NEW YORK: L'Union européenne a de nouveau exclu la perspective de pourparlers de paix avec la Russie, qui ne seraient pas fondés sur le respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ainsi que sur l'octroi de réparations et l'obligation de rendre des comptes pour les crimes de guerre.
«C'est pour nous le cadre dans lequel toute discussion doit avoir lieu», a affirmé jeudi à Arab News, Josep Borrell, le haut représentant de l'UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité.
«Quand et comment? Je ne sais pas. Mais je veux être clair, ici, que ce n'est pas nous qui refusons d'ouvrir la voie aux négociations. Nous sommes ouverts et nous le serons toujours.»
Borrell s'exprimait en marge d'une session d'urgence de l'Assemblée générale des Nations unies marquant le premier anniversaire du début de la guerre en Ukraine. Au cours de cette session une majorité écrasante des 193 États membres a voté en faveur de l'adoption d'une résolution de l'UE intitulée «Principes de la Charte des Nations unies sous-tendant une paix globale, juste et durable en Ukraine».
Contrairement à une résolution du Conseil de sécurité, cette résolution n'a pas la force contraignante du droit international, mais elle pourrait néanmoins contribuer à l'isolement croissant de la Russie sur la scène mondiale.
Le projet de résolution, parrainé par une soixantaine de pays, appelle à la fin des hostilités et au retrait «immédiat, complet et inconditionnel» des forces militaires russes en Ukraine. Cela réaffirme ainsi «l'engagement de l'ONU en faveur de la souveraineté, de l'indépendance, de l'unité et de l'intégrité territoriale de l'Ukraine».
Kiev a réussi à obtenir un large soutien à la résolution parmi les pays membres des Nations unies, comme elle l'a fait l'année dernière pour plusieurs autres résolutions dénonçant les opérations militaires de la Russie. Toutefois, Borrell ne s'est pas fait d'illusions quant aux chances que la dernière réprimande de l'ONU à l'égard de Moscou entraîne une résolution rapide du conflit.
«Malheureusement, je crains que la guerre continue», a-t-il prévenu. «Mais je ne sais pas ce qui va se passer, ni quand.»
«Ce que je sais, c'est que chaque jour, les attaques russes s’intensifient, les troupes russes massées se multiplient. Avant l'invasion, ils ont rassemblé 150 000 soldats; maintenant ils ont 300 000 soldats sur la ligne de front – donc le double de ce qu'ils avaient quand ils ont lancé l'invasion. Ils lancent 50 000 coups par jour.»
Face à l'augmentation du coût humain de la guerre, certains analystes ont appelé l'UE à encourager les Ukrainiens à conclure un accord par lequel ils céderaient à la Russie le contrôle d'une partie de la région occupée du Donbass en échange de l'acceptation russe de l'admission de l'Ukraine dans l'UE, avec toutes les garanties de sécurité qui en découleraient. Ils affirment que le peuple ukrainien s'est déjà soulevé et a renversé deux dictateurs nationaux parce qu'il voulait rejoindre l'UE et que cela reste son objectif.
Mais Borrell a indiqué qu'étant donné «la réalité à laquelle nous sommes confrontés», il est impératif de poursuivre le soutien militaire à l'Ukraine, ainsi que les sanctions internationales contre l'économie russe et les efforts visant à «isoler la Russie sur le plan diplomatique – c'est ce que nous essayons de faire ces jours-ci ici, à New York».
«D'un côté, nous devons soutenir quelqu'un qui est attaqué. D'autre part, nous devons garder ouverte la possibilité d'un cessez-le-feu et de négociations», a-t-il ajouté.
«À quelles conditions? Nous l'avons déjà dit: Respect de l'intégrité territoriale de l'Ukraine; respect de la souveraineté de l'Ukraine; demande des comptes et de réparations de guerre.
«C'est pour nous le cadre dans lequel toute discussion doit avoir lieu. Et lorsqu'une occasion se présentera pour commencer à en discuter, nous serons les premiers à prendre l'initiative.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com