PARIS: Reporters sans frontières (RSF) a appelé mercredi à la libération d'un journaliste arrêté pour avoir couvert la vague d'empoisonnements mystérieux d'écolières iraniennes, dénonçant une répression généralisée contre les médias.
"Ali Pourtabatabaei doit être libéré inconditionnellement (...). Ce schéma de répression contre les journalistes qui osent encore faire leur travail d'information doit cesser", a déclaré Jonathan Dagher, responsable de la section Moyen-Orient de RSF, dans un communiqué.
Depuis novembre, près de 5 000 élèves, principalement des jeunes filles, ont été victimes d'empoisonnement selon les autorités iraniennes.
Un dossier qui a encore intensifié les tensions dans le pays, secoué depuis septembre par des manifestations déclenchées par le décès en détention de Mahsa Amini, une Kurde iranienne arrêtée pour non-respect du code vestimentaire très strict imposé aux femmes en Iran.
"Comme elles l'avaient déjà fait avec les journalistes qui avaient révélé l'histoire de Mahsa Amini, les autorités iraniennes cherchent à réduire au silence ceux qui osent enquêter et publier des informations dérangeantes pour le régime", a ajouté Jonathan Dagher.
Selon lui, une trentaine de journalistes et professionnels des médias sont actuellement détenus par l'Iran, la plupart arrêtés dans le cadre de la répression du mouvement de protestation.
Selon RSF, le journaliste Ali Pourtabatabaei a commencé sa couverture du dossier dès le premier cas d'empoisonnement fin novembre dans la ville de Qom (sud-ouest de Téhéran). Il en suivait toujours les développements au moment de son arrestation le 5 mars.
Des ONG de défense des droits humains ont accusé les autorités de ne pas protéger le droit à l'éducation des femmes iraniennes et des manifestations ont été organisées lundi et mardi.
Le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, a déclaré lundi que les acteurs de tels "crimes impardonnables" seraient traqués "sans pitié".
RSF a ajouté que le détenu avait pu prévenir sa sœur de son arrestation, mais que son lieu de détention était inconnu.
Le ministère iranien de l'Intérieur a indiqué mardi dans un communiqué qu'"un certain nombre de personnes" soupçonnées de fabriquer des substances dangereuses avaient été arrêtées dans six provinces, dont un parent d'élève.