Une étude explore les espoirs des étudiants du monde arabe

Leur principale préoccupation cependant, est l’absence d’orientation de carrière adaptée ou de soutien professionnel suffisants (Photo, AFP).
Leur principale préoccupation cependant, est l’absence d’orientation de carrière adaptée ou de soutien professionnel suffisants (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 25 novembre 2020

Une étude explore les espoirs des étudiants du monde arabe

  • Les participants à l'enquête sont parfaitement conscients des défis auxquels ils sont confrontés lorsqu'ils intègrent le marché du travail mondial
  • Punshi rencontre souvent des étudiants qui ont peur d'avoir des « discussions de carrière courageuses » avec leur famille

DUBAÏ: Les conflits et les tourmentes peuvent être les caractéristiques déterminantes de la dernière décennie au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Mais les données de l’enquête suggèrent que, parmi les plus grands groupes démographiques de la région arabe, les jeunes étudiants universitaires sont les plus optimistes quant à l'avenir.

Cette conclusion peut être tirée du projet de recherche intitulé «Qu'en est-il des jeunes?» qui a sondé les opinions des étudiants dans les pays arabes, là où les jeunes de moins de 25 ans représentent plus de 35% de la population.

L'étude, menée par Dubai International Academic City, KPMG et The Talent Enterprise, a été étalée sur une période de 24 mois et s'est terminée en mars 2020 au début de la pandémie du coronavirus. Les résultats représentent les opinions de plus de 153 000 étudiants de pays tels que l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, les Émirats représentant plus de la moitié de tous les citoyens régionaux interrogés.

Les gouvernements arabes pourraient partager des informations plus souvent sur le marché du travail, au niveau local, sur les emplois futurs, dit Radhika Punshi (Photo, AFP).

Les résultats montrent que près de huit étudiants sur 10 sont enthousiastes par ce que l'avenir leur réserve, tandis que 88% pensent que le meilleur reste à venir. Une étude complémentaire est en cours pour examiner si la crise de la Covid-19, qui a entièrement dévasté le marché du travail et la croissance des salaires dans la région arabe, aurait atténué l'optimisme reflété dans l'enquête.

Les participants à l'enquête sont parfaitement conscients des défis auxquels ils sont confrontés lorsqu'ils intègrent le marché du travail mondial. La majorité des étudiants (72%) sont convaincus que les compétences qu'ils acquièrent à l'université, ainsi que leurs attributs personnels, leur permettront, sans aucun doute, d'obtenir un emploi n'importe où dans le monde.

Leur principale préoccupation, cependant, est que les universités ne fournissent pas une orientation de carrière appropriée et un soutien professionnel suffisants.

Marketa Simkova, directrice des gens et de la pratique du changement chez KPMG, a déclaré que même si les étudiants sont plus conscients des types de carrières qui leur sont ouverts à l'ère de l'information, ils veulent toujours des conseils personnels.

«La pièce manquante dans ce processus est une prise de conscience de leurs aptitudes et préférences personnelles ainsi qu’une conception claire des carrières qui seront les plus importantes et les gratifiantes pour eux», a déclaré Simkova à Arab News.

Radhika Punshi, psychologue organisationnelle, experte en capital humain et directrice générale de The Talent Enterprise, basée à Dubaï (Photo, AFP).

Radhika Punshi, psychologue organisationnelle, experte en capital humain et directrice générale de The Talent Enterprise, basée à Dubaï, a déclaré que l'enquête montre que les étudiants se sentent «personnellement confiants quant à leurs propres capacités et compétences». Ils manquent cependant de conseils formels et informés.

«Cela ressort clairement de la constatation que seuls 48% des étudiants reprendraient les mêmes cours, et seulement 49% étudieraient à nouveau dans la même université, s'ils avaient le choix», révèle-elle. Mettant cette tendance encore plus en relief, une majorité d'étudiants (plus de 60%) participant à l’étude ont déclaré qu'ils dépendent de leur famille et de leurs amis pour obtenir des conseils concernant leur carrière, tandis que seulement 3% ont déclaré qu'ils comptaient sur un conseiller en orientation professionnelle.

«Même avec les meilleures intentions, la famille ou les amis ne seront pas complétement conscients de toutes les possibilités de carrière et des emplois futurs qui existent», a affirmé Punshi. «Il y a aussi une pression familiale, qui stipule que les enfants des médecins sont supposés être des médecins, les enfants des ingénieurs censés être des ingénieurs, etc…».

Dans son quotidien, Punshi rencontre souvent des étudiants qui ont peur d'avoir des «discussions de carrière courageuses» avec leur famille.

«Un facteur essentiel qui aiderait les jeunes est l’évaluation objective de leurs forces, compétences et intérêts, à la fois vers la fin de leurs études collégiales et à mi-chemin de l'université afin d’orienter leurs futures décisions de carrière», a-t-elle déclaré.

Ce n'est qu'à ce moment que les étudiants se sentiront prêts à avoir des conversations axées sur leur carrière à la maison.

Simkova estime qu'une façon d’y remédier serait d’associer universités et employeurs pour réintégrer les étudiants dans leurs carrières préférées, et ce grâce à des stages et des programmes de mentorat créés par d’anciens élèves.

«Cela les aidera naturellement à avoir une vue d'ensemble des types de carrières qu'ils peuvent créer pour eux-mêmes», a-t-elle ajouté.

Une majorité d'étudiants participant à l'enquête (plus de 60%) ont déclaré dépendre de leur famille et de leurs amis afin d’obtenir des conseils de carrière (Photo, AFP).

De plus, les universités pourraient embaucher des conseillers en carrière et des équipes de mobilisation des employeurs avec un vaste réseau d'employeurs potentiels, suggère Simkova.

Grâce à ces canaux, les étudiants pourraient avoir accès à des présentations d'entreprise permettant aux employeurs d'expliquer ce qu'ils ont à offrir et ce qu'ils recherchent lors de futures embauches.

Cela pourrait non seulement faciliter le processus de recrutement, mais pourrait également fournir aux demandeurs d'emploi des choix fiables qui offrent des évaluations de carrière en fonction de leur personnalité, de leurs compétences et de leurs préférences, a-t-elle déclaré.

Pour sa part, Mme Punshi assure que les pays du CCG et d'autres gouvernements arabes pourraient partager des informations plus pertinentes au niveau local sur le marché du travail par rapport aux emplois futurs et aux compétences recherchées en vue d’aider à mieux aligner l'offre et la demande de ces talents.

«Le besoin d'un programme de qualification et d'orientation professionnelle pertinent au niveau régional est criant. C’est ainsi qu’on pourra former des conseillers d'orientation professionnelle, à travers un projet qui aborde les problèmes socioculturels locaux ainsi que le paysage du marché du travail», a-t-elle affirmé.

Les universités pourraient embaucher des conseillers en carrière et des équipes de mobilisation des employeurs avec de vastes réseaux d'employeurs potentiels, a révélé Marketa Simkova (Photo, AFP).

En même temps, les employeurs doivent être incités à s'engager davantage dans l'éducation et à proposer des stages et des programmes de travail-études.

Une autre conclusion intéressante de cette étude est que les femmes (14%) sont plus susceptibles que les hommes (12%) d’avoir leur emploi de rêve.

«Les données indiquent de plus que les femmes ont tendance à être plus sélectives dans leur choix de l'emploi de leurs rêves et sont prêtes à attendre plus longtemps pour façonner une carrière qui correspond à leurs aspirations», note Simkova.

Bien que davantage de données soient nécessaires pour explorer la raison de cet écart, elle a estimé que ce dernier pourrait être comblé en créant une culture non sexiste et en permettant une vraie conversation sur la diversité afin d’influencer la façon dont les organisations recrutent et développent leur personnel.

Des études distinctes indiquent également que les femmes et les filles de la région arabe ont en moyenne tendance à sous-estimer leurs capacités et leurs performances.

«Il existe un écart de confiance démesuré», a déclaré Punshi. «Par exemple, les femmes sont plus susceptibles de postuler pour une promotion uniquement si elles estiment qu'elles répondent à 100% des critères, tandis que les hommes postulent même s'ils ne remplissent que 50% des critères».

Une autre recherche menée par l'Université Carnegie Mellon révèle que les hommes s’engagent dans des négociations salariales quatre fois plus souvent que les femmes, et que lorsque les femmes négocient, elles ne demandent que 30% de la somme demandé par les hommes.

L’enquête «Qu'en est-il des jeunes?» fait écho à ces résultats; les femmes sont plus susceptibles de faire des compromis sur le salaire que les hommes. «De nombreux facteurs jouent un rôle; des raisons sociétales, socioculturelles et familiales avec des croyances et des stéréotypes profondément enracinés dans le monde entier. Il reste encore beaucoup à faire, dans les premiers cycles scolaires, dans l'enseignement supérieur, au sein de l'emploi, pour vraiment changer le jeu autour de l'inclusion des sexes sans distinction», a affirmé Punshi.

Comme de nombreux experts dans son domaine, Punshi estime que bien que la région continue de faire des progrès notoires en matière d'égalité des sexes dans le milieu du travail, en particulier avec la participation croissante des femmes en Arabie saoudite et la réglementation de l'égalité de rémunération aux Émirats arabes unis, «nous pouvons toujours faire mieux».

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Un an après la chute d’Assad, les Syriens affichent un fort soutien à al-Chareh

Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
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  • Un sondage révèle un optimisme croissant et un large soutien aux progrès du gouvernement après la chute d’Assad
  • L’Arabie saoudite apparaît comme le pays étranger le plus populaire, Trump reçoit également un soutien marqué

LONDRES : Alors que les Syriens ont célébré cette semaine le premier anniversaire de la chute de Bachar Al-Assad, une enquête menée dans le pays révèle un soutien massif au nouveau président et place l’Arabie saoudite comme principal partenaire international apprécié.

L’ancien président avait fui le pays le 8 décembre 2024, après une offensive éclair de l’opposition jusqu’à Damas, mettant fin à 14 ans de guerre civile.

La campagne était menée par Ahmad al-Chareh, aujourd’hui président du pays, qui s’efforce de stabiliser la Syrie et de rétablir des relations avec ses partenaires internationaux.

Ces efforts ont été salués dans un sondage récemment publié, montrant que 81 % des personnes interrogées ont confiance dans le président et 71 % dans le gouvernement national.

Les institutions clés bénéficient également d’un fort soutien : plus de 70 % pour l’armée et 62 % pour les tribunaux et le système judiciaire.

L’enquête a été menée en octobre et novembre par Arab Barometer, un réseau de recherche américain à but non lucratif.

Plus de 1 200 adultes sélectionnés aléatoirement ont été interrogés en personne à travers le pays sur une large gamme de sujets, notamment la performance du gouvernement, l’économie et la sécurité.

Le large soutien exprimé envers al-Chareh atteint un niveau enviable pour de nombreux gouvernements occidentaux, alors même que la Syrie fait face à de profondes difficultés.

Le coût de la reconstruction dépasse les 200 milliards de dollars selon la Banque mondiale, l’économie est dévastée et le pays connaît encore des épisodes de violence sectaire.

Al-Chareh s’efforce de mettre fin à l’isolement international de la Syrie, cherchant l’appui de pays de la région et obtenant un allègement des sanctions américaines.

Un soutien clé est venu d’Arabie saoudite, qui a offert une aide politique et économique. Le sondage place le Royaume comme le pays étranger le plus populaire, avec 90 % d’opinions favorables.

Le Qatar recueille lui aussi une forte popularité (plus de 80 %), suivi de la Turquie (73 %).

La majorité des personnes interrogées — 66 % — expriment également une opinion favorable envers les États-Unis, saluant la décision du président Donald Trump d’assouplir les sanctions et l’impact attendu sur leur vie quotidienne.

Après sa rencontre avec al-Chareh à Washington le mois dernier, Trump a annoncé une suspension partielle des sanctions, après en avoir déjà assoupli plusieurs volets.

Le sondage montre que 61 % des Syriens ont une opinion positive de Trump — un niveau supérieur à celui observé dans une grande partie du Moyen-Orient.

En revanche, l’enthousiasme est bien moindre concernant les efforts américains pour normaliser les relations entre la Syrie et Israël.

Seuls 14 % soutiennent cette démarche, et à peine 4 % disent avoir une opinion favorable d’Israël.

Lors du chaos provoqué par la chute d’Assad, l’armée israélienne a occupé de nouveaux territoires dans le sud de la Syrie et a mené de fréquentes attaques au cours de l’année écoulée.

Plus de 90 % des Syriens considèrent l’occupation israélienne des territoires palestiniens et les frappes contre l’Iran, le Liban et la Syrie comme des menaces critiques pour leur sécurité.

Dans Foreign Policy, Salma Al-Shami et Michael Robbins (Arab Barometer) écrivent que les résultats de l’enquête donnent des raisons d’être optimiste.

« Nous avons constaté que la population est pleine d’espoir, favorable à la démocratie et ouverte à l’aide étrangère », disent-ils. « Elle approuve et fait confiance à son gouvernement actuel. »

Mais ils notent aussi plusieurs sources d’inquiétude, notamment l’état de l’économie et la sécurité interne.

Le soutien au gouvernement chute nettement dans les régions majoritairement alaouites.

La dynastie Assad, au pouvoir pendant plus de 50 ans, était issue de la minorité alaouite, dont les membres occupaient de nombreux postes clés.

L’économie reste la principale préoccupation : seuls 17 % se disent satisfaits de sa performance, et beaucoup s’inquiètent de l’inflation, du chômage et de la pauvreté.

Quelque 86 % déclarent que leurs revenus ne couvrent pas leurs dépenses, et 65 % affirment avoir eu du mal à acheter de la nourriture le mois précédent.

La sécurité préoccupe aussi : 74 % soutiennent les efforts du gouvernement pour collecter les armes des groupes armés et 63 % considèrent l’enlèvement comme une menace critique.

À l’occasion de l’anniversaire de la chute d’Assad, lundi, al-Chareh a affirmé que le gouvernement œuvrait à construire une Syrie forte, à consolider sa stabilité et à préserver sa souveraineté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël mène une série de frappes contre le Hezbollah au Liban

Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
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  • Israël a frappé vendredi plusieurs sites du Hezbollah au sud et à l’est du Liban, ciblant notamment un camp d’entraînement de sa force d’élite al-Radwan, malgré le cessez-le-feu conclu en novembre 2024
  • Ces raids interviennent alors que l’armée libanaise doit achever le démantèlement des infrastructures militaires du Hezbollah le long de la frontière israélienne d’ici le 31 décembre

BEYROUTH: Israël a mené une série de frappes aériennes contre le sud et l'est du Liban vendredi matin, selon les médias officiels, l'armée israélienne affirmant viser des objectifs du Hezbollah pro-iranien dont un camp d'entrainement.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le groupe islamiste libanais, Israël continue de mener des attaques régulières contre le Hezbollah, l'accusant de se réarmer.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani), les raids de vendredi, qualifiés en partie de "violents", ont visé une dizaine de lieux, certains situés à une trentaine de km de la frontière avec Israël.

Dans un communiqué, l'armée israélienne a affirmé avoir "frappé un complexe d'entrainement" de la force d'élite du Hezbollah, al-Radwan, où des membres de la formation chiite apprenaient "l'utilisation de différents types d'armes", devant servir dans "des attentats terroristes".

L'armée israélienne a également "frappé des infrastructures militaires supplémentaires du Hezbollah dans plusieurs régions du sud du Liban", a-t-elle ajouté.

L'aviation israélienne avait déjà visé certains des mêmes sites en début de semaine.

Ces frappes interviennent alors que l'armée libanaise doit achever le démantèlement le 31 décembre des infrastructures militaires du Hezbollah entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, situé à une trentaine de km plus au nord, conformément à l'accord de cessez-le-feu.

Les zones visées vendredi se trouvent pour la plupart au nord du fleuve.

Le Hezbollah a été très affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth.

Depuis, les Etats-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe.


Pluies diluviennes et vents puissants ajoutent au chaos qui frappe Gaza

Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes. (AFP)
Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes. (AFP)
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  • A al-Zawaida, dans le centre de la bande de Gaza, des mares forcent les gens à marcher dans l'eau stagnante, qui leur arrive aux chevilles, ou à sauter d'un îlot de sable émergé à un autre
  • Selon un rapport de l'ONU, 761 sites, abritant environ 850.000 déplacés, présentent un risque élevé d'inondation dans la bande de Gaza

GAZA: Pelle à la main, des Palestiniens portant des sandales en plastique et des pulls fins creusent des tranchées autour de leurs tentes dans le quartier de Zeitoun, à Gaza-ville, rempart dérisoire face aux pluies torrentielles qui s'abattent depuis des heures.

Dès mercredi soir, la tempête Byron a balayé le territoire palestinien, bordé par la mer Méditerranée, inondant les campements de fortune et ajoutant à la détresse de la population, déplacée en masse depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, le 7 octobre 2023.

A Zeitoun, le campement planté au milieu des décombres a des allures cauchemardesques, sous un ciel chargé de gros nuages gris et blancs.

Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes.

Accroupis sur des briques posées dans la boue, un groupe d'enfants mangent à même des faitouts en métal devant l'ouverture d'un petit abri en plastique, en regardant le ciel s'abattre sur le quartier.

"Nous ne savions pas où aller" 

A al-Zawaida, dans le centre de la bande de Gaza, des mares forcent les gens à marcher dans l'eau stagnante, qui leur arrive aux chevilles, ou à sauter d'un îlot de sable émergé à un autre.

"La nuit dernière a été terrible pour nous et pour nos enfants à cause des fortes pluies et du froid, les enfants ont été trempés, les couvertures et les matelas aussi. Nous ne savions pas où aller", raconte à l'AFP Souad Mouslim, qui vit sous une tente avec sa famille.

"Donnez-nous une tente décente, des couvertures pour nos enfants, des vêtements à porter, je le jure, ils ont les pieds nus, ils n'ont pas de chaussures", implore-t-elle.

"Jusqu'à quand allons-nous rester comme ça? C'est injuste", dit-elle en élevant la voix pour couvrir le bruit des gouttes frappant la toile.

Selon un rapport de l'ONU, 761 sites, abritant environ 850.000 déplacés, présentent un risque élevé d'inondation dans la bande de Gaza.

Le territoire connait généralement un épisode de fortes pluies en fin d'automne et en hiver, mais la dévastation massive due à la guerre l'a rendu plus vulnérable.

"La situation est désespérée", résume Chourouk Mouslim, une déplacée originaire de Beit Lahia, dans le nord de Gaza, elle aussi sous une tente à al-Zawaida.

"Nous ne pouvons même pas sortir pour allumer un feu" pour cuisiner ou se chauffer, déplore-t-elle, avant d'ajouter qu'elle n'a de toutes les manières ni bois, ni gaz.

Dans ce territoire dont les frontières sont fermées, où l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante selon l'ONU, malgré l'entrée en vigueur d'une trêve le 10 octobre, les pénuries empêchent une population déjà démunie de faire face à ce nouveau problème.

Lointaine reconstruction 

Sous les tentes, les plus chanceux bâchent le sol ou le recouvrent de briques pour empêcher que le sable humide ne détrempe leurs affaires. Dans les zones où le bitume n'a pas été arraché, des bulldozers continuent de déblayer les décombres des bâtiments détruits.

Beaucoup de gens restent debout, à l'entrée des abris, plutôt que de s'asseoir une surface mouillée.

"La tempête a eu un impact grave sur la population, des bâtiments se sont effondrés et une grande partie des infrastructures étant détruite, elles ne permettent plus d'absorber cet important volume de pluie", note Mahmoud Bassal, le porte-parole de la Défense civile de Gaza.

Cette organisation, qui dispense des premiers secours sous l'autorité du Hamas, a affirmé que la tempête avait causé la mort d'une personne, écrasée par un mur ayant cédé. Elle a ajouté que ses équipes étaient intervenues après l'effondrement partiel de trois maisons durant les fortes pluies.

La Défense civile a averti les habitants restés dans des logements partiellement détruits ou fragilisés par les bombardements qu'ils se mettaient en danger.

"Les tentes, c'est inacceptable", estime M. Bassal, "ce qui doit être fourni maintenant, ce sont des abris qu'on peut déplacer, équipés de panneaux solaires, avec deux pièces, une salle de bain et toutes les installations nécessaires pour les habitants. Seulement à ce moment-là, la reconstruction pourra commencer".