Pakistan: pas d'accord avec le FMI pour une aide financière, mais des progrès

Le ministre pakistanais des Finances, Ishaq Dar, s'exprime lors d'une conférence de presse à Islamabad, le 10 février 2023. (Photo par Aamir QURESHI / AFP)
Le ministre pakistanais des Finances, Ishaq Dar, s'exprime lors d'une conférence de presse à Islamabad, le 10 février 2023. (Photo par Aamir QURESHI / AFP)
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Publié le Vendredi 10 février 2023

Pakistan: pas d'accord avec le FMI pour une aide financière, mais des progrès

  • Les négociations portent sur la reprise des versements par le FMI d'un prêt échelonné de 6,5 milliards de dollars, dont seulement près de la moitié a pour l'instant été versée
  • Les mesures souhaitées par le FMI pourraient entraîner une nouvelle flambée de l'inflation

ISLAMABAD, Pakistan : Une délégation du Fonds monétaire international (FMI) a quitté vendredi le Pakistan sans avoir conclu d'accord technique sur le déblocage d'une aide financière, même si des «progrès considérables» ont été réalisés, et les discussions se poursuivront à distance.

Les négociations portent sur la reprise des versements par le FMI d'un prêt échelonné de 6,5 milliards de dollars, dont seulement près de la moitié a pour l'instant été versée.

Obtenir le soutien du FMI est vital pour le Pakistan, au moment où ses réserves de change sont au plus bas, faisant peser la menace d'un défaut de paiement.

Les discussions avec l'équipe du FMI qui se sont achevées jeudi soir à Islamabad ont permis des «progrès considérables (...) sur les mesures politiques pour corriger les déséquilibres internes et externes», a indiqué l'organisation monétaire dans un communiqué.

«Des discussions à distance continueront ces prochains jours pour finaliser les détails de la mise en œuvre de ces politiques», a ajouté le FMI.

L'économie du cinquième pays le plus peuplé au monde s'est effondrée parallèlement à une crise politique latente, avec une chute de la roupie et une inflation qui atteint des niveaux inégalés depuis des décennies, ainsi que des difficultés récurrentes à rembourser une dette colossale.

Les inondations dévastatrices de l'été dernier et une importante pénurie d'énergie ont accentué la pression.

Le ministre pakistanais des Finances, Ishaq Dar, a assuré vendredi que les discussions s'étaient «conclues avec succès» et que l'ébauche d'un protocole d'accord avait été remise au gouvernement par l'équipe du FMI.

Aucun accord formel n'a toutefois été annoncé par l'une ou l'autre des parties.

- Augmentation des taxes -

La délégation du FMI était arrivée le 31 janvier au Pakistan pour négocier le versement d'une nouvelle tranche d'aide financière de 1,2 milliard de dollars, en échange de conditions draconiennes dont le Premier ministre pakistanais, Shehbaz Sharif, a estimé qu'elles «(dépassaient) l'imagination».

Le FMI a notamment demandé de nouvelles hausses des prix de l'essence, du gaz et de l'électricité, pour s'attaquer au problème structurel de la «dette circulaire» du secteur énergétique, la réduction du déficit budgétaire, la fin des exonérations de taxes à l'export et une amélioration du recouvrement de l'impôt, selon une source gouvernementale pakistanaise.

Un accord avec le FMI ne suffirait pas à remettre l'économie pakistanaise sur les rails, mais il pourrait ouvrir la voie à des aides supplémentaires de la part des pays du Golfe ou de la Chine, ainsi que des prêteurs multilatéraux comme la Banque mondiale.

Le FMI a été échaudé par le non-respect par le gouvernement pakistanais de ses engagements passés, celui-ci craignant d'en payer le prix dans les urnes lors des élections législatives prévues en fin d'année.

Malgré toutes ses réticences, le gouvernement a finalement lâché du lest fin janvier, en renonçant à ses interventions sur le marché des changes, puis en augmentant le prix de l'essence, deux conditions exigées par le FMI pour la reprise des négociations.

Vendredi, M. Dar a encore annoncé une hausse supplémentaire d'environ 4% du prix de l'essence et une augmentation des taxes, sans donner plus de détails.

- Pénurie de dollars -

Les mesures souhaitées par le FMI pourraient entraîner une nouvelle flambée de l'inflation. En janvier, la hausse des prix a atteint 27,55% sur un an, selon le bureau des statistiques, un pic depuis mai 1975.

«Les factures de gaz, d'électricité, les prix de l'essence, des fruits, des légumes, tout a doublé ces derniers mois», a déclaré à l'AFP Rana Sadiq, qui travaille dans l'immobilier, sur un marché d'Islamabad.

«Je ne peux pas faire face à mes dépenses mensuelles. Avant, mes enfants mangeaient des fruits chaque jour, maintenant je ramène des fruits à la maison une fois par semaine», a-t-il raconté.

Les réserves de change de la banque centrale du Pakistan ont encore chuté de 170 millions de dollars en une semaine, s'établissant le 3 février à 2,9 milliards de dollars, selon des chiffres publiés jeudi.

En raison de la pénurie de dollars, les banques refusent depuis le début d'année d'ouvrir de nouvelles lettres de crédit pour les importateurs, hormis pour les denrées alimentaires essentielles et les produits médicaux. Des milliers de conteneurs se retrouvent ainsi bloqués dans le port de Karachi.

L'industrie a déjà lourdement payé ces blocages. Elle craint que davantage d'usines ne soient contraintes à fermer leurs portes, ce qui aurait des conséquences catastrophiques sur l'emploi.

«Le monde des affaires va être déçu. La seule façon de retrouver la stabilité, c'est par l'intermédiaire d'un accord. Le fait que le FMI parte sans accord accroît l'incertitude», a estimé auprès de l'AFP Abid Hasan, un ancien économiste de la Banque mondiale.


L'Otan en plein doute sur son avenir face à la tempête Trump

Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, s'exprime lors d'une conférence et d'une réunion avec des étudiants de l'École d'économie de Varsovie (SGH), à Varsovie (Pologne), le 26 mars 2025. (Photo Wojtek RADWANSKI / AFP)
Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, s'exprime lors d'une conférence et d'une réunion avec des étudiants de l'École d'économie de Varsovie (SGH), à Varsovie (Pologne), le 26 mars 2025. (Photo Wojtek RADWANSKI / AFP)
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  • Sous les coups de butoir de Donald Trump et de son équipe, l'Organisation du traité de l'Atlantique nord, vieille dame de plus de 75 ans, doit rapidement changer.
  • les États-Unis restent membres de l'OTAN, y compris pour la dissuasion nucléaire, mais se désengagent des forces conventionnelles, comme l'a évoqué le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth. 

BRUXELLES : Les tirs de barrage américains contre les pays européens de l'Otan ébranlent jusqu'aux fondements de l'Alliance atlantique, qui a cependant toutes les peines du monde à imaginer un avenir sans les États-Unis.

Sous les coups de butoir de Donald Trump et de son équipe, l'Organisation du traité de l'Atlantique nord, vieille dame de plus de 75 ans, doit rapidement changer. Un diplomate interrogé sous couvert d'anonymat décrit l'agressivité de la nouvelle administration américaine comme un « traumatisme ».

Ce changement se fera-t-il avec ou sans les États-Unis ? La question agite les couloirs du siège de l'Alliance à Bruxelles.

« On connaît la direction : moins d'États-Unis et plus d'Europe », résume un diplomate sous couvert d'anonymat. Cependant, de nombreuses questions restent en suspens.

En deux mois, Donald Trump s'en est pris au Canada qu'il entend voir devenir le 51ᵉ État américain, et au Danemark, dont il revendique l'un des territoires, le Groenland. 

Plusieurs responsables américains, dont le vice-président J. D. Vance, n'ont pas caché leur mépris à l'égard des Européens, considérés comme des « profiteurs » et des passagers clandestins d'une alliance où, dénoncent-ils, ils ne paient pas leur dû.

Depuis le 20 janvier, date du retour de Donald Trump à la Maison Blanche, « l'optimisme est de moins en moins de mise », confie un diplomate. « Les États-Unis n'ont pas encore pris de décisions concrètes, mais on dirait que chaque jour est porteur d'un nouveau coup contre les fondations de l'Alliance. »

- Transition « désordonnée » -

Pour Camille Grand, ancien secrétaire général adjoint de l'Otan et chercheur auprès de l'ECFR, trois scénarios sont possibles.

Celui de la transition ordonnée : les Américains se désengagent, mais en bon ordre, à la suite d'une négociation qui donne aux Européens le temps de se préparer. « Cela permet d'éviter les incertitudes », assure-t-il dans un entretien avec l'AFP.

Celui de la transition « désordonnée » : les États-Unis restent membres de l'OTAN, y compris pour la dissuasion nucléaire, mais se désengagent des forces conventionnelles, comme l'a évoqué le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth. 

Le retrait se fait « en mode crise », avec des « menaces et des annonces désordonnées ». C'est « le scénario dominant » aujourd'hui, estime l'analyste.

Il y a aussi le scénario cauchemar pour nombre d'Alliés : le retrait « de facto ou de jure ». Les États-Unis se désintéresseront de la défense du continent européen.

Donald Trump exige que les Européens et les Canadiens consacrent au moins 5 % de leur PIB à cette défense, alors qu'ils sont à moins de 2 % pour l'Italie ou l'Espagne. La marche est très haute. Mais tous savent qu'il faudra « annoncer » quelque chose au sommet de l'OTAN en juin, selon un diplomate.

Le Secrétaire général de l'Alliance Mark Rutte a évoqué un chiffre entre 3,5 et 3,7 %. Ce sera difficile, mais c'est une question de priorités dans les dépenses nationales, ajoute-t-il. 

Personne ne sait si ce chiffre sera suffisant pour Donald Trump.

- "Cinq ans" -

En attendant, beaucoup à Bruxelles et dans les autres capitales européennes s'interrogent sur un "après" Etats-Unis.

"Nous avons toujours su que le moment viendrait où l'Amérique se retirerait en quelque sorte et où l'Europe devrait faire davantage", rappelle ainsi Jamie Shea, ancien porte-parole de l'Otan et expert auprès du think tank londonien Chatam House.

Et le calendrier est très serré. Les Européens ont "cinq ans" pour recréer une dissuasion face à la menace russe, juge ainsi Camille Grand. Un calcul basé sur le temps jugé nécessaire, selon plusieurs services de renseignement, pour que la Russie reconstitue son armée et soit en mesure de menacer un pays de l'Otan, explique-t-il. 

Selon cet expert français, les Européens en sont capables, même si un investissement substantiel sera nécessaire pour combler l'apport américain en termes de renseignement, de satellites ou de logistique. « Il n'y a pas de raison que 500 millions d'Européens ne puissent pas dissuader 140 millions de Russes », assure-t-il.

Plusieurs pays en doutent. « Les États-Unis restent indispensables pour une dissuasion crédible », estime ainsi un diplomate européen auprès de l'Otan.


Le Wisconsin, théâtre d'une première défaite électorale pour Trump et Musk

 Donald Trump et Elon Musk. (Photo AFP)
Donald Trump et Elon Musk. (Photo AFP)
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  • Le président américain Donald Trump a essuyé mardi son premier revers électoral avec l'élection d'une juge démocrate dans le Wisconsin,
  • En Floride, deux législatives partielles ont également eu lieu mardi dans des circonscriptions solidement ancrées à droite et qui resteront dans l'escarcelle des républicains, selon les projections de plusieurs médias

WASHINGTON : Le président américain Donald Trump a essuyé mardi son premier revers électoral avec l'élection d'une juge démocrate dans le Wisconsin, un scrutin habituellement d'ampleur locale, marqué cette fois-ci par la forte implication d'Elon Musk.

Selon les projections de plusieurs médias américains, Susan Crawford, soutenue par les démocrates, a remporté un siège pour dix ans à la Cour suprême de cet État de la région des Grands Lacs.

Elle faisait face à Brad Schimel, soutenu par Donald Trump et par le multimilliardaire Elon Musk, et dont la victoire aurait fait basculer la haute instance du Wisconsin du côté conservateur.

En Floride, deux législatives partielles ont également eu lieu mardi dans des circonscriptions solidement ancrées à droite et qui resteront dans l'escarcelle des républicains, selon les projections de plusieurs médias.

Mardi soir, le président a mis à profit sa plateforme Truth Social pour se féliciter des deux « larges » victoires de son camp en Floride, mettant en avant son « soutien » aux candidats.

Il n'a en revanche pas commenté le résultat pour la Cour suprême du Wisconsin, préférant y retenir l'adoption, par un référendum organisé le même jour, d'une mesure obligeant les électeurs à présenter une pièce d'identité avec photo afin de pouvoir voter.

« C'est une grande victoire pour les républicains, peut-être la plus grande de la soirée », a-t-il écrit.

« Le plus important » 

Elon Musk n'a pas non plus réagi à la défaite de Brad Schimel, et a plutôt salué l'issue du référendum local. « C'était le plus important », a-t-il affirmé sur son réseau social X.

Le patron de Tesla et Space X s'inquiétait d'un potentiel rééquilibrage par la Cour suprême locale dans le découpage des circonscriptions électorales, en faveur des démocrates. État pivot, le Wisconsin avait été remporté par Donald Trump à la présidentielle de novembre.

« C'est l'une de ces situations étranges où une petite élection en apparence pourrait déterminer le destin de la civilisation occidentale », avait lancé Elon Musk mardi.

Le président républicain avait, lui, publié lundi sur Truth Social un message de soutien à Brad Schimel. Il s'en était surtout pris à Susan Crawford, qui serait, selon lui, « un désastre pour le Wisconsin et pour les États-Unis d'Amérique ».

Un peu plus de deux mois après le début de son mandat, les enquêtes d'opinion indiquent une baisse relative de la popularité de Donald Trump. Ces élections dans le Wisconsin et en Floride étaient les premières véritables épreuves auxquelles il faisait face dans les urnes depuis novembre.

Campagne onéreuse 

Mardi, le trumpiste Randy Fine a bien remporté le siège en jeu à la Chambre des représentants face au démocrate Josh Weil, mais avec une avance bien plus mince qu'il y a quelques mois.

Ces résultats ont « de quoi donner des sueurs froides à mes collègues républicains », a déclaré sur la chaîne MSNBC Hakeem Jeffries, responsable de la minorité démocrate à la Chambre des représentants. Cela fait écho à la difficulté de l'opposition à se faire entendre depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.

Dans le Wisconsin, les deux camps avaient sorti l'artillerie lourde pour une élection qui, d'ordinaire, passe inaperçue dans le reste du pays.

Selon le Centre Brennan de l'université de New York, c'est « le scrutin judiciaire le plus coûteux de l'histoire américaine », avec plus de 98 millions de dollars déversés dans la campagne, dont 53 millions en faveur du candidat conservateur.

Elon Musk n'est pas étranger à cela.

« Il a dépensé plus de 25 millions de dollars pour essayer de m'empêcher de siéger à la Cour suprême du Wisconsin », a lancé dimanche Susan Crawford lors d'un rassemblement.

Son équipe de campagne avait récemment accusé Elon Musk de vouloir « acheter un siège à la Cour suprême du Wisconsin afin d'obtenir une décision favorable » dans des poursuites engagées par Tesla, son entreprise de véhicules électriques, contre les autorités du Wisconsin.


Amnesty International demande à la Hongrie d'arrêter M. Netanyahou

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. (Photo d'archives de l'AFP)
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le Premier ministre israélien doit se rendre cette semaine dans un pays membre de la Cour pénale internationale
  • Cette visite " ne doit pas devenir un indicateur de l'avenir des droits humains en Europe "

LONDRES : Amnesty International a demandé à la Hongrie d'arrêter le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, à la suite d'informations selon lesquelles il se rendra dans cet État membre de l'UE mercredi à l'invitation de son homologue hongrois Viktor Orban.

M. Netanyahou fait l'objet d'un mandat d'arrêt délivré en novembre par la Cour pénale internationale en raison de la conduite d'Israël à Gaza.

M. Orban, proche allié de M. Netanyahu, a déclaré qu'il n'exécuterait pas le mandat. En tant qu'État membre, la Hongrie est tenue d'exécuter tout mandat d'arrêt délivré par la CPI.