PARIS: «Faire peau neuve» : une exposition de l’artiste franco-algérienne Zoulikha Bouabdellah est organisée jusqu’au au 18 mars à la galerie Lilia ben Salah dans le VIIIe arrondissement de Paris. Née à Moscou en 1977, la vidéaste et plasticienne a grandi dans un univers artistique. Fille de la directrice du musée des Beaux-Arts d’Alger, elle côtoie très jeune le monde de l’art et des artistes et leurs multiples courants, locaux et universels.
En 1993, en pleine décennie noire, elle s’installe à Paris, où elle poursuit sa formation jusqu’à l’obtention en 2002 du diplôme de l’École nationale supérieure d’arts de Cergy-Pontoise. Depuis, l’artiste a participé à de nombreux événements, comme l’exposition Africa Remix au centre Georges-Pompidou, et a été sélectionnée en 2008 par la Tate Modern de Londres lors du festival Paradise Now. Plus récemment, l’artiste a exposé au musée d’art Mori (Tokyo), au Brooklyn Museum (New York), à la Menil Collection (Houston), au Museum für Moderne Kunst et au Centro Atlantico de Arte Moderno (Las Palmas de Gran Canaria).
Zoulikha Bouabdellah a participé à de nombreuses expositions en 2021 et 2022
«Flags», à la villa Empain (Bruxelles),
«Positions and Points of View», à la galerie Lilia ben Salah (Paris),
«Djamel Tatah – Zoulikha Bouabdellah», à la galerie 75 Faubourg (Paris),
«Algérie mon amour», à l’Institut du monde arabe (Paris),
«L’art, un jeu sérieux», au musée d'Art contemporain africain Al-Maaden de Marrakech,
«Under Construction», au Misk Art Institute (Riyadh),
«Amour, récits d’Orient et d’Occident», à l’abbaye de Daoulas (Finistère, France),
«Breaking the Monument», au Centro Galego de Arte Contemporánea (Saint-Jacques-de-Compostelle).
Un traitement des archétypes sociaux culturels et des représentations dominantes
Mme Bouabdellah crée ses œuvres en utilisant de multiples supports comme le collage, la photographie, le film, l’installation ou encore le texte. Selon l’organisatrice et galeriste Lilia ben Salah, l’artiste «développe une pratique puissante qui traite des archétypes sociaux-culturels et des représentations dominantes, notamment celle des corps féminins dans la culture patriarcale.
Tentant de déconstruire les standards, sa pratique interroge la construction des images, le désir et les conflits qui en découlent, ainsi que la mise en place d’icônes contemporaines. Pour “Faire peau neuve”, la pensée de l’artiste se tient au plus près des écrits de Gaston Bachelard et son ouvrage La Poétique de l’espace, dans lequel le corps est habitant et habitacle. Au-delà de toute binarité ou essentialisation de l’autre, il s’agit de faire lieu.»
«L’exposition présente une première série de douze dessins intitulée “Sang d’encre”, dans laquelle l’artiste explore les qualités de l’encre et du papier de riz. L’exposition nous parle de la violence appauvrissante d’une société hédoniste, qui cultive le plaisir permanent, empêchant l’indépendance des corps […]. Par le biais d’une esthétique réparatrice, l’exposition serait plus que surface sociale lieu de réparation.»
Interrogée par Arab News en français sur les installations présentées à cette exposition, Mme Bouabdellah explique que ces dernières représentent une superposition de feuilles imprimées avec des œuvres célèbres, comme l’installation Double Venus sur Psyche.
«Ce qui m’intéresse, c’est le traitement du corps de la femme occidentale, que je juxtapose avec une autre vision, une autre esthétique de l’art, notamment dans le traitement et la fabrication des images, comme celle du tapis persan avec une géométrique où je mêle le figuratif pour créer un autre discours, celui d’une fusion, une façon de voir et de fabriquer l’image. Ici, on a une sorte de corps qui se multiplie et se combine avec ses formes géométriques. Si on doit résumer, c’est une représentation de l’univers que je mêle à une représentation plus centrée, plus étroite que celle du corps humain, comme ici le corps de la femme comme centre du monde», conclut-elle.