Pour l'exécutif, tenir bon et tenter de dessiner «l'après-retraites»

Le président français Emmanuel Macron tient une conférence de presse avec le président de la République démocratique du Congo dans le cadre de leur rencontre au Palais de la Nation à Kinshasa, le 4 mars 2023. (Photo LUDOVIC MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron tient une conférence de presse avec le président de la République démocratique du Congo dans le cadre de leur rencontre au Palais de la Nation à Kinshasa, le 4 mars 2023. (Photo LUDOVIC MARIN / AFP)
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Publié le Lundi 06 mars 2023

Pour l'exécutif, tenir bon et tenter de dessiner «l'après-retraites»

  • Depuis Kinshasa samedi, le chef de l'Etat n'a pas voulu rajouter une pièce dans le débat sur les retraites, avant une nouvelle journée de mobilisation mardi qui s'annonce très suivie, et sur fond de rumeurs de tensions au sein de l'exécutif
  • «Reculer, pour Emmanuel Macron, ce serait abdiquer. (...) S'il reculait, il ne pourrait plus réformer, c'en serait terminé de son quinquennat», juge le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau

PARIS: "France à l'arrêt" promise par les syndicats, vote sur l'âge de départ en retraite attendu au Sénat: une semaine cruciale s'ouvre pour Emmanuel Macron et son gouvernement, résolus à tenir et impatients de pouvoir passer à la suite du quinquennat.

"Je n'ai pas grand-chose de neuf à dire". Depuis Kinshasa samedi, le chef de l'Etat n'a pas voulu rajouter une pièce dans le débat sur les retraites, avant une nouvelle journée de mobilisation mardi qui s'annonce très suivie, et sur fond de rumeurs récurrentes de tensions au sein de l'exécutif.

Mais dans sa prudente réponse, le président résume bien l'état d'esprit de la macronie: "tout n'est pas suspendu à une seule chose. Et tout ne doit pas l'être".

Manière de signifier que le camp présidentiel n'entend pas céder.

Aurore Bergé l'a martelé dimanche: la réforme est "indispensable". Et, "quoi qu'en dise (le patron de la CGT) Philippe Martinez, il y aura un après-retraites", a ajouté la cheffe des députés Renaissance pour bien montrer que les autres projets du gouvernement suivent leur cours.

"Reculer, pour Emmanuel Macron, ce serait abdiquer. (...) S'il reculait, il ne pourrait plus réformer, c'en serait terminé de son quinquennat", juge le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau.

Tenir bon, tabler sur une érosion du mouvement social, voire une résignation de l'opinion ?

"Depuis le début, on a deux sondages parallèles qui sont pour moi étonnants", relève la vice- présidente socialiste du Sénat Laurence Rossignol, vent debout contre le texte. "D’un côté, 7 Français sur 10 ne veulent pas de la réforme. Et de l’autre côté une majorité de Français pense que le gouvernement va finir par la faire adopter et l'imposer. J’ai envie de dire aux Français : ayez confiance en vous !".

Obstruction feutrée au Sénat

Depuis jeudi, la réforme est débattue dans l'hémicycle du Sénat. Loin de la bataille rangée de l'Assemblée, les groupes de gauche pratiquent une sorte d'obstruction feutrée. "Avec deux objectifs: que l'article 7 (sur le report à 64 ans de l'âge de départ, NDLR) ne soit pas voté" avant mardi et "que ce projet de loi ne soit pas adopté", explique Mme Rossignol.

Calendrier contraint oblige, le texte sera étudié jusqu'au 12 mars minuit, avec ou sans vote final. Il sera ensuite transmis en commission mixte paritaire et devra, en cas d'accord, être adopté définitivement par l'Assemblée et le Sénat.

Sans garantie, pour le gouvernement, compte-tenu des divisions de la droite, de pouvoir faire l'économie d'un 49-3, qui permettrait l'adoption sans vote de la réforme, ce qui serait ravageur d'un point de vue politique.

En attendant, il est urgent de tenter d'esquisser l'après-retraites.

Un exercice délicat. "On est dans un entre-deux. On ne peut pas enjamber les retraites et prendre le risque de donner l'impression que c'est fait. Ce n'est pas fait. Et en même temps, tout le monde a besoin de perspectives. Il y aura quoi, entre les retraites et les JO-2024 ? Ça serait bien de parvenir à ça", explique une conseillère ministérielle.

"Emmanuel Macron cherche un peu à revenir sur la scène nationale en post-retraites, sur le thème 'qu'est-ce qu'on fait après'". Mais "vu le programme développé en 2022, il n’y a pas grand-chose à développer. Les retraites, on a vendu quasiment que ça pendant la campagne", jugeait récemment un ex-député Renaissance.

La suite, Élisabeth Borne s'y emploie également. Si la Première ministre défendra la réforme lundi sur France 5, son agenda comprend également deux réunions ministérielles consacrées à la planification écologique et au devenir du marché européen de l'énergie.

Dans l'hémicycle, c'est le ministre du Travail, Olivier Dussopt, et son collègue chargé
des Comptes publics, Gabriel Attal, qui défendent le texte. Une réforme "de gauche" qui ne fera "pas de perdants", assure dans Le Parisien M. Dussopt, l'ex-socialiste alimentant les critiques de son ancien camp.

Un nouvelle polémique après la sortie du porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, sur la journée de mobilisation qui ferait courir le risque d'une "catastrophe écologique et sanitaire". Ou encore des confessions du ministre chargé des Relations avec le Parlement, Franck Riester, sur les femmes "pénalisées" par la réforme et l'interminable débat sur le nombre de bénéficiaires de la pension minimale à 1.200 euros.

De quoi nourrir les rumeurs récurrentes sur un possible remaniement ... après les retraites.


Nucléaire iranien : Paris dit être «en contact étroit» avec Washington

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  • "Au vu des récentes annonces concernant l'ouverture de négociations entre les Etats-Unis et l'Iran sur le programme nucléaire iranien, le ministre a rappelé l'engagement de la France et exprimé son soutien à tout effort diplomatique
  • Jean-Noël Barrot s'est entretenu au téléphone avec son homologue américain, Marco Rubio, mercredi soir

PARIS: La France est "en contact étroit" avec les Etats-Unis sur le dossier du nucléaire iranien et soutient les efforts diplomatiques américains, a déclaré jeudi le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, après une conversation entre les chefs de la diplomatie des deux pays.

"Au vu des récentes annonces concernant l'ouverture de négociations entre les Etats-Unis et l'Iran sur le programme nucléaire iranien, le ministre a rappelé l'engagement de la France et exprimé son soutien à tout effort diplomatique visant à parvenir à un accord solide et durable", a dit Christophe Lemoine.

Jean-Noël Barrot s'est entretenu au téléphone avec son homologue américain, Marco Rubio, mercredi soir.

Aux côtés du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, partisan d'une ligne très dure, le président américain Donald Trump avait créé la surprise en annonçant lundi que les Etats-Unis étaient engagés dans des discussions "directes" avec l'Iran, alors que ces deux pays n'ont plus de relations diplomatiques depuis 45 ans.

Mercredi, il avait ensuite souligné qu'une action militaire n'était pas exclue. "S'il faut recourir à la force, nous recourrons à la force", avait-il lancé. "Israël y sera bien évidemment très impliqué, il en sera le chef de file".

Cette menace survient à quelques jours de discussions qui doivent avoir lieu samedi dans le sultanat d'Oman et auxquelles participeront l'émissaire américain pour le Moyen-Orient Steve Witkoff ainsi que le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi.

Interrogé sur le niveau de coordination entre les Américains et les Européens qui ont, quant à eux, des discussions en format E3 (Allemagne, France, Royaume Uni) avec l'Iran, le porte-parole du Quai d'Orsay est resté évasif.

"Nous sommes en lien étroit avec nos partenaires américains. Nous continuerons à discuter avec eux", a-t-il affirmé, se refusant à dire si les Européens avaient été informés en amont des négociations menées par Washington.

Christophe Lemoine a par ailleurs répété que l'objectif était que l'Iran ne se dote pas de l'arme nucléaire, réaffirmant que "la seule voie est diplomatique".

"Toute initiative visant à amener l'Iran à l'abandon de son programme nucléaire est bienvenue", a-t-il dit, même si la fenêtre est "étroite" pour y parvenir.

Les Occidentaux, Etats-Unis en tête, soupçonnent depuis des décennies Téhéran de vouloir se doter de l'arme nucléaire. L'Iran rejette ces allégations et affirme que ses activités dans le nucléaire se limitent à des fins civiles.


France: le blocage de Sciences Po Strasbourg levé par la police

Le blocage par des étudiants de Sciences Po Strasbourg, entamé mercredi après le maintien d'un partenariat controversé entre cet établissement de l'est de la France et une université israélienne, a été levé jeudi par les forces de l'ordre, a constaté l'AFP.  Une cinquantaine de policiers sont intervenus en milieu de matinée. Après sommations, ils ont pu rétablir l'accès au bâtiment sans heurt. (AFP)
Le blocage par des étudiants de Sciences Po Strasbourg, entamé mercredi après le maintien d'un partenariat controversé entre cet établissement de l'est de la France et une université israélienne, a été levé jeudi par les forces de l'ordre, a constaté l'AFP. Une cinquantaine de policiers sont intervenus en milieu de matinée. Après sommations, ils ont pu rétablir l'accès au bâtiment sans heurt. (AFP)
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  • C'est la nouvelle présidente de l'université de Strasbourg, Frédérique Berrod, qui a sollicité l'intervention des forces de l'ordre, a indiqué à l'AFP le service de communication de l'Université
  • Mercredi, Mme Berrod avait appelé à la "levée du blocage"

STRASBOURG: Le blocage par des étudiants de Sciences Po Strasbourg, entamé mercredi après le maintien d'un partenariat controversé entre cet établissement de l'est de la France et une université israélienne, a été levé jeudi par les forces de l'ordre, a constaté l'AFP.

Une cinquantaine de policiers sont intervenus en milieu de matinée. Après sommations, ils ont pu rétablir l'accès au bâtiment sans heurt.

C'est la nouvelle présidente de l'université de Strasbourg, Frédérique Berrod, qui a sollicité l'intervention des forces de l'ordre, a indiqué à l'AFP le service de communication de l'Université.

Mercredi, Mme Berrod avait appelé à la "levée du blocage".

La décision de maintenir le partenariat entre Sciences Po Strasbourg et la Lauder School of Government de l'Université Reichman en Israël - que les étudiants accusent de soutenir la politique du gouvernement israélien à Gaza - "est prise" et "il me semble, a été la plus démocratique possible", avait-elle observé.

Mardi soir, le conseil d'administration de l'établissement d'enseignement supérieur a approuvé le maintien du partenariat par 16 voix pour, 14 contre et trois abstentions. Il a ainsi décidé de ne pas suivre les conclusions d'un "comité d'examen du partenariat" composé de 10 membres (cinq étudiants et cinq enseignants) mis en place en mars pour tenter de dégager une solution consensuelle et ainsi mettre fin aux blocages qui s'étaient tenus depuis janvier.

Ce comité a préconisé de mettre un terme aux échanges entre l'IEP Strasbourg et la Lauder School of Government, et de rechercher un "partenariat alternatif" avec une autre université israélienne.


Wauquiez et Saint-Pierre-et-Miquelon: «pas de polémique» sur une proposition «déroutante», dit Retailleau

 Bruno Retailleau, candidat à la présidence des Républicains, a assuré jeudi ne pas vouloir "polémiquer" sur la proposition, "à première vue déroutante", faite par son rival, Laurent Wauquiez, d'envoyer les "étrangers dangereux" sous obligation de quitter le territoire (OQTF) à Saint-Pierre-et-Miquelon. (AFP)
Bruno Retailleau, candidat à la présidence des Républicains, a assuré jeudi ne pas vouloir "polémiquer" sur la proposition, "à première vue déroutante", faite par son rival, Laurent Wauquiez, d'envoyer les "étrangers dangereux" sous obligation de quitter le territoire (OQTF) à Saint-Pierre-et-Miquelon. (AFP)
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  • Laurent Wauquiez, qui proposait "d'enfermer" à Saint-Pierre-et-Miquelon les personnes dangereuses sous obligation de quitter le territoire (OQTF) provoquant un tollé au sein de la classe politique, a réagi sur X aux propos de son rival à la présidence
  • "Ce qui est déroutant Bruno, c’est l’incapacité de la France, ministre après ministre, à régler le problème des OQTF et le fait d’accepter passivement que des criminels étrangers soient relâchés dans nos rues"

PARIS: Bruno Retailleau, candidat à la présidence des Républicains, a assuré jeudi ne pas vouloir "polémiquer" sur la proposition, "à première vue déroutante", faite par son rival, Laurent Wauquiez, d'envoyer les "étrangers dangereux" sous obligation de quitter le territoire (OQTF) à Saint-Pierre-et-Miquelon.

"Je ne veux pas en rajouter. Je me suis engagé, quand j'ai déclaré ma candidature, à ne pas polémiquer avec un compétiteur de ma famille politique", a souligné le ministre de l'Intérieur, lors d'une conférence de presse, place Beauvau, sur le bilan de ses six mois en poste.

"Donc je ne polémique pas, pas plus maintenant que demain sur cette cette question, cette proposition qui est à première vue déroutante", a-t-il ajouté. "Mais chacun a le droit en démocratie de s'exprimer et de proposer", a-t-il conclu.

Laurent Wauquiez, qui proposait "d'enfermer" à Saint-Pierre-et-Miquelon les personnes dangereuses sous obligation de quitter le territoire (OQTF) provoquant un tollé au sein de la classe politique, a réagi sur X aux propos de son rival à la présidence des Républicains.

"Ce qui est déroutant Bruno, c’est l’incapacité de la France, ministre après ministre, à régler le problème des OQTF et le fait d’accepter passivement que des criminels étrangers soient relâchés dans nos rues", a-t-il écrit sur le réseau social, proposant au ministre de l'Intérieur de "travailler ensemble" pour trouver des solutions.

Interrogé lors de sa conférence de presse sur l'hypothèse d'un départ de Beauvau s'il était désigné en mai président des LR, Bruno Retailleau l'a écartée: "Non, j'assume d'être candidat et ministre. Je pourrai assumer demain d'être président d'un parti et d'être ministre de l'Intérieur", a-t-il répondu. "Ce n'est pas ça qui constitue pour moi une butée. Ce qui constituerait une butée, c'est l'impossibilité d'agir ou d'autres éléments, mais nous n'en sommes pas là", a-t-il ajouté.