Ukraine: Cohésion européenne renforcée et redistribution des cartes sur le plan géopolitique

Si, à ce stade du conflit, il paraît difficile de dresser un bilan précis des lourdes pertes humaines en Ukraine, il est tout aussi difficile de chiffrer le coût des retombées économiques du conflit, qui affectent pratiquement tous les pays de la planète. (AFP).
Si, à ce stade du conflit, il paraît difficile de dresser un bilan précis des lourdes pertes humaines en Ukraine, il est tout aussi difficile de chiffrer le coût des retombées économiques du conflit, qui affectent pratiquement tous les pays de la planète. (AFP).
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Publié le Mardi 14 février 2023

Ukraine: Cohésion européenne renforcée et redistribution des cartes sur le plan géopolitique

  • La guerre en Ukraine a mis l’Europe et la France face à un défi de taille: faire en sorte qu’il n’y ait pas de désinvestissement de son voisinage sud
  • Le conflit ukrainien a entraîné des recompositions stratégiques et une forme d’engagement de la part de l’Iran, qui soutient la Russie en lui fournissant des drones et des missiles

PARIS: Il est désormais clair que la guerre de la Russie en Ukraine, qui entrera dans sa deuxième année le 24 février prochain, est partie pour durer. Les Russes se préparent à intensifier leur offensive. Les Ukrainiens, eux, se sentent ragaillardis par la montée en puissance du soutien de l’Europe et de l’Occident.

Tout semble indiquer que chacun se prépare de son côté à frapper fort pour marquer son adversaire; le recours à la négociation pour trouver une issue à ce conflit est pour l’instant une hypothèse éloignée.

Si, à ce stade du conflit, il paraît difficile de dresser un bilan précis des lourdes pertes humaines, il est tout aussi difficile de chiffrer le coût des retombées économiques du conflit, qui affectent pratiquement tous les pays de la planète.

Cependant, on peut d’ores et déjà tirer des conséquences géopolitiques de la guerre russe en Ukraine. Cette dernière a au moins permis de renforcer la cohésion européenne et les concertations transatlantiques. Elle a aussi placé l’Europe et la France face à un défi de taille: faire en sorte qu’il n’y ait pas de désinvestissement de son voisinage sud, qui reste pour elle, plus que jamais, stratégique.

Un contexte très troublé

Une lecture rétrospective de l’évolution de l’année 2022 en Afrique du Nord et au Moyen-Orient à l’ombre de la guerre conduit Paris à des considérations plutôt alarmistes. «Nous sommes dans un contexte très troublé qui est marqué par l’avènement d’un système international multipolaire dans un contexte de transformations incertaines», estime à cet égard une source diplomatique française.

Cette guerre a affecté directement, à travers des crises alimentaires et énergétiques, les pays de la zone Afrique du Nord et du Moyen-Orient qui ne sont pas dotés de ressources gazières ou pétrolières. En outre, elle a accru les marges de manœuvre des États pétroliers et gaziers.

Cela a donné lieu à ce que Paris qualifie d’«autonomisation de la diplomatie du Moyen-Orient», notamment dans le Golfe, après ce qu’on a appelé «le pivot américain vers l’Asie».

Selon des experts, deux tiers de la flotte américaine ont basculé des États du Golfe vers la région pacifique, ce qui laisse penser, selon Paris, que «nous sommes dans une forme de remise en cause du pacte qui liait ces pays aux États-Unis» et «d’une ouverture qui n’est pas nouvelle, mais qui est plus affinée, sur la Chine». Cette ouverture est clairement illustrée par les sommets Chine-États arabes et Chine-Conseil de coopération du Golfe.

Pour Paris, les acteurs de la zone cherchent avant tout à protéger leur sécurité et leurs intérêts, «ce qui les conduit à diversifier de manière pragmatique leurs partenaires et à afficher une certaine équidistance» vis-à-vis d’eux. «On est en train d’assister à une recomposition des dynamiques régionales, qui sont beaucoup plus fluides.»

Intensification de la crise iranienne

D’autre part, des crises multiples, et non des moindres, subsistent dans cette zone, et certaines d’entre elles ont tendance à s’aggraver sous l’effet des retombées de la guerre en Ukraine: le conflit israélo-palestinien, la situation au Liban, en Tunisie, sans oublier la Libye ou le Yémen, ni, surtout, l’Iran.

Le conflit ukrainien a entraîné des recompositions stratégiques et une forme d’engagement de la part de l’Iran, qui soutient la Russie en lui fournissant des drones et des missiles.

À ce sujet, Paris ne cache pas sa «très forte préoccupation, étant donné que 2022 a vu une intensification de la crise iranienne, qui est désormais une crise à multiples relais».

Il s’agit d’une crise intérieure, d’une crise au niveau bilatéral pour la France (avec la détention de ressortissants français en Iran), d’une crise de déstabilisation régionale dans la zone Moyen-Orient, mais aussi d’une crise liée au soutien de l’Iran à la Russie – en plus d’une crise nucléaire.

«À tout cela s’ajoute un régime complexe et redoutable, capable de recourir à des moyens de terreur d’État et d’utiliser une violence sans limite contre ses adversaires internes et externes», indique la source déjà citée.

À court terme, le scénario le plus probable, selon la diplomatie française, est celui du «maintien en place du régime» et même de «son durcissement» tout en poursuivant son rapprochement avec la Russie et la Chine.

Néanmoins, ce régime affronte une rupture profonde et générationnelle avec le mouvement de contestation qui a émergé au mois de septembre et qui est appelé à se poursuivre.

La conférence de Bagdad

Sans vouloir acter l’échec de la politique de la main tendue à l’égard de l’Iran, la diplomatie française concède que cette nouvelle donne lui impose une attitude équilibriste tant les enjeux sont multiples.

«Nous avons plusieurs intérêts à préserver, ce qui nous oblige à avoir une approche soigneusement calibrée. Nous avons des principes et des valeurs à défendre, ceux des droits de l’homme, notamment. Nous avons également des “otages d’État” qu’il faut libérer. En outre, nous avons bien sûr la question de la non-prolifération et de la dissuasion nucléaire. Nous devons également veiller aux intérêts de nos ressortissants sur le sol français, européen et dans la région», résume la source.

Toutefois, les leviers dont dispose la diplomatie française semblent limités au regard de la complexité de la situation.

En l’absence de tout dialogue direct avec Téhéran, Paris mise sur le cadre multilatéral de la conférence de Bagdad dans le but de travailler à une désescalade des tensions et de restaurer une forme de coopération régionale sur des sujets qui intéressent les populations.

Malgré les limites et les fragilités de ce cadre, Paris indique qu’il est animé «par de la lucidité et par beaucoup de volontarisme». «Notre diplomatie dans cette zone est une diplomatie d’équilibre et de désescalade.»

Par ailleurs, dans ce même contexte, Paris estime que les progrès incarnés par la conclusion des accords d’Abraham avec Israël et certains pays arabes, d’une part, et le réengagement entre plusieurs États arabes et le régime de Bachar al-Assad, d’autre part, «sont des évolutions appelées à se poursuivre dans l’année qui vient».


Trump demande la gratuité des canaux de Panama et de Suez pour les navires américains

Cette photo diffusée par l'autorité du canal de Panama le 30 août 2024, montre le porte-conteneurs MSC Marie, de 366 mètres de long et 51 mètres de large, transitant dans le canal de Panama à Panama. (AFP)
Cette photo diffusée par l'autorité du canal de Panama le 30 août 2024, montre le porte-conteneurs MSC Marie, de 366 mètres de long et 51 mètres de large, transitant dans le canal de Panama à Panama. (AFP)
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  • Après avoir répété, depuis des mois, sa volonté de prendre le contrôle du canal de Panama, le président américain vise désormais le canal de Suez, un autre axe de transport stratégique pour le commerce mondial.
  • « J'ai demandé au secrétaire d'État Marco Rubio de se saisir » de ce dossier, a-t-il ajouté. 

WASHINGTON : Donald Trump a demandé samedi que le passage des navires américains soit rendu gratuit sur les canaux de Panama et de Suez, et a chargé son chef de la diplomatie, Marco Rubio, de se saisir immédiatement de ce dossier.

Après avoir répété, depuis des mois, sa volonté de prendre le contrôle du canal de Panama, le président américain vise désormais le canal de Suez, un autre axe de transport stratégique pour le commerce mondial.

« Les navires américains, à la fois militaires et commerciaux, devraient être autorisés à transiter gratuitement via les canaux de Panama et de Suez. Ces canaux n'existeraient pas sans les États-Unis d'Amérique », a écrit Donald Trump sur son réseau Truth Social.

« J'ai demandé au secrétaire d'État Marco Rubio de se saisir » de ce dossier, a-t-il ajouté. 

Avant même de prendre ses fonctions le 20 janvier, Donald Trump avait fait monter la pression sur le Panama, menaçant de « reprendre » le canal construit par les États-Unis et inauguré en 1914, et resté sous souveraineté américaine jusqu'en 1999.

Le Panama avait récupéré le canal cette année-là, en vertu d'un accord conclu en 1977 avec le président Jimmy Carter. Les États-Unis et la Chine sont les deux principaux utilisateurs de ce lien stratégique, par lequel transite 5 % du commerce maritime mondial.

Début avril, Washington a obtenu l'autorisation du Panama de déployer des militaires américains autour de cette voie d'eau stratégique.

Le canal de Suez, contrôlé par l'Égypte depuis 1956, concentrait lui environ 10 % du commerce maritime mondial, jusqu'à ce que les rebelles houthis du Yémen commencent à lancer des attaques contre des navires, disant agir en « solidarité » avec les Palestiniens de la bande de Gaza.

Les États-Unis sont intervenus, avec d'autres pays, pour tenter de sécuriser cette route maritime.

Mais le trafic a chuté, réduisant drastiquement une source essentielle de devises étrangères pour Le Caire, plongé dans la pire crise économique de son histoire.


Une « puissante » explosion dans un port iranien fait plus de 400 blessés

Un épais panache de fumée s'élève alors que des automobilistes conduisent leurs véhicules sur une autoroute près de la source d'une explosion au quai du port Shahid Rajaee au sud-ouest de Bandar Abbas dans la province iranienne d'Hormozgan, le 26 avril 2025. (Photo de Mohammad Rasole MORADI / IRNA / AFP)
Un épais panache de fumée s'élève alors que des automobilistes conduisent leurs véhicules sur une autoroute près de la source d'une explosion au quai du port Shahid Rajaee au sud-ouest de Bandar Abbas dans la province iranienne d'Hormozgan, le 26 avril 2025. (Photo de Mohammad Rasole MORADI / IRNA / AFP)
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  • Ce port, crucial pour le commerce, est situé à plus d'un millier de kilomètres au sud de Téhéran, près de la grande ville de Bandar Abbas, qui donne sur le détroit d'Ormuz.
  • « 406 personnes ont été blessées et ont été transférées vers des centres médicaux », a indiqué la télévision d'État.

TEHERAN : Une « puissante explosion » a fait  samedi plus de 400 blessés dans un important port du sud de l'Iran, ont rapporté les médias d'État, qui n'ont pas donné de précisions sur l'origine du sinistre dans l'immédiat.

« Une puissante explosion s'est produite sur un quai du port Shahid Rajaï », a déclaré à la télévision Esmaïl Malekizadeh, un responsable local de l'administration portuaire.

Ce port, crucial pour le commerce, est situé à plus d'un millier de kilomètres au sud de Téhéran, près de la grande ville de Bandar Abbas, qui donne sur le détroit d'Ormuz.

« 406 personnes ont été blessées et ont été transférées vers des centres médicaux », a indiqué la télévision d'État.

Selon l'agence de presse officielle Irna, Shahid Rajaï est le plus grand port commercial d'Iran. 

Plus de 70 % des marchandises iraniennes transitent par ce port qui borde le détroit d'Ormuz par lequel transite un cinquième de la production mondiale de pétrole.

« L'incident est dû à l'explosion de plusieurs conteneurs stockés dans la zone du quai du port Shahid Rajaï », a indiqué à la télévision d'État un responsable local des secours, Mehrdad Hassanzadeh.

Selon l'agence Isna, le premier vice-président, Mohammad Reza Aref, a ordonné l'ouverture d'une enquête pour déterminer la cause exacte de l'incident et l'étendue des dégâts. 

La télévision d'État a diffusé des images d'un important panache de fumée noire s'élevant dans le ciel depuis le port.

Une autre vidéo, relayée par l'agence Mehr, montre une explosion dans un hangar qui provoque un épais nuage de fumée et de poussière, filmée par une caméra de surveillance.

Selon l'agence de presse Fars, la détonation a été entendue à une cinquantaine de kilomètres à la ronde.

« L'onde de choc a été si forte que la plupart des bâtiments du port ont été gravement endommagés », a indiqué de son côté l'agence de presse Tasnim. 

Le nombre d'employés présents au moment de l'explosion n'est pas connu pour l'instant.

Samedi est le premier jour ouvré de la semaine en Iran.

La compagnie nationale de distribution de pétrole a déclaré que les installations pétrolières n'avaient pas été endommagées et qu'elles « fonctionnaient actuellement normalement ».

Des explosions de cette magnitude sont rares en Iran, mais le pays a connu des incidents meurtriers ces derniers mois.

En septembre dernier, une explosion dans une mine de charbon avait ainsi fait plus de 50 morts.


Ukraine: Zelensky dit espérer "des résultats" après sa rencontre avec Trump

 Sur cette photo prise et diffusée par le service de presse présidentiel ukrainien le 26 avril 2025, le président ukrainien Volodymyr Zelensky (à droite) rencontre le président américain Donald Trump (à gauche) en marge des funérailles du pape François à la basilique Saint-Pierre au Vatican. (Photo by Handout / UKRAINIAN PRESIDENTIAL PRESS SERVICE / AFP)
Sur cette photo prise et diffusée par le service de presse présidentiel ukrainien le 26 avril 2025, le président ukrainien Volodymyr Zelensky (à droite) rencontre le président américain Donald Trump (à gauche) en marge des funérailles du pape François à la basilique Saint-Pierre au Vatican. (Photo by Handout / UKRAINIAN PRESIDENTIAL PRESS SERVICE / AFP)
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  • « Bonne réunion. Nous avons longuement discuté en tête-à-tête. J'espère que nous obtiendrons des résultats sur tous les points abordés », a-t-il indiqué sur les réseaux sociaux.

KIEV : Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré samedi espérer « des résultats » après sa rencontre « symbolique » avec son homologue américain, Donald Trump, qui pousse fortement pour une cessation des hostilités entre Ukrainiens et Russes, après plus de trois ans d'invasion russe de l'Ukraine.

« Bonne réunion. Nous avons longuement discuté en tête-à-tête. J'espère que nous obtiendrons des résultats sur tous les points abordés », a-t-il indiqué sur les réseaux sociaux, réitérant sa demande d'un cessez-le-feu total et inconditionnel. « Cette réunion était très symbolique et pourrait devenir historique si nous parvenons à des résultats communs », a ajouté M. Zelensky.