RABAT : Profitant de l’ouverture du nouveau Palais de Justice de Rabat en 2022, un individu qui se faisait passer pour un avocat depuis plusieurs années dans la capitale marocaine a récemment remporté des procès pour plusieurs centaines de milliers d’euros. Il épluchait les dossiers et repérait les nouveaux cas, se présentant ensuite aux plaignants en robe noire et leur proposant ses services. Décrochant plusieurs affaires, il se constitue un portefeuille suffisamment consistant pour pousser l’audace jusqu’à plaider contre des organismes de l’État, tels que la Direction générale de la sûreté nationale ou l’ONCF, l’Office national des Chemins de fer marocain, dont il obtient la condamnation à verser plus de 1,5 millions de dirhams à son client (1 dirham marocain= 0,090 euros).
La mystification aurait duré indéfiniment si l’usurpateur n’avait commis l’erreur, ou l’indélicatesse, de tarder à verser leur dû à deux de ses clients, agents de sécurité suspendus de leur fonction. Les deux anciens policiers se présentent devant le barreau de Rabat pour déposer une plainte contre ledit avocat dans l’espoir d’accélérer leur remboursement. C’est alors que l'ordre des avocats découvre que le nom de l'avocat est inconnu de l’ordre et n’existe pas sur ses listes. Il en informe les autorités qui finalement se mobilisent pour arrêter l’usurpateur. L’enquête révèle que le soi-disant avocat approchait de potentiels clients en exigeant d’avance des sommes importantes en guise d’honoraires. Les médias marocains rapportent qu’il avait travaillé dans une célèbre agence de Rabat ce qui lui avait permis d’apprendre les procédures sur le tas et d’ouvrir ensuite son propre cabinet. Il a été arrêté le 1e mars.
L’affaire n’est pas sans rappeler la série télévisée américaine « Suits », qui met en scène Mike Ross, un jeune homme brillant qui rêvait de devenir avocat, mais n’ayant pu réaliser son rêve gagnait sa vie en passant les examens du barreau contre « honoraires » à la place d’autres candidats. Son intelligence lui permet d’être embauché comme assistant auprès d’un des plus célèbres avocats de New York, dans un grand cabinet qui n’admet pourtant que des diplômés de Harvard. Tout le scénario de la série repose sur ce mensonge.