Le manque de munitions guette Kiev avant la grande offensive russe

Les Russes tiraient ainsi jusqu'à 50 000 obus par jour en juillet, les Ukrainiens jusqu'à 6 000, selon une source militaire française (Photo, AFP).
Les Russes tiraient ainsi jusqu'à 50 000 obus par jour en juillet, les Ukrainiens jusqu'à 6 000, selon une source militaire française (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 14 février 2023

Le manque de munitions guette Kiev avant la grande offensive russe

  • Pour le secrétaire général de l'Alliance Jens Stoltenberg, «le rythme actuel d'utilisation de munitions par l'Ukraine est beaucoup plus élevé que notre rythme actuel de production»
  • «Cela met nos industries de défense sous pression», a-t-il ajouté

PARIS: L'Ukraine bientôt à court de munitions ? Le chef de l'Otan a tiré la sonnette d'alarme lundi, en affirmant que le rythme de production des usines des pays de l'alliance ne suivait pas les besoins de l'armée de Kiev.

Pour le secrétaire général de l'Alliance Jens Stoltenberg, "le rythme actuel d'utilisation de munitions par l'Ukraine est beaucoup plus élevé que notre rythme actuel de production".

"Cela met nos industries de défense sous pression", a-t-il ajouté à la veille d'une réunion des ministres de la Défense des pays de l'Otan. "Oui, nous avons un problème, oui, c'est un défi" alors que l'Ukraine est sous la menace d'une grande offensive russe.

Le conflit était connu comme étant hautement consommateur en munitions. Les chiffres fiables sont inaccessibles mais les niveaux de consommation de part et d'autres sont très élevés dans un conflit étiré, une guerre parfois enlisée dans des tranchées avec des combats incessants sur fond d'artillerie omniprésente.

Les Russes tiraient ainsi jusqu'à 50 000 obus par jour en juillet, les Ukrainiens jusqu'à 6 000, selon une source militaire française.

Mais la consommation ukrainienne a fortement augmenté à partir de sa contre-offensive fin août. Et elle aura besoin d'une énorme puissance de feu pour résister à l'offensive russe attendue pour les semaines à venir.

Kiev, de fait, réclame toujours plus. Elle a obtenu récemment la promesse de chars lourds mais souhaite notamment plus d'équipements de défense sol-air et des avions de chasse, que les Occidentaux rechignent à livrer.

Un modèle occidental «acculé»

Car chancelleries et experts occidentaux répètent à l'envi combien munitions et entretien sont fondamentaux : simplement pour permettre de continuer à utiliser les armes déjà envoyées.

"Avant de parler d'avions et de chars, essayons d'assurer au mieux le service après-vente des matériels qu'on leur a déjà livrés" sur le plan des munitions et du maintien en condition opérationnelle, relève une source gouvernementale française.

Les Etats-Unis à eux seuls ont livré plus de 1 600 missiles anti-aériens Stinger et plus de 8 500 missiles antichars Javelin, selon le Département d'Etat.

C'est l'équivalent de cinq ans de production de Javelin et de 13 ans de production de Stinger, a indiqué Greg Hayes, le patron du groupe américain Raytheon, en décembre. Il affirmait aussi qu'en partenariat avec Lockheed Martin, il avait augmenté la production de missiles Javelin à 400 unités par mois.

En France, Nexter dispose d'une capacité de production annuelle de quelques dizaines de milliers d'obus de 155 mm. Mais le groupe est "quasiment à son maximum", selon un haut-gradé français.

A l'évidence, le mal est profond après trois décennies où l'Occident a réduit les dépenses militaires après la chute du Mur de Berlin.

"Cela nous ramène à l'économie politique au service des dividendes de la paix post-guerre froide", analyse pour l'AFP Ivan Klyszcz, chercheur au Centre international pour la défense et la sécurité (ICDS) en Estonie.

Un modèle aujourd'hui "un peu acculé par les défis actuels", ajoute-t-il, rappelant que les pays de l'Est de l'Alliance - Pologne, pays Baltes, Roumanie - pourraient produire des armes de type post-soviétique, que l'Ukraine utilise encore beaucoup aux côtés des équipements occidentaux et de sa production domestique.

Industrie «inadaptée»

William Alberque, de l'Institut international pour les études stratégiques, affirme sans fard que "notre industrie de défense, de munitions, de soutien logistique, de formation est globalement inadaptée" au défi actuel.

"Nous avons besoin d'un plan industriel à l'Ouest, non seulement pour l'Ukraine mais pour des problèmes futurs comme Taïwan et d'autres guerre potentielles", conclut-il, évoquant un conflit avec la Chine, l'Iran voire la Corée du Nord.

Très tôt après l'invasion russe de l'Ukraine, le président français Emmanuel Macron a évoqué la mise en place d'une économie de guerre. Mais le vocable n'a pas été suffisamment suivi d'effets.

"La capacité de recompléter (les stocks) se met en place. Après, cela dépend si les Etats sont prêts à faire l'effort financier", estime Léo Péria-Péigné, chercheur à l'Institut français des relations internationales (IFRI).

Signe de ce que la pénurie n'est pas une surprise, l'Otan s'est déjà tournée vers d'autres solutions. "Je vois pas mal de contacts avec des pays en dehors de l'alliance comme la Corée du Sud, le Maroc, la Jordanie, le Pakistan", fait valoir Ivan Klyszcz.

"Les solutions à court terme devront venir de l'extérieur. Tout le reste prendra des mois et des mois".


Israël : Netanyahu revient sur son choix pour la direction du Shin Bet

Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien (Photo AFP)
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  • La nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 
  • M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

JERUSALEM : Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mardi être revenu sur son choix pour le nouveau directeur de l'Agence de la sécurité intérieure (Shin Bet) après que son candidat a été critiqué à Washington par un influent sénateur.

« Lundi, M. Netanyahu a de nouveau rencontré le vice-amiral [Eli] Sharvit à propos de sa nomination à la tête du Shin Bet », indique un communiqué du Bureau du Premier ministre.

Il l'a « remercié [...] d'avoir répondu à l'appel du devoir, mais l'a informé qu'après plus ample considération, il avait l'intention d'examiner d'autres candidatures », a indiqué un communiqué du bureau de M. Netanyahu.

Ce revirement soudain survient après que la nomination de l'amiral Sharvit a été critiquée aux États-Unis par le sénateur républicain Lindsey Graham, proche du président américain Donald Trump. 

« S'il est vrai que l'Amérique n'a pas de meilleur ami qu'Israël, la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet est plus que problématique », a écrit M. Graham sur X.

« Mon conseil à mes amis israéliens est de changer de cap et d'examiner plus minutieusement le passé de leur candidat », a-t-il ajouté, notant que des « déclarations » de l'amiral Sharvit « sur le président Trump et sa politique créeraient des tensions inutiles à un moment critique ».

M. Netanyahu avait annoncé la nomination d'Eli Sharvit comme nouveau chef du Shin Bet lundi, malgré le gel par la Cour suprême du limogeage du directeur en exercice de l'agence, Ronen Bar.

La décision de démettre M. Bar de ses fonctions, en qui M. Netanyahu dit ne plus avoir confiance, est fortement critiquée en Israël où les manifestations se multiplient contre le gouvernement et contre ce qui est perçu par ses opposants comme une dérive dictatoriale du Premier ministre.


Ukraine : Poutine « reste ouvert à tout contact » avec Trump, après ses critiques selon le Kremlin

Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
Zelensky, Trump et Poutine (Photo AFP)
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  • « Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
  • Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

MOSCOU : Vladimir Poutine « reste ouvert à tout contact » avec son homologue américain Donald Trump, a affirmé lundi le Kremlin, après les critiques du locataire de la Maison Blanche à l'encontre du président russe malgré leur rapprochement entamé depuis plusieurs semaines.

« Le président reste ouvert à tout contact avec le président Trump », a indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, lors de son briefing quotidien, précisant qu'« aucun » nouvel appel entre les deux dirigeants n'était « prévu pour l'instant ».

Donald Trump a dit à la chaîne américaine NBC être « très énervé, furieux » envers son homologue russe, après que ce dernier eut évoqué l'idée d'une « administration transitoire » en Ukraine, sans son président actuel, Volodymyr Zelensky.

Ce changement de ton a tranché avec la dynamique de rapprochement impulsée par Donald Trump et Vladimir Poutine depuis le retour du premier à la Maison Blanche en janvier.

Ces dernières semaines, Moscou et Washington ont convenu d'une remise à plat de leurs relations bilatérales, très fortement dégradées par des années de tensions, qui ont culminé depuis 2022 avec le déclenchement de l'assaut russe contre l'Ukraine, soutenue par les États-Unis.

Donald Trump, qui souhaite mettre fin au conflit le plus rapidement possible, a également menacé la Russie de nouvelles taxes sur le pétrole russe si aucun accord n'était trouvé.

Or, la manne financière issue de la vente de son or noir est vitale pour Moscou, qui doit financer son offensive en Ukraine, particulièrement coûteuse.

Le président russe Vladimir Poutine a rejeté plus tôt ce mois-ci la proposition de cessez-le-feu inconditionnel de Donald Trump en Ukraine, que Kiev avait pourtant acceptée sous pression américaine.

Lundi, Dmitri Peskov a martelé que la Russie continuait à travailler « tout d'abord sur l'établissement de relations bilatérales et nous travaillons également sur la mise en œuvre de certaines idées liées au règlement ukrainien ».

« Le travail est en cours. Il n'y a pas encore de détails précis. Il s'agit d'un processus qui prend du temps, probablement en raison de la complexité du sujet », a-t-il poursuivi.


Lutte contre l'immigration clandestine : plus de 40 pays réunis à Londres

Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
Des sauveteurs britanniques aident une vingtaine de migrants sur un bateau semi-rigide essayant de traverser la Manche depuis la France (Photo, AFP).
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  • Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale.
  • Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

LONDRES : Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, accueille ce lundi à Londres les représentants d'une quarantaine de pays pour un sommet de deux jours dédié à la lutte contre l'immigration illégale, un dossier prioritaire pour Londres.

Le dirigeant travailliste, qui a pris ses fonctions en juillet dernier, a promis, comme ses prédécesseurs conservateurs, d'endiguer le phénomène des « small boats » (petits bateaux) en luttant contre les réseaux de passeurs.

Les trois premiers mois de l'année ont toutefois été marqués par un nouveau record d'arrivées, avec un total de 5 840 personnes ayant traversé la Manche à bord de ces embarcations de fortune.

Keir Starmer donnera le coup d'envoi de ce « premier grand sommet international organisé au Royaume-Uni pour faire face à l'urgence de l'immigration clandestine », qui se tiendra sous la houlette de la ministre de l'Intérieur Yvette Cooper.

Le ministre français Bruno Retailleau et son homologue allemande Nancy Faeser sont attendus, de même que des représentants du reste de l'Europe, d'Asie, du Moyen-Orient, d'Afrique et d'Amérique du Nord, y compris des États-Unis.

Les discussions porteront sur la collaboration entre les États pour démanteler les réseaux de passeurs de migrants, notamment vers le Royaume-Uni et les pays de l'Union européenne.

« Je ne crois tout simplement pas qu'il soit impossible de s'attaquer à la criminalité organisée liée à l'immigration », a déclaré le dirigeant travailliste dans un communiqué diffusé dimanche par le ministère de l'Intérieur.

- « Consensus mondial » -

« Nous devons combiner nos ressources, partager nos renseignements et nos tactiques, et nous attaquer au problème en amont », doit-il ajouter.

Ce sommet s'inscrit dans le prolongement des discussions que Mme Cooper avait eues en décembre avec ses homologues belge, allemand, français et néerlandais.

Les cinq pays avaient alors signé un plan d'action commun destiné à renforcer la coopération pour lutter contre ces réseaux de passeurs de migrants.

Le sommet de cette semaine réunira des représentants de pays de départ de migrants, comme le Vietnam ou l'Irak, ainsi que de pays de transit, comme ceux des Balkans.

Il réunira également le directeur de la Border Force, l'agence responsable des opérations de contrôle de la frontière au Royaume-Uni, ainsi que des représentants d'Interpol, d'Europol et d'Afripol.

Selon le ministère britannique de l'Intérieur, les ministres discuteront de l'équipement, de l'infrastructure et des faux papiers que les bandes criminelles utilisent pour faire entrer des personnes illégalement.

Ils examineront également le fonctionnement des filières et chercheront à « établir un consensus mondial sur la lutte » contre le recrutement de migrants en ligne.

Les Britanniques souhaitent également voir avec la Chine comment elle peut cesser d'exporter des moteurs et d'autres pièces détachées de petits bateaux utilisés pour les traversées de la Manche.

Keir Starmer est sous pression, face à la montée du parti anti-immigration Reform UK de Nigel Farage, qui a obtenu environ quatre millions de voix lors des élections générales de juillet, un résultat sans précédent pour un parti d'extrême droite.

Le Premier ministre a comparé les passeurs d'immigrés clandestins à des « terroristes ». En réponse, son gouvernement a introduit un projet de loi conférant aux forces de l'ordre des pouvoirs comparables à ceux dont elles disposent en matière de lutte antiterroriste, afin de combattre ces réseaux.

En février, le gouvernement a durci les règles d'acquisition de la nationalité pour la rendre pratiquement impossible à une personne arrivée illégalement au Royaume-Uni.

Il a aussi annoncé des règles plus strictes en matière de droit du travail.

« Fermer les yeux sur le travail illégal fait le jeu des passeurs qui tentent de vendre des places sur des bateaux peu solides et surchargés en promettant un travail et une vie au Royaume-Uni », a déclaré dimanche Mme Cooper, citée dans un communiqué de son ministère.

Au total, plus de 157 770 migrants sont arrivés au Royaume-Uni en traversant la Manche à bord de petites embarcations depuis que le gouvernement a commencé à collecter des données en 2018.