Les Palestiniens appellent la justice internationale à empêcher les démolitions illégales à Jérusalem

La mère et les proches d'un jeune Palestinien abattu par les forces israéliennes lors d'affrontements dans la ville de Jénine, en Cisjordanie (Photo, AFP).
La mère et les proches d'un jeune Palestinien abattu par les forces israéliennes lors d'affrontements dans la ville de Jénine, en Cisjordanie (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 13 février 2023

Les Palestiniens appellent la justice internationale à empêcher les démolitions illégales à Jérusalem

  • Un groupe de défense des droits de l'homme accuse Tel-Aviv de «vengeance et d'apaisement» de la droite
  • Le ministre extrémiste Ben-Gvir a déclaré que Jérusalem-Est resterait une cible

RAMALLAH: Des Palestiniens ainsi que des organisations de défense des droits de l'homme ont appelé le monde et la Cour pénale internationale à empêcher le gouvernement israélien de perpétrer ce qu'ils appellent les crimes de "nettoyage ethnique" et de "punition collective" dans la ville occupée de Jérusalem.
Cet appel a été lancé à un moment où les autorités israéliennes continuent de démolir les maisons des habitants de Jérusalem à Silwan, Jabal al-Mukaber et Issawiya, sur ordre du ministre extrémiste de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir.
Le gouvernement israélien aurait ciblé les maisons familiales de ceux qui ont commis des attentats contre des Israéliens, et d'autres qui auraient été construites sans permis.
Dimanche, des équipes de démolition de la municipalité de Jérusalem, accompagnées de la police et des forces spéciales israéliennes, ont pris d'assaut des maisons dans plusieurs quartiers de la ville, notamment Silwan et Jabal al-Mukaber.
Ben-Gvir s'est dit déterminé à mener l'opération «Bouclier défensif 2» à Jérusalem-Est à partir de dimanche. Cette opération rappelle l'opération militaire de grande envergure menée par les Forces de défense israéliennes en Cisjordanie en 2002.
Le ministre a affirmé que les forces de police sont notamment chargées de «détruire les habitations illégales, d'arrêter plus de 150 cibles, de faire des descentes dans les maisons et de mettre fin aux propos provocateurs dans les mosquées».
Il a déclaré que la réunion du Cabinet de sécurité de dimanche était importante, mais que contrôler la situation était plus important, et «je ferai en sorte que cela se produise».
Un porte-parole de l'armée israélienne a annoncé samedi soir que l'armée avait décidé de condamner l'appartement où vivait Mahmoud Aliwat, 13 ans, l'auteur présumé de l'opération de Silwan.
Aliwat est accusé d'avoir tiré sur deux colons, dont un officier qui se trouve toujours dans un état critique.
Dimanche, les forces de sécurité israéliennes ont également mis sous scellés le domicile familial de Hussein Qaraqea, qui aurait foncé avec sa voiture dans un arrêt de bus de Jérusalem-Est, tuant trois personnes.
Samedi soir, un tribunal israélien a sommé cinq familles de Jérusalem de quitter leurs maisons dans la ville de Jabal Mukaber, au sud de la ville, en vue de leur démolition.
Jessica Montell, directrice exécutive du groupe de défense des droits de l'homme HaMoked, a critiqué à l'intensification de la punition collective des familles palestiniennes.
«Il semble clair que la vengeance et le besoin d'amadouer les franges extrémistes de ce gouvernement sont à l'origine de ces mesures plutôt que des considérations légitimes de sécurité», a indiqué Montel à Arab News.
«On peut sérieusement se demander si la mise sous scellés ou la démolition de maisons sont des moyens de dissuasion efficaces. Ce qui est clair, c'est que ce sont des punitions collectives illégales et immorales», a-t-elle ajouté.
Les autorités israéliennes ont démoli 13 maisons à Jérusalem-Est en 2022, tandis que la Cour suprême israélienne a approuvé deux démolitions en 2023.
Cinq autres à Jérusalem-Est et deux en Cisjordanie risquent d'être mises sous scellés ou démolies.
Imad Muna, un éminent dirigeant communautaire de Jérusalem-Est, partage les propos de Montel.
Muna a déclaré à Arab News que les 350 000 habitants de Jérusalem ont besoin de plus de logements, en raison de l'expansion naturelle de leurs familles.
«La question de la construction à Jérusalem est politique et ne pas accorder de permis de construire aux habitants de Jérusalem et démolir leurs maisons est un processus silencieux d'expulsion de la ville», a-t-il indiqué à Arab News.
Selon Muna, 50% des habitants de Jérusalem rencontrent des problèmes de construction, que ce soit pour la construction d'une maison sans permis ou l'ajout d'unités résidentielles sans autorisation.
Comme la municipalité israélienne de Jérusalem refuse souvent de délivrer des permis de construire, qui coûtent chacun 100 000 dollars, les habitants sont contraints soit de construire sans permis, soit de s'installer dans des villes voisines de Jérusalem, comme Al-Ram, Bir Nabala et Abu Dis, a expliqué Muna.
Ils risquent également de perdre leur droit de résidence permanent à Jérusalem, a-t-il ajouté.
Les habitants de Jérusalem estiment que la démolition des maisons s'est considérablement intensifiée depuis l'arrivée du gouvernement d'extrême droite israélien fin décembre, sous l'impulsion du nouveau ministre Ben-Gvir.
Ce phénomène a coïncidé avec le lancement de la conférence de la Ligue arabe au Caire sur la constance et le développement de Jérusalem.
L'événement vise à soutenir les habitants de Jérusalem, qui constituent la première ligne de défense de la ville, et à protéger leur lien avec la mosquée Al-Aqsa.
Rawhi Fattouh, président du Conseil national palestinien, a déclaré que les démolitions de maisons perpétrées par les autorités d'occupation, en particulier dans le quartier de Jabal Mukaber, constituaient un nouveau «crime de guerre qui combine déplacement forcé et nettoyage ethnique contre notre peuple et le droit de l'humanité».
Dans un communiqué de presse, Fattouh a appelé la communauté internationale et la Cour pénale internationale à prendre des mesures immédiates pour mettre fin à ce qu'il appelle les crimes israéliens de nettoyage ethnique.
Il a déclaré qu'Israël continuait de bafouer toutes les résolutions de l'ONU destinées à préserver les monuments religieux et historiques de la ville de Jérusalem.
«Israël, la puissance d'occupation, insiste sur le meurtre, le crime et le déplacement, et nous révèle chaque jour son visage inhumain, fasciste et hideusement raciste», a-t-il indiqué.
Les Palestiniens ont fait valoir qu'Israël entendait modifier la démographie de Jérusalem en confisquant des terres, en imposant des restrictions à la construction et en démolissant des maisons.
Ils affirment que 350 000 Palestiniens vivent sur 13% de la superficie de Jérusalem-Est occupée, et que seulement 2% des demandes de construction sont prises en compte.
Lorsque les Palestiniens sont contraints de construire, du fait de la croissance naturelle de leurs familles, les autorités israéliennes y trouvent un prétexte pour démolir leurs maisons ou confisquer leurs terres.
Un rapport du Centre d'information israélien pour les droits de l'homme dans les territoires occupés, B'Tselem, indique que 160 bâtiments, dont 96 qui servaient de logement, ont été démolis à Jérusalem-Est en 2021.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Parlement libanais approuve un projet de loi sur le secret bancaire

Le Parlement a adopté des amendements à "la loi relative au secret bancaire" et à la législation monétaire, selon le bureau de son président, Nabih Berri. (AFP)
Le Parlement a adopté des amendements à "la loi relative au secret bancaire" et à la législation monétaire, selon le bureau de son président, Nabih Berri. (AFP)
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  • La communauté internationale exige depuis longtemps d'importantes réformes pour débloquer des milliards de dollars afin d'aider à la relance de l'économie libanaise, plongée depuis 2019 dans une profonde crise
  • Selon le groupe de défense des droits libanais Legal Agenda, les amendements autorisent "les organes de contrôle et de régulation bancaire (...) à demander l'accès à toutes les informations" sans fournir de raison particulière

BEYROUTH: Le Parlement libanais a approuvé jeudi un projet de loi sur la levée du secret bancaire, une réforme clé réclamée par le Fonds monétaire international (FMI), au moment où des responsables libanais rencontrent à Washington des représentants des institutions financières mondiales.

Le Parlement a adopté des amendements à "la loi relative au secret bancaire" et à la législation monétaire, selon le bureau de son président, Nabih Berri.

La communauté internationale exige depuis longtemps d'importantes réformes pour débloquer des milliards de dollars afin d'aider à la relance de l'économie libanaise, plongée depuis 2019 dans une profonde crise imputée à la mauvaise gestion et à la corruption.

La récente guerre entre Israël et le Hezbollah a aggravé la situation et le pays, à court d'argent, a désormais besoin de fonds pour la reconstruction.

Selon le groupe de défense des droits libanais Legal Agenda, les amendements autorisent "les organes de contrôle et de régulation bancaire (...) à demander l'accès à toutes les informations" sans fournir de raison particulière.

Ces organismes pourront avoir accès à des informations telles que les noms des clients et les détails de leurs dépôts, et enquêter sur d'éventuelles activités suspectes, selon Legal Agenda.

Le Liban applique depuis longtemps des règles strictes en matière de confidentialité des comptes bancaires, ce qui, selon les critiques, rend le pays vulnérable au blanchiment d'argent.

En adoptant ce texte, le gouvernement avait précisé qu'il s'appliquerait de manière rétroactive pendant 10 ans. Il couvrira donc le début de la crise économique, lorsque les banquiers ont été accusés d'aider certaines personnalités à transférer d'importantes sommes à l'étranger.

Le feu vert du Parlement coïncide avec une visite à Washington des ministres des Finances, Yassine Jaber, et de l'Economie, Amer Bisat, ainsi que du nouveau gouverneur de la Banque centrale, Karim Souaid, pour des réunions avec la Banque mondiale et le FMI.

M. Jaber a estimé cette semaine que l'adoption des amendements donnerait un "coup de pouce" à la délégation libanaise.

En avril 2022, le Liban et le FMI ont conclu un accord sous conditions pour un programme de prêt sur 46 mois de trois milliards de dollars, mais les réformes alors exigées n'ont pour la plupart pas été entreprises.

En février, le FMI s'est dit ouvert à un nouvel accord avec Beyrouth après des discussions avec M. Jaber. Le nouveau gouvernement libanais s'est engagé à mettre en oeuvre d'autres réformes et a également approuvé le 12 avril un projet de loi pour restructurer le secteur bancaire.


Syrie: Londres lève ses sanctions contre les ministères de la Défense et de l'Intérieur

Abdallah Al Dardari, chef régional pour les Etats arabes au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), lors d'une interview avec l'AFP à Damas le 19 avril 2025. (AFP)
Abdallah Al Dardari, chef régional pour les Etats arabes au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), lors d'une interview avec l'AFP à Damas le 19 avril 2025. (AFP)
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  • "Les entités suivantes ont été retirées de la liste et ne sont plus soumises à un gel des avoirs: ministère de l'Intérieur, ministère de la Défense", indique notamment le communiqué du département du Trésor
  • Des agences de renseignement sont également retirées de la liste. La totalité d'entre elles ont été dissoutes par les nouvelles autorités en janvier

LONDRES: Le Royaume-Uni a annoncé jeudi avoir levé ses sanctions contre les ministères syriens de l'Intérieur et de la Défense ainsi que contre des agences de renseignement, qui avaient été imposées sous le régime de Bachar al-Assad.

"Les entités suivantes ont été retirées de la liste et ne sont plus soumises à un gel des avoirs: ministère de l'Intérieur, ministère de la Défense", indique notamment le communiqué du département du Trésor.

Des agences de renseignement sont également retirées de la liste. La totalité d'entre elles ont été dissoutes par les nouvelles autorités en janvier.

Ces autorités, issues de groupes rebelles islamistes, ont pris le pouvoir le 8 décembre.

Le Royaume-Uni avait début mars déjà levé des sanctions à l'égard de 24 entités syriennes ou liées à la Syrie, dont la Banque centrale.

Plus de trois cents individus restent toutefois soumis à des gels d'avoirs dans ce cadre, ainsi qu'une quarantaine d'entités, selon le communiqué du Trésor.

Les nouvelles autorités syriennes appellent depuis la chute d'Assad en décembre dernier à une levée totale des sanctions pour relancer l'économie et reconstruire le pays, ravagé après 14 années de guerre civile.


1983 – L'attaque contre les Marines américains à Beyrouth

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  • Les dégâts sont énormes au quartier général des Marines
  • Quatre couches de ciment s'étaient effondrées pour former des tas de décombres, des incendies brûlaient et l'on entendait beaucoup de cris au milieu du sang

BEYROUTH: Le 23 octobre 1983, aux alentours de 6h25, une violente déflagration secoue Beyrouth et sa banlieue, jusque dans les hauteurs montagneuses. Le souffle, sourd et diffus, fait d’abord penser à un tremblement de terre.

Mais sept minutes plus tard, une seconde explosion, bien plus puissante, déchire la ville et ses environs, dissipant toute confusion: Beyrouth venait de vivre l’un des attentats les plus meurtriers de son histoire.

Je travaillais alors pour le journal libanais As-Safir en tant que correspondant de guerre. Beyrouth était assiégée, dans sa banlieue sud, dans les montagnes et dans la région du Kharoub, par des affrontements entre le Parti socialiste progressiste et ses alliés d'une part, et les Forces libanaises d'autre part, dans ce que l'on appelait la «guerre des montagnes».

Le sud du pays a également été le théâtre de la résistance armée des combattants libanais contre l'occupation israélienne. Ces combattants étaient liés à des partis de gauche et, auparavant, à des factions palestiniennes.

Des forces multinationales, notamment américaines, françaises et italiennes, avaient été stationnées à Beyrouth après le retrait des dirigeants et des forces de l'Organisation de libération de la Palestine, à la suite de l'agression israélienne contre le Liban et de l'occupation de Beyrouth en 1982.

Quelques minutes après les explosions, la réalité s’impose avec brutalité: le quartier général des Marines américains, situé sur la route de l’aéroport de Beyrouth, ainsi que la base du contingent français dans le quartier de Jnah, ont été ciblés par deux attaques-suicides coordonnées.

Les assaillants, non identifiés, ont lancé des camions piégés – chargés de plusieurs tonnes d’explosifs – contre les deux sites pourtant fortement sécurisés, provoquant un carnage sans précédent.

Comment nous l'avons écrit

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Au lendemain des attentats, Arab News faisait état de 120 morts parmi les Marines et de 20 morts parmi les Français, un chiffre nettement inférieur au décompte final.

L'attaque de la base américaine a tué 241 militaires américains – 220 Marines, 18 marins et trois soldats – et en a blessé des dizaines. Le bombardement du site militaire français a tué 58 parachutistes français et plus de 25 Libanais.

Ces attentats étaient les deuxièmes du genre à Beyrouth; un kamikaze avait pris pour cible l'ambassade des États-Unis à Aïn el-Mreisseh six mois plus tôt, le 18 avril, tuant 63 personnes, dont 17 Américains et 35 Libanais.

Les dégâts sont énormes au quartier général des Marines. Quatre couches de ciment s'étaient effondrées pour former des tas de décombres, des incendies brûlaient et l'on entendait beaucoup de cris au milieu du sang, des morceaux de corps et de la confusion. Voici ce que nous, journalistes, avons pu voir au milieu du chaos qui régnait immédiatement après la catastrophe, et ce qui reste gravé dans ma mémoire plus de 40 ans plus tard.

La nuit précédente, un samedi, les Marines avaient fait la fête, divertis par un groupe de musique qui avait fait le voyage depuis les États-Unis pour se produire devant eux. La plupart dormaient encore lorsque la bombe a explosé.

Aucun groupe n'a revendiqué les attentats ce jour-là, mais quelques jours plus tard, As-Safir a publié une déclaration qu'il avait reçue et dans laquelle le «Mouvement de la révolution islamique» déclare en être responsable.

Environ 48 heures après l’attentat, les autorités américaines pointent du doigt le mouvement Amal, ainsi qu’une faction dissidente dirigée par Hussein al-Moussawi, connue sous le nom d’Amal islamique, comme étant à l’origine de l’attaque.

Selon la presse locale de l’époque, la planification de l’attentat aurait eu lieu à Baalbeck, dans la région de la Békaa, tandis que le camion utilisé aurait été aperçu garé devant l’un des bureaux du mouvement Amal.

Le vice-président américain, George H.W. Bush, s'est rendu au Liban le lendemain de l'attentat et a déclaré: «Nous ne permettrons pas au terrorisme de dicter ou de modifier notre politique étrangère.»

La Syrie, l'Iran et le mouvement Amal ont nié toute implication dans les deux attentats.

En riposte à l’attaque visant leurs soldats, les autorités françaises ont lancé une opération militaire d’envergure: huit avions de chasse ont bombardé la caserne Cheikh Abdallah à Baalbeck, que Paris considérait comme un bastion de présences iraniennes.

À l’époque, les autorités françaises ont affirmé que les frappes avaient fait environ 200 morts.

Un responsable de l'Amal islamique a nié que l'Iran disposait d'un complexe dans la région de Baalbeck. Toutefois, il a reconnu le lien idéologique fort unissant son groupe à Téhéran, déclarant: «L’association de notre mouvement avec la révolution islamique en Iran est celle d’un peuple avec son guide. Et nous nous défendons.»

Le 23 novembre, le cabinet libanais a décidé de rompre les relations avec l'Iran et la Libye. Le ministre libanais des Affaires étrangères, Elie Salem, a déclaré que la décision «a été prise après que l'Iran et la Libye ont admis qu'ils avaient des forces dans la Békaa».

Un rapport d'As-Safir cite une source diplomatique: «Les relations avec l'Iran se sont détériorées en raison des interventions, pratiques et activités illégales qu'il a menées sur la scène libanaise, malgré de nombreux avertissements.»

Les attentats du 23 octobre étaient jusqu'alors le signe le plus évident de l'évolution de l'équilibre des forces régionales et internationales au Liban et de l'émergence d'un rôle iranien de plus en plus important dans la guerre civile.

Le chercheur Walid Noueihed m'a expliqué qu'avant 1982, Beyrouth avait accueilli toutes les formes d'opposition, y compris l'élite éduquée, appelée «opposition de velours», et l'opposition armée, dont les membres étaient formés dans des camps ou des centres d'entraînement palestiniens dans la vallée de la Békaa et au Liban-Sud.

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Vue aérienne de l'ambassade américaine à Beyrouth après l'explosion qui a fait 63 morts, dont 46 Libanais et 17 Américains. (AFP)

Il a indiqué que l'opposition iranienne au chah était présente parmi ces groupes et a décrit Beyrouth comme une oasis pour les mouvements d'opposition jusqu'en 1982. Toutefois, cette dynamique a changé lorsqu'Israël a envahi le Liban et assiégé Beyrouth, ce qui a entraîné le départ de l'OLP en vertu d'un accord international qui exigeait en échange qu'Israël s'abstienne de pénétrer dans Beyrouth.

Si les factions palestiniennes ont quitté le Liban, ce n'est pas le cas des combattants libanais associés à l'OLP, pour la plupart des chiites qui constituaient la base des partis de gauche libanais.

Les attaques contre les bases militaires américaines et françaises ont entraîné le retrait des forces internationales du Liban, explique M. Noueihed, laissant une fois de plus Beyrouth sans protection. Les opérations de résistance se sont multipliées, influencées par des idéologies distinctes de celles de la gauche traditionnelle, des groupes comme l'Amal islamique affichant ouvertement des slogans prônant la confrontation avec Israël.

En 1985, le Hezbollah est officiellement créé en tant qu'«organisation djihadiste menant une révolution pour une république islamique». Il s'est attiré le soutien des partis de gauche libanais et palestiniens, en particulier après l'effondrement de l'Union soviétique.

Selon M. Noueihed, l'émergence du Hezbollah a coïncidé avec le déclin des symboles existants de la résistance nationale, ce qui semble indiquer une intention d'exclure toutes les autres forces du pays du mouvement de résistance, laissant le Hezbollah comme parti dominant.

L'influence iranienne au Liban est devenue évidente lors des violents affrontements entre le Hezbollah et Amal, qui ont fait des dizaines de victimes et se sont terminés par la consolidation du contrôle du Hezbollah au milieu de la présence des forces militaires syriennes.

Beyrouth se vide peu à peu de son élite intellectuelle, a souligné M. Noueihed. Des centaines d’écrivains, d’intellectuels, de chercheurs et de professionnels des médias ont fui vers l’Europe, redoutant pour leur sécurité, laissant derrière eux une ville désertée par ceux qui faisaient autrefois vibrer sa vie culturelle et académique.

Najia Houssari est rédactrice pour Arab News, basée à Beyrouth. Elle était correspondante de guerre pour le journal libanais As-Safir au moment du bombardement de la caserne des Marines américains.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com