Le Liban «est l’otage du droit de veto» du Hezbollah, selon l’économiste libanais Nadim Shehadi

L’économiste libanais Nadim Shehadi sur «Frankly Speaking», le talk-show d’actualité d’Arab News qui accueille des décideurs politiques de premier plan et des chefs d’entreprise. (Capture d'écran)
L’économiste libanais Nadim Shehadi sur «Frankly Speaking», le talk-show d’actualité d’Arab News qui accueille des décideurs politiques de premier plan et des chefs d’entreprise. (Capture d'écran)
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Publié le Lundi 20 février 2023

Le Liban «est l’otage du droit de veto» du Hezbollah, selon l’économiste libanais Nadim Shehadi

  • La crise libanaise fait partie d’un «problème régional plus large, qui doit être traité comme tel»
  • Les lacunes de la classe politique ne justifient pas les appels à l’abolition de tout le système

DUBAÏ: Il y a dix-huit ans ce mois-ci, Rafic Hariri, un éminent homme politique et ancien Premier ministre du Liban, a été assassiné lors d’un attentat à la voiture piégée à Beyrouth. Philanthrope avant son engagement en politique, M. Hariri, qui avait fait fortune dans la construction, a fait don de millions de dollars aux victimes de la guerre et du conflit au Liban. Par la suite, il a joué un rôle majeur dans la fin de la guerre civile et la reconstruction de la capitale.

L’assassinat de M. Hariri a marqué le début d’un changement politique considérable et de mouvements appelant à la démocratie au Liban. Pendant des années après son assassinat, des politiciens et autres personnalités importantes opposées à l’influence de la Syrie et du Hezbollah dans le pays ont été pris pour cible.

Bien qu’un tribunal international ait reconnu des membres du Hezbollah coupables de l’assassinat de M. Hariri après d’ardents appels pour mener une enquête sur sa mort, la milice soutenue par l’Iran n’a fait que resserrer son emprise sur le Liban, conservant le pays dans un état désastreux.

«M. Hariri a été tué il y a dix-huit ans et il a fallu environ quinze ans pour détruire tout le pays après tout ce qu’il a essayé de construire», déclare l’économiste libanais Nadim Shehadi à «Frankly Speaking», le talk-show d’actualité d’Arab News qui accueille des décideurs politiques de premier plan et des chefs d’entreprise.

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Nadim Shehadi s'entretient avec l'animatrice de Frankly Speaking, Katie Jensen. (Photo fournie)

«Le Tribunal spécial pour le Liban et la commission d’enquête internationale indépendante sont venus au Liban. Il leur a fallu environ quinze ans pour parvenir à des conclusions. Et, pour la première fois dans l’histoire du Liban, où plusieurs assassinats ont eu lieu, des personnes ont été condamnées», soutient M. Shehadi

Mais, selon lui, malgré une condamnation dans l’affaire Rafic Hariri, l’influence du Hezbollah sur le Liban signifie que les véritables auteurs de l’assassinat resteront impunis et que le groupe continuera de tenir le pays en otage.

Les différentes crises politiques et économiques du Liban se sont intensifiées ces dernières années, l’inflation dans le pays a atteint le niveau le plus élevé du monde en 2021 et la valeur de la livre libanaise a considérablement chuté.

L’année dernière, une série de braquages bancaires par des clients armés cherchant à retirer leurs dépôts bloqués ont eu lieu. Dans un pays dont la capitale était autrefois appelée le «Paris du Moyen-Orient», les deux tiers de la population souffrent désormais de la pauvreté, avec des coupures d’électricité régulières et des pénuries de produits de première nécessité comme les médicaments et l’eau sont de plus en plus courantes.

L’instabilité chronique du pays s’est intensifiée ces dernières années à la suite de la pandémie du Covid-19 et de l’explosion du port de Beyrouth, en 2020, qui a tué des centaines de personnes. Elle a par ailleurs laissé des centaines de milliers de personnes sans abri et endommagé plus de la moitié de la ville tout en entraînant des pertes économiques massives.

Human Rights Watch et Amnesty International, les deux organisations internationales qui militent contre l’injustice et l’inégalité, ont qualifié de «farce» l’enquête sur l’explosion.

M. Shehadi affirme qu’en dépit d'un système judiciaire libanais historiquement «très sain et fonctionnel», le Hezbollah a interféré dans l’enquête.

Cette série de catastrophes a poussé de nombreux Libanais à demander le démantèlement de toute la classe politique, ce que M. Shehadi considère comme une «demande ridicule».

Selon lui, le système politique libanais n’est pas «sectaire», comme l’affirment certains observateurs, mais plutôt «un système politique basé sur un contrat social entre les communautés et qui a préservé le pays… avant même la création de l’État».

«Nous avons un système bancaire qui était le centre bancaire de la région. Nous avons des partis politiques. Ce sont des piliers qui distinguent le Liban… et la révolution demande presque le démantèlement de tous ces piliers», déclare-t-il à Katie Jensen, l’animatrice de «Frankly Speaking».

Bien que M. Shehadi reconnaisse les problèmes incontestables de la classe politique libanaise, qui, selon lui, a été compromise par quinze ans d’occupation et d’infiltration politique par le régime syrien, «cela ne justifie pas l’appel à l’abolition de tout le système».

Huit mois après les élections générales au pays, le Liban n’est toujours pas parvenu à un consensus concernant son président ou à un parlement fonctionnel.

Des réformes politiques urgentes sont nécessaires pour débloquer les trois milliards de dollars (1 dollar = 0,93 euro) de fonds d’urgence du Fonds monétaire international, mais avec le système politique libanais en lambeaux et ses parlementaires organisant régulièrement des débrayages, l’accès à ces fonds semble peu probable.

M. Shehadi ne s’oppose pas à l’idée d’un parlement «fragmenté» avec des opinions politiques diverses. «Ce que nous avons n’est pas un parlement fragmenté, mais une paralysie de toutes les institutions qui prend forme depuis quinze ans, voire dix-sept.»

Il ajoute que le Liban et ses institutions sont «l’otage du pouvoir de veto» du Hezbollah, qui a pris pied au Liban au moyen d’assassinats et de  mise en place d’alliances politiques.

M. Shehadi compare l’infiltration progressive du Hezbollah dans les institutions étatiques au Liban au comportement des cartels de la drogue au pouvoir dans les narco-États d’Amérique latine.

«Ils soudoient les politiciens, la justice, la police, l’armée. Il y a ceux qui ne peuvent être corrompus et qui sont probablement morts et ceux qui peuvent être soumis à un chantage – c’est ainsi que les organisations criminelles gagnent en puissance dans un pays», précise-t-il.

Le parlement libanais a tenu onze sessions électorales pour tenter d’élire un président depuis le 29 septembre de l’année dernière, mais sans succès jusque-là.

Ces derniers jours, Joseph Aoun, commandant des Forces armées libanaises, apparaît comme un candidat potentiel. Cependant, cela nécessiterait un amendement constitutionnel et un consensus au parlement, actuellement dirigé par le président Nabih Berri. Bien qu’il appelle Berri «un opérateur brillant» qui connaît les tenants et les aboutissants de la toile politique emmêlée du Liban, M. Shehadi dit que Berri est «lui-même un otage».

Nabih Berri est le chef du mouvement Amal, qui s’est engagé dans une guerre de plusieurs années avec le Hezbollah dans les années 1980 – une guerre qui a fait des milliers de morts.

«Ils ont fini par signer un accord, parrainé par l’Iran et la Syrie. Ils ont essentiellement formé un bloc au parlement et une même liste. Ils n’ont pas le monopole du soutien chiite, mais celui de la représentation chiite en raison de la façon dont ils manipulent les listes dans leurs régions», précise M. Shehadi.

Au cours de plusieurs sessions électorales s’étendant de septembre 2022 à janvier de cette année, de nombreux députés ont voté blanc. Lors des premières sessions, certains ont mis les mots suivants dans l’urne: «Pour le Liban», «Dictateur juste» et «Personne».

M. Shehadi soutient que les principales décisions et nominations au sein de l’administration libanaise doivent être prises par consensus et avec la signature du président, du chef du parlement et du Premier ministre. Cela signifie, à la lumière du vide politique actuel, que le gouvernement libanais a pratiquement cessé de fonctionner.

«Nous avons vécu cela pendant vingt-neuf mois, sans président, sans parlement et sans gouvernement fonctionnel. Nous avons eu un gouvernement intérimaire, jusqu’à ce que nos politiciens fassent une sorte de compromis et acceptent d’élire le candidat préféré du Hezbollah. Donc, nous sommes dans la même position difficile puisque plus nous résistons longtemps, plus il y a de dégâts, et je pense que notre effondrement économique est principalement causé par la paralysie», dit M. Shehadi.

«La priorité est maintenant d’avoir un président, un parlement et un gouvernement qui fonctionnent afin que les institutions de l'État ne s’effondrent pas davantage.»

M. Shehadi ajoute que bien qu’il y ait des candidats crédibles, le parlement est «pris en otage, ainsi que tout le système, parce qu’il faut une certaine majorité pour lancer le processus des élections. Vous avez besoin d’une majorité des deux tiers plus un, ce qui signifie qu’un tiers du parlement peut faire échouer le processus».

Même si cette série de défis politiques est surmontée et que le Liban parvient à recevoir l’aide du FMI, M. Shehadi souligne que les fonds du FMI ne constitueraient pas de solution à tous les problèmes financiers du Liban. Cependant, il dit que «l’engagement auprès du FMI est crucial».

«Il est très important de suivre les recommandations du FMI, notamment en matière de politique budgétaire et monétaire. Il y a beaucoup d’opposition à certaines des réformes du FMI, ce que je comprends», reconnaît-il, ajoutant que de nombreux observateurs affirment que trois milliards de dollars de fonds ne feront pas grand-chose pour atténuer le déficit de 90 milliards de dollars du pays.

«Mais je pense qu’il est plus important de rester engagé. Le pays est paralysé et isolé de l’Occident, des pays arabes. Et, maintenant, il sera également isolé des institutions internationales, comme le FMI, la Banque mondiale, l’ONU, etc. C'est très préjudiciable d’ignorer la voie du FMI.»

M. Shehadi est d’accord avec l’évaluation de la Banque mondiale qui considère l’effondrement au Liban comme l’une des pires crises modernes de l’histoire récente. Mais lorsqu’on lui demande s’il y aurait moyen de sortir du bourbier, il répond: «Oui, mais je ne le vois pas seulement pour le Liban. Toute la région souffre du même problème. Le cas libanais est similaire à ce qui se passe en Palestine, en Syrie, en Irak, au Yémen, et cela pourrait s’étendre à d’autres pays de la région qui pourraient être vulnérables.»

Il poursuit: «Cela devrait être traité comme un phénomène régional, ce qui est, fondamentalement, le rôle du Corps des gardiens de la révolution islamique d’Iran. Le CGRI, en tant qu’acteur paramilitaire non étatique, a pris le contrôle de l’État et de la société en Iran de la même manière que le Hezbollah agit au Liban, que les milices parrainées par l’Iran en Irak et que le Hamas dans sa paralysie de l’ensemble du processus de paix en Palestine.»

Dans ces circonstances, M. Shehadi indique que la crise multidimensionnelle au Liban fait partie d’un «problème régional plus large qui doit être traité comme tel. Le Liban est la ligne de faille ou le point le plus faible. Beaucoup de maux ou de problèmes de la région apparaissent d’abord au Liban.»

Pour cette raison, ajoute M. Shehadi, l’engagement et la coopération internationaux et régionaux sont des éléments cruciaux pour résoudre la crise libanaise. La communauté internationale doit s’abstenir de considérer le Liban comme un cas désespéré.

«Nous sommes certes des otages, mais nous avons toujours notre mot à dire dans le pays et nous avons besoin d’un soutien international pour nous débarrasser de l’emprise du Hezbollah. Et là encore, l’emprise est régionale. Ainsi, notre sort est similaire à celui de l’Irak, de la Palestine, de la Syrie et du Yémen», insiste-t-il.

«Je ne pense pas qu’on puisse le voir de manière fragmentée. Et c’est mauvais d’abandonner un pays simplement parce qu’il est considéré comme perdu. Le Liban n’est pas une cause perdue.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La CPI émet des mandats d'arrêt contre Netanyahu, Gallant et Deif

"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye. (AFP)
"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye. (AFP)
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  • La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de Benjamin Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire
  • Le gouvernement israélien a aussitôt accusé la CPI d'avoir "perdu toute légitimité" avec ses mandats d'arrêt "absurdes"

LA HAYE: La Cour pénale internationale a émis jeudi des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant et le chef de la branche armée du Hamas Mohammed Deif pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de Benjamin Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire.

Le gouvernement israélien a aussitôt accusé la CPI d'avoir "perdu toute légitimité" avec ses mandats d'arrêt "absurdes".

"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye.

Dans un autre communiqué, elle émet un mandat d'arrêt contre Mohammed Deif, également pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

La cour "a émis à l'unanimité un mandat d'arrêt contre M. Mohammed Diab Ibrahim Al-Masri, communément appelé +Deif+, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'État d'Israël et de l'État de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023".

Classés "secrets" 

Les mandats d'arrêt ont été classés "secrets", afin de protéger les témoins et de garantir la conduite des enquêtes, a déclaré la cour.

Mais la CPI "considère qu'il est dans l'intérêt des victimes et de leurs familles qu'elles soient informées de l'existence des mandats".

Le procureur de la CPI, Karim Khan, a demandé en mai à la cour de délivrer des mandats d'arrêt contre Netanyahu et Gallant (qui a été limogé début novembre par le Premier ministre israélien) pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité présumés à Gaza.

M. Khan a également demandé des mandats d'arrêt contre de hauts dirigeant du Hamas, dont Mohammed Deif, soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité.

Selon Israël, Deif a été tué par une frappe le 13 juillet dans le sud de Gaza, bien que le Hamas nie sa mort.

Le procureur a depuis abandonné la demande de mandats d'arrêt contre le chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, et le chef du Hamas dans la bande de Gaza Yahya Sinouar, dont les morts ont été confirmées.

Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour Gaza a annoncé jeudi un nouveau bilan de 44.056 morts dans le territoire palestinien depuis le début de la guerre avec Israël il y a plus d'un an.

Au moins 71 personnes ont été tuées ces dernières 24 heures, a-t-il indiqué dans un communiqué, ajoutant que 104.268 personnes avaient été blessées dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.


Liban: frappes sur la banlieue sud de Beyrouth après un appel israélien à évacuer

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  • La banlieue sud, désertée par une grande partie de ses habitants en raison des frappes systématiques, avait été visée par trois frappes israéliennes à l'aube, qui ont "détruit plusieurs bâtiments" selon l'Ani
  • Le porte-parole de l'armée israélienne a affirmé qu'elles avaient visé "des centres de commandement et des structures militaires" du Hezbollah

BEYROUTH: De nouvelles frappes ont visé jeudi matin la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah libanais contre lequel Israël est en guerre, peu après un appel de l'armée israélienne à évacuer, selon un média d'Etat libanais.

L'Agence nationale d'information libanaise (Ani) a rapporté trois frappes sur la banlieue sud, dont une "très violente sur Haret Hreik", un quartier de ce secteur, et précisé qu'un immeuble avait été détruit.

Sur les images de l'AFPTV, on peut voir des panaches de fumée s'élever d'au moins trois sites visés.

Les frappes ont été précédées par un appel du porte-parole arabophone de l'armée israélienne, Avichai Adraee, sur les réseaux sociaux, à évacuer trois secteurs de la banlieue sud.

Après cet appel, des tirs nourris ont été entendus dans la banlieue, visant à avertir les habitants.

La banlieue sud, désertée par une grande partie de ses habitants en raison des frappes systématiques, avait été visée par trois frappes israéliennes à l'aube, qui ont "détruit plusieurs bâtiments" selon l'Ani.

Le porte-parole de l'armée israélienne a affirmé qu'elles avaient visé "des centres de commandement et des structures militaires" du Hezbollah.

Les frappes interviennent alors que l'émissaire américain Amos Hochstein tente de parvenir à un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais.

Après avoir vu les responsables libanais à Beyrouth, il doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle israélienne.

Les violences entre Israël et le mouvement pro-iranien, initiées par ce dernier au début de la guerre dans la bande de Gaza, ont fait plus de 3.550 morts depuis octobre 2023.

La plupart des victimes ont été tuées depuis que l'armée israélienne a déclenché fin septembre dernier une campagne massive de bombardements visant notamment les bastions du Hezbollah, suivie d'une offensive terrestre dans le sud du Liban.


Des frappes israéliennes font des dizaines de morts dans la bande de Gaza

"Il y a des dizaines de morts et de disparus sous les décombres", a déclaré à l'AFP Hossam Abou Safiyeh, directeur de l'hôpital Kamal Adwa près duquel a eu lieu la frappe.  "Des corps arrivent à l'hôpital en lambeaux", a-t-il ajouté, précisant que le système de santé était "à terre dans le nord de Gaza". (AFP)
"Il y a des dizaines de morts et de disparus sous les décombres", a déclaré à l'AFP Hossam Abou Safiyeh, directeur de l'hôpital Kamal Adwa près duquel a eu lieu la frappe. "Des corps arrivent à l'hôpital en lambeaux", a-t-il ajouté, précisant que le système de santé était "à terre dans le nord de Gaza". (AFP)
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  • Des dizaines de personnes ont été tuées jeudi dans des frappes israéliennes dans la bande de Gaza, ravagée par plus d'un an de guerre entre l'armée israélienne et le mouvement Hamas
  • Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir et s'est entretenu avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance du Premier ministre israélien

TERRITOIRES PALESTINIENS: Des dizaines de personnes ont été tuées jeudi dans des frappes israéliennes dans la bande de Gaza, ravagée par plus d'un an de guerre entre l'armée israélienne et le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Déclenchée le 7 octobre 2023 après une attaque d'une ampleur inédite du Hamas sur le sol israélien, la guerre à Gaza s'est propagée au Liban, où le mouvement pro-iranien Hezbollah a ouvert un "front de soutien" au mouvement palestinien.

Après des discussions à Beyrouth en vue d'obtenir une trêve entre l'armée israélienne et le Hezbollah, l'émissaire spécial du président américain, Amos Hochstein, doit rencontrer jeudi en Israël le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, à 12H30 (10H30 GMT).

Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir et s'est entretenu avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance du Premier ministre israélien.

Dans la bande de Gaza, la Défense civile a annoncé jeudi la mort de 22 personnes tuées dans la nuit par une frappe israélienne sur un quartier de Gaza-ville (nord).

"Nous confirmons que 22 martyrs ont été transférés (vers des hôpitaux) après une frappe ayant visé (une) maison (...) à Cheikh Radwan", a indiqué à l'AFP Mahmoud Bassal, porte-parole de l'organisation.

"Ici, il y a un martyr et un corps sans tête. Nous ne savons pas de qui il s'agit jusqu'à présent", témoigne auprès de l'AFPTV, Moataz Al-Arouqi, un Palestinien du quartier.

Une autre frappe survenue aux alentours de minuit (22H00 GMT) dans la zone de Beit Lahia et Jabalia (nord) a fait des dizaines de morts, selon des sources médicales.

"Il y a des dizaines de morts et de disparus sous les décombres", a déclaré à l'AFP Hossam Abou Safiyeh, directeur de l'hôpital Kamal Adwa près duquel a eu lieu la frappe.

"Des corps arrivent à l'hôpital en lambeaux", a-t-il ajouté, précisant que le système de santé était "à terre dans le nord de Gaza".

"Arrêt total de l'agression" 

La guerre dans le territoire palestinien a été déclenchée en riposte à l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël, qui a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité.

Ce jour-là, 251 personnes ont été enlevées. Au total, 97 restent otages à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée.

En représailles, l'armée israélienne a lancé une campagne de bombardements massifs suivie d'une offensive terrestre à Gaza, qui ont fait au moins 43.985 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

Les Etats-Unis, alliés d'Israël, ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, malgré les appels internationaux demandant la fin du conflit.

Au Liban, Israël et le Hezbollah sont entrés en guerre ouverte le 23 septembre après un an de tirs transfrontaliers, et l'armée israélienne mène des incursions dans le sud du pays depuis le 30 septembre.

Israël dit vouloir éloigner le Hezbollah des régions frontalières du sud du Liban pour permettre le retour des quelque 60.000 habitants du nord d'Israël déplacés par les tirs du mouvement. Au Liban, des dizaines de milliers d'habitants ont également été déplacés.

L'ambassadrice américaine à Beyrouth, Lisa Johnson, avait présenté jeudi dernier au Premier ministre libanais, Najib Mikati, et au chef du Parlement, Nabih Berri, un plan en 13 points prévoyant une trêve de 60 jours et le déploiement de l'armée dans le sud du Liban.

Dans ce contexte, l'émissaire Amos Hochstein s'est rendu mardi à Beyrouth où il a déclaré qu'une solution était "à portée de main" mais que c'était aux belligérants de "décider".

Israël "ne peut pas nous imposer ses conditions", a prévenu mercredi le chef du Hezbollah, Naïm Qassem, disant exiger "l'arrêt total de l'agression" au Liban.

M. Netanyahu avait averti lundi que Israël "mènera(it) des opérations" militaires contre le Hezbollah même en cas de trêve.

"Très violente frappe" 

Pendant ce temps, les bombardements israéliens se poursuivent au Liban sur des bastions du Hezbollah. De nouvelles frappes ont visé jeudi matin la banlieue sud de Beyrouth, peu après un appel de l'armée israélienne à évacuer.

Plusieurs secteurs du sud du pays ont été ciblés, notamment la bourgade de Khiam, située à environ six kilomètres de la frontière, où des affrontements entre le Hezbollah et les forces israéliennes avaient éclaté la veille, selon l'Agence nationale d'information libanaise (Ani).

Jeudi matin, le porte-parole de l'armée en langue arabe, Avichay Adraee, a lancé des appels à évacuer aux habitants de trois zones proches de la ville de Tyr (sud).

Les violences entre Israël et le Hezbollah ont fait au Liban plus de 3.550 morts depuis octobre 2023, la plupart depuis le début de la campagne israélienne massive de bombardements le 23 septembre. Côté israélien, 79 militaires et 46 civils ont été tués en 13 mois.