Pourquoi l'envoi d'armes chinoises vers la Russie pourrait «rebattre les cartes» du conflit en Ukraine

Une victoire russe signifierait "infliger une défaite stratégique aux États-Unis" et ainsi contribuer à alimenter le récit du président Xi Jinping selon lequel l'Occident est en déclin -- une idée actuellement mise à mal par l'enlisement de la Russie en Ukraine. (AFP).
Une victoire russe signifierait "infliger une défaite stratégique aux États-Unis" et ainsi contribuer à alimenter le récit du président Xi Jinping selon lequel l'Occident est en déclin -- une idée actuellement mise à mal par l'enlisement de la Russie en Ukraine. (AFP).
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Publié le Mercredi 22 février 2023

Pourquoi l'envoi d'armes chinoises vers la Russie pourrait «rebattre les cartes» du conflit en Ukraine

  • Depuis le début de la guerre, la Chine a offert au président russe Vladimir Poutine son soutien financier et diplomatique, évitant l'envoi d'armes ou toute implication militaire manifeste
  • Des firmes chinoises contrôlées par l'Etat ont vendu des drones et autres équipements à la Russie et l'Ukraine, mais Moscou a dû se tourner vers l'Iran pour obtenir des armes indispensables, telles que les drones de combat

PÉKIN : Les Etats-Unis ont accusé cette semaine la Chine d'envisager de fournir des armes à la Russie pour appuyer son offensive en Ukraine, ce que dément Pékin.

Si c'était le cas, cela "changerait la donne" dans ce conflit qui dure depuis un an, estiment plusieurs experts.

Pourquoi une telle affirmation de la part des Etats-Unis?

Depuis le début de la guerre, la Chine a offert au président russe Vladimir Poutine son soutien financier et diplomatique, évitant l'envoi d'armes ou toute implication militaire manifeste.

Des firmes chinoises contrôlées par l'Etat ont vendu des drones et autres équipements à la Russie et l'Ukraine, mais Moscou a dû se tourner vers l'Iran pour obtenir des armes indispensables, telles que les drones de combat.

Selon Washington, la Corée du Nord a également fourni la Russie en roquettes et obus d'artillerie.

Et les Etats-Unis craignent désormais que Pékin fasse de même.

"Sur la base des informations dont nous disposons (...) ils envisagent de fournir un soutien létal" à la Russie, a avancé Antony Blinken, chef de la diplomatie américaine, lors de sa visite en Turquie en début de semaine.

M. Blinken n'a fourni aucune preuve pour appuyer cette affirmation - et ses détracteurs rappelleront les erreurs passées des services de renseignement américains - mais elle fait partie des informations sensibles communiquées par Washington pour devancer et perturber les plans de guerre russes.

"Le fait que M. Blinken ait choisi de rendre publiques ces préoccupations suggère que les États-Unis disposent de renseignements solides", estime Richard McGregor, chercheur spécialisé de l'Asie de l'Est à l'Institut Lowy de Sydney.

Celles-ci ont été qualifiées de "fausses informations" par Wang Wenbin, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

Pourquoi Washington est-il préoccupé?

Un afflux d'armes en provenance de Chine "rebattrait les cartes" du conflit en Ukraine, a fait valoir auprès de l'AFP Mick Ryan, ancien stratège et général de l'armée australienne aujourd'hui à la retraite.

"C'est une guerre de systèmes industriels. Pour le moment, la Russie est (à la traine par rapport à) l'Occident. Si la Chine s'implique, tout avantage que l'Ukraine avait grâce à la capacité industrielle de l'Occident disparaît instantanément", a-t-il exposé.

Les "munitions chinoises rendraient la vie très difficile aux Ukrainiens, qu'il s'agisse de munitions d'artillerie, de munitions de précision ou d'armes de frappe à plus longue portée dont la Russie est à court".

Car depuis le début de l'invasion russe, la Russie peine à rassembler suffisamment de personnel, de munitions et d'armes, ce qui explique son enlisement face à la résistance ukrainienne. Cet état de fait a poussé Vladimir Poutine à recourir à une conscription massive, à des groupes mercenaires et aux importations.

Pendant ce temps, l'Ukraine a réussi à arrêter l'avancée russe, et même à prendre le dessus. Mais certains experts estiment que la guerre se trouve à un point d'inflexion, chaque camp s'arrachant les ressources et cherchant à remporter des gains décisifs à mesure que le printemps approche.

Pourquoi la Chine s'impliquerait-elle ?

Le commentateur militaire chinois Song Zhongping a affirmé que la Chine n'enverrait pas d'armes à la Russie, tout en soulignant que la coopération politique, commerciale et militaire entre Moscou et Pékin s'était accrue avant même la guerre en Ukraine et que cette tendance va se poursuivre.

"La Chine n'écoutera pas les demandes des États-Unis. Elle renforcera sa coopération avec la Russie conformément à sa propre volonté nationale et à ses préoccupations en matière de sécurité nationale", a-t-il asséné.

De nombreux experts considèrent qu'il y a un enjeu plus important et que l'Ukraine est en train de se transformer en conflit par procuration digne de l'époque de la Guerre froide.

Pour Alexey Muraviev, professeur d'études stratégiques et de sécurité à l'université Curtin, à Perth en Australie, "la guerre en Ukraine est un moment critique pour l'environnement de sécurité internationale, pour l'ordre mondial".

Une décision  d'exporter des armes serait "un pas énorme" pour la Chine qui exposerait ainsi des sanctions occidentales, brûlerait les ponts restants avec Washington et saborderait les liens avec l'Europe.

Mais la perspective de voir la Russie perdre inquiète Pékin, selon M. Muraviev.

Dans ce cas de figure, "la Chine se retrouvera seule", a-t-il analysé. "La Russie est la seule grande puissance qui soutient la Chine".

A l'inverse, une victoire russe signifierait "infliger une défaite stratégique aux États-Unis" et ainsi contribuer à alimenter le récit du président Xi Jinping selon lequel l'Occident est en déclin -- une idée actuellement mise à mal par l'enlisement de la Russie en Ukraine.

Selon le professeur, la Chine tenterait de jouer les équilibristes dans ce conflit, en trouvant le juste milieu entre le risque et la récompense: fournir des armes par l'intermédiaire d'entreprises contrôlées par l'État, de la Corée du Nord ou du groupe Wagner plutôt que directement aux militaires russes.

"Je pense que leur approche sera plus clandestine", a-t-il conclu.


Des milliers de fidèles place Saint-Pierre avant les funérailles du pape

Des milliers de fidèles sont de nouveau massés jeudi devant la basilique Saint-Pierre de Rome afin de rendre un dernier hommage à la dépouille du pape François, devant laquelle plus de 50.000 pèlerins ont déjà défilé depuis mercredi matin, avant ses obsèques samedi. (AFP)
Des milliers de fidèles sont de nouveau massés jeudi devant la basilique Saint-Pierre de Rome afin de rendre un dernier hommage à la dépouille du pape François, devant laquelle plus de 50.000 pèlerins ont déjà défilé depuis mercredi matin, avant ses obsèques samedi. (AFP)
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  • La file des fidèles et touristes patientant pour rendre hommage au chef des plus de 1,4 milliard de catholiques, décédé lundi à 88 ans, s'étire aux abords du plus petit Etat du monde
  • De mercredi à 09H00 GMT à jeudi 09H00 GMT, plus de 50.000 personnes se sont recueillies devant la dépouille du jésuite argentin dans la monumentale basilique, selon Vatican News

CITE DU VATICAN: Des milliers de fidèles sont de nouveau massés jeudi devant la basilique Saint-Pierre de Rome afin de rendre un dernier hommage à la dépouille du pape François, devant laquelle plus de 50.000 pèlerins ont déjà défilé depuis mercredi matin, avant ses obsèques samedi.

La file des fidèles et touristes patientant pour rendre hommage au chef des plus de 1,4 milliard de catholiques, décédé lundi à 88 ans, s'étire aux abords du plus petit Etat du monde, dont les accès sont filtrés par un lourd dispositif de sécurité qui ralentit l'avancée des fidèles, a constaté l'AFP.

De mercredi à 09H00 GMT à jeudi 09H00 GMT, plus de 50.000 personnes se sont recueillies devant la dépouille du jésuite argentin dans la monumentale basilique, selon Vatican News. Les portes, qui devaient fermer à minuit, sont finalement restées ouvertes jusqu'à 05H30 du matin pour accueillir le flot de fidèles.

"Ce fut un moment bref mais intense devant sa dépouille", a témoigné jeudi matin auprès de l'AFP Massimo Palo, un Italien de 63 ans vivant à Rome. François "a été un pape au milieu de son troupeau, de son peuple, et j'espère que les prochains pontificats seront un peu comme le sien", a-t-il également confié.

Rupture avec la tradition, le cercueil en bois clair ouvert du défunt pape, vêtu d'une mitre blanche et d'une chasuble rouge, les mains enserrant un chapelet, ne repose pas sur un catafalque, mais est posé sur un support à même le sol, devant le maître-autel, à la demande de Jorge Bergoglio, qui aspirait à plus de sobriété dans les rites funéraires papaux.

Le père des "laissés-pour-compte" 

"C'était un grand homme, c'était le père des laissés-pour-compte, des invisibles", a également confié jeudi à l'AFP Amerigo Iacovacci, un Romain de 82 ans.

Florencia Soria, une Argentine de 26 ans en voyage à Rome pour deux jours avec une amie, n'a pas hésité à rejoindre la file d'attente, armée d'un café, pour vivre ce "moment historique". Surtout pour nous "parce que nous sommes argentines. Nous étions des petites filles lorsque le pape a entamé son pontificat. Nous nous souvenons de ce moment", a-t-elle ajouté.

Les cardinaux, qui rejoignent progressivement Rome, se réunissaient jeudi matin pour la troisième fois, au lendemain d'une nouvelle "congrégation" en présence de 103 d'entre eux - électeurs et non électeurs.

Ces réunions préparatoires fixent les modalités des événements avant le conclave, auquel 135 électeurs - ceux âgés de moins de 80 ans - sont invités à prendre part. Certains ont toutefois déjà annoncé qu'ils ne viendraient pas pour raison de santé.

Mercredi, sur la place Saint-Pierre encadrée par la célèbre colonnade du Bernin, les fidèles ont dû patienter entre trois et plus de quatre heures pour entrer dans la basilique, selon plusieurs témoignages recueillis par l'AFP.

Un important dispositif de sécurité y était déployé, comprenant notamment des équipes de l'armée de l'air et de la défense munies de fusils brouilleurs de drones.

Le Vatican avait annoncé que jeudi, les fidèles pourraient rendre hommage au pape jusqu'à minuit. Mais mercredi, les visites ont finalement pu se poursuivre au-delà. Vendredi, les portes de la basilique seront ouvertes de 07H00 à 19H00.

Funérailles samedi 

L'affluence a également été massive mercredi à la basilique Sainte-Marie-Majeure, dans le centre de Rome, où le pape sera inhumé samedi conformément à sa volonté. Selon le préfet de Rome Lamberto Giannini, plus de 10.000 personnes s'y sont pressées à l'heure du déjeuner.

Plus tôt dans la matinée, la dépouille du pape avait été escortée par des dizaines de cardinaux, évêques, religieux et laïcs depuis la petite chapelle de la résidence Sainte-Marthe, où il a vécu de son élection en 2013 jusqu'à sa mort, vers la basilique couronnée par la coupole de Michel-Ange.

Le Vatican observera neuf jours de deuil à partir de samedi. Au cours de ces "novemdiales", des célébrations solennelles auront lieu chaque jour à Saint-Pierre, jusqu'au 4 mai.

Le cercueil sera fermé vendredi soir lors d'une cérémonie présidée par le cardinal camerlingue, l'Américain Kevin Farrell, qui gère les affaires courantes jusqu'au conclave.

Les funérailles de François se dérouleront samedi matin à partir de 08H00 GMT sur la place Saint-Pierre, où devraient converger au moins 200.000 fidèles, et 170 délégations étrangères.

"Il est impossible de savoir" combien de personnes seront présentes le jour des funérailles, "quelques centaines de milliers au minimum", a déclaré à l'AFP Pierfrancesco Demilito, chef du service de presse de la Protection civile italienne.

Comme pour Jean-Paul II en 2005, des dizaines de chefs d'Etat et de têtes couronnées assisteront aux funérailles du chef de l'Eglise catholique, sous haute sécurité.

Parmi eux, le président américain Donald Trump, ses homologues français Emmanuel Macron et ukrainien Volodymyr Zelensky ou encore le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.

Le roi Felipe VI et la reine Letizia d'Espagne, le prince William, Albert II de Monaco et son épouse Charlène seront aussi présents.


Les marchés agricoles naviguent à vue, chahutés par la guerre commerciale

Le président américain Donald Trump s'adresse aux médias après avoir signé des décrets dans le bureau ovale de la Maison Blanche, le 23 avril 2025 à Washington, DC. (AFP)
Le président américain Donald Trump s'adresse aux médias après avoir signé des décrets dans le bureau ovale de la Maison Blanche, le 23 avril 2025 à Washington, DC. (AFP)
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  • De part et d'autre de l'Atlantique, les marchés agricoles sont secoués par les remous liés à la politique commerciale de l'administration Trump
  • Les cours des céréales et oléagineux à l'échelle mondiale évoluent ainsi au rythme des commentaires de la Maison Blanche

WASHINGTON: De part et d'autre de l'Atlantique, les marchés agricoles sont secoués par les remous liés à la politique commerciale de l'administration Trump, même si certains fondamentaux continuent d'influencer les cours.

"Les décisions erratiques" de Donald Trump sur le plan commercial "fragilisent l'opinion des investisseurs: ils ne savent plus trop dans quoi investir", commente auprès de l'AFP Damien Vercambre, analyste au cabinet Inter-Courtage.

Les cours des céréales et oléagineux à l'échelle mondiale évoluent ainsi au rythme des commentaires de la Maison Blanche, provoquant par ailleurs des "craintes financières", selon l'analyste.

A la Bourse de Chicago, les prix du blé et du maïs ont baissé sur la semaine, à cause notamment des incertitudes commerciales. Le soja a pour sa part évolué en dents de scie, pour se retrouver au final à des niveaux proches de la semaine passée.

Sur Euronext, "les cours suivent Chicago, qui est déprimé", résume Damien Vercambre.

La pause de 90 jours décidée par Donald Trump sur une partie des surtaxes à l'importation, à l'exception notable de celles visant la Chine, est à nouveau venue bouleverser la donne après un début d'année agité.

En parallèle, le président américain Donald Trump a évoqué mercredi la possibilité d'un accord commercial "équitable" avec la Chine, sans que les négociations aient toutefois réellement commencé, d'après un ministre de premier plan.

La guerre commerciale initiée par l'exécutif américain depuis le retour à la Maison Blanche de Donald Trump a débouché sur 145% de droits de douane additionnels sur les produits chinois entrant aux Etats-Unis, et 125% décidés en représailles par Pékin sur les marchandises en provenance des Etats-Unis.

"Un jour ou l'autre, un accord sera conclu avec la Chine", assure l'analyste américain Dewey Strickler, d'Ag Watch Market Advisors.

Mais si le ton de l'administration américaine se veut désormais rassurant, les marchés semblent attendre des actions concrètes de la part de Washington.

"Nous sommes dans une phase d'attente et d'hésitation en ce moment", les investisseurs "attendant la moindre avancée en matière de politique commerciale", confirme Rich Nelson, de la maison de courtage Allendale.

"Il y a (cette) peur que l'économie capote, comme (...) en 2018 (sous le premier mandat de Donald Trump, ndlr) où les prix du soja et du maïs aux Etats-Unis s'étaient cassés la figure, avant qu'il y ait une réconciliation avec la Chine", rappelle M. Vercambre.

- Influence des fondamentaux -

Si le spectre de la guerre commerciale occupe une grande partie du paysage, des éléments fondamentaux influencent tout de même les cours, dont la météo ou encore les perspectives de production.

Aux Etats-Unis, les acteurs du marché sont "moins inquiets des conditions météorologiques et de la menace d'un temps sec" notamment "pour la Corn Belt américaine", ce qui pousse le maïs américain à de "nouveaux plus bas sur deux semaines", explique Michael Zuzolo, de Global Commodity Analytics and Consulting.

"Il y a eu beaucoup de pluie dans le Midwest, en particulier dans les régions du Sud", participant au mouvement baissier du maïs et du blé américain, abonde Dewey Strickler.

Sur le Vieux Continent, "les perspectives de production pour la nouvelle campagne (...) sont aussi meilleures", observe M. Vercambre.

Plus précisément, "le sud de l'Europe a bénéficié de précipitations abondantes, ce qui a amélioré l'humidité des sols et augmenté les perspectives de rendement des cultures", selon un rapport de la Commission européenne.

Selon ce même rapport, néanmoins, dans le centre et le nord de l'Europe, "les conditions sèches prédominent" ce qui pourrait "nuire au développement des cultures d'hiver".


Ukraine: Pékin dénonce des «accusations sans fondement» sur la présence selon Kiev de combattants chinois

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  • Pékin a dénoncé mercredi des "accusations sans fondement" après que l'Ukraine eut affirmé que des soldats chinois combattaient au sein de l'armée russe et que des entreprises chinoises aidaient Moscou à fabriquer du matériel militaire
  • "La Chine s'oppose avec force à des accusations sans fondement et à de la manipulation politique", a tonné le porte-parole de la diplomatie chinoise

PEKIN: Pékin a dénoncé mercredi des "accusations sans fondement" après que l'Ukraine eut affirmé que des soldats chinois combattaient au sein de l'armée russe et que des entreprises chinoises aidaient Moscou à fabriquer du matériel militaire.

"La Chine s'oppose avec force à des accusations sans fondement et à de la manipulation politique", a tonné le porte-parole de la diplomatie chinoise Guo Jiakun, lors d'un point de presse, au lendemain de la convocation de son ambassadeur au ministère ukrainien des Affaires étrangères.