En France, un besoin urgent et stratégique de reconstituer les stocks de munitions

Cette photographie prise le 27 octobre 2022 montre des composants de munitions à l'usine Nexter Arrowtech de Bourges, au sud de Paris, dans le cadre d'une visite du président français axée sur les armées françaises et l'industrie de l'armement (Photo, AFP).
Cette photographie prise le 27 octobre 2022 montre des composants de munitions à l'usine Nexter Arrowtech de Bourges, au sud de Paris, dans le cadre d'une visite du président français axée sur les armées françaises et l'industrie de l'armement (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 17 février 2023

En France, un besoin urgent et stratégique de reconstituer les stocks de munitions

  • Les munitions sont aussi longues à produire que rapides à s'épuiser
  • «Après des années de pénurie voire de léthargie, le contexte actuel suscite un sentiment d'urgence à reconstituer nos stocks», estime un rapport

PARIS: La France doit impérativement reconstituer ses stocks de munitions et repenser sa stratégie en la matière, face aux enjeux posés notamment par le conflit ukrainien et la contestation de l'ordre mondial, selon les conclusions d'un rapport parlementaire.

Devenues, dans les décennies de paix de l'après chute du Mur, "une variable d'ajustement budgétaire", les munitions doivent désormais faire l'objet d'une politique guidée simultanément par l'urgence et les défis à venir, selon ce document co-rapporté par les députés Vincent Bru (Modem, Pyrénées-Atlantique) et Julien Rancoule (RN, Aude).

Car les munitions sont aussi longues à produire que rapides à s'épuiser. "Après des années de pénurie voire de léthargie, le contexte actuel suscite un sentiment d'urgence à reconstituer nos stocks", estime le rapport, réclamant pour autant "l'anticipation d'une stratégie de long terme".

La tâche est d'autant plus complexe que les enjeux diffèrent de la balle de fusil d'assaut au missile guidé en passant par l'obus moyenne portée. Mais quel que soit l'objet étudié, le rapport tire des comparaisons édifiantes avec la crise des masques au début de l'épidémie de covid-19.

L'exemple des masques

La pénurie de masques "met en lumière les limites de l'approche privilégiée depuis dix ans de suppression des stocks au profit d'un modèle d'approvisionnement en flux tendus", écrivent les auteurs.

Or, les stocks permettent "de faire face à un taux élevé d'attrition, caractéristique de la haute intensité" - la guerre majeure Etat contre Etat - anticipée par l'état-major français depuis les années 2010.

L'invasion de l'Ukraine par la Russie le 24 février 2022, archétype de cette haute intensité, a de facto confirmé le retour de ces affrontements entre puissances, avec une utilisation massive des munitions par les belligérants.

Et la France, comme ses alliés de l'Otan, absorbe depuis un an les énormes demandes de Kiev, tout en sauvegardant un stock opérationnel suffisant en cas d'agression directe.

Pour l'avenir, le rapport pose trois hypothèses de conflit: un engagement majeur de l'Otan, une guerre limitée à l'Europe dans lequel la France serait "automatiquement" nation-cadre, ou une attaque sur des territoires outremer avec en filigrane la crainte d'un affrontement avec la Chine en Indopacifique.

Trois scénarios, trois stratégies, qui interrogent sur l'arbitrage entre "rusticité et technologie". Autrement dit, entre matériel simple mais robuste et réparable sur le champ de bataille, et équipement sophistiqué, efficace mais bourré d'électronique donc exposé à une dégradation rapide.

Masse et technologie

Là aussi, le conflit en Ukraine a modifié les perceptions, notamment la stratégie de l'ex-armée rouge, capable d'absorber de lourdes pertes pour noyer son adversaire par la "masse".

Un cas d'espèce qui illustre "non pas le dilemme entre masse et technologie mais plutôt leur indispensable complémentarité", font valoir les auteurs, soulignant la coexistence côté ukrainien de "systèmes très anciens présents en grandes quantités (...), aux côtés d'autres systèmes beaucoup plus modernes mais en quantité plus réduite".

Le rapport préconise donc de "favoriser le panachage des munitions", en insistant sur la "masse".

Concernant le petit calibre, les députés rappellent que, notamment pour des questions de rentabilité, la fourniture des balles en France a été largement externalisée.

Ce choix, sur fond de dilemme entre rentabilité et souveraineté, est aujourd'hui fragilisé. "Ayant en tête l'épisode douloureux des masques arrachés sur les tarmacs des aéroports au plus fort de la crise sanitaire, les rapporteurs considèrent la dépendance totale envers les importations (...) comme incohérente".

Et suggèrent "une relocalisation de la filière du petit calibre au niveau français ou, à défaut, européen". Cette décision imposerait à l'Hexagone d'en devenir non seulement producteur mais exportateur, et aux entreprises de jouir de la "régularité des commandes étatiques".

Le rapport alerte enfin sur les approvisionnements critiques importés: aluminium, nickel, titane et palladium, mais aussi composants électroniques et semi-conducteurs, matériaux composites, poudres.

Avec là aussi, la nécessité de se préparer à des flux commerciaux réduits par une potentielle autre crise, avec son lot de partenariats qui s'affaiblissent et d'alliances qui se renversent.


Le gouvernement annule 3 milliards d'euros de crédits dans le cadre de l'effort budgétaire

La ministre française en charge des comptes publics Amélie de Montchalin (G) et le ministre français de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique Eric Lombard tiennent une conférence de presse après une réunion hebdomadaire du cabinet au palais présidentiel de l'Elysée à Paris, le 16 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
La ministre française en charge des comptes publics Amélie de Montchalin (G) et le ministre français de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique Eric Lombard tiennent une conférence de presse après une réunion hebdomadaire du cabinet au palais présidentiel de l'Elysée à Paris, le 16 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • La ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, avait alors expliqué que ces 5 milliards d'euros devaient permettre de respecter les objectifs de déficit public cette année, dans un contexte de croissance moindre.
  • « Ces 5 milliards d'euros que nous allons soit annuler, soit reporter, soit réorienter, c'est notre réponse à un monde instable. C'est la manière de faire face quoi qu'il arrive à ce monde instable », avait-elle déclaré.

PARIS : Le gouvernement a acté dans le Journal officiel des annulations de crédits à hauteur de 3,1 milliards, dans le cadre de l'effort supplémentaire de 5 milliards d'euros déjà annoncé par Bercy début avril.

La ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, avait alors expliqué que ces 5 milliards d'euros devaient permettre de respecter les objectifs de déficit public cette année, dans un contexte de croissance moindre.

« Ces 5 milliards d'euros que nous allons soit annuler, soit reporter, soit réorienter, c'est notre réponse à un monde instable. C'est la manière de faire face quoi qu'il arrive à ce monde instable », avait-elle déclaré.

Une partie de cette somme a été concrétisée par le décret publié au Journal officiel.

« Afin de prévenir une détérioration de l'équilibre budgétaire sur le budget de l'État », selon le Journal officiel, « le présent décret porte des annulations de crédits à hauteur de 3,1 milliards d'euros en autorisations d'engagement ». 

« Cet effort porte essentiellement sur les crédits hors masse salariale mis en réserve en début d'année », est-il précisé, « ces annulations ne devraient ainsi pas remettre en cause de façon significative la capacité d'exécution des politiques publiques, selon les termes de la loi de finances initiale pour 2025 ».

Parmi les annulations de crédits, sont concernées la mission « écologie, développement et mobilité durable » (549,6 millions d'euros), la mission « économie » (517,7 millions d'euros), la mission « recherche et enseignement supérieur » (493,3 millions d'euros) ou encore la mission « agriculture, alimentation et affaires rurales » (140 millions d'euros).

« La dégradation récente des perspectives macroéconomiques conduit à anticiper de moindres recettes publiques, en lien notamment avec une révision à la baisse de la prévision de croissance à 0,7 %. Ces risques sont également renforcés par le contexte géopolitique incertain », souligne le décret.

« Dans ce cadre, un effort supplémentaire de maîtrise de la dépense est nécessaire pour respecter la trajectoire de redressement des comptes publics sur laquelle le gouvernement s'est engagé », ajoute le décret. 


France: prières et recueillement pour le pape François à Paris et Marseille

Des fidèles participent à un défilé aux flambeaux et à un service de prière après la mort du pape François, devant le sanctuaire Notre-Dame à Lourdes, dans le sud de la France, le 21 avril 2025. (AFP)
Des fidèles participent à un défilé aux flambeaux et à un service de prière après la mort du pape François, devant le sanctuaire Notre-Dame à Lourdes, dans le sud de la France, le 21 avril 2025. (AFP)
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  •  De nombreux fidèles se sont à nouveau déplacés vendredi pour le pape François, lors d'une messe à Notre-Dame à Paris puis d'une veillée de prières à Notre-Dame de la Garde à Marseille dans le sud de la France
  • A Paris, le Premier ministre français François Bayrou a assisté à la messe dans la cathédrale, chef d'oeuvre de l'art gothique récemment rénové après l'incendie de 2019

PARIS: De nombreux fidèles se sont à nouveau déplacés vendredi pour le pape François, lors d'une messe à Notre-Dame à Paris puis d'une veillée de prières à Notre-Dame de la Garde à Marseille dans le sud de la France, à la veille de ses funérailles au Vatican.

A Paris, le Premier ministre français François Bayrou a assisté à la messe dans la cathédrale, chef d'oeuvre de l'art gothique récemment rénové après l'incendie de 2019.

"J'ai vu les foules de la place Saint-Pierre et du parvis (de Notre-Dame) depuis lundi. Je me réjouis beaucoup de l'attachement des catholiques, du peuple d'une façon générale, à cette personnalité qui nous a marqués et a fait bouger les lignes dans l'Eglise et dans la société", a salué Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Paris, auprès de journalistes.

"La transformation des coeurs humains a pu s'opérer sous son aura", a poursuivi le prélat, qui a présidé la messe solennelle "d'action de grâce et pour le repos de l'âme du Saint Père" décédé lundi à Rome.

Une heure avant l'office, une queue de plusieurs centaines de mètres composée de fidèles attendait déjà de pouvoir entrer dans l'édifice.

"Les institutions françaises ont le devoir d'être présentes chaque fois qu'une partie importante du peuple français est bouleversée, touchée, est en deuil", a estimé M. Bayrou, à l'issue de cette cérémonie, estimant que le pape François "était une figure que beaucoup de Français ressentaient comme de bonté, de générosité et du côté des plus faibles et des plus fragiles".

A Marseille, une centaine de personnes ont participé à une veillée de prière à la basilique Notre-Dame de la Garde, la "Bonne mère", symbole de la deuxième ville de France, juchée sur une colline face au soleil couchant.

Le pape François s'était rendu dans cette basilique néo-byzantine aux murs recouverts d'ex-votos lors d'un déplacement à Marseille en septembre 2023. Il y avait dénoncé le sort des migrants en Méditerranée, martelant son message de secours et d'accueil.

- "Valeurs d'humanité" -

A Marseille, la veillée a débuté par une procession sur l'esplanade de la basilique, jusqu'au mémorial aux marins et migrants disparus en mer. Ce même monument devant lequel le jésuite argentin avait souhaité "prier pour les morts en mer, particulièrement les migrants", a rappelé à l'AFP le recteur de la basilique, le père Olivier Spinosa.

"Nous ne pouvons plus assister aux tragédies des naufrages provoqués par des trafics odieux et le fanatisme de l'indifférence", avait lancé le pape à cet endroit, assurant que "les personnes qui risquent de se noyer, lorsqu'elles sont abandonnées sur les flots, doivent être secourues".

"C'est un devoir d'humanité, c'est un devoir de civilisation", avait-il insisté.

"Marseille est cosmopolite, le pape aimait cela, et il avait demandé à ce que la Méditerranée ne soit pas un cimetière", s'est remémoré Robert Olivieri, 73 ans, qui avait assisté à la messe du pape dans le stade de la ville, lors de ce déplacement orchestré par l'archevêque de Marseille, le cardinal Jean-Marc Aveline.

"J'aurais aimé pouvoir aller à Rome mais ce n'est pas possible. Je me sens proche des écrits de François, sa proximité avec les pauvres et les migrants. Ça me touche beaucoup plus que Benoît XVI qui était plus un théologien", a témoigné Sandrine Gougeon, 46 ans, auprès de l'AFP. Pour elle, "le décès de François rajoute de l'incertitude, une forme d'insécurité au monde".

Les funérailles du pape François, décédé lundi à 88 ans, se déroulent samedi. Après la messe en plusieurs langues, place Saint-Pierre, son cercueil sera transporté à la basilique Sainte-Marie-Majeure, dans le centre de Rome, où il sera inhumé.


Arrivée de 115 personnes évacuées de Gaza à l'aéroport de Paris-Orly

Selon une source diplomatique, "500 personnes" ont été évacuées par la France depuis l'attaque du 7 octobre. (AFP)
Selon une source diplomatique, "500 personnes" ont été évacuées par la France depuis l'attaque du 7 octobre. (AFP)
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  • Le groupe est constitué de "ressortissants français et de leurs ayants droit, de personnels de l'Institut français de Gaza et leurs familles, de personnalités palestiniennes proches de notre pays"
  • La semaine dernière, 59 personnes étaient déjà arrivées en région parisienne, selon la même source

ORLY: Un groupe de 115 personnes évacuées de la bande de Gaza, à l'initiative de la France, est arrivé à l'aéroport de Paris-Orly vendredi, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Le groupe est constitué de "ressortissants français et de leurs ayants droit, de personnels de l'Institut français de Gaza et leurs familles, de personnalités palestiniennes proches de notre pays", a détaillé une source diplomatique, précisant que cette arrivée depuis Gaza est la plus importante depuis le début de la guerre lancée en représailles à l'attaque du Hamas en Israël le 7 octobre 2023.

La semaine dernière, 59 personnes étaient déjà arrivées en région parisienne, selon la même source.

Les familles déjà présentes en France ont attendu en fin de matinée l'arrivée de leurs proches dans une ambiance joyeuse, ont constaté les journalistes de l'AFP.

Parmi les nouveaux arrivés, il y a "des étudiants, boursiers du gouvernement français, qui ont leur bourse depuis 15 ou 18 mois à peu près, mais qui n'avaient pas encore pu venir effectuer leurs études en France", ainsi que des "chercheurs et artistes", venus "pour la plupart avec leur famille", selon Annick Suzor-Weiner, professeure émérite à l'université Paris-Saclay, vice-présidente du réseau Migrants dans l'enseignement supérieur.

Selon une source diplomatique, "500 personnes" ont été évacuées par la France depuis l'attaque du 7 octobre.

Rompant une trêve de près de deux mois dans la guerre déclenchée il y a plus d'un an et demi, Israël a repris le 18 mars son offensive aérienne puis terrestre dans la bande de Gaza et au moins 1.978 Palestiniens ont été tués depuis, selon les chiffres publiés jeudi par le ministère de la Santé du Hamas.

Ce bilan porte à 51.355 le nombre de morts dans la bande de Gaza, selon la même source, depuis le début de la guerre.

Cette attaque sans précédent a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.