Retraites: Le Sénat se penche sur l'emploi des seniors, forte mobilisation attendue mardi

Dans cette photo d'archive prise le 31 janvier 2023, des manifestants se rassemblent sur la place d'Italie pour un rassemblement lors d'une deuxième journée de grèves nationales et de protestations contre le projet de réforme des retraites du gouvernement, à Paris. (AFP)
Dans cette photo d'archive prise le 31 janvier 2023, des manifestants se rassemblent sur la place d'Italie pour un rassemblement lors d'une deuxième journée de grèves nationales et de protestations contre le projet de réforme des retraites du gouvernement, à Paris. (AFP)
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Publié le Lundi 06 mars 2023

Retraites: Le Sénat se penche sur l'emploi des seniors, forte mobilisation attendue mardi

  • Les sénateurs, majoritairement de droite, ont voté l'extinction pour les futurs embauchés de plusieurs régimes spéciaux, dont ceux de la RATP et des énergéticiens
  • Les syndicats comptent mobiliser mardi, sixième journée d'action, davantage encore que le 31 janvier, où la police avait recensé 1,27 million de participants et l'intersyndicale plus de 2,5 millions

PARIS:Le Sénat s'est penché dimanche sur l'emploi des seniors et continuera lundi, avant une nouvelle mobilisation mardi des syndicats qui ambitionnent de mettre la "France à l'arrêt" contre le projet de réforme des retraites.

Les sénateurs, majoritairement de droite, avaient voté précédemment l'extinction pour les futurs embauchés de plusieurs régimes spéciaux, dont ceux de la RATP et des énergéticiens.

Dans la nuit de dimanche à lundi, le Sénat a adopté l'article 2 du projet de réforme, sur la création d'un "index seniors" dans les entreprises, mais uniquement pour celles comptant plus de 300 salariés. Elles seront obligées de publier des indicateurs sur l'emploi des plus âgés.

Les parlementaires se pencheront lundi matin sur la proposition des rapporteurs de créer un CDI nouvelle formule pour inciter à l'embauche de seniors au chômage.

Si les débats avancent pas à pas au palais du Luxembourg, le mouvement social passe lui "la vitesse supérieure" en prévision de la journée du 7 mars, comme l'a appelé de ses voeux le N.1 de la CGT Philippe Martinez dans le JDD.

Les syndicats comptent mobiliser mardi, sixième journée d'action, davantage encore que le 31 janvier, où la police avait recensé 1,27 million de participants et l'intersyndicale plus de 2,5 millions.

De source policière, entre 1,1 et 1,4 million de manifestants sont attendus, dont 60 à 90.000 à Paris.

«A genoux»

De très fortes perturbations sont prévues dans les transports urbains et ferroviaires, l'ensemble des syndicats ayant appelé à la grève reconductible à la RATP et à la SNCF, à partir de mardi.

Seul un train sur cinq circulera pour les TGV Inoui et Ouigo ainsi que pour les TER. La circulation sera quasi totalement à l'arrêt sur les Intercités et de nombreuses perturbations sont à prévoir sur les Transiliens.

Pour la SNCF, "il y aura des jours difficiles. (…) Les choses ne s’arrêteront sans doute pas le 7 mars au soir ou le 8 mars au matin", a prévenu a prévenu le ministre délégué aux Transports Clément Beaune sur France 3.

Dans le métro parisien, la plupart des lignes verront leur circulation restreinte principalement aux heures de pointe, à l'exception des lignes 1, 14 et 4. Pour les RER, il faudra compter d'un train sur deux à un sur 5 selon les trajets.

Dans les airs, la Direction générale de l'Aviation civile (DGAC) a demandé aux compagnies de renoncer mardi et mercredi à 20 à 30% de leurs vols, en prévision de la grève des contrôleurs aériens.

A l'invitation de la CGT, d'autres professions sont appelées à une grève reconductible: raffineurs, électriciens et gaziers, éboueurs, dockers, ouvriers du verre et de la céramique...

Le secrétaire général de la fédération CGT de la Chimie, Emmanuel Lépine, s'est dit prêt à "mettre à genoux l'économie française" pour obtenir gain de cause.

Dans l'énergie, le mouvement a débuté dès vendredi avec des baisses de production dans plusieurs centrales nucléaires comme celle de Gravelines (Nord).

Les enseignants seront aussi à nouveau en grève, parfois de manière reconductible.

D'autres secteurs comme l'agroalimentaire, connaissent aussi des appels à la grève.

Les syndicats s'attendent en outre à des initiatives plus inhabituelles: chantiers à l'arrêt, rideaux de magasins fermés, péages ouverts, routes bloquées...

Mobilisation du 7 mars: le député insoumis Louis Boyard lance un #BlocusChallenge

Le député insoumis Louis Boyard a lancé dimanche sur les réseaux sociaux un « BlocusChallenge », appelant étudiants et lycéens à poster leurs "plus belles photos" de blocages d'établissements, le 7 mars, lors de la nouvelle journée de mobilisation contre la réforme des retraites.

"On s’attend à ce que tous les lycées et toutes les universités soient bloqués (...) C’est pourquoi on lance le hashtag #BlocusChallenge : postez vos plus belles photos de blocus de lycée et d’université", indique, dans une vidéo publiée sur Twitter, le député du Val-de-Marne.

Une photo sera tirée au sort. "L’équipe de bloqueurs sera invitée à visiter l’Assemblée nationale avec nous", ajoute le benjamin de l'Assemblée nationale, âgé de 22 ans. L'initiative n'est pas du goût de la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet qui a rapidement réagi.

Le palais Bourbon "n’est pas un prix de concours. La politique n’est pas un challenge TikTok. Vous devriez les servir, vous leur faites du mal. Respectez votre fonction, respectez votre institution, respectez les Français !", a-t-elle écrit sur Twitter. La vidéo suscite de vives réactions dans la classe politique.

Dès dimanche soir, des routiers envisagent de débrayer avec à la clef des blocages de zones industrielles ou des opérations-escargots.

D'autres mobilisations sont prévues, en parallèle des débats au Sénat, qui s'achèveront quoi qu'il arrive le 12 mars.

«Moment de rupture»

Le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, sera cette année placé sous le signe d'une réforme des retraites jugée particulièrement injuste pour elles.

L'intersyndicale se réunira dans la soirée mardi pour déterminer les suites à donner à la contestation. La date du 11 a été évoquée, sans être confirmée à ce stade.

Côté majorité et pros-réforme, la riposte s'organise en ordre dispersé en attendant une prise de parole de la Première ministre Elisabeth Borne lundi soir sur France 5.

Le ministre du Travail Olivier Dussopt a défendu samedi dans le Parisien une "réforme de gauche", "sans perdants".

En marge d'une visite du Salon de l'agriculture, son homologue des Comptes publics Gabriel Attal a haussé le ton, dénonçant des grèves qui vont bloquer les Français "qui triment". A l'unisson, le patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau, invité du Grand Jury RTL - Le Figaro - LCI, a jugé dimanche "absolument inacceptable de vouloir mettre la France à genoux".

Invitée sur Europe 1 dimanche, Aurore Bergé, présidente du groupe Renaissance à l'Assemblée nationale, a martelé que la réforme était "indispensable" pour financer le système.

Les sénateurs sont, eux, favorables à l'examen d'une autre piste. Malgré l'avis défavorable du gouvernement, ils ont voté pour le lancement d'une étude sur un système de retraite mixte par capitalisation, une demande de la droite qui estime que c'est le "meilleur moyen de consolider" le dispositif.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté. 


« La France doit produire plus pour manger mieux », affirme la ministre de l'Agriculture

Le président français Emmanuel Macron (G) s'adresse à la presse en compagnie de la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard  L'édition 2025 du SIA (Salon International de l'Agriculture) Agriculture se tient à Paris du 22 février au 2 mars 2025. (Photo par Thomas Padilla / POOL / AFP)
Le président français Emmanuel Macron (G) s'adresse à la presse en compagnie de la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard L'édition 2025 du SIA (Salon International de l'Agriculture) Agriculture se tient à Paris du 22 février au 2 mars 2025. (Photo par Thomas Padilla / POOL / AFP)
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  • la France doit affirmer sa souveraineté agricole comme un enjeu régalien et réarmer sa puissance alimentaire », a-t-elle déclaré, appelant à « sonner la mobilisation générale ».
  • « La France doit produire plus pour manger mieux. Produire plus pour reconquérir l’assiette des Français, produire plus pour importer moins et garantir les standards de production que nous exigeons de nos paysans », a-t-elle ajouté.

PARIS : « La France doit produire plus pour manger mieux », a affirmé dimanche, lors de l'inauguration du stand du ministère au Salon de l'agriculture, la ministre de l'Agriculture Annie Genevard, livrant sa vision de la souveraineté alimentaire.

« Dans ce moment de grand bouleversement de l'ordre international (...), la France doit affirmer sa souveraineté agricole comme un enjeu régalien et réarmer sa puissance alimentaire », a-t-elle déclaré, appelant à « sonner la mobilisation générale ».

« La France doit produire plus pour manger mieux. Produire plus pour reconquérir l’assiette des Français, produire plus pour importer moins et garantir les standards de production que nous exigeons de nos paysans », a-t-elle ajouté, suscitant des applaudissements dans le public, largement composé de représentants du monde agricole (producteurs, interprofessions, syndicats, chambres d'agriculture, etc.).

« Produire plus pour pouvoir investir et ainsi produire mieux. Produire plus pour rester une puissance exportatrice et jouer dans la cour des grands alors que de nouveaux équilibres de la géopolitique agricole se dessinent », a-t-elle poursuivi, au côté de son homologue marocain, Ahmed El Bouari, dont le pays est l'invité d'honneur du Salon.

« Produire plus et tourner le dos aux partisans de la décroissance et du repli sur soi », a ajouté Mme Genevard.

Tout en estimant qu'il est « un non-sens » d'opposer agriculture et environnement alors que les agriculteurs travaillent « avec la nature », elle a déclaré se battre « chaque jour pour qu'on ne bride pas l'alimentation au nom de la planète, alors qu'il n’y a aucun bénéfice objectif à ces entraves administratives ou réglementaires ».

La ministre s'en est ensuite vigoureusement pris aux « idéologues », « les procureurs qui mangent du paysan à tous les repas sans en avoir jamais vu, pour entretenir le fantasme d'une France agricole productiviste ».

« On invoque souvent la dette environnementale que nous pourrions laisser à nos enfants. Mais je ne veux pas non plus leur laisser une dette alimentaire », a-t-elle encore affirmé. 


À Washington, Macron veut faire entendre la voix de l’Europe sur l’Ukraine.

Le président français Emmanuel Macron (C), le président élu des États-Unis Donald Trump (G) et le président ukrainien Volodymyr Zelensky posent avant une réunion au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 7 décembre 2024. (Photo de Sarah Meyssonnier / POOL / AFP)
Le président français Emmanuel Macron (C), le président élu des États-Unis Donald Trump (G) et le président ukrainien Volodymyr Zelensky posent avant une réunion au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 7 décembre 2024. (Photo de Sarah Meyssonnier / POOL / AFP)
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  • L’entretien prévu entre le président français Emmanuel Macron et son homologue américain Donald Trump, à Washington ce lundi, est des plus délicats.
  • Les européens s’inquiètent que Washington et Moscou, ne scellent un accord de paix au détriment de Kiev, au regard des concessions faites gratuitement et d’entrée de jeu par l’administration américaine.

PARIS : L’entretien prévu entre le président français Emmanuel Macron et son homologue américain Donald Trump, à Washington ce lundi, est des plus délicats, puisqu’il s’agit de faire entendre la voix de l’Europe et de l’Ukraine, écartées des pourparlers avec la Russie sur le dossier ukrainien.

Le président français a pris soin de se préparer à cette rencontre tout au long des jours précédents, en organisant deux réunions successives avec plus d’une trentaine de dirigeants européens sur le sujet.

Ces rencontres lui ont permis de contourner les divergences et de s’assurer d’une relative unité sur le dossier au sein de l’Europe.

Parallèlement, il a aussi convoqué en urgence à l’Elysée les représentants des forces politiques françaises, pour les mettre au fait des implications au niveau de la France et de l’Europe, de la démarche américaine, sur le dossier ukrainien.

Le chef de l’Etat s’est également adressé aux Français, à travers la presse régionale et les réseaux sociaux, pour évoquer une partie de son plan, en vue de cette rencontre qui coïncide avec le troisième anniversaire de la guerre menée par la Russie contre le territoire ukrainien.

Depuis l’annonce de Trump, de pourparlers avec la Russie sur ce dossier et la rencontre qui a eu lieu récemment à Riad à ce sujet, entre de hauts responsables américains et russes, la France et l’Europe s’efforcent de faire entendre leur voix sur ce chapitre.

Les européens s’inquiètent que Washington et Moscou, ne scellent un accord de paix au détriment de Kiev, au regard des concessions faites gratuitement et d’entrée de jeu par l’administration américaine.

Cette dernière, doute de l’objectif de l’Ukraine de rejoindre l’alliance Atlantique, et n’accorde pas d’intérêts à la restitution par les Russes des régions ukrainiennes qu’ils ont occupé depuis le début de la guerre.

Par ailleurs, l’administration américaine ne se fait aucun souci au niveau des défis sécuritaires qui peuvent guetter le continent européen, de la part du président russe Vladimir Poutine.

Partant de là, la France tout comme l’Europe s’opposent à tout règlement auquel ils ne seraient pas associés ainsi que les Ukrainiens, et Macron compte faire entendre cela à Trump, déployant à cette fin un atout principal.

Dans les propos tenus lors de son échange avec les Français sur les réseaux sociaux, Macron a affirmé qu’il dira à Trump « Tu ne peux pas être faible face au président Poutine. Ce n’est pas toi, pas ta marque de fabrique, ce n’est pas ton intérêt ».

Une manière de faire plier Trump en le ramenant à sa propre vérité, un pari à tenter sans garantie de réussite, tant les réactions et positions du président américains semblent échapper à toute logique.

D’où le sentiment que l’entretien de Macron avec son homologue américain relève d’un saut dans le vide, d’autant plus que ce dernier s’affranchi de toute sorte de limites ou garde fou.

Il s’est montré prêt à sacrifier l’Ukraine au profit de la Russie et à laisser à l’abandon ses alliées européens, et il s’est lancé dans une campagne de critiques personnelles et gratuites à l’encontre du président ukrainien Vlodomir Zelenski le traitant de « dictateur non élu ».

En dépit de cela, le Palais de l’Elysée préfère tempérer et mettre l’accent sur ce qui rapproche et uni, en soulignant à la veille de la visite présidentielle que « la France partage l’objectif du président Trump de mettre fin à la guerre en Ukraine ».

Le président français, toujours selon l’Elysée « Va à Washington dans l’esprit de soutenir cet objectif », et qu’il y va avec « des propositions d’action » et « le souci de travailler en soutien de l’Ukraine, et au renforcement de la sécurité en Europe ».