PARIS: Après le "sprint" de la hausse des taux, la Banque centrale européenne entame "une course de fond" pour faire reculer l'inflation à 2%, a déclaré vendredi le gouverneur de la Banque de France, appelant à ne pas crier "victoire trop rapidement".
"Nous rentrons maintenant dans une nouvelle phase, plus ouverte, moins rapide, et plus longue. Au sprint succède une course de fond", a prévenu François Villeroy de Galhau lors d'une rencontre à Paris.
Depuis juillet 2022, la BCE a relevé ses taux d'intérêt à cinq reprises pour un total de trois points de pourcentage, avec l'intention de poursuivre le mouvement en mars voire au-delà.
Sans se prononcer sur l'ampleur des hausses au-delà de celle de 50 points de base annoncée pour mars, François Villeroy de Galhau a estimé "probable" que le point haut - c'est-à-dire le taux terminal que les marchés anticipaient autour de 3,5% - soit atteint "d'ici l'été", à savoir septembre au plus tard.
"Cela nous laisserait quatre conseil des gouverneurs, après celui de mars où nous aurons atteint 3%" pour le taux de dépôt, a explicité le banquier central.
"Nous irons probablement au-delà de ce 3%, mais il n'y aura ni automatisme à agir à chaque conseil, ni impossibilité d'agir ensuite si des éléments nouveaux le justifiaient", a-t-il insisté.
D'un pic à 10,4% sur un an en octobre, l'inflation a reculé en janvier pour le troisième mois consécutif dans la zone euro, s'établissant à 8,5%, grâce à l'accalmie sur les tarifs de l'énergie et aue déblocage de chaînes logistiques d'approvisionnement.
Elle "pourrait avoir diminué en fin d'année, mais cela sera encore trop", a estimé le gouverneur de la Banque de France. "Il faudra se méfier de crier victoire trop rapidement", a-t-il prévenu.
Ce qui importera désormais, c'est "le niveau de taux" qui sera atteint et "la durée" durant laquelle il sera maintenu, selon lui.
"Les taux d’intérêt hauts" seront ainsi maintenus "aussi longtemps que nécessaire", a-t-il déclaré, soulignant qu'une baisse ne sera "sûrement pas pour cette année".
"Le critère central est le retournement de la trajectoire de l'inflation, non seulement sur l'inflation totale - nous en sommes sans doute proches - mais surtout sur l'inflation sous-jacente", qui ne tient pas compte d'éléments volatils comme les prix de l'énergie et qui peut être "décalée potentiellement de plusieurs mois", a-t-il expliqué.
Cette politique monétaire restrictive qui vise à freiner la demande devrait permettre de ramener l'inflation vers l'objectif de 2% d'ici fin 2024 ou 2025 en zone euro, sans conduire à la récession compte tenu de la résilience de l'activité en dépit du choc de la guerre en Ukraine, a souligné M. Villeroy de Galhau.
Vendredi, Isabel Schnabel, membre du directoire de la BCE, a estimé que la zone euro était confrontée à "un risque que l'inflation se révèle plus persistante que ce qui est évalué actuellement par les marchés financiers", dans un entretien à l'agence d'informations financières Bloomberg.