Le secteur aéronautique et de défense français recrute à tour de bras

Le directeur général d'Airbus, Guillaume Faury, s'adresse aux journalistes lors de la conférence de presse annuelle d'Airbus à Blagnac, dans le sud-ouest de la France, le 16 février 2023. (Photo de Charly Triballeau / AFP)
Le directeur général d'Airbus, Guillaume Faury, s'adresse aux journalistes lors de la conférence de presse annuelle d'Airbus à Blagnac, dans le sud-ouest de la France, le 16 février 2023. (Photo de Charly Triballeau / AFP)
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Publié le Dimanche 26 février 2023

Le secteur aéronautique et de défense français recrute à tour de bras

  • Airbus a annoncé tabler sur 3.500 embauches en France cette année, dont la moitié seront des créations de postes, sur les 13.000 recrutements qu'il prévoit au total dans le monde
  • «Il y a sensiblement plus de postes ouverts que de jeunes diplômés sortant des écoles, c'est un constat qu'on fait partout dans le monde», abonde le directeur des ressources humaines de Thales, Clément de Villepin

PARIS : Oubliée la pandémie, le secteur aéronautique et de défense français lance de vastes plans d'embauches mais s'inquiète des difficultés rencontrées pour trouver les compétences rares et assurer les montées en cadence.

Portées par la reprise du trafic aérien, la préparation des futurs programmes et l'augmentation des budgets de défense dans le monde, les 400 entreprises de la filière employant plus de 190.000 personnes, prévoient plus de 15.000 embauches en France en 2023, selon le Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (Gifas).

Et tous les grands donneurs d'ordre, dont dépendent une myriade de sous-traitants, sont à la manœuvre.

Airbus a annoncé tabler sur 3.500 embauches en France cette année, dont la moitié seront des créations de postes, sur les 13.000 recrutements qu'il prévoit au total dans le monde.

Il s'agit pour l'avionneur européen de répondre à la montée en cadence de sa production d'avions alors qu'il a plus de 7.000 appareils à livrer et de préparer les technologies de l'avion vert. Un quart des recrutements qu'il prévoit au niveau mondial concerne ses activités spatiales et de défense.

Safran table lui sur 12.000 embauches, dont 4.500 en France après une année 2022 au cours de laquelle il a déjà recruté 17.000 personnes, dont plus de 6.000 étaient des créations d'emplois.

L'équipementier et motoriste, qui employait 83.000 salariés fin 2022, avait vu son activité chuter de 40% et ses effectifs mondiaux fondre de 20% pendant la crise sanitaire.

Pour Thales, c'est également une «année record»: l'électronicien aéronautique et de défense prévoit d'embaucher plus de 12.000 salariés dans le monde en 2023, dont 4.000 créations de postes. Près de la moitié des recrutements (5.500) sont prévus en France.

Mêmes constats chez Dassault Aviation, dont la maison mère compte 9.200 salariés et table sur 1.000 embauches supplémentaires cette année, ou l'équipementier  aéronautique Daher, qui emploie 10.500 salariés et compte recruter 1.100 personnes en 2023, dont 700 seront des créations nettes.

Parmi les profils recherchés, des spécialistes en intelligence artificielle, en cybersécurité, de l'exploitation des données ou des nouvelles énergies (hydrogène, électrification…).

- Les PME à la peine -

Autant de domaines qui intéressent d'autres secteurs de l'économie et où la compétition fait rage, résume Guillaume Faury, président d'Airbus et du Gifas.

«On est aujourd'hui en tension, en grandes difficultés, tous, pour recruter dans certains domaines, et notamment celui des nouvelles technologies», explique-t-il.

«Il y a sensiblement plus de postes ouverts que de jeunes diplômés sortant des écoles, c'est un constat qu'on fait partout dans le monde», abonde le directeur des ressources humaines de Thales, Clément de Villepin.

Si les grands groupes dégagent une attractivité qui leur a permis jusqu'à présent de remplir leurs objectifs de recrutement, la situation est souvent plus compliquée pour leurs sous-traitants.

Il s'agit souvent de petites entreprises qui ont été fragilisées pendant la pandémie et peinent depuis à remonter en cadence.

En 2020, les grands groupes ont réduit leurs effectifs de 2,7%, quand ceux des entreprises de taille intermédiaire (ETI) diminuaient de 7% et ceux des PME de 12%, selon le Gifas.

«Nombre de PME ont perdu des compétences-clés et dans des territoires parfois reculés, ce n'est pas évident pour elles» de recruter, expliquait récemment Clémentine Gallet, présidente du comité Aéro-PME au sein du Gifas et patronne de Coriolis composites.

Pour le patron d'Airbus, qui compte plus de 10.000 fournisseurs dans le monde, «si les grands groupes ont tous les effectifs dont ils ont besoin mais les entreprises sur lesquelles ils reposent n'ont pas ces compétences-là, ça ne marchera pas».

Le Gifas s'est donc lui aussi lancé dans une campagne de promotion des métiers aéronautiques, «L'Aéro recrute», et compte sur le salon du Bourget en juin, le premier depuis quatre ans, pour les mettre en exergue.


Macron part «dès ce soir» en Nouvelle-Calédonie pour y installer «une mission»

Emmanuel Macron (Photo, AFP).
Emmanuel Macron (Photo, AFP).
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  • L'état d'urgence ne peut être prolongé au-delà de douze jours sans soumettre un texte au Parlement
  • Une éventuelle prorogation nécessiterait une saisine de l'Assemblée nationale et du Sénat avant le 27 mai

PARIS: Emmanuel Macron va se rendre "dès ce soir" en Nouvelle-Calédonie, secouée par une flambée de violences, pour y installer "une mission", a annoncé mardi la porte-parole du gouvernement Prisca Thevenot.

"Il a été annoncé par le président de la République, en Conseil des ministres, qu'il se rendra sur place (en Nouvelle-Calédonie). Il partira sur place dès ce soir pour y installer une mission", a affirmé Mme Thevenot à l'issue du Conseil des ministres.

Le président part "dans un esprit de responsabilité", a ajouté la porte-parole, sans détailler la "mission" évoquée ni préciser combien de temps le chef de l'Etat resterait sur l'archipel.

Elle a redit que "le retour à l'ordre était le préalable à tout dialogue", alors qu'une réforme électorale contestée par les indépendantistes doit être validée "avant la fin juin" par le Congrès réunissant sénateurs et députés, calendrier fixé par le chef de l'Etat lui-même.

Mais "l'exécutif poursuit (...) la construction de la solution politique pour le territoire", a-t-elle aussi souligné.

La prorogation de l'état d'urgence, décrété mercredi dernier, "n'a pas été abordée" lors de ce Conseil des ministres, a indiqué la porte-parole du gouvernement. "Si la situation doit être encore améliorée, elle est en voie de se normaliser", a-t-elle justifié.

L'état d'urgence ne peut être prolongé au-delà de douze jours sans soumettre un texte au Parlement. Une éventuelle prorogation nécessiterait une saisine de l'Assemblée nationale et du Sénat avant le 27 mai.

Le Premier ministre Gabriel Attal aura "aussi l'occasion d'y aller (dans l'archipel), pas immédiatement mais dans les semaines à venir", a précisé Mme Thevenot, alors que le dossier calédonien n'est plus piloté directement par Matignon depuis 2020 et que trois anciens Premiers ministres plaident pour qu'il soit de nouveau géré par le chef du gouvernement.

Après une semaine d'émeutes en réaction à une réforme du corps électoral qui ont fait six morts dont deux gendarmes, Emmanuel Macron avait constaté lors d'un Conseil de défense lundi "de nets progrès dans le rétablissement de l'ordre" en Nouvelle-Calédonie.

L'exécutif avait à cette occasion décidé de mobiliser "pour un temps" des personnels militaires pour "protéger les bâtiments publics" et soulager ainsi les forces de sécurité intérieure, selon l'Elysée.

«Réparer le dialogue»

L'aéroport international de Nouméa reste toutefois fermé aux vols commerciaux jusqu'à samedi 09H00 (00H00 à Paris), a indiqué mardi le gestionnaire de la plateforme.

Le député calédonien non indépendantiste Philippe Dunoyer (Renaissance), qui plaide aussi pour un report du Congrès, dit "espérer que cette initiative permette d'entreprendre de renouer les fils du dialogue" mais "on ne peut pas tout faire en un mois et le Congrès ne peut pas se tenir avant le 27 juin".

"Ce n'est pas une manière de dire aux indépendantistes +vous avez gagné+, c'est au contraire une opportunité pour le dialogue qu'il faut saisir", a-t-il estimé auprès de l'AFP.

"Maintenant, il faut rassurer, apaiser et réparer le dialogue vers un accord global. Suspendre la réforme et nommer rapidement une mission de dialogue", a réagi sur X le député PS Arthur Delaporte, fustigeant le "temps perdu".

Son collègue LFI Thomas Portes a qualifié au contraire cette visite d'"irresponsable". "La colère ne va faire qu'augmenter avec ce déplacement monarchique".


Inquiétude dans le «Petit Haïti» de Saint-Domingue après le plébiscite du président Abinader

Une famille roule à moto dans une rue d'un quartier connu sous le nom de « Petite Haïti » à Saint-Domingue, le 20 mai 2024 (Photo, AFP).
Une famille roule à moto dans une rue d'un quartier connu sous le nom de « Petite Haïti » à Saint-Domingue, le 20 mai 2024 (Photo, AFP).
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  • L'hostilité entre les deux pays ne date pas d'hier
  • Le dictateur dominicain Rafael Trujillo a lui fait massacrer des milliers de Haïtiens en 1937

SAINT-DOMINGUES: Johan Perez surveille les voitures garées dans une rue du "Petit Haïti", un quartier populaire commerçant et anarchique de Saint-Domingue, où vivent et travaillent des centaines de Haïtiens. Il est inquiet.

Après la réélection triomphale au premier tour du président Luis Abinader, qui a fait de la lutte contre l'immigration haïtienne un de ses chevaux de bataille, il craint que le sentiment "anti-haïtien" ne s'intensifie.

C'est une journée ordinaire. L'activité bat son plein dans ce secteur chaotique du centre-ville de la capitale dominicaine, avec des dizaines de boutiques informelles installées devant des entrepôts aux murs écaillés. Ici dans Le "Pequeno Haïti" pendant du "Little Haïti" de New York ou Miami, on vend de tout: de la canne à sucre aux appareils électriques usagés, en passant par les vêtements et les légumes.

La plupart des vendeurs préfèrent se taire, de peur que leur accent créole-français ne les trahisse. Les descentes de police sont monnaie courante. Malheur à celui qui se fait prendre. A chacune d'entre elles, la police embarque les sans-papiers pour les emmener dans un centre de rétention avant de les mettre dans un camion, direction Haïti.

"Les choses se durcissent un peu", explique Johan Perez, 32 ans, de mère dominicaine et de père haïtien, qui vit des pourboires des automobilistes fréquentant la zone. "Le +type+ (Abinader) est plus fort maintenant".

Il raconte que la police a arrêté plusieurs de ses amis il y a quelques jours à peine. Et au coin de la rue, les agents de l'immigration sont entrés dans un petit immeuble et en ont sorti les habitants sans papiers. "Ils les ont jetés la tête la première" dans un bus avec d'autres migrants.

Selon les experts et militants des droits de l'homme, le principal critère des contrôles est la couleur de la peau mais M. Perez souligne que la langue joue également un rôle.

Les expulsions sont passées de 122.000 en 2022 à 250.000 en 2023, selon les données officielles.

Depuis son arrivée au pouvoir en 2020, le président Abinader a imposé une politique de fermeté à l'égard de la migration haïtienne. Outre les descentes et les expulsions, il a renforcé la présence des forces armées à la frontière et fait construire un mur de 164 km entre les deux pays.

Sa réélection conforte cette fermeté dans un pays où le racisme anti-haïtien s'est propagé et où l'immigration est souvent assimilée à la criminalité.

L'hostilité entre les deux pays ne date pas d'hier. Haïti, ancienne colonie française qui s'est émancipée en 1804, a occupé l'actuelle République dominicaine pendant 22 ans jusqu'en 1856, massacrant des milliers de personnes.

«Acide»

Le dictateur dominicain Rafael Trujillo a lui fait massacrer des milliers de Haïtiens en 1937.

Les Dominicains parlent souvent de l'immigration haïtienne comme d'une "deuxième invasion".

De nombreux Haïtiens possédant des papiers en règle courent aussi le risque de devenir clandestins, en raison d'un parcours bureaucratique de plus en plus lent et onéreux

C'est le cas de Nicolas Legrand, 60 ans, qui vit à Saint-Domingue depuis 1987. Sa carte de résident a expiré en 2022 et depuis, il ne détient qu'une petite note indiquant que son processus est en cours.

"Si Dieu le veut, la situation s'améliorera à Haïti et j'y retournerai", dit M. Legrand en vendant ses mouchoirs. "Mais ici au moins je suis tranquille".


CPI: les droites françaises rejettent toute «équivalence» entre le Hamas et Israël

Marion Maréchal, vice-présidente exécutive du parti d'extrême droite français "Reconquête", (Photo, AFP).
Marion Maréchal, vice-présidente exécutive du parti d'extrême droite français "Reconquête", (Photo, AFP).
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  • La France a indiqué, via son ministère des Affaires étrangères, qu'elle «soutient la CPI»
  • «Cette équivalence est proprement insupportable», a renchéri le patron des sénateurs Républicains

PARIS: Les responsables des principaux partis de droite et d'extrême droite français ont dénoncé mardi une "équivalence insupportable" et un "parallèle honteux" après que le procureur de la Cour pénale internationale a réclamé des mandats d'arrêts contre des dirigeants du Hamas et du gouvernement israélien.

Ces réquisitions visent précisément le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ministre de la Défense Yoav Gallant d'une part, et les trois plus hauts chefs du Hamas (Ismaïl Haniyeh, Mohammed Deif, Yahya Sinouar) d'autre part.

La France a indiqué, via son ministère des Affaires étrangères, qu'elle "soutient la CPI". Une position dont le vice-président du Rassemblement national, Sébastien Chenu, s'est dit "très étonné", estimant sur RTL "qu'on ne peut pas mettre ce signe égal" entre "un état démocratique agressé et des terroristes".

«Partialité»

"Cette équivalence est proprement insupportable", a renchéri le patron des sénateurs Républicains Bruno Retailleau sur Sud Radio, défendant le "droit d'Israël à se défendre" même si sa riposte à Gaza est "sans doute mal proportionnée".

La tête de liste de son parti aux élection européennes, François-Xavier Bellamy, a lui pointé sur Public Sénat la "partialité manifeste" du procureur de la CPI, dont la position "ressemble à une forme de militantisme inquiétant".

"Faire un parallèle entre les dirigeants israéliens et le Hamas (...) est une honte", a tranché sur CNews et Europe1 sa rivale d'extrême droite Marion Maréchal (Reconquête!), qui "réfute totalement ce qui est insinué à travers cette poursuite, à savoir qu'il y aurait un génocide à Gaza".

A l'inverse, les chefs de file de la gauche française - de l'insoumis Jean-Luc Mélenchon au socialiste Olivier Faure, en passant par le communiste Fabien Roussel - se sont félicités lundi de l'annonce du procureur de la CPI, en particulier à l'encontre de M. Netanyahu.