WASHINGTON :La Maison-Blanche a présenté jeudi la candidature de l'homme d'affaires indo-américain Ajay Banga pour diriger la Banque mondiale, une semaine après l'annonce du départ de l'actuel président David Malpass, et au premier jour du processus de désignation de son successeur.
Haut-responsable du fonds de capital-investissement américain General Atlantic et de la Holding Exor, de la famille Agnelli, M. Banga, 63 ans, a notamment été à la tête du groupe de services financiers Mastercard.
Une décision évidente selon le président américain Joe Biden, qui estime que «Ajay dispose de toutes les qualités pour diriger la Banque mondiale dans cette période critique de son histoire».
«Il a passé plus de trois décennies à construire et diriger des entreprises mondiales» a souligné M. Biden.
«Il dispose de l'expérience nécessaire pour mobiliser les ressources privées comme publiques afin de faire face aux défis les plus urgents de notre époque, dont le réchauffement climatique», a encore indiqué le président américain.
Notamment après les critiques sur le sujet climatique visant l'actuel président David Malpass, un proche de l'ancien hôte de la Maison Blanche, Donald Trump.
Le candidat américain est particulièrement scruté et pour cause: depuis la création de la Banque mondiale (BM) au lendemain de la Seconde guerre mondiale, l'institution a toujours été dirigée par un Américain, alors que, par un accord tacite entre puissances occidentales, le Fonds monétaire international (FMI) a toujours eu un Européen à sa tête.
En désignant M. Banga, la Maison-Blanche fait le choix d'une personne non seulement née mais également éduquée dans un autre pays, en l'occurrence en Inde, une première.
Or depuis plusieurs années, les pays émergents, en particulier la Chine, l'Inde, la Russie et le Brésil, souhaitent voir leur rôle au sein des institutions financières internationales s'accroître.
Selon des responsables américains, il y a une volonté claire de «mettre en avant un candidat qui n'est pas seulement né mais a également grandi et débuté sa carrière professionnelle dans un pays émergent».
M. Banga «dispose également d'un excellent bilan dans la promotion de la diversité, de l'inclusion et de l'égalité au travail. Nous sommes très confiants dans sa capacité à apporter à la Banque mondiale un engagement fort en faveur de l'égalité des sexes et de l'inclusion», a-t-on ajouté de même source.
Un choix que regrette cependant l'ONG Oxfam, par la voix Christian Donaldson, conseiller sur les institutions internationales, qui a estimé dans un communiqué que «pour ce travail, nous avons besoin d'autre chose qu'une tape sur l'épaule de la part du président Biden mais d'un processus de désignation ouvert, transparent et basé sur le mérite».
- Une carrière dans la finance -
Né à Pune, dans l'Etat indien du Maharashtra (centre), au sein d'une famille de militaires Sikh, Ajay Banga étudié au St Stephen's College de New Delhi avant de rejoindre l'Institut indien de management d'Ahmedabad, considéré comme l'une des meilleures écoles de commerce d'Asie.
Après une carrière entamée en 1981 dans les filiales indiennes de grands groupes agroalimentaires, Nestlé puis PepsiCo, M. Banga a basculé vers le secteur financier en rejoignant la banque américaine Citigroup en 1996, où il a développé notamment le micro-financement entre 2005 et 2009.
Il a rejoint Mastercard en 2009 en tant que directeur des opérations avant d'en devenir le directeur général un an plus tard, puis président du conseil d'administration en 2021.
«Ses efforts ont permis à 500 millions de personnes n'ayant pas de compte en banque d'avoir accès à l'économie numérique, de diriger les investissements privés vers des solutions pour faire face au réchauffement climatique et d'augmenter les opportunités économiques dans le cadre du Partenariat pour l'Amérique centrale», a détaillé la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen, dans un communiqué séparé dans lequel elle «applaudit la décision du président Biden».
Le processus de nomination du nouveau président de la BM a été lancé jeudi, une semaine après que son président actuel, David Malpass, a annoncé son départ de la tête de l'institution à compter du 30 juin.
Si les raisons de ce départ n'ont pas été précisées, le dirigeant de la Banque mondiale avait été critiqué pour son manque de volontarisme sur le volet climatique.
La Banque avait précisé encourager «fortement la candidature de femmes».
Mercredi, la BM a précisé les conditions de désignation de son nouveau dirigeant, la sélection devant intervenir début mai.