KIEV: L'Ukraine qui "n'a pas craqué" s'apprête à entrer dans sa deuxième année de guerre contre les forces d'occupation russes, redoutant de nouvelles attaques à la veille du premier anniversaire de l'invasion du pays par l'armée de Vladimir Poutine.
"Nous n'avons pas craqué, nous avons surmonté de nombreuses épreuves et nous triompherons. Nous demanderons des comptes à tous ceux qui ont apporté ce mal, cette guerre sur notre terre", a affirmé jeudi le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
A Moscou, le président Poutine est, lui, allé déposer des fleurs sur la tombe du soldat inconnu à l’occasion de la Journée du défenseur de la patrie, avant d’aller s’entretenir sous un ciel bleu et par -10°C avec des militaires sur la Place rouge.
"C’est l’obligation sacrée de l’Etat de s’occuper de ceux qui défendent le pays", a-t-il dit.
"Les occupants (russes) préparent" des provocations à une grande échelle, très probablement, a indiqué de son côté le renseignement ukrainien qui a détecté un mouvement de convois transportant du matériel militaire près de la frontière avec la région de Tchernihiv (nord).
"Ils prévoient une frappe de missile mineure les 23 et 24 [février], ils ont deux dates. Croyez-moi, nous avons déjà survécu à cela plus de 20 fois", a déclaré pour sa part Kyrylo Budanov, le chef de la principale direction du renseignement du ministère de la Défense à Ukrainiska pravda.
« Pire année »
Déjà éprouvés par "la pire année de leur vie, des Ukrainiens qui ont été notamment plongés dans le noir et le froid après la destruction par des bombardements russes d'une bonne partie de l'infrastructure énergétique du pays, espèrent que la "victoire est devant eux".
En cette fin février, les pénuries de courant sont largement surmontées mais la guerre déclenchée le 24 février 2022 par Moscou demeure dans les esprits.
"Je suis sûre que la victoire est devant nous, mais nous ne savons pas combien de temps nous devrons attendre et combien de victimes il y aura encore avant que ce genre de chose n'arrive. C'est la seule chose qui préoccupe tous les Ukrainiens maintenant", confie Diana Chestakova, 23 ans, employée dans une maison d'édition.
Un artiste suisse a lui projeté mercredi soir sur des bâtiments publics de Lviv (ouest) des images à la gloire de l’Ukraine : champ de tournesols, colombes de la paix, emblème ukrainien et le chiffre 365. Un spectacle dominé par les couleurs jaune et bleue de l’Ukraine.
Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez s'est rendu jeudi en Ukraine pour manifester son soutien, après le président américain Joe Biden lundi et la Première ministre italienne Giorgia Meloni mardi.
"Je suis de retour à Kiev, un an après le début de la guerre. Nous serons aux côtés de l'Ukraine et de son peuple jusqu'à ce que la paix soit de retour en Europe", a-t-il tweeté. La veille, Madrid avait annoncé le don de six chars Leopard 2A4 à l'Ukraine.
La Finlande a annoncé l'envoi de trois chars Leopard 2 dans le cadre de la coopération internationale pour fournir à l'Ukraine des armes lourdes.
A New York, l'Assemblée générale de l'ONU doit adopter jeudi une résolution réclamant une paix "juste et durable" en Ukraine, texte que Kiev et ses alliés espèrent voir recueillir le soutien le plus large face à Moscou.
De leur côté, les ministres des Finances du G7 vont essayer de s'entendre jeudi à Bangalore, en Inde, sur un nouveau paquet de sanctions économiques contre Moscou, avant une réunion vendredi et samedi du G20 pour aborder des mesures face aux effets économiques de la guerre et un éventuel allègement de la dette des pays les plus pauvres. L'Inde, pays organisateur du G20, n'a pas condamné l'invasion.
« Temps de la guerre froide »
Le président Poutine a juré cette semaine de poursuivre "méthodiquement" son offensive en Ukraine, dans un discours à la rhétorique anti-occidentale rappelant la Guerre froide.
Son ambassadeur à l'ONU Vassili Nebenzia s'en est également pris aux Occidentaux mercredi à l'Assemblée générale. "Dans leur désir d'infliger une défaite à la Russie de toutes les manières possibles, ce n'est pas seulement l'Ukraine qu'ils peuvent sacrifier, ils sont prêts à plonger le monde entier dans les abysses de la guerre", a-t-il accusé.
De son côté, le chef de la marine italienne a averti jeudi que la marine russe a fortement accru sa présence en Méditerranée depuis le début de la guerre en Ukraine et a une "attitude agressive", entraînant "un risque d'incident".
"Un tel niveau" de présence de navires russes "n'a pas été observé même aux temps de la Guerre froide", a-t-il souligné.
Sur le plan militaire, le patron du groupe paramilitaire russe Wagner, Evguéni Prigojine, a annoncé jeudi l'envoi de munitions à ses hommes en Ukraine, après avoir accusé l'armée de le priver de son ravitaillement, témoignant de son conflit avec la hiérarchie militaire.