PARIS: Il n'était pas allé au contact direct des Français depuis trois mois, échappant de fait aux interpellations sur la réforme des retraites. Le président français Emmanuel Macron sort cette semaine de cette longue hibernation, en se rendant mardi à Rungis, sur le plus grand marché de produits frais au monde, d'ordinaire couru par les candidats en campagne.
Après une rencontre ce lundi "avec les acteurs de la 'French Tech', qui innovent et réindustrialisent le pays", le chef de l'Etat se rendra mardi aux aurores au marché de Rungis, en banlieue parisienne, "aux côtés de Français qui travaillent tôt", a annoncé lundi l'Elysée.
Et samedi, il se rendra au Salon de l'agriculture, annulée en 2021 pour cause de pandémie et écourtée l'an dernier deux jours après l'invasion russe de l'Ukraine.
Au milieu des étals de viande ou de légumes mardi puis entre les stands de bétail ou de fruits de mer samedi, le président pourrait être appelé à s'expliquer sur le projet phare de son second quinquennat, le report de 62 à 64 ans de l'âge minimal de départ à la retraite qui suscite l'hostilité dans la rue comme au Parlement.
Ces dernières semaines, Emmanuel Macron ne s'est quasiment pas exposé, hormis quelques déplacements à l'étranger ou réunions très cadrées. A l'Elysée, on assure qu'Emmanuel Macron ne se cache pas. "Il a été l'instigateur du débat, il en est l'arbitre et le comptable", dit-on dans son entourage.
Plusieurs conseillers ou élus disaient craindre, ces dernières semaines, qu'une plus forte implication de sa part ne vienne attiser les tensions. "Oui, c'est provocateur, oui c'est clivant, mais c'est ce que les gens attendent aussi de lui", confie l'un d'eux.
Selon François Patriat, patron des sénateurs du parti présidentiel Renaissance, il devrait marteler que "la réforme est nécessaire" et qu'elle a déjà bien laissé la place au "dialogue".
Le déplacement à Rungis a été imaginé par ses stratèges pour bien montrer que c'est par choix délibéré qu'Emmanuel Macron va à la rencontre des "professionnels qui travaillent dès l'aube". Le clin d'oeil est clair à "la France qui se lève tôt", leitmotiv de Nicolas Sarkozy lors de sa campagne présidentielle victorieuse de 2007, également repris depuis par l'extrême droite.