L’attentat de la mosquée de Peshawar place le Pakistan devant un choix difficile en matière de sécurité

Des enquêteurs fouillent les décombres d’une mosquée à l’intérieur du quartier général de la police à Peshawar après qu’un attentat suicide a tué plus de 100 personnes le 1er février 2023. (AFP)
Des enquêteurs fouillent les décombres d’une mosquée à l’intérieur du quartier général de la police à Peshawar après qu’un attentat suicide a tué plus de 100 personnes le 1er février 2023. (AFP)
Moazzam Jah Ansari (C), chef des forces de police de la province de Khyber Pakhtunkhwa, intervient lors d’une conférence de presse au quartier général de la police à Peshawar, le 2 février 2023. (AFP)
Moazzam Jah Ansari (C), chef des forces de police de la province de Khyber Pakhtunkhwa, intervient lors d’une conférence de presse au quartier général de la police à Peshawar, le 2 février 2023. (AFP)
Des secouristes enlèvent des débris à côté d’une mosquée endommagée après l’attentat suicide du 30 janvier à l’intérieur du quartier général de la police à Peshawar, le 1er février 2023. (AFP)
Des secouristes enlèvent des débris à côté d’une mosquée endommagée après l’attentat suicide du 30 janvier à l’intérieur du quartier général de la police à Peshawar, le 1er février 2023. (AFP)
Des secouristes enlèvent des débris à côté d’une mosquée endommagée après l’attentat suicide du 30 janvier à l’intérieur du quartier général de la police à Peshawar, le 1er février 2023. (AFP)
Des secouristes enlèvent des débris à côté d’une mosquée endommagée après l’attentat suicide du 30 janvier à l’intérieur du quartier général de la police à Peshawar, le 1er février 2023. (AFP)
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Publié le Samedi 18 février 2023

L’attentat de la mosquée de Peshawar place le Pakistan devant un choix difficile en matière de sécurité

  • Le gouvernement est contraint de lancer une offensive générale contre les milices dans un contexte de crise économique et politique
  • L’attentat suicide perpétré en janvier dans une mosquée de la police à Peshawar est l’attaque terroriste la plus meurtrière depuis plusieurs années

ISLAMABAD: La tempête de crises que traverse le Pakistan — crise économique, chute de la monnaie, polarisation politique et militantisme islamiste — a été exacerbée par l’attentat suicide perpétré le mois dernier contre une mosquée située dans un complexe policier hautement fortifié à Peshawar.

Cet attentat, le plus meurtrier au Pakistan depuis plusieurs années, rappelle une période qui remonte à plus de dix ans, où Peshawar, une ville proche des anciennes zones tribales qui bordent l’Afghanistan, était marquée par la violence des militants et une contre-offensive militaire.

Les autorités de Peshawar pensent que l’attentat du 30 janvier a été perpétré en représailles au rôle joué par la police en première ligne de la lutte que mène le Pakistan contre une insurrection résurgente depuis le retour au pouvoir des Talibans de l’autre côté de la frontière, en Afghanistan.

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L’explosion d’une mosquée qui a fait 101 morts – principalement des policiers – dans le nord-ouest du Pakistan, le 30 janvier 2023, a replongé une ville longtemps marquée par la violence dans une situation tendue. (AFP)

Cet attentat suicide est le dernier d’une série d’attaques contre le personnel de sécurité dans tout le pays depuis que la milice Tehrik-e-Taliban Pakistan (TTP) a mis fin à son accord de cessez-le-feu avec le gouvernement pakistanais en novembre.

En visite à Peshawar peu après l’attaque, le Premier ministre pakistanais, Shahbaz Sharif, a déclaré que «toutes les ressources» seraient mobilisées pour débusquer les militants. «Il s’agit d’une attaque contre le Pakistan, ni plus ni moins [...].  Je ne doute pas que le terrorisme soit notre principal défi en matière de sécurité nationale», a-t-il tweeté.

Si le gouvernement de Sharif décide de joindre l’action à la parole, il ne manquera pas de soutien à en juger par l’indignation de l’opinion publique, attisée par le nombre élevé de morts.

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Le Premier ministre du Pakistan, Shehbaz Sharif. (AFP)

«Le Pakistan doit sortir de la confusion, mettre fin à l’apaisement des militants par le biais de pourparlers de paix et s’engager à fond contre eux pour instaurer une paix permanente», explique Mosharraf Zaidi, un analyste pakistanais de la sécurité, à Arab News.

Tant que le Pakistan «n’aura pas rompu avec l’extrémisme violent», les militants continueront à croire qu’ils peuvent prendre le pouvoir, souligne-t-il.

«Nous devons écraser l'infrastructure idéologique et la chaîne d’approvisionnement des militants pour briser leur colonne vertébrale», note Zaidi, ajoutant que le gouvernement devait formuler une «stratégie décisive» pour débusquer les terroristes. 

L’attentat de Peshawar s’est produit à un moment où le Pakistan est confronté à une série de défis de taille, avec des tensions politiques intérieures qui s’exacerbent en raison de l’aggravation de l’inflation, à l’approche des élections générales prévues en octobre.

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Des responsables de la sécurité pakistanaise se rassemblent pour assister aux funérailles des policiers qui ont été tués dans un attentat contre une mosquée à l’intérieur du quartier général de la police à Peshawar, le 30 janvier 2023. (Photo, AFP)

Selon les analystes, la désunion politique et la confusion idéologique ont permis aux militants de se regrouper et de cibler l’État.

La situation est compliquée par le fait que le TTP a pris ses distances par rapport à l’attentat de Peshawar, affirmant qu’il ne vise pas les mosquées. La police cherche à savoir si l’attentat est l’œuvre d’une filiale du TTP, Jamaat-ul-Ahrar.

Bien que distinct, le mouvement des Talibans du Pakistan, créé en 2007, est allié au mouvement des Talibans d’Afghanistan, qui a repris le pouvoir dans l’Afghanistan voisin en août 2021, lorsque les forces américaines et de l’Otan ont mis fin à leur occupation du pays qui durait depuis vingt ans.

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Cette photo non datée reçue le 17 décembre 2014 montre des combattants du Tehrik-e-Taliban Pakistan (TTP) dans un lieu non divulgué. (Photo, AFP)

Plusieurs milices, dont le TTP, ont commencé à mener des opérations dans les anciennes zones tribales administrées fédéralement (FATA) du Pakistan peu après l’invasion de l’Afghanistan par les États-Unis et leurs alliés, en réponse au refus des Talibans de livrer le chef d’Al-Qaïda, Oussama ben Laden, après les attentats du 11 septembre 2001.

Pendant cette période, les militants ont déclenché une vague d’attentats terroristes dans les FATA, tuant des soldats, assassinant des politiciens et des célébrités connus pour leur franc-parler, et éliminant les opposants perçus comme tels. Pour aggraver la crise, ils ont rendu illégale l’éducation des femmes dans la région, détruisant environ 200 écoles de filles.

C’est en 2012, dans le district de Swat, dans la province de Khyber Pakhtunkhwa, que Malala Yousafzai, 15 ans, a reçu une balle dans la tête tirée par un militant taliban pakistanais. Elle a miraculeusement survécu à l’attaque et a ensuite remporté le prix Nobel de la paix pour son plaidoyer en faveur de l’éducation des filles.

 

EN BREF

  • Allié avec Al-Qaïda, Tehrik-e-Taliban Pakistan a été créé en 2007 et a tué des dizaines de milliers de civils et de membres du personnel de sécurité
  • Écrasé par une répression militaire après 2014, le TTP s’est regroupé depuis que les Talibans ont pris le pouvoir de l’autre côté de la frontière en août 2021
  • Pour ce qui est de l’attentat du 30 janvier à Peshawar, la police pakistanaise a accusé Jamaat-ul-Ahrar, un groupe plus radical occasionnellement affilié au TTP, qui a nié toute implication

Des opérations de lutte contre l’insurrection à grande échelle ont commencé en 2014, tuant la plupart des commandants et combattants des milices et poussant les autres à se réfugier en Afghanistan. Les zones constituant les FATA, établies au moment de la partition avec l’Inde en 1947, ont été fusionnées à la province voisine du Khyber Pakhtunkhwa en 2018.

Cependant, après le retour des Talibans au pouvoir à Kaboul et la fin des opérations antiterroristes américaines dans la région frontalière, les militants pakistanais ont commencé à se regrouper dans les anciens districts tribaux. Depuis lors, une série d’attaques meurtrières a laissé les Pakistanais dans l’incertitude quant à la reprise de l’insurrection dans leur pays.

Ismaïl Khan, journaliste pakistanais et analyste de la sécurité, estime que le gouvernement Sharif doit de toute urgence élaborer «une stratégie globale et à long terme dans le cadre de la conférence pour faire face au problème actuel».

Par ailleurs, «le gouvernement devrait également collaborer directement avec le gouvernement afghan pour mettre fin aux mouvements transfrontaliers des terroristes, en plus de formuler et de mettre en œuvre une solide stratégie de lutte contre le terrorisme», a-t-il déclaré à Arab News.

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Des bénévoles pakistanais portent un étudiant blessé d’un Institut de formation agricole après une attaque de militants talibans à Peshawar, le 1er décembre 2017. (AFP)

Rien qu’en janvier, les militants ont tué 124 membres du personnel de sécurité et en ont blessé 247 dans 26 attentats distincts, la majorité d’entre eux ayant eu lieu dans la région de Khyber Pakhtunkhwa, qui borde l’Afghanistan, selon les données communiquées par le Pak Institute for Peace Studies, un groupe de réflexion basé à Islamabad.

La ventilation des données montre que sur ces 26 attaques, sept ont eu lieu au Baloutchistan, faisant six morts et 17 blessées; une au Sindh, sans aucune victime; deux au Pendjab, faisant deux morts; et 16 au Khyber Pakhtunkhwa, faisant 116 morts et 230 blessés.

Selon le groupe de réflexion, les attaques ont augmenté de 50% au Pakistan, principalement dans les provinces occidentales limitrophes de l’Afghanistan, au cours de la première année du règne des Talibans à Kaboul.

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Mémorial pour les victimes du massacre perpétré par les Talibans en 2015 à l’École publique de l’armée. (AFP)

Ces derniers mois, Islamabad a accusé Kaboul de ne pas avoir assuré la sécurité de ses frontières et d’avoir permis aux militants présents en Afghanistan de planifier des attaques contre le Pakistan.

Les négociations de paix entre le TTP et le Pakistan, sous la médiation du mouvement des Talibans d’Afghanistan, ont échoué en novembre, rompant un cessez-le-feu précaire. Pendant les pourparlers, les militants ont vu leur nombre augmenter grâce à la libération d’une centaine de combattants de rang inférieur des prisons pakistanaises.

Le général de division Ejaz Awan (retraité), éminent analyste de la sécurité et ancien ambassadeur du Pakistan à Brunei, estime qu’une réponse militaire est la seule solution à la menace terroriste.

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Certains commandants militaires pakistanais estiment qu’il ne reste plus qu’une seule option, celle de mener une guerre à part entière contre les militants talibans. (Photo, AFP)

«Ils ne veulent ni reconnaître la Constitution, ni la loi, ni l’autorité de l’État pakistanais. Il ne reste donc qu’une seule option, celle de mener une guerre totale contre eux», indique Awan à Arab News.

Awan, qui a tenu plusieurs séries de pourparlers de paix infructueux avec les militants au début des années 2000, souhaite que le gouvernement pakistanais lance une opération fondée sur le renseignement dans les districts tribaux du pays et dans d’autres régions afin d’éradiquer les militants, leurs facilitateurs et leurs partisans.

«Ces militants sont équipés des derniers gadgets, tels que des lunettes de vision nocturne, laissés par les forces américaines et de l’Otan en Afghanistan après leur retrait. Le Pakistan devrait donc également aborder la question avec les autorités afghanes», ajoute-t-il. 

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Des soldats pakistanais participent à un raid sur un repaire de militants lors d’une opération à Peshawar, le 16 avril 2019. (Photo, AFP)

Selon les enquêteurs qui se sont adressés à l’AFP, le suspect est apparu sur une vidéo de surveillance en arrivant aux portes du complexe sur une moto avant de passer un contrôle de sécurité et de demander aux agents où se trouve la mosquée Police Lines.

Moazzam Jah Ansari, chef des forces de police de la province de Khyber Pakhtunkhwa, a précisé que le kamikaze avait utilisé 10 à 12 kg d’explosifs, apportés sur le site avant l’attentat en pièces détachées.

Les autorités ont eu du mal à trouver une explication au fait que le kamikaze ait réussi à accéder à la mosquée, vêtu d’un uniforme de police.

Ils enquêtent sur la manière dont une violation aussi importante a pu se produire dans l’une des zones les plus sécurisées de la ville, qui abrite les bureaux de renseignement et de lutte contre le terrorisme. Certains craignent que des personnes se trouvant dans le complexe policier aient facilité l’attaque.

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Des policiers et des habitants allument des bougies en hommage aux victimes de l’attentat suicide contre une mosquée à l’intérieur du quartier général de la police à Peshawar, lors d’une veillée à Karachi le 2 février 2023. (AFP)

Des centaines de policiers participaient aux prières de l’après-midi à l’intérieur du quartier général de la police, qui aurait dû être étroitement contrôlé, lorsque l’explosion s’est produite, provoquant l’effondrement d’un mur et l’écrasement de dizaines d’officiers.

Le 2 février, les responsables de la police ont revu le nombre de morts à la baisse, passant de 101 à 83 officiers et un civil, après avoir déclaré qu’il y avait eu confusion dans l’enregistrement des corps. De nombreux survivants sont toujours hospitalisés et se trouvent dans un état critique.

Exprimant sa solidarité avec le Pakistan, le ministère saoudien des Affaires étrangères a «réaffirmé la position ferme du Royaume qui rejette le fait de cibler les lieux de culte, de terroriser et de tuer des innocents», selon un article publié par l’agence de officiellle presse saoudienne.

Le ministère «a également affirmé que le Royaume se tient aux côtés de la République islamique du Pakistan, pays frère, contre toute forme de violence, d’extrémisme et de terrorisme, quels que soient ses motifs ou ses justifications».

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Des militants de la société civile protestent à Lahore, au Pakistan, le 1er février 2023, à la suite de l’attentat suicide perpétré contre une mosquée à l’intérieur du quartier général de la police à Peshawar. (AFP)

L’attaque a en outre suscité de vives condamnations de la part de la Ligue islamique mondiale et du secrétaire général du Conseil de coopération du Golfe, entre autres organisations internationales.

«Il est particulièrement odieux que cet attentat se soit produit dans un lieu de culte», a commenté Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU, par l’intermédiaire d’un porte-parole. «La liberté de religion ou de croyance, y compris la possibilité de pratiquer son culte en paix et en sécurité, est un droit humain universel.»

«Il est impératif que nous améliorions notre collecte de renseignements et que nous équipions correctement nos forces de police pour lutter contre la menace croissante du terrorisme», a souligné Imran Khan, ancien Premier ministre pakistanais et farouche critique du gouvernement actuel.

Le Premier ministre Sharif a lancé un appel à l’unité nationale à la suite de l’attentat de Peshawar. «Nous devons nous unir pour résoudre ce problème», a-t-il déclaré le 3 février lors de sa visite dans la ville.

Néanmoins, compte tenu de l’ensemble des défis auxquels le Pakistan est confronté, l’attention de son gouvernement continuera probablement à se porter sur plusieurs fronts.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


L'envoyé américain à Oman samedi pour une nouvelle session de pourparlers avec l'Iran

L'envoyé spécial des États-Unis au Moyen-Orient, Steve Witkoff, s'exprime lors du sommet prioritaire des IIF à Miami Beach, en Floride, le 20 février 2025. (AFP)
L'envoyé spécial des États-Unis au Moyen-Orient, Steve Witkoff, s'exprime lors du sommet prioritaire des IIF à Miami Beach, en Floride, le 20 février 2025. (AFP)
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  • L'émissaire du président Donald Trump, Steve Witkoff, participera samedi à Oman à une troisième session de pourparlers avec l'Iran sur son programme nucléaire
  • M. Witkoff a rencontré des responsables iraniens samedi dernier à Rome, également sous les auspices d'Oman

WASHINGTON: L'émissaire du président Donald Trump, Steve Witkoff, participera samedi à Oman à une troisième session de pourparlers avec l'Iran sur son programme nucléaire, les Etats-Unis continuant à privilégier une solution diplomatique.

"Le prochain cycle de négociations aura lieu à Oman samedi et constituera la première réunion des équipes techniques", a déclaré à la presse jeudi Tammy Bruce, porte-parole du département d'Etat.

Côté américain, Michael Anton, qui occupe le poste de responsable de la planification politique au sein du département d'Etat, dirigera les travaux, mais Steve Witkoff "sera également présent", a-t-elle précisé.

M. Witkoff a rencontré des responsables iraniens samedi dernier à Rome, également sous les auspices d'Oman, et avait participé à un premier round de discussions le 12 avril dans la capitale Mascate.

Les deux parties ont fait part de leur optimisme à l'issue de la rencontre à Rome, sans toutefois fournir de détails.

Le président Trump s'est prononcé en faveur d'une solution diplomatique avec l'Iran mais sans écarter l'option militaire, afin que l'Iran n'obtienne jamais l'arme atomique.

L'Iran a toujours nié chercher à se doter de l'arme nucléaire.

- Appel aux Européens -

De son côté, le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, s'est dit jeudi prêt à se rendre en Allemagne, France et au Royaume-Uni, parties de l'accord sur le nucléaire iranien de 2015.

Ces trois pays n'ont jusque-là pas été directement impliqués dans les nouvelles tractations pour encadrer le programme nucléaire iranien que l'Iran et les Etats-Unis, qui n'ont plus de relations diplomatiques depuis 1980, ont entamé le 12 avril sous la médiation du sultanat d'Oman.

L'accord international de 2015 offrait à l'Iran un allègement des sanctions internationales en échange de restrictions sur son programme nucléaire. Mais il est devenu caduc de fait après le retrait des Etats-Unis en 2018, sous la première présidence de Donald Trump.

"Après mes récentes consultations à Moscou et à Pékin, je suis prêt à franchir une première étape avec des visites à Paris, Berlin et Londres", a déclaré M. Araghchi sur X.

Il s'est dit disposé à engager un dialogue avec les Européens "non seulement sur le dossier nucléaire, mais également sur tous les autres domaines d'intérêt et de préoccupation communs".

"La balle est maintenant dans le camp de l'E3", le regroupement de ces trois pays, a-t-il ajouté.

Paris "suivra de près si cette annonce du ministre iranien est suivie d'effets", a réagi pour l'AFP le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Christophe Lemoine.

La France, a-t-il ajouté, "continuera très volontiers à dialoguer avec les Iraniens" sur le nucléaire. Berlin et Londres n'ont pas immédiatement réagi.

- "Pas loin" de la bombe -

En préparation des rencontres de samedi, M. Araghchi s'est rendu en Chine mercredi pour des consultations avec son homologue chinois, Wang Yi.

La semaine dernière, il était à Moscou où il a notamment rencontré le président russe, Vladimir Poutine.

M. Araghchi s'est félicité du niveau de coopération entre Téhéran et ses alliés chinois et russes mais a relevé que les relations avec les trois pays européens étaient "actuellement à un bas niveau".

Après le retrait de Washington et le rétablissement des sanctions américaines en 2018, Téhéran a pris ses distances avec le texte de 2015, et accru son niveau d'enrichissement d'uranium jusqu'à 60 % - bien au-delà du plafond de 3,67% fixé, tout en restant en deçà des 90% nécessaires à la fabrication d'une bombe.

Le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, a averti la semaine dernière que l'Iran n'était "pas loin" de disposer de la bombe atomique.

En décembre, les trois pays européens avaient fait valoir qu'ils pouvaient réenclencher le "snapback", un mécanisme prévu par le cadre de 2015 permettant de réimposer automatiquement les sanctions de l'ONU contre Téhéran.

Le délai pour activer cette clause expire en octobre.

Le chef de diplomatie américaine, Marco Rubio, a appelé le 18 avril les Européens à prendre rapidement une "décision importante" concernant le "rétablissement des sanctions" contre l'Iran.

Le ministre iranien avait dénoncé mercredi des "tentatives" notamment d'Israël de "faire dérailler la diplomatie" et de compromettre les pourparlers en cours.

Le même jour, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, affirmait que "le sort de toute l'humanité" était en jeu si la République islamique se dotait d'armes nucléaires.


Des milliers de fidèles place Saint-Pierre avant les funérailles du pape

Des milliers de fidèles sont de nouveau massés jeudi devant la basilique Saint-Pierre de Rome afin de rendre un dernier hommage à la dépouille du pape François, devant laquelle plus de 50.000 pèlerins ont déjà défilé depuis mercredi matin, avant ses obsèques samedi. (AFP)
Des milliers de fidèles sont de nouveau massés jeudi devant la basilique Saint-Pierre de Rome afin de rendre un dernier hommage à la dépouille du pape François, devant laquelle plus de 50.000 pèlerins ont déjà défilé depuis mercredi matin, avant ses obsèques samedi. (AFP)
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  • La file des fidèles et touristes patientant pour rendre hommage au chef des plus de 1,4 milliard de catholiques, décédé lundi à 88 ans, s'étire aux abords du plus petit Etat du monde
  • De mercredi à 09H00 GMT à jeudi 09H00 GMT, plus de 50.000 personnes se sont recueillies devant la dépouille du jésuite argentin dans la monumentale basilique, selon Vatican News

CITE DU VATICAN: Des milliers de fidèles sont de nouveau massés jeudi devant la basilique Saint-Pierre de Rome afin de rendre un dernier hommage à la dépouille du pape François, devant laquelle plus de 50.000 pèlerins ont déjà défilé depuis mercredi matin, avant ses obsèques samedi.

La file des fidèles et touristes patientant pour rendre hommage au chef des plus de 1,4 milliard de catholiques, décédé lundi à 88 ans, s'étire aux abords du plus petit Etat du monde, dont les accès sont filtrés par un lourd dispositif de sécurité qui ralentit l'avancée des fidèles, a constaté l'AFP.

De mercredi à 09H00 GMT à jeudi 09H00 GMT, plus de 50.000 personnes se sont recueillies devant la dépouille du jésuite argentin dans la monumentale basilique, selon Vatican News. Les portes, qui devaient fermer à minuit, sont finalement restées ouvertes jusqu'à 05H30 du matin pour accueillir le flot de fidèles.

"Ce fut un moment bref mais intense devant sa dépouille", a témoigné jeudi matin auprès de l'AFP Massimo Palo, un Italien de 63 ans vivant à Rome. François "a été un pape au milieu de son troupeau, de son peuple, et j'espère que les prochains pontificats seront un peu comme le sien", a-t-il également confié.

Rupture avec la tradition, le cercueil en bois clair ouvert du défunt pape, vêtu d'une mitre blanche et d'une chasuble rouge, les mains enserrant un chapelet, ne repose pas sur un catafalque, mais est posé sur un support à même le sol, devant le maître-autel, à la demande de Jorge Bergoglio, qui aspirait à plus de sobriété dans les rites funéraires papaux.

Le père des "laissés-pour-compte" 

"C'était un grand homme, c'était le père des laissés-pour-compte, des invisibles", a également confié jeudi à l'AFP Amerigo Iacovacci, un Romain de 82 ans.

Florencia Soria, une Argentine de 26 ans en voyage à Rome pour deux jours avec une amie, n'a pas hésité à rejoindre la file d'attente, armée d'un café, pour vivre ce "moment historique". Surtout pour nous "parce que nous sommes argentines. Nous étions des petites filles lorsque le pape a entamé son pontificat. Nous nous souvenons de ce moment", a-t-elle ajouté.

Les cardinaux, qui rejoignent progressivement Rome, se réunissaient jeudi matin pour la troisième fois, au lendemain d'une nouvelle "congrégation" en présence de 103 d'entre eux - électeurs et non électeurs.

Ces réunions préparatoires fixent les modalités des événements avant le conclave, auquel 135 électeurs - ceux âgés de moins de 80 ans - sont invités à prendre part. Certains ont toutefois déjà annoncé qu'ils ne viendraient pas pour raison de santé.

Mercredi, sur la place Saint-Pierre encadrée par la célèbre colonnade du Bernin, les fidèles ont dû patienter entre trois et plus de quatre heures pour entrer dans la basilique, selon plusieurs témoignages recueillis par l'AFP.

Un important dispositif de sécurité y était déployé, comprenant notamment des équipes de l'armée de l'air et de la défense munies de fusils brouilleurs de drones.

Le Vatican avait annoncé que jeudi, les fidèles pourraient rendre hommage au pape jusqu'à minuit. Mais mercredi, les visites ont finalement pu se poursuivre au-delà. Vendredi, les portes de la basilique seront ouvertes de 07H00 à 19H00.

Funérailles samedi 

L'affluence a également été massive mercredi à la basilique Sainte-Marie-Majeure, dans le centre de Rome, où le pape sera inhumé samedi conformément à sa volonté. Selon le préfet de Rome Lamberto Giannini, plus de 10.000 personnes s'y sont pressées à l'heure du déjeuner.

Plus tôt dans la matinée, la dépouille du pape avait été escortée par des dizaines de cardinaux, évêques, religieux et laïcs depuis la petite chapelle de la résidence Sainte-Marthe, où il a vécu de son élection en 2013 jusqu'à sa mort, vers la basilique couronnée par la coupole de Michel-Ange.

Le Vatican observera neuf jours de deuil à partir de samedi. Au cours de ces "novemdiales", des célébrations solennelles auront lieu chaque jour à Saint-Pierre, jusqu'au 4 mai.

Le cercueil sera fermé vendredi soir lors d'une cérémonie présidée par le cardinal camerlingue, l'Américain Kevin Farrell, qui gère les affaires courantes jusqu'au conclave.

Les funérailles de François se dérouleront samedi matin à partir de 08H00 GMT sur la place Saint-Pierre, où devraient converger au moins 200.000 fidèles, et 170 délégations étrangères.

"Il est impossible de savoir" combien de personnes seront présentes le jour des funérailles, "quelques centaines de milliers au minimum", a déclaré à l'AFP Pierfrancesco Demilito, chef du service de presse de la Protection civile italienne.

Comme pour Jean-Paul II en 2005, des dizaines de chefs d'Etat et de têtes couronnées assisteront aux funérailles du chef de l'Eglise catholique, sous haute sécurité.

Parmi eux, le président américain Donald Trump, ses homologues français Emmanuel Macron et ukrainien Volodymyr Zelensky ou encore le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.

Le roi Felipe VI et la reine Letizia d'Espagne, le prince William, Albert II de Monaco et son épouse Charlène seront aussi présents.


Les marchés agricoles naviguent à vue, chahutés par la guerre commerciale

Le président américain Donald Trump s'adresse aux médias après avoir signé des décrets dans le bureau ovale de la Maison Blanche, le 23 avril 2025 à Washington, DC. (AFP)
Le président américain Donald Trump s'adresse aux médias après avoir signé des décrets dans le bureau ovale de la Maison Blanche, le 23 avril 2025 à Washington, DC. (AFP)
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  • De part et d'autre de l'Atlantique, les marchés agricoles sont secoués par les remous liés à la politique commerciale de l'administration Trump
  • Les cours des céréales et oléagineux à l'échelle mondiale évoluent ainsi au rythme des commentaires de la Maison Blanche

WASHINGTON: De part et d'autre de l'Atlantique, les marchés agricoles sont secoués par les remous liés à la politique commerciale de l'administration Trump, même si certains fondamentaux continuent d'influencer les cours.

"Les décisions erratiques" de Donald Trump sur le plan commercial "fragilisent l'opinion des investisseurs: ils ne savent plus trop dans quoi investir", commente auprès de l'AFP Damien Vercambre, analyste au cabinet Inter-Courtage.

Les cours des céréales et oléagineux à l'échelle mondiale évoluent ainsi au rythme des commentaires de la Maison Blanche, provoquant par ailleurs des "craintes financières", selon l'analyste.

A la Bourse de Chicago, les prix du blé et du maïs ont baissé sur la semaine, à cause notamment des incertitudes commerciales. Le soja a pour sa part évolué en dents de scie, pour se retrouver au final à des niveaux proches de la semaine passée.

Sur Euronext, "les cours suivent Chicago, qui est déprimé", résume Damien Vercambre.

La pause de 90 jours décidée par Donald Trump sur une partie des surtaxes à l'importation, à l'exception notable de celles visant la Chine, est à nouveau venue bouleverser la donne après un début d'année agité.

En parallèle, le président américain Donald Trump a évoqué mercredi la possibilité d'un accord commercial "équitable" avec la Chine, sans que les négociations aient toutefois réellement commencé, d'après un ministre de premier plan.

La guerre commerciale initiée par l'exécutif américain depuis le retour à la Maison Blanche de Donald Trump a débouché sur 145% de droits de douane additionnels sur les produits chinois entrant aux Etats-Unis, et 125% décidés en représailles par Pékin sur les marchandises en provenance des Etats-Unis.

"Un jour ou l'autre, un accord sera conclu avec la Chine", assure l'analyste américain Dewey Strickler, d'Ag Watch Market Advisors.

Mais si le ton de l'administration américaine se veut désormais rassurant, les marchés semblent attendre des actions concrètes de la part de Washington.

"Nous sommes dans une phase d'attente et d'hésitation en ce moment", les investisseurs "attendant la moindre avancée en matière de politique commerciale", confirme Rich Nelson, de la maison de courtage Allendale.

"Il y a (cette) peur que l'économie capote, comme (...) en 2018 (sous le premier mandat de Donald Trump, ndlr) où les prix du soja et du maïs aux Etats-Unis s'étaient cassés la figure, avant qu'il y ait une réconciliation avec la Chine", rappelle M. Vercambre.

- Influence des fondamentaux -

Si le spectre de la guerre commerciale occupe une grande partie du paysage, des éléments fondamentaux influencent tout de même les cours, dont la météo ou encore les perspectives de production.

Aux Etats-Unis, les acteurs du marché sont "moins inquiets des conditions météorologiques et de la menace d'un temps sec" notamment "pour la Corn Belt américaine", ce qui pousse le maïs américain à de "nouveaux plus bas sur deux semaines", explique Michael Zuzolo, de Global Commodity Analytics and Consulting.

"Il y a eu beaucoup de pluie dans le Midwest, en particulier dans les régions du Sud", participant au mouvement baissier du maïs et du blé américain, abonde Dewey Strickler.

Sur le Vieux Continent, "les perspectives de production pour la nouvelle campagne (...) sont aussi meilleures", observe M. Vercambre.

Plus précisément, "le sud de l'Europe a bénéficié de précipitations abondantes, ce qui a amélioré l'humidité des sols et augmenté les perspectives de rendement des cultures", selon un rapport de la Commission européenne.

Selon ce même rapport, néanmoins, dans le centre et le nord de l'Europe, "les conditions sèches prédominent" ce qui pourrait "nuire au développement des cultures d'hiver".