SÉOUL: La Corée du Nord a tiré jeudi un missile balistique de courte portée en direction de la mer au large de sa côte ouest, a annoncé l'armée sud-coréenne, à quelques jours d'exercices militaires conjoints entre Séoul et Washington.
"Le lancement d'un missile balistique à courte portée depuis la ville portuaire de Nampoa été détecté à 06H20 (09H20 GMT)", a indiqué l'état-major sud-coréen.
Plus tôt cette semaine, la Corée du Nord a accusé les Etats-Unis d'attiser "intentionnellement" les tensions, et Kim Yo Jong, la très puissante soeur du dirigeant nord-coréen Kim Jong Un, a prévenu que si les Etats-Unis interceptaient un des essais de missiles de Pyongyang, cela serait perçu comme une "déclaration de guerre".
Les relations entre Pyongyang et Séoul sont au plus bas depuis des décennies. Dotée de l'arme nucléaire, la Corée du Nord procède a des essais d'armes interdites de plus en plus provocateurs, tandis que la Corée du Sud a décidé d'intensifier la coopération sécuritaire avec Washington en réponse à ces essais.
"Notre armée continue de se tenir prête à toute éventualité et coopère étroitement avec les Etats-Unis alors que nous avons renforcé notre surveillance", a affirmé l'état-major sud-coréen, ajoutant étudier la possibilité que la Corée du Nord ait "tiré simultanément plusieurs missiles balistiques à courte portée depuis la même région".
L'an dernier, le régime de Kim Jong Un a qualifié d'"irréversible" son statut de puissance nucléaire et a promis d'augmenter de manière exponentielle sa production d'armes, y compris d'armes nucléaires tactiques, alors que les Etats-Unis cherchent à augmenter leurs capacités militaires dans la région pour défendre Séoul.
« Bouclier de la liberté »
Depuis l'échec des négociations entre Kim Jung Un et l'ancien président américain Donald Trump en 2019, les échanges diplomatiques sont au point mort et la Corée du Nord a accru son développement militaire.
En réponse des menaces croissantes de Pyongyang, le président sud-coréen Yoon Suk Yeol a décidé de renforcer les liens diplomatiques et la coopération militaire avec Tokyo et Washington.
Le président américain Joe Biden recevra le président Yoon lors d'une visite d'état le 26 avril. Le chef d'état sud-coréen se rendra également à Tokyo la semaine prochaine, a annoncé son cabinet.
Ce mois-ci, les forces américaines et sud-coréennes doivent lancer leurs plus importants exercices militaires conjoints en cinq ans.
En amont de ces exercices, baptisés "Bouclier de la liberté" et qui débuteront le 13 mars, les alliées ont organisé cette semaine des exercices aériens auxquels a participé un bombardier américain B-52 à capacité nucléaire.
Washington et Séoul affirment qu'il s'agit d'exercices de défense, mais Pyongyang les considère comme des répétitions générales à une invasion de son territoire ou à un renversement de son régime.
"Ce n'est probablement que le début d'une série d'essais provocateurs de la Corée du Nord", a souligné Leif-Eric Easley, professeur à l'Université Ewha de Séoul.
"Pyongyang est prêt à réagir de manière agressive aux exercices de défense majeurs conduits par les Etats-Unis et la Corée du Sud, ainsi qu'aux prochains sommets du président Yoon" avec ses homologues américains et japonais, a-t-il ajouté.
"Le régime nord-coréen pourrait lancer des tirs de missiles à plus longue portée, tenter de lancer un satellite espion, et peut être même procéder à un essai nucléaire", selon lui.
La Corée du Nord a présenté ses essais de missiles et ses exercices militaires comme des contre-mesures justifiées aux exercices militaires conjoints menés par les Etats-Unis et la Corée du Sud.
La semaine dernière, Pyongyang a appelé les Nations unies à exiger de Séoul et Washington la fin de leurs manœuvres militaires conjointes, déclarant que ses armes nucléaires garantissaient l'équilibre des forces dans la région.