TUNIS: Le patron détenu de la radio tunisienne privée Mosaïque FM est poursuivi pour "blanchiment d'argent et enrichissement illégal", ont indiqué mercredi ses avocats, dénonçant un dossier "politique" en représailles à un programme critique.
Noureddine Boutar, directeur de la radio la plus écoutée en Tunisie, a été arrêté ainsi que neuf personnalités politiques lors d'un coup de filet lancé par les autorités début février.
Un mandat de dépôt a été émis lundi soir contre M. Boutar, selon ses avocats, qui avaient affirmé après son arrestation que son interrogatoire avait abordé la ligne éditoriale de la station.
Lors d'une conférence de presse mercredi, ils ont indiqué que leur client était poursuivi pour "blanchiment d'argent et enrichissement illégal".
"Ces accusations sont infondées et n'ont aucun rapport avec un quelconque crime", a souligné Me Ayoub Ghdamssi. "Ce dossier est politique par excellence".
Selon cet avocat, M. Boutar est victime de représailles du pouvoir pour le programme Midi-Show "qui dérange les autorités et leur pose un problème par ses voix libres croyant à la liberté d'expression".
Lancé en 2011, Midi-Show, programme à succès de la station qui passe en revue l'actualité politique en Tunisie, invite souvent des intervenants critiques de la politique du président Kais Saied.
Amnesty International a estimé que la récente vague d'arrestations était "une tentative délibérée visant à étouffer la contestation, notamment les critiques à l'égard du président", et exhorté ce dernier à "mettre fin à cette chasse aux sorcières motivée par des considérations politiques".
Mercredi après-midi, le secrétaire général du parti Al Joumhouri, Issam Chebbi, a été arrêté par une vingtaine de policiers en civil à Ariana, dans le Grand Tunis, a indiqué son frère Ahmed Néjib Chebbi, président du Front de salut national, principale coalition de l'opposition.
Dans la nuit de mercredi à jeudi, l'opposante Chayma Issa, une responsable du FSN, a été arrêtée par des policiers en civil qui ont fouillé sa maison avant de l'emmener à la brigade de police antiterroriste de Bouchoucha à Tunis, a indiqué son père Hagui Issa.
Le président Saied, qui s'est arrogé les pleins pouvoirs depuis juillet 2021, a qualifié les personnes arrêtées de "terroristes" et les a accusées de conspirer "contre la sûreté de l'Etat" et de manipuler les prix des produits de base pour fomenter des tensions sociales.