis de troubles politiques intérieurs.

Son enfance ne laissait pas présager d'une telle ascension au sein du PCC.

Son père Xi Zhongxun, un héros révolutionnaire devenu vice-Premier ministre, a été pris pour cible par Mao Tsé-toung pendant la Révolution culturelle (1966-1976).

"Xi Jinping et sa famille ont été traumatisés", selon M. Chan.

L'adolescent perd son statut du jour au lendemain et l'une de ses demi-soeurs se serait suicidée à cause de ces persécutions. Il a lui-même déclaré avoir été ostracisé par ses camarades de classe.

A tout juste 15 ans, Xi Jinping est envoyé comme beaucoup de jeunes urbains de son âge à la campagne, participant aux durs travaux agricoles et dormant dans une habitation creusée à flanc de colline.

"L'intensité du travail m'a choqué", a-t-il déclaré plus tard.

Il a aussi raconté au journal américain Washington Post en 1992 les séances publiques de critiques au cours desquelles il devait dénoncer son père durant la Révolution culturelle.

"Même si vous ne comprenez pas (ce qui se passe), vous êtes forcés de comprendre", confiait-il alors. "Cela vous fait mûrir plus tôt".

Femme soprano 

Pour le biographe Alfred L. Chan, cette jeunesse à la dure lui a donné une certaine "solidité" mentale.

Aujourd'hui, la grotte dans laquelle il a séjourné à la campagne est devenue une attraction touristique, qui sert également à la propagande pour souligner sa préoccupation pour les plus pauvres.

Lors d'une visite de l'AFP en 2016, un habitant avait dressé le portrait d'un Xi Jinping quasi légendaire, lisant des livres lors de ses pauses entre les travaux agricoles.

Avant d'être acceptée, sa demande d'adhésion au PCC a été rejetée plusieurs fois, à cause de l'héritage paternel.

D'abord chef du PCC dans un village en 1974, Xi Jinping a commencé à un niveau très bas, gravissant progressivement les échelons.

Il devient gouverneur de la province du Fujian en 1999, puis chef du Parti pour le Zhejiang en 2002 et enfin pour Shanghai en 2007.

Son père a été réhabilité à la fin des années 1970 après la mort de Mao Tsé-toung, ce qui a très probablement facilité l'ascension politique de Xi Jinping.

Après avoir divorcé de sa première femme, il a épousé la soprano superstar Peng Liyuan en 1987, à une époque où elle était beaucoup plus connue que lui.

«Grand choc»

Cai Xia, une ancienne cadre du PCC qui vit en exil aux Etats-Unis, estime qu'"il souffre d'un complexe d'infériorité, sachant qu'il est peu éduqué par rapport aux autres hauts dirigeants du PCC".

Xi Jinping s'est par contre toujours considéré "comme un héritier de la révolution", selon M. Chan.

En 2007, il a été nommé au comité permanent du Bureau politique, la plus haute instance décisionnelle du parti.

Lorsqu'il a remplacé l'ex-dirigeant Hu Jintao cinq ans plus tard, rien ne laissait présager de ses actions en matière politique: réduction de la marge de manoeuvre des médias, baisse de la liberté académique dans les universités, mise au pas de l'opposition à Hong Kong...

Aidé par un discours patriotique voire parfois nationaliste, Xi Jinping a su tirer parti de ce récit d'une Chine ascendante, qui revient à sa juste place dans la communauté internationale, pour asseoir sa légitimité auprès de la population.

"La chute de l'Union soviétique et du socialisme en Europe de l'Est a été un grand choc" pour lui, estime M. Geiges, ajoutant que M. Xi attribue cet effondrement à l'ouverture politique.

"Il a donc décidé que cela ne devait pas arriver à la Chine (...) C'est pourquoi il veut une direction forte du Parti communiste, avec un dirigeant fort."

Félicitations de Poutine 

Le président russe Vladimir Poutine, dont le pays est un proche partenaire économique et diplomatique de la Chine, a rapidement adressé à Xi Jinping ses "sincères félicitations".

"La Russie apprécie grandement votre contribution personnelle au renforcement des relations (...) entre nos pays", a indiqué M. Poutine dans un message publié par le Kremlin.

La réélection vendredi de Xi Jinping couronne une ascension politique remarquable durant laquelle il est passé de responsable politique peu connu du grand public à dirigeant chinois le plus puissant depuis des décennies.

Auteur d'une biographie sur le président chinois, l'écrivain et journaliste suisse Adrian Geiges estime toutefois que l'enrichissement personnel n'est pas sa motivation première.

"Il a vraiment une vision pour la Chine, il veut que la Chine devienne le pays le plus puissant du monde", déclare-t-il.

Pendant des décennies, la République populaire de Chine, échaudée par le chaos politique et le culte de la personnalité durant le règne (1949-1976) de son dirigeant et fondateur Mao Tsé-toung, avait promu une gouvernance plus collégiale au sommet du pouvoir.

En vertu de ce modèle, les prédécesseurs de Xi Jinping, à savoir Jiang Zemin puis Hu Jintao, avaient chacun cédé leur place de président après dix années à ce poste.

Mais M. Xi a mis fin à cette règle en faisant abolir en 2018 dans la Constitution la limite de deux mandats présidentiels, tout en laissant se développer autour de lui un quasi-culte de la personnalité.

Chine: un 3e mandat pour Xi Jinping, quatre principaux défis

Xi Jinping, qui a obtenu vendredi un troisième mandat de président chinois jusqu'en 2028, fera face à quatre principaux défis: l'économie, les tensions avec les Etats-Unis, la question de Taïwan et les droits humains.

Economie au ralenti 

Le ralentissement économique de la Chine sera certainement un sujet central de son nouveau mandat de cinq ans.

Mais sa décision de s'entourer exclusivement de fidèles fait craindre qu'il ne privilégie l'idéologie au détriment de la croissance.

Vendredi à la mi-journée, la Bourse de Hong Kong chutait d'ailleurs de 2,46%.

La deuxième économie mondiale, longtemps habituée à des rythmes de croissance élevés, a vu son PIB progresser de seulement 3% en 2022, sous l'effet des restrictions sanitaires et de la crise immobilière.

Pour 2023, le gouvernement vise "environ 5%", un des objectifs les plus faibles depuis des décennies.

Et le profil de ceux que Xi Jinping a choisis aux postes les plus élevés du gouvernement laisse penser que l'ère des réformes libérales est révolue et que désormais, c'est essentiellement l'Etat qui mènera la danse.

S'il espérait faire de la consommation le nouveau moteur de l'économie, force est de constater que celle-ci n'est pas encore au rendez-vous. Quant à son concept de "prospérité commune", censé réduire les écarts de richesse dans la population, M. Xi semble plus discret sur le sujet ces derniers mois.

Tensions avec Washington 

Les relations bilatérales ont viré à l'aigre ces dernières années, sur fond de compétition technologique et commerciale, droits humains ou encore bataille sur l'origine du Covid-19.

Une visite prévue en février par le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a été reportée in extremis après que l'administration Biden a abattu un ballon chinois qu'elle accusait d'espionnage sur son territoire. Des affirmations démenties par la Chine.

Depuis, le ton n'a cessé de monter sur le front diplomatique. Mardi, le ministre des Affaires étrangères Qin Gang a prévenu du risque de "conflit et confrontation" si Washington ne change pas de cap.

Xi Jinping lui-même a émis une rare critique directe des autorités américaines, en leur reprochant nommément d'entraîner les pays occidentaux dans "une politique d'endiguement, d'encerclement et de répression contre la Chine".

La question de Taïwan 

Fort de son nouveau mandat, Xi Jinping pourrait peut-être décider que le moment est venu pour Pékin de s'emparer de l'île, administrée par un gouvernement démocratique et que la Chine revendique comme faisant partie de son territoire.

Le sujet est devenu de plus en plus sensible ces dernières années, comme l'a illustré la visite en août dernier à Taïwan de Nancy Pelosi, alors présidente de la Chambre américaine des représentants.

Furieuse, la Chine avait répliqué en lançant les plus importantes manoeuvres militaires de son histoire autour de l'île.

En octobre, le Parti communiste a inclus pour la première fois dans sa constitution son opposition à l'indépendance du territoire insulaire.

Toute invasion chinoise de Taïwan aurait un effet dévastateur sur les chaînes mondiales d'approvisionnement, compte tenu du rôle crucial de l'île dans la production de semi-conducteurs, composants indispensables à une multitude d'appareils électroniques.

Elle provoquerait aussi l'indignation des Occidentaux, isolerait la Chine et rapprocherait plus que jamais Pékin et Washington d'une confrontation armée directe.

Pékin a annoncé dimanche une hausse de son budget de la Défense de 7,2%, son rythme le plus élevé depuis 2019.

Cette hausse "soutenue, d'année en année" du budget militaire fait "sonner creux" l'affirmation chinoise selon laquelle la modernisation de son armée ne menace pas ses voisins, estime Drew Thompson, chercheur invité à l'Ecole de politiques publiques Lee Kuan Yew de l'université nationale de Singapour.

Les dépenses militaires chinoises restent cependant aux alentours des 2% du PIB, un taux inférieur à celui des Etats-Unis.

Droits humains 

Depuis l'arrivée au pouvoir de Xi Jinping fin 2012, la société civile a quasiment disparu, l'opposition a été étouffée et des dizaines de militants sont en prison.

Au Xinjiang (nord-ouest), Pékin est accusé d'avoir interné dans des "camps" au moins un million de personnes, principalement de la minorité musulmane ouïghoure, en réponse à une vague d'attentats sanglants ayant frappé la région.

Certaines études occidentales évoquent un "génocide" en raison de cas de stérilisations et d'avortements présentés comme "forcés". La Chine réfute toutes ces allégations.

Un rapport de l'ONU évoque la possibilité de "crimes contre l'humanité" dans la région mais ne reprend pas le terme de "génocide", utilisé notamment par les Etats-Unis.

La situation en matière de droits humains a peu de chance de s'améliorer durant le troisième mandat de Xi Jinping, dont le pouvoir semble désormais inébranlable et insensible aux pressions internationales.

«Plus sûre d'elle»

Xi Jinping devient donc le dirigeant suprême à rester le plus longtemps au pouvoir dans l'histoire récente de la Chine.

Septuagénaire à l'issue de ce nouveau mandat, il pourrait même potentiellement prolonger pour un nouveau quinquennat si aucun dauphin crédible ne s'affirme dans l'intervalle.

Mais ses défis restent nombreux à la tête de la deuxième économie mondiale, entre le ralentissement de la croissance, la chute de la natalité ou encore l'image internationale de la Chine qui s'est fortement dégradée ces dernières années.

Les relations avec les États-Unis sont, elles, au plus bas, les contentieux étant nombreux, de Taïwan au traitement des musulmans ouïghours, en passant par la rivalité dans les technologies.

Xi Jinping a encore condamné cette semaine la "politique d'endiguement, d'encerclement et de répression contre la Chine" mise en place par "des pays occidentaux menés par les États-Unis".

"Nous allons voir une Chine plus sûre d'elle sur la scène internationale, qui va affirmer son discours de manière plus prononcée" tout en tentant "de réduire sa dépendance vis-à-vis du reste du monde", prédit Steve Tsang, de l'institut SOAS China à l'Université de Londres.

Le Parlement a également procédé vendredi à des élections formelles pour d'autres postes institutionnels.

Jusqu'ici vice-Premier ministre, Han Zheng (68 ans) a été élu vice-président en remplacement de Wang Qishan (74 ans).

La présidence du comité permanent du Parlement revient à Zhao Leji.


Le Parlement ukrainien déserté par crainte de frappes russes

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  • L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP
  • La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP

KIEV: Le Parlement ukrainien a annulé vendredi sa séance par crainte de frappes russes en plein coeur de Kiev, au lendemain du tir par la Russie d'un nouveau missile balistique et de menaces de Vladimir Poutine à l'adresse de l'Occident.

Après ce tir, le président russe s'était adressé à la nation jeudi soir en faisant porter la responsabilité de l'escalade du conflit sur les Occidentaux. Il a estimé que la guerre en Ukraine avait pris désormais un "caractère mondial" et menacé de frapper les pays alliés de Kiev.

Le Kremlin s'est dit confiant vendredi sur le fait que les Etats-Unis avaient "compris" le message de Vladimir Poutine.

L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP.

La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP.

En plein coeur de Kiev, ce quartier où se situent également la présidence, le siège du gouvernement et la Banque centrale, a jusqu'à présent été épargné par les bombardements. L'accès y est strictement contrôlé par l'armée.

Le porte-parole du président Volodymyr Zelensky a de son côté assuré que l'administration présidentielle "travaillait comme d'habitude en respectant les normes de sécurité habituelles".

"Compris" le message 

S'adressant aux Russes à la télévision jeudi soir, Vladimir Poutine a annoncé que ses forces avaient frappé l'Ukraine avec un nouveau type de missile balistique hypersonique à portée intermédiaire (jusqu'à 5.500 km), baptisé "Orechnik", qui était dans sa "configuration dénucléarisée".

Cette frappe, qui a visé une usine militaire à Dnipro, dans le centre de l'Ukraine, est une réponse, selon M. Poutine, à deux frappes menées cette semaine par Kiev sur le sol russe avec des missiles américains ATACMS et britanniques Storm Shadow, d'une portée d'environ 300 kilomètres.

M. Poutine a ainsi estimé que la guerre en Ukraine avait pris un "caractère mondial" et annoncé que Moscou se réservait le droit de frapper les pays occidentaux car ils autorisent Kiev à utiliser leurs armes contre le sol russe.

"Le message principal est que les décisions et les actions imprudentes des pays occidentaux qui produisent des missiles, les fournissent à l'Ukraine et participent ensuite à des frappes sur le territoire russe ne peuvent pas rester sans réaction de la part de la Russie", a insisté vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Il s'est dit persuadé que Washington avait "compris" ce message.

La veille, les Etats-Unis, qui avaient été informés 30 minutes à l'avance du tir russe, avaient accusé Moscou de "provoquer l'escalade". L'ONU a évoqué un "développement inquiétant" et le chancelier allemand Olaf Scholz a regretté une "terrible escalade".

La Chine, important partenaire de la Russie accusé de participer à son effort de guerre, a appelé à la "retenue". Le Kazakhstan, allié de Moscou, a renforcé ses mesures de sécurité en raison de cette "escalade en Ukraine".

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky a lui appelé la communauté internationale à "réagir", dénonçant un "voisin fou" qui utilise l'Ukraine comme un "terrain d'essai".

"Cobayes" de Poutine 

Au-delà du tir de jeudi, la Russie a modifié récemment sa doctrine nucléaire, élargissant la possibilité de recours à l'arme atomique. Un acte "irresponsable", selon les Occidentaux.

Interrogés jeudi par l'AFP sur le tir de missile russe, des habitants de Kiev étaient inquiets.

"Cela fait peur. J'espère que nos militaires seront en mesure de repousser ces attaques", a déclaré Ilia Djejela, étudiant de 20 ans, tandis qu'Oksana, qui travaille dans le marketing, a appelé les Européens à "agir" et "ne pas rester silencieux".

M. Poutine "teste (ses armes) sur nous. Nous sommes ses cobayes", a affirmé Pavlo Andriouchtchenko cuisinier de 38 ans.

Sur le terrain en Ukraine, les frappes de la Russie, qui a envahi le pays il y a bientôt trois ans, se poursuivent.

A Soumy, dans le nord-est du pays, une attaque de drones a fait deux morts et 12 blessés, a indiqué le Parquet ukrainien.

Le ministre russe de la Défense, Andreï Belooussov, s'est lui rendu sur un poste de commandement de l'armée dans la région de Koursk, où les forces ukrainiennes occupent, depuis début août, des centaines de kilomètres carrés.

Il s'est félicité d'avoir "pratiquement fait échouer" la campagne militaire ukrainienne pour l'année 2025 en "détruisant les meilleures unités" de Kiev et notant que les avancées russes sur le terrain se sont "accélérées".

Cette poussée intervient alors que Kiev craint que Donald Trump, de retour à la Maison Blanche à partir de janvier prochain, ne réduise ou stoppe l'aide militaire américaine, vital pour l'armée ukrainienne.


Record de 281 travailleurs humanitaires tués dans le monde en 2024, selon l'ONU

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
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  • L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database
  • "Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires

GENEVE: Un nombre record de 281 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde cette année, ont alerté les Nations unies vendredi, qui demandent que les responsables soient poursuivis.

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database.

"Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires et coordinateur des situations d'urgence, Tom Fletcher, dans le communiqué.

Le Britannique souligne que "cette violence est inadmissible et dévastatrice pour les opérations d'aide".

"Les États et les parties au conflit doivent protéger les humanitaires, faire respecter le droit international, poursuivre les responsables et mettre un terme à cette ère d'impunité".

L'année 2023 avait déjà connu un nombre record, avec 280 travailleurs humanitaires tués dans 33 pays.

L'ONU souligne que la guerre à Gaza "fait grimper les chiffres". Il y a eu "au moins 333 travailleurs humanitaires qui ont été tués rien que dans la bande de Gaza" depuis le début de la guerre en octobre 2023, a indiqué le porte-parole de l'agence de coordination humanitaire de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, lors d'un point de presse à Genève.

Nombre d'entre eux ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions alors qu'ils fournissaient de l'aide humanitaire. La plupart travaillaient pour l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), dont 243 employés ont été tués depuis la guerre à Gaza, a indiqué M. Laerke.

Parmi les autres travailleurs humanitaires tués depuis le début de la guerre à Gaza figure notamment du personnel du Croissant-Rouge palestinien, a-t-il relevé.

Mais les menaces qui pèsent sur les travailleurs humanitaires ne se limitent pas à Gaza, indique l'ONU, soulignant que des "niveaux élevés" de violence, d'enlèvements, de harcèlement et de détention arbitraire ont été signalés, entre autres, en Afghanistan, en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud, au Soudan, en Ukraine et au Yémen.

La majorité du personnel humanitaire tué sont des employés locaux travaillant avec des ONG, des agences de l'ONU et le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

L'ONU explique que la violence à l'encontre du personnel humanitaire s'inscrit dans "une tendance plus large d'atteintes aux civils dans les zones de conflit", avec l'an dernier "plus de 33.000 civils morts enregistrés dans 14 conflits armés, soit une augmentation de 72% par rapport à 2022".

 


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

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  • "La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau
  • "Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu

JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.