DUBAÏ: L’évolution rapide de l’industrie des médias et la capacité d’attention plus limitée du public obligent le monde arabe à adopter de «nouvelles écoles de pensée» dans le journalisme, ont déclaré des experts mardi dernier.
L’industrie des médias arabes, dirigée et financée pendant des décennies par l’État, connaît des changements spectaculaires à mesure que les organisations commerciales et les jeunes générations sont amenées à produire du contenu.
D’éminentes personnalités des médias arabes se sont réunies mardi lors du Sommet mondial des gouvernements pour discuter de ces questions dans un forum intitulé «Médias et communication».
Abdallah al-Maghlouth, vice-ministre et porte-parole du ministère saoudien des Médias, a présenté le plan du Centre saoudien pour la communication internationale. Ce dernier vise à produire des émissions qui présentent des histoires humaines sincères et pertinentes.
L’initiative s’est avérée fructueuse, avec un lien de confiance accru entre les téléspectateurs et le gouvernement, affirme-t-il.
Des documentaires qui couvrent un large éventail de sujets sociaux sont également produits. Ils seront stockés à la Bibliothèque nationale du Royaume.
Saeed al-Eter, président du Bureau des médias du gouvernement des Émirats arabes unis, précise que des campagnes de communication entre l’État et les citoyens sont nécessaires et que les gouvernements se concentrent désormais sur ce qu’il qualifie d’«économie de l’attention».
«Les gouvernements, y compris ceux du Conseil de coopération du Golfe [CCG], font désormais leur propre promotion comme le font les entreprises privées pour attirer le tourisme et les investissements. Le CCG n’est plus ce qu’il était; nous sommes aujourd’hui reconnus internationalement dans plusieurs secteurs. Nous devons persévérer, malgré la couverture parfois négative des médias occidentaux», souligne-t-il.
Le journaliste saoudien Abdelrahmane Aboumalih affirme que son émission continue d’attirer des millions de téléspectateurs malgré des épisodes qui peuvent durer jusqu’à quatre heures.
«Bien que les gens aient désormais une capacité d’attention plus réduite, je continue de croire que si le contenu est parfaitement produit et pertinent, les téléspectateurs répondront présents», soutient-il.
Ammar Taqi, présentateur de The Black Box, est d’accord. «Les gens ont désormais tendance à consommer leur contenu à partir de leurs téléphones grâce à de petites vidéos et de gros titres. Mais la télé, un peu considérée comme vieux jeu, a toujours son charme», confie-t-il. «Mon émission de vingt-deux épisodes compte vingt-neuf millions de vues.»
L’animateur libanais Tony Khalife, qui a lancé sa propre chaîne, Al-Mashhad TV, considère que les nouveaux médias ne sont pas compatibles avec la télévision.
«Ce qui fonctionne sur les réseaux sociaux ne fonctionne pas à la télévision. Il ne s’agit pas de décrédibiliser ce que font les jeunes générations, mais nous devons continuer à respecter notre public en lui offrant un contenu bien documenté.»
Le présentateur de télévision Emad Eldin Aldeeb indique que «l’avenir nous transcende tous». Il ajoute: «Les hologrammes sont étudiés et produits au Japon. Nous pourrions tous devenir désuets dans cette industrie si les téléspectateurs pouvaient obtenir leur contenu en un clic.»
Malgré leurs opinions divergentes sur le journalisme d’aujourd'hui, les intervenants s’accordent à reconnaître que l’intelligence artificielle ne pourra jamais reproduire l’intégrité et la pensée critique d’un journaliste – des qualités essentielles pour rapporter des faits dans un monde rempli de fausses nouvelles et de contenu dénué de sens.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com