L'espace, nouveau terrain d’opération pour l’armée française 

"Nous ne sommes en aucun cas engagés dans une course aux armements", affirme Parly (Photo, Loic VENANCE/AFP)
"Nous ne sommes en aucun cas engagés dans une course aux armements", affirme Parly (Photo, Loic VENANCE/AFP)
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Publié le Samedi 25 juillet 2020

L'espace, nouveau terrain d’opération pour l’armée française 

  • L'état-major de l'armée de l'air a été rebaptisé état-major de l'armée de l'Air et de l'Espace
  • Floence Parly : "L’espace s’est transformé en théâtre de lutte pour la suprématie mondiale entre les puissances"

PARIS: Et maintenant, l'espace. L'armée française a ajouté vendredi à ses attributions fondamentales un nouveau terrain d'opération, plus vaste que tous les autres réunis, et objet de fortes convoitises internationales.
L'état-major de l'armée de l'air est devenu état-major de l'armée de l'Air et de l'Espace, un vocable qui désigne rien moins qu'une nouvelle frontière.
"Au coeur des rêves mais aussi des convoitises, l'espace de ne doit pas devenir le théâtre de luttes sauvages", a déclaré la ministre des Armées Florence Parly lors d'un discours sur la base de Salon-de-Provence. "Espionnage, sabotage, pollution: les menaces sont tangibles. Face à ce nouvel ordre des choses, nous devons être prêts". 
Dans un entretien avec le quotidien La Provence, la ministre avait auparavant évoqué le "passage d'une vision d'un espace bien commun, au service de la science, à un espace dans lequel les puissances continuent de se disputer la suprématie mondiale". 
Course aux armements ?
Les développements des derniers jours le confirment: la Chine a lancé jeudi une sonde pour Mars, les Emirats arabes unis ont propulsé lundi la leur baptisée Espoir, pour la première mission spatiale arabe, et les Etats-Unis en lanceront une aussi, nommée Mars 2020, le 30 juillet.
Mais les ambitions ne se limitent pas à l'exploration. En mars 2019, L'Inde a rejoint le club très fermé des nations capables d'abattre par un tir de missile un satellite dans l'espace.
Jeudi, le Commandement spatial américain a affirmé avoir "des preuves" que Moscou avait "conduit un test non-destructeur d'une arme anti-satellite depuis l'espace" le 15 juillet. "Propagande", a rétorqué Moscou, qui affirme que les tests n'étaient pas menaçants et "n'avaient pas violé" le droit international.
L'incident en rappelle pourtant un autre, survenu en 2017, au cours duquel le "satellite-espion" russe Louch-Olympe avait tenté de s'approcher du satellite militaire franco-italien Athena-Fidus.
Depuis, Paris a réagi. "Nous ne sommes en aucun cas engagés dans une course aux armements", affirme Parly dans son interview. Mais tout en réaffirmant l'attachement de la France à un "usage pacifique de l'espace", elle juge indispensable d'identifier parfaitement "les menaces auxquelles notre pays est potentiellement confronté".
La France va donc s'équiper en satellites patrouilleurs capables de "détecter, caractériser et attribuer à leurs auteurs ce type de manœuvres inamicales". Elle se dotera de caméras à 360 degrés et de "lasers de puissance" pour tenir à distance ou éblouir "ceux qui tenteraient de s'approcher trop près". L'an passé, une source gouvernementale avait aussi fait état de "mitrailleuses à même de casser les panneaux solaires d'un satellite à l’approche".
De la compétition à l'affrontement
"On est en train de changer de monde en matière spatiale", dit-on au cabinet de Mme Parly. "L'espace est, de plus en plus, un domaine de compétition, un domaine contesté et potentiellement un domaine d'affrontements".
Une loi, que le ministère espère faire adopter d'ici début 2021, intègrera juridiquement la nouvelle appellation. Mais il n'était plus question d'attendre.
Basé à Toulouse, le grand commandement de l'espace comprendra un effectif de 200 personnes au départ, 500 en 2025. Le sujet va monter en puissance dans les écoles militaires. Et les investissements du secteur passeront de 3,6 milliards d'euros, prévus initialement dans la loi de programmation militaire (2019-2025) à 4,3 milliards.
Avec ses deux milliards d'euros d'investissements annuels dans le spatial militaire et civil, l'Hexagone reste cependant loin du trio de tête: 50 milliards pour les Etats-Unis, 10 pour la Chine et 4 pour la Russie, selon des chiffres du gouvernement français.
Mais si pour l'heure, Paris s'interdit d'attaquer dans l'espace et de frapper sur terre depuis le cosmos, Mme Parly revendique le droit d'y "développer des moyens d'autodéfense".
La suite reste à inventer. Les hautes instances militaires anticipent un avenir troublé. "L'espace étant à la fois un enjeu économique majeur et un milieu essentiel à la supériorité militaire, la compétition devient confrontation", constatait début 2019 le général Michel Friedling, à la tête du commandement interarmées de l'Espace.
"Tout conflit de haute intensité, impliquant une puissance dotée de capacités spatiales de premier rang, s'étendra inéluctablement à l'espace".


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".