En Irak, le souvenir d'une Histoire douloureuse

Une femme irakienne blessée fuit le site de deux attentats à la voiture piégée qui ont explosé coup sur coup près de deux églises de Bagdad le 1er août 2004 (Photo, AFP).
Une femme irakienne blessée fuit le site de deux attentats à la voiture piégée qui ont explosé coup sur coup près de deux églises de Bagdad le 1er août 2004 (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 11 mars 2023

En Irak, le souvenir d'une Histoire douloureuse

  • Vingt ans après l'invasion de leur pays, des Irakiens jettent un regard plein d'effroi sur le passé, rarement optimiste
  • Retrouver Bagdad était un «rêve». Hanaa déchante rapidement en voyant les blindés américains dans les rues, les privations après une décennie d'un embargo occidental féroce

BAGDAD: Ils ont 20 ans, 50 ans, 70 ans. Certains ont connu le joug de Saddam Hussein, les autres ont grandi en plein conflit. Vingt ans après l'invasion de leur pays, des Irakiens jettent un regard plein d'effroi sur le passé, rarement optimiste.

«La peur ne mène à rien»

A 77 ans, Hanaa Edouard, féministe et militante des droits humains, symbolise des décennies de lutte pour la démocratie, dans un pays où l'invasion américaine de 2003 contre Saddam Hussein a ouvert une des pages les plus sanglantes de l'histoire irakienne.

Chrétienne, ex-militante communiste, son militantisme contre le régime de Saddam sera synonyme d'exil: Berlin-Est, Damas, puis les montagnes du Kurdistan autonome, dans le nord de l'Irak.

Retrouver Bagdad, après l'offensive américaine contre Saddam en mars 2003, était un "rêve". Elle déchante rapidement en voyant les blindés américains dans les rues, les privations après une décennie d'un embargo occidental féroce.

Dans un pays frappé par une guerre confessionnelle, où militants et responsables restent à ce jour victimes d'enlèvements et d'assassinats, elle poursuivra l'action de son ONG al-Amal, fondée dans les années 1990 pour "construire une société civile indépendante et ériger un Irak démocratique, qui croit aux droits humains".

Parmi ses victoires: l'adoption d'un quota pour les femmes au sein du Parlement. "Un moment historique", se souvient la vieille dame à la silhouette voutée.

Sur une vidéo de 2011, debout devant le Premier ministre Nouri al-Maliki, elle le prend à partie pour réclamer la libération de quatre manifestants. Assis au côté de M. Maliki, un homme tente de la calmer: l'actuel Premier ministre, Mohamed Chia al-Soudani.

"La peur ne mène à rien", confie-t-elle. Encore aujourd'hui "les défis abondent", reconnaît-elle, fustigeant "les partis traditionnels qui luttent pour rester" au pouvoir.

Saluant les manifestations contre le régime de 2019, elle ne se fait pas d'illusions: "Il n'y a pas de démocratie en Irak".

«Martyrs sacrifiés»

Zoulfokar Hassan, 22 ans, se souvient quand, en 2007, sa mère enceinte le réveille en pleine nuit pour se réfugier dans la salle de bain, craignant un raid américain dans leur quartier de Bagdad.

"Les maisons autour de nous s'effondraient", raconte l'étudiant en calligraphie, en référence aux tirs du 6 septembre 2007 menés par des hélicoptères et des chars américains, qui ont tué 14 civils à Al-Washash.

Le lendemain, Zoulfokar, sept ans, grimpe sur la terrasse où la famille dormait, fuyant la chaleur estivale: "Il y avait des éclats d'obus, nos matelas étaient brûlés".

Cette histoire familiale, il la raconte d'un ton détaché, tant son expérience est banale, partagée par toute une génération ayant grandi avec la guerre, les cadavres sur le chemin de l'école, les voitures piégées qui explosent.

"Toute notre enfance nous étions terrorisés", résume-t-il: "Nous avions peur d'aller aux toilettes la nuit, personne n'arrivait à dormir seul dans une chambre".

Depuis 2006, un de ses oncles est porté disparu. Il était sorti en voiture acheter à manger.

Zoulfokar a participé en 2019 aux manifestations, réprimées dans le sang, qui dénonçaient la corruption endémique, les infrastructures en déliquescence, le chômage des jeunes.

"J'ai arrêté. J'avais perdu espoir, je voyais des jeunes comme moi qui mouraient, et nous étions impuissants", lâche-t-il: "Des martyrs ont été sacrifiés, sans résultat et sans changement".

Malgré cela, il n'envisage pas, pour le moment, de quitter l'Irak. Sinon, "qui resterait?"

«Chaos douloureux»

Privée d'une enfance insouciante durant la guerre Iran-Irak dans les années 1980, Souad al-Jawhari, 53 ans, a lancé à Bagdad une équipe de cyclisme amateur pour femmes et enfants.

"Nous avons vécu notre enfance dans les guerres, nous n'avons pas pu en profiter, nous avons été privés de beaucoup de choses", confie cette mère de trois enfants.

Elle se souvient comment amis et voisins étaient déportés, au plus fort de la répression contre les opposants du régime. Ou comment ses cousins ont été emprisonnés, et sa tante morte de chagrin.

La chute de Saddam, elle-même l'a vécue depuis l'Iran où sa famille s'était réfugiée. En 2009, elle rentre en Irak et décide qu'elle y restera "quelles que soient les circonstances". Car "l'exil permanent est douloureux", confie-t-elle.

En 2017, elle monte à vélo en public. "J'avais peur du regard de la société", concède-t-elle. Mais se sentant en sécurité, elle fonde son équipe de cyclisme.

"Nos vies ont été marquées par 20 années de chaos douloureux, il n'y a aucune compensation à cela", poursuit-elle: "Mais ce qui est à venir ne peut pas être pire que ce que nous avons vécu".

«Lignes rouges»

En 2003, Alan Zangana avait 12 ans. "Nous restions jusqu'à l'aube pour suivre les évènements" à la télévision depuis Souleimaniyeh, grande ville du Kurdistan autonome, raconte cet employé du privé.

La chute du régime? "Quand la statue est tombée, le 9 avril 2003, alors nous y avons cru", indique ce Kurde de 32 ans, en référence aux images mythiques montrant la statue du dictateur, déboulonnée par des soldats américains à Bagdad.

Alan a été élevé par ses parents fonctionnaires dans la province de Wassit, dans l'est, avant que la famille ne gagne en 2000 le Kurdistan autonome. Fait rare parmi les Kurdes des jeunes générations, il parle arabe.

Depuis trois ans, il produit un podcast pour libérer la parole d'une certaine "élite irakienne".

"L'élite irakienne est renfermée sur elle-même, par peur des évènements de ces 20 dernières années", dit-il: "Il y a ceux qui ont vu leurs amis mourir, ceux qui ont été menacés".

Ses invités discutent politique, culture, économie. La route est encore longue, reconnaît-il: "Il reste beaucoup de lignes rouges, et ce n'est pas sain".


Liban: cinq morts dans des frappes israéliennes

De la fumée s'échappe lors d'une frappe israélienne sur le village frontalier d'Adaisseh, au sud du Liban, le 8 mai 2024, dans un contexte de tensions transfrontalières persistantes alors que les combats se poursuivent entre Israël et les militants palestiniens du Hamas dans la bande de Gaza. (Photo, AFP)
De la fumée s'échappe lors d'une frappe israélienne sur le village frontalier d'Adaisseh, au sud du Liban, le 8 mai 2024, dans un contexte de tensions transfrontalières persistantes alors que les combats se poursuivent entre Israël et les militants palestiniens du Hamas dans la bande de Gaza. (Photo, AFP)
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  • Depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza entre Israël et le Hamas le 7 octobre, des échanges de tirs opposent quotidiennement l'armée israélienne au Hezbollah pro-iranien
  • Dans la soirée, le Hezbollah a confirmé que deux de ses combattants ont été tués par Israël

BEYROUTH: Cinq combattants, trois du Jihad islamique palestinien et deux du Hezbollah, ont été tués mercredi dans des frappes israéliennes dans le sud du Liban, a indiqué à l'AFP une source sécuritaire.

Depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza entre Israël et le Hamas le 7 octobre, des échanges de tirs opposent quotidiennement l'armée israélienne au Hezbollah pro-iranien, qui affirme soutenir le mouvement islamiste palestinien.

"Trois personnes ont été tuées dans le bombardement israélien d'une maison dans la localité de Khiam", a indiqué la source à l'AFP, suggérant que les victimes étaient des "combattants palestiniens".

De leur côté, les "Brigades al-Qods", la branche militaire du Jihad islamique palestinien, dont des combattants sont présents au Liban, ont annoncé dans un communiqué mercredi soir que trois de leurs membres ont été tués "à la frontière avec la Palestine occupée, dans le sud du Liban".

La source sécuritaire a ajouté que "deux combattants du Hezbollah" ont été tués dans un autre raid visant la localité frontalière de Odeissé.

Dans la soirée, le Hezbollah a confirmé que deux de ses combattants ont été tués par Israël., dont l'un originaire de la localité frontalière de Kfar Kila.

L'agence nationale d'information libanaise (Ani) avait précédemment rapporté que "des avions de combat israéliens avaient ciblé les localités de Khiam et Kafr Kila".

Des images d'un photographe de l'AFP montrent d'épais nuages de fumée sur la zone à la suite du raid à Khiam.

L'agence a également fait état de bombardements israéliens qui ont visé de nombreuses localités du sud du Liban, dont Odeissé.

Dans un communiqué mercredi soir, l'armée israélienne a indiqué que ses avions de combat avaient "frappé tout au long de la journée des structures militaires dans lesquelles opéraient des terroristes du Hezbollah et d'autres structures militaires" du parti, notamment dans les régions de Khiam et Odeissé.

De son côté, le Hezbollah a revendiqué avoir mené au moins 11 attaques contre des bâtiments de l'armée israélienne, des rassemblements de soldats et des sites militaires dans le nord d'Israël, à l'aide de drones explosifs et de missiles guidés notamment.

Le mouvement pro-iranien vise généralement des positions militaires israéliennes proches de la frontière. Israël riposte par des raids qui visent de plus en plus en profondeur le territoire libanais, et mène des frappes ciblées contre des responsables du Hezbollah.

En sept mois de violences transfrontalières, au moins 395 personnes, dont 257 combattants du Hezbollah mais aussi 77 civils, ont été tuées au Liban, selon un décompte de l'AFP. Parmi ces morts figurent également 19 combattants du Jihad islamique palestinien.

Côté israélien, 13 soldats et neuf civils ont été tués, selon un bilan officiel.

 

 


Egypte: les autorités enquêtent sur la mort d'un homme d'affaires israélo-canadien

Une photo de Ziv Kipper obtenue à partir de son compte Facebook (Facebook/Ziv Kipper)
Une photo de Ziv Kipper obtenue à partir de son compte Facebook (Facebook/Ziv Kipper)
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  • La victime est un homme d'affaires possédant la double nationalité canadienne et israélienne
  • Les cas de ce type sont rares en Egypte, mais ne sont pas sans précédent

 

LE CAIRE: Les autorités égyptiennes enquêtent sur la mort d'un homme d'affaires israélo-canadien tué dans la ville côtière d'Alexandrie, a annoncé mercredi le ministère de l'Intérieur.

"Résident permanent du pays", il a été abattu mardi, a déclaré la police égyptienne dans un communiqué.

La victime est un homme d'affaires possédant la double nationalité canadienne et israélienne, a pour sa part indiqué le ministère israélien des Affaires étrangères dans un communiqué.

"Il avait une entreprise en Egypte. L'ambassade d'Israël au Caire est en contact avec les autorités égyptiennes, qui enquêtent sur les circonstances de l'affaire", a assuré le ministère.

Les cas de ce type sont rares en Egypte, mais ne sont pas sans précédent.

Le 8 octobre, au lendemain de l'attaque du Hamas sur le sol israélien qui a déclenché une guerre meurtrière entre le mouvement islamiste palestinien et Israël dans la bande de Gaza, un policier égyptien a abattu deux touristes israéliens et un guide égyptien.

Après leur mort, les autorités israéliennes ont conseillé à leurs ressortissants en Egypte de quitter le pays.

L'Egypte a été le premier pays arabe à conclure un accord de paix avec Israël en 1979. Elle joue souvent un rôle de médiateur dans le conflit israélo-palestinien, y compris dans la guerre actuelle.


Lancement officiel de la Chambre de commerce européenne en Arabie saoudite pour renforcer les liens économiques entre l’UE et l’Arabie saoudite

Lancement officiel de la Chambre de commerce européenne en Arabie saoudite pour renforcer les liens économiques entre l’UE et l’Arabie saoudite (ECCKSA) (Fournie)
Lancement officiel de la Chambre de commerce européenne en Arabie saoudite pour renforcer les liens économiques entre l’UE et l’Arabie saoudite (ECCKSA) (Fournie)
Lancement officiel de la Chambre de commerce européenne en Arabie saoudite pour renforcer les liens économiques entre l’UE et l’Arabie saoudite (ECCKSA) (Fournie)
Lancement officiel de la Chambre de commerce européenne en Arabie saoudite pour renforcer les liens économiques entre l’UE et l’Arabie saoudite (ECCKSA) (Fournie)
M. Christophe Farnaud, Ambassadeur de l’Union européenne en Arabie saoudite, Oman et Bahreïn lors du lancement officiel de la (ECCKSA) (Fournie)
M. Christophe Farnaud, Ambassadeur de l’Union européenne en Arabie saoudite, Oman et Bahreïn lors du lancement officiel de la (ECCKSA) (Fournie)
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  • La Chambre de commerce européenne du Royaume d’Arabie saoudite (ECCKSA) a été officiellement inaugurée aujourd’hui traduisant ainsi la volonté des deux parties à développer et renforcer la collaboration économique entre l’Union européenne et l’Arabie saou
  • « L’intégration des initiatives de l’ECCKSA correspondent pleinement avec les objectifs de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, soulignant le potentiel des nouvelles potentialités commerciales dans les secteurs non pétroliers. » a déclaré M. Ibrahim AlMu

RIYAD : La Chambre de commerce européenne du Royaume d’Arabie saoudite (ECCKSA) a été officiellement inaugurée aujourd’hui traduisant ainsi la volonté des deux parties à développer et renforcer la collaboration économique entre l’Union européenne et l’Arabie saoudite.

De hauts responsables saoudiens et européen ont assisté à cet évènement notamment M. Ibrahim Al mubarak, Ministre adjoint de l’Investissement, M. Luigi Di Maio, Représentant spécial de l’UE pour le Golfe, et M. Christophe Farnaud, Ambassadeur de l’Union européenne en Arabie saoudite, Oman et Bahreïn.

La création de l’ECCKSA souligne une avancée considérable dans le renforcement des liens économiques entre l’UE et le Royaume et cela en vertu du partenariat stratégique entre l’UE et le CCG annoncé en mai 2022.

Luigi Di Maio, représentant spécial de l’UE pour le Golfe a déclaré : « L’ECCKSA deviendra certainement un point de référence pour les entreprises européennes faisant des affaires dans le Royaume et les entreprises saoudiennes à la recherche de partenaires et de marchés dans l’UE.

Elle facilitera les coentreprises et stimulera ainsi le commerce et les investissements dans les deux sens. Notre coopération économique recèle un potentiel et une marge de manœuvre inexploités et nous sommes convaincus que les mois et les années à venir apporteront des progrès plus substantiels et durables »

La chambre servira de plate-forme pour faciliter et dynamiser la coopération commerciale, promouvoir le commerce et l’investissement, et soutenir l’alignement des cadres réglementaires, en favorisant un environnement propice pour les entreprises de l’UE et de l’Arabie saoudite.

La Commission européenne a joué un rôle crucial en soutenant la création de la Chambre, reconnaissant son potentiel afin d’élever les relations économiques à un niveau supérieur et renforcer les mesures destinées à faciliter les échanges entre les deux partenaires.

À cet effet M. Ibrahim AlMubarak, ministre adjoint de l’Investissement s’est exprimé sur l’intégration des initiatives de l’ECCKSA puisqu’elles correspondent pleinement avec les objectifs de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, soulignant ainsi l’importance des nouvelles potentialités commerciales dans les secteurs non pétroliers.

« Le lancement de la Chambre de commerce européenne en Arabie saoudite marque une étape cruciale dans le partenariat économique florissant entre le Royaume et l’Union européenne. Le stock d’investissements directs étrangers en provenance d’Europe ayant presque doublé pour atteindre 218,5 milliards de riyals au cours des cinq dernières années.

La création d’ECCKSA ouvrira de nouveaux horizons pour le commerce transfrontalier, l’investissement et la collaboration. La Chambre servira de catalyseur pour renforcer les liens entre nos milieux d’affaires et soutenir le parcours de diversification économique de l’Arabie saoudite dans le cadre de Vision 2030. » a -t-il affirmé.

À l’occasion de cette création, une table ronde intitulée « façonner le futur de la collaboration commerciale entre l’union européenne et l’Arabie saoudite » ou "ECCKSA : Shaping the Future of EU-KSA Business Collaboration" a réuni des experts européens et saoudiens.  

M. Leon Delvaux, Mme Lama Alghrair, M. Thomas Juergensen et M. Lorcan Tyrrell, ont examiné au cours de ce colloque les différentes stratégies pour approfondir les liens économiques et exploré de nouvelles opportunités de partenariat et qui ont souligné l’impact positif attendu de l’ECCKSA sur les milieux d’affaires européens et saoudiens.

L’événement de lancement a également vu la remise officielle de la licence d’ECCKSA par le ministère de l’Investissement en Arabie saoudite. M. Kristijonas Gedvilas, chef de la direction d’ECCKSA a déclaré : « Aujourd’hui marque une pierre angulaire de la collaboration économique entre l’Europe et l’Arabie saoudite. Chez ECCKSA, nous nous engageons non seulement à renforcer les liens économiques, mais aussi à bâtir un écosystème d’affaires dynamique qui soutient notre vision commune.

Nous nous concentrerons immédiatement sur l’élargissement de notre effectif, la mobilisation active des entreprises et la mise à leur disposition de ressources et d’occasions inestimables qui favorisent la croissance et l’innovation dans les deux régions »

Il est clair que la Chambre de commerce européenne en Arabie saoudite est prête à promouvoir des initiatives qui soutiennent ses membres et contribuent de manière significative à la prospérité économique des deux régions.