RAMALLAH: Des Palestiniens ainsi que des organisations de défense des droits de l'homme ont appelé le monde et la Cour pénale internationale à empêcher le gouvernement israélien de perpétrer ce qu'ils appellent les crimes de "nettoyage ethnique" et de "punition collective" dans la ville occupée de Jérusalem.
Cet appel a été lancé à un moment où les autorités israéliennes continuent de démolir les maisons des habitants de Jérusalem à Silwan, Jabal al-Mukaber et Issawiya, sur ordre du ministre extrémiste de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir.
Le gouvernement israélien aurait ciblé les maisons familiales de ceux qui ont commis des attentats contre des Israéliens, et d'autres qui auraient été construites sans permis.
Dimanche, des équipes de démolition de la municipalité de Jérusalem, accompagnées de la police et des forces spéciales israéliennes, ont pris d'assaut des maisons dans plusieurs quartiers de la ville, notamment Silwan et Jabal al-Mukaber.
Ben-Gvir s'est dit déterminé à mener l'opération «Bouclier défensif 2» à Jérusalem-Est à partir de dimanche. Cette opération rappelle l'opération militaire de grande envergure menée par les Forces de défense israéliennes en Cisjordanie en 2002.
Le ministre a affirmé que les forces de police sont notamment chargées de «détruire les habitations illégales, d'arrêter plus de 150 cibles, de faire des descentes dans les maisons et de mettre fin aux propos provocateurs dans les mosquées».
Il a déclaré que la réunion du Cabinet de sécurité de dimanche était importante, mais que contrôler la situation était plus important, et «je ferai en sorte que cela se produise».
Un porte-parole de l'armée israélienne a annoncé samedi soir que l'armée avait décidé de condamner l'appartement où vivait Mahmoud Aliwat, 13 ans, l'auteur présumé de l'opération de Silwan.
Aliwat est accusé d'avoir tiré sur deux colons, dont un officier qui se trouve toujours dans un état critique.
Dimanche, les forces de sécurité israéliennes ont également mis sous scellés le domicile familial de Hussein Qaraqea, qui aurait foncé avec sa voiture dans un arrêt de bus de Jérusalem-Est, tuant trois personnes.
Samedi soir, un tribunal israélien a sommé cinq familles de Jérusalem de quitter leurs maisons dans la ville de Jabal Mukaber, au sud de la ville, en vue de leur démolition.
Jessica Montell, directrice exécutive du groupe de défense des droits de l'homme HaMoked, a critiqué à l'intensification de la punition collective des familles palestiniennes.
«Il semble clair que la vengeance et le besoin d'amadouer les franges extrémistes de ce gouvernement sont à l'origine de ces mesures plutôt que des considérations légitimes de sécurité», a indiqué Montel à Arab News.
«On peut sérieusement se demander si la mise sous scellés ou la démolition de maisons sont des moyens de dissuasion efficaces. Ce qui est clair, c'est que ce sont des punitions collectives illégales et immorales», a-t-elle ajouté.
Les autorités israéliennes ont démoli 13 maisons à Jérusalem-Est en 2022, tandis que la Cour suprême israélienne a approuvé deux démolitions en 2023.
Cinq autres à Jérusalem-Est et deux en Cisjordanie risquent d'être mises sous scellés ou démolies.
Imad Muna, un éminent dirigeant communautaire de Jérusalem-Est, partage les propos de Montel.
Muna a déclaré à Arab News que les 350 000 habitants de Jérusalem ont besoin de plus de logements, en raison de l'expansion naturelle de leurs familles.
«La question de la construction à Jérusalem est politique et ne pas accorder de permis de construire aux habitants de Jérusalem et démolir leurs maisons est un processus silencieux d'expulsion de la ville», a-t-il indiqué à Arab News.
Selon Muna, 50% des habitants de Jérusalem rencontrent des problèmes de construction, que ce soit pour la construction d'une maison sans permis ou l'ajout d'unités résidentielles sans autorisation.
Comme la municipalité israélienne de Jérusalem refuse souvent de délivrer des permis de construire, qui coûtent chacun 100 000 dollars, les habitants sont contraints soit de construire sans permis, soit de s'installer dans des villes voisines de Jérusalem, comme Al-Ram, Bir Nabala et Abu Dis, a expliqué Muna.
Ils risquent également de perdre leur droit de résidence permanent à Jérusalem, a-t-il ajouté.
Les habitants de Jérusalem estiment que la démolition des maisons s'est considérablement intensifiée depuis l'arrivée du gouvernement d'extrême droite israélien fin décembre, sous l'impulsion du nouveau ministre Ben-Gvir.
Ce phénomène a coïncidé avec le lancement de la conférence de la Ligue arabe au Caire sur la constance et le développement de Jérusalem.
L'événement vise à soutenir les habitants de Jérusalem, qui constituent la première ligne de défense de la ville, et à protéger leur lien avec la mosquée Al-Aqsa.
Rawhi Fattouh, président du Conseil national palestinien, a déclaré que les démolitions de maisons perpétrées par les autorités d'occupation, en particulier dans le quartier de Jabal Mukaber, constituaient un nouveau «crime de guerre qui combine déplacement forcé et nettoyage ethnique contre notre peuple et le droit de l'humanité».
Dans un communiqué de presse, Fattouh a appelé la communauté internationale et la Cour pénale internationale à prendre des mesures immédiates pour mettre fin à ce qu'il appelle les crimes israéliens de nettoyage ethnique.
Il a déclaré qu'Israël continuait de bafouer toutes les résolutions de l'ONU destinées à préserver les monuments religieux et historiques de la ville de Jérusalem.
«Israël, la puissance d'occupation, insiste sur le meurtre, le crime et le déplacement, et nous révèle chaque jour son visage inhumain, fasciste et hideusement raciste», a-t-il indiqué.
Les Palestiniens ont fait valoir qu'Israël entendait modifier la démographie de Jérusalem en confisquant des terres, en imposant des restrictions à la construction et en démolissant des maisons.
Ils affirment que 350 000 Palestiniens vivent sur 13% de la superficie de Jérusalem-Est occupée, et que seulement 2% des demandes de construction sont prises en compte.
Lorsque les Palestiniens sont contraints de construire, du fait de la croissance naturelle de leurs familles, les autorités israéliennes y trouvent un prétexte pour démolir leurs maisons ou confisquer leurs terres.
Un rapport du Centre d'information israélien pour les droits de l'homme dans les territoires occupés, B'Tselem, indique que 160 bâtiments, dont 96 qui servaient de logement, ont été démolis à Jérusalem-Est en 2021.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com
Les Palestiniens appellent la justice internationale à empêcher les démolitions illégales à Jérusalem
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Les Palestiniens appellent la justice internationale à empêcher les démolitions illégales à Jérusalem
- Un groupe de défense des droits de l'homme accuse Tel-Aviv de «vengeance et d'apaisement» de la droite
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