Retraites: le gouvernement tend la main à la droite à l'ouverture des débats au Sénat

Au risque d'être critiquée pour sa proximité avec le gouvernement, la majorité sénatoriale fera tout pour aller au bout du texte (Photo, AFP).
Au risque d'être critiquée pour sa proximité avec le gouvernement, la majorité sénatoriale fera tout pour aller au bout du texte (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 02 mars 2023

Retraites: le gouvernement tend la main à la droite à l'ouverture des débats au Sénat

  • La CGT a appelé jeudi à «monter d'un cran» dans la mobilisation contre le recul de l'âge de départ à 64 ans et à «mettre la France à l'arrêt»
  • Dans l'aérien, l'administration a demandé aux compagnies d'annuler entre 20 et 30% de leurs vols les 7 et 8 mars à la suite d'un préavis de grève

PARIS: Les débats sur la réforme très controversée des retraites ont démarré jeudi au Sénat, dans une atmosphère nettement plus sereine qu'à l'Assemblée nationale, le gouvernement tendant la main aux Républicains tandis que la gauche dénonçait la réforme "des droites unies".

"Je sais qu'ici il n'y a pas de ZAD, mais la République", a lancé, dans une allusion au tumulte qui avait régné à l'Assemblée, le ministre chargé des Comptes publics Gabriel Attal, suscitant quelques remous dans l'hémicycle.

"Ici vous n'avez rien à craindre M. le ministre Dussopt", a ensuite glissé le président du groupe centriste Hervé Marseille à l'adresse du ministre du Travail, qui avait été pris à partie par des députés LFI.

Cette première séance, dirigée par le président du Sénat, Gérard Larcher (LR), a démarré par une courte intervention de la communiste Éliane Assassi, qui a exprimé le "devoir" de la gauche de manifester son "opposition la plus vive dans cet hémicycle".

Plus de 4.700 amendements, bataille de procédures, joutes verbales... Les 110 heures de discussion prévues, soit un tiers de plus qu'au Palais Bourbon en février d'après la droite, permettront-elles d'atteindre le vote final avant le gong du 12 mars minuit ?

C'est en tout cas le souhait émis par Gérard Larcher pour qui "le Sénat doit aux citoyens et aux partenaires sociaux un débat sur l'ensemble du texte". "Nous voulons un débat qui aille jusqu'au vote", a insisté le président du groupe LR Bruno Retailleau.

"Pour lever tout suspense, je voudrais dire que bien sûr nous allons voter un texte, qui sera notre texte, c'est-à-dire que nous voterons la réforme, mais une réforme modifiée", a-t-il affirmé.

Auparavant, Gabriel Attal avait lancé "un appel au compromis entre la majorité sénatoriale qui incarne la volonté d'une réforme et la majorité présidentielle qui porte la responsabilité de la réforme".

"Ce n’est plus la réforme Macron-Borne, mais la réforme Macron-Borne-Retailleau, celle des droites unies contre la gauche, unie", a commenté le socialiste David Assouline devant la presse.

Privé d'un vote des députés, l'exécutif table sur le Sénat pour conférer une légitimité démocratique à une réforme dont deux tiers des Français (66%) ne veulent pas, d'après un sondage Odoxa.

Les échanges s'organiseront autour du stratégique mardi 7 mars. La CGT a appelé jeudi à "monter d'un cran" dans la mobilisation contre le recul de l'âge de départ à 64 ans et à "mettre la France à l'arrêt". Dans l'aérien, l'administration a demandé aux compagnies d'annuler entre 20 et 30% de leurs vols les 7 et 8 mars à la suite d'un préavis de grève.

Motions de rejet repoussées 

Les députés, empêtrés dans des débats houleux, n'ont pu examiner entièrement que deux des vingt articles du texte en deux semaines.

C'est donc sur le texte du gouvernement, à peine modifié, que vont plancher les sénateurs.

Sans surprise, ils ont largement repoussé deux motions de rejet en bloc du texte présentées par les groupes CRCE à majorité communiste et écologiste. Le PS a en outre déposé au nom de la gauche une demande de référendum, qui sera discutée vendredi matin et devrait subir le même sort.

Les groupes de gauche entendent "faire front" pour s'opposer à une réforme "bricolée", "pas juste", "pas utile".

Contrairement à ce qui s'était passé à l'Assemblée, les sénateurs PS, communistes et écologistes veulent un vote sur l'article 7, qui repousse de 62 à 64 ans l'âge légal de départ à la retraite. "Les Français doivent savoir qui vote et qui vote quoi quand il s'agit de leur avenir", défend le patron du groupe socialiste Patrick Kanner.

La gauche souhaite cependant que le scrutin sur cet article clé n'intervienne qu'à l'issue de la journée de mobilisation du 7 mars, les débats s'accélérant ensuite pour épuiser le reste du texte.

La droite entend elle défendre ses "marqueurs": retour à l'équilibre financier et politique familiale. Elle propose ainsi d'accorder une "surcote" de pension aux mères de famille qui ont une carrière complète.

Une mesure chiffrée à 300 millions d'euros, regardée "avec intérêt" par le gouvernement, a indiqué M. Dussopt. "Une prime à la maternité", a fustigé Mme Assassi.

En revanche, malgré les demandes de LR, le ministre du Travail n'entend pas accélérer l'extinction des régimes spéciaux de retraites, et veut préserver la "clause du grand-père" (qui maintient les régimes spéciaux aux salariés qui en bénéficient déjà).

La majorité sénatoriale propose par ailleurs un CDI nouvelle formule, exonéré de cotisations familiales, pour faciliter l'embauche des seniors au chômage.

Les sénateurs attendent aussi du gouvernement des éclaircissements sur les carrières longues, un point qui a cristallisé les débats à l'Assemblée.


Première mission du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle aux Philippines

Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
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  • L'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.
  • La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

SUBIC BAY FREEPORT ZONE PHILIPPINES : Le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle a effectué sa première mission aux Philippines, où l'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.

« Compte tenu de la montée des tensions, il est d’autant plus important de défendre le droit international et la liberté de navigation, que ce soit en mer ou dans les airs », a déclaré l'ambassadrice Marie Fontanel sur le pont du porte-avions, dans la baie de Subic, au nord de Manille.

Le groupe aéronaval a rejoint la marine des Philippines vendredi pour ces exercices.

Constitué de quelque 3 000 marins, il avait quitté le port de Brest en novembre pour une mission de plusieurs mois en mer Rouge, dans l'océan Indien et dans le Pacifique, durant laquelle il doit intégrer régulièrement des frégates ou des sous-marins de pays étrangers.

La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

Les Philippines cherchent pour leur part à renforcer leurs relations avec leurs alliés face aux confrontations régulières entre Manille et Pékin concernant la mer de Chine méridionale. Pékin y revendique en effet la majeure partie de cette voie navigable stratégique.

En novembre, Manille avait annoncé l'achat à la France de 40 vedettes rapides de patrouille dans le cadre d'un accord de 440 millions de dollars (environ 420 millions d'euros).


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté.