AMMAN: Un tribunal israélien force les autorités de l'État à révéler les critères à remplir pour que les jeunes palestiniens de Jérusalem puissent devenir citoyens Israéliens.
La décision judiciaire précise que près de 20 000 Palestiniens âgés de 18 à 21 ans vivant à Jérusalem-Est connaîtront désormais les conditions requises pour demander la citoyenneté israélienne. Celle-ci ne leur est pas automatiquement accordée en tant que résidents de la ville.
La grande majorité des 330 000 Palestiniens apatrides de Jérusalem n’ont pas demandé la nationalité israélienne, et n’ont pas l’intention de le faire. Mais le jugement du tribunal devrait faciliter le processus pour ceux qui souhaitent détenir le passeport israélien et bénéficier de la protection juridique de l’État israélien.
L'avocat originaire de Jérusalem, Mohammed Dahdal, qui a exercé le droit civil et les droits de l'homme pendant plus de 30 ans, insiste que sans la citoyenneté israélienne, les résidents de Jérusalem-Est ne pourraient pas obtenir de passeport, voter aux élections nationales ou travailler dans les emplois gouvernementaux, entre autres.
Ils doivent toutefois payer des impôts à Israël pour recevoir des prestations sociales telles que la sécurité sociale, les allocations de chômage et la couverture des soins de santé.
Dahdal a déclaré à Arab News qu'après 1988, lorsque la Jordanie s'est retirée de la Cisjordanie, qui comprend Jérusalem-Est, les habitants de Jérusalem sont devenus des citoyens apatrides. Il révèle que la décision a été rendue après qu'un Palestinien de Jérusalem, qui a découvert une faille dans la loi, ait fait appel au tribunal.
Il a souligné que la décision du tribunal, publiée par le ministère israélien de l'Intérieur, prévoit quatre conditions pour garantir l’attribution d'un passeport israélien. Que le demandeur n’ait pas d'autre nationalité, qu'il soit né en Israël (pour Israël, Jérusalem-Est et Jérusalem-Ouest font tous deux partie d'Israël), qu’il ait entre 18 et 21 ans, et qu’il ait vécu de façon continue en Israël dans les cinq années qui précèdent la demande».
L'avocat a toutefois ajouté que le gouvernement israélien s’est battu devant les tribunaux pour que les critères de citoyenneté soient tenus secrets.
L'ancien député jordanien, Audeh Kawwas, qui a été nommé mercredi membre du Sénat jordanien, a déclaré à Arab News: «Si l'objectif est de résoudre le problème de l'apatridie des habitants de Jérusalem, je soutiens ce processus, et j’en ai parlé en tant que membre du comité au Conseil œcuménique des Églises. S'il s'agit cependant d'une tentative de priver les Palestiniens de leurs droits de vote et de rendre la ville plus israélienne, alors je suis totalement contre».
Hazem Kawasmi, un activiste communautaire à Jérusalem, a affirmé à Arab News que de nombreux jeunes Palestiniens de Jérusalem sont dans une situation désespérée, car aucun gouvernement ou institution ne prend soin d'eux et de leurs besoins.
Il a de plus déclaré: «Ils vivent sous occupation, avec un harcèlement quotidien de la police et des services de renseignement israéliens, et font face à toutes sortes de racisme et d’hostilité».
«La citoyenneté israélienne les aide à obtenir des emplois hautement qualifiés étant donné que c'est une condition préalable à de nombreuses positions. Et ça leur donne l’occasion de voyager, que ce soit pour du tourisme ou pour travailler en Europe et aux États-Unis, sans les procédures étouffantes et compliquées de l’obtention de visas, si jamais ils l’obtienne».
«Enfin, la citoyenneté israélienne permet aux jeunes de se sentir en sécurité assez pour conserver leur résidence à Jérusalem, et que leurs déplacements et leurs emplois en Israël soient, dans une certaine mesure, garantis», a-t-il ajouté.
Khalil Assali, membre du Waqf de Jérusalem et observateur des affaires de Jérusalem, a déclaré à Arab News qu'il doute qu'Israël accélère vraiment le processus d'octroi de la citoyenneté israélienne. «Ils ont pris cette décision afin de montrer à leurs nouveaux amis arabes qu’ils agissent démocratiquement».
Hijazi Risheq, chef du comité des marchands de Jérusalem, a avoué à Arab News que les Israéliens cherchent sans cesse de nouveaux moyens de transformer la ville en une ville purement juive. En donnant la citoyenneté aux jeunes de 18 à 21 ans, Israël tente de les dissuader de commettre des actes hostiles, les éloigner de l'Autorité nationale palestinienne, et de joindre ses forces de sécurité, a-t-il ajouté.
Le militant des droits humains installé à Jérusalem, Rifaat Kassis, a aussi déclaré: «L'idée d’un Jérusalem arabe est devenue un slogan sans plus. Pendant ce temps, le racisme israélien est devenu le pain quotidien des habitants de Jérusalem qui veulent avoir une vie digne avec leurs familles»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com