Vingt-cinq ans de prison requis contre l'influenceur jugé pour l'assassinat d'un internaute

Vue générale d'une salle d'audience du palais de justice de Paris, le 12 octobre 2020 (AFP / Thomas SAMSON)
Vue générale d'une salle d'audience du palais de justice de Paris, le 12 octobre 2020 (AFP / Thomas SAMSON)
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Publié le Vendredi 10 février 2023

Vingt-cinq ans de prison requis contre l'influenceur jugé pour l'assassinat d'un internaute

  • Fils à problèmes de l'actrice Firmine Richard laquelle il vivait, Keneff Leauva, 40 ans, est poursuivi pour avoir en avril 2021 poignardé à mort un internaute, Mamadi T. alias «Moussa VR6»
  • «Keneff Leauva n'a qu'une seule vie, qu'une seule identité: c'est celle des réseaux sociaux, c'est celle du clasheur», tance la représentante de l'accusation

BOBIGNY, France : Il lui fallait préserver sa «crédibilité» de «clasheur» sur les réseaux sociaux: le parquet a requis jeudi 25 ans de prison à l'encontre de l'influenceur jugé par la cour d'assises de Seine-Saint-Denis pour l'assassinat d'un internaute après une dispute en ligne.

Fils à problèmes de l'actrice Firmine Richard («Huit femmes», «Romuald et Juliette», «Les Profs 2»...) chez laquelle il vivait, Keneff Leauva, 40 ans, est poursuivi pour avoir en avril 2021 poignardé à mort un internaute, Mamadi T. alias «Moussa VR6». Ce dernier s'était présenté à son domicile au petit matin pour s'expliquer après une altercation devant 500 spectateurs sur l'application de vidéo en direct Bigo Live.

Face à un adversaire physiquement plus imposant que lui, Keneff Leauva, douze condamnations au casier judiciaire dont déjà deux pour des violences liées aux réseaux sociaux, est dans un rapport de force défavorable. Or «il a une crédibilité à tenir», note l'avocate générale Alice Dubernet dans son réquisitoire d'une heure.

«Keneff Leauva n'a qu'une seule vie, qu'une seule identité: c'est celle des réseaux sociaux, c'est celle du clasheur», tance la représentante de l'accusation. «Il ne pouvait pas perdre ce face-à-face.»

Obsédé par son image en ligne de dur à cuire, cet ex-chauffeur de VTC s'est fait une place en vue dans la petite communauté du «live-streaming» avec sa propension au clash et à la castagne. L'escalade progressive de violence lui a déjà coûté un séjour en prison et une phalange arrachée lors d'une bagarre avec un autre internaute.

«Un clash conduit à un nouveau clash, dans un emballement qui ne pouvait que se terminer de manière dramatique», déplore Alice Dubernet, inquiète de «l'absence totale de remise en cause» de l'accusé, qui est apparu à l'audience toujours embourbé dans ses puériles intrigues numériques.

- «Des poinçons» -

Interrogé plus tôt dans la journée sur les faits, Keneff Leauva maintient ne pas avoir voulu tuer son ancien ami, avec lequel il s'était brouillé pour une obscure histoire de femme.

Lorsque Mamadi T. se présente à son domicile à Pantin à 06H00 du matin, Keneff Leauva est chauffé à blanc. Enfilant un jean et une doudoune sur son pyjama, il saisit un long couteau de cuisine sur l'égouttoir et le glisse dans ses vêtements avant d'aller à la rencontre de son contradicteur.

«Il y avait de la pression. Il me dit +Vas-y, viens, viens. On va parler toi et moi+. Pour moi c'était un traquenard pour me taper et m'afficher sur les réseaux», raconte l'accusé en jean et pull rose dans le box. «Après les gens en auraient ri: +c'est la deuxième fois que Keneff le bagarreur se mange une branlée sur les réseaux !+»

Il n'a sorti l'arme, dit-il, qu'à la suite d'un coup porté par Mamadi T. qui lui a fracassé la mâchoire et provoqué une vive douleur. Là, «j'ai vu rouge.»

La suite est racontée par les insoutenables images granuleuses tirées d'une caméra de vidéosurveillance, que la cour d'assises décortique plan par plan.

On y voit Keneff Leauva poursuivre couteau en main dans la rue la victime. Blessé, Mamadi T. tente de s'enfuir en se tenant le ventre mais il chute. Les deux hommes luttent au sol pendant de longues minutes.

Dans un geste désespéré de survie, la victime empoigne la lame de céramique à pleine main, au point de presque s'en sectionner le pouce et de casser le manche du couteau.

Touché de trois coups de couteau au thorax, le foie perforé, il faudra à peine une heure pour que Mamadi T. soit déclaré mort.

«Je pensais pas que c'était des coups fatals, je pensais que c'était des poinçons. J'me disais +j'ai mis des piques, il va se faire recoudre+», se justifie Keneff Leauva.

Le verdict est attendu vendredi en fin de journée.


Des syndicats de journalistes dénoncent le "ciblage" de la presse au Proche-Orient

De la fumée s'élève après une frappe aérienne israélienne sur Khiam, dans le sud du Liban, le 29 octobre 2024. (AFP)
De la fumée s'élève après une frappe aérienne israélienne sur Khiam, dans le sud du Liban, le 29 octobre 2024. (AFP)
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  • La Fédération internationale des journalistes (FIJ) et d'autres syndicats de presse français ont demandé mardi qu'il soit mis fin au "ciblage" des journalistes tués à Gaza et au Proche-Orient
  • Leur communiqué répertorie "143 journalistes" tués, dont "130 Palestiniens à Gaza, 4 Israéliens, 1 Syrienne et 8 Libanais – dont les 3 derniers assassinés au sud Liban

PARIS: La Fédération internationale des journalistes (FIJ) et d'autres syndicats de presse français ont demandé mardi qu'il soit mis fin au "ciblage" des journalistes tués à Gaza et au Proche-Orient et appellent à une manifestation samedi à Paris.

Leur communiqué répertorie "143 journalistes" tués, dont "130 Palestiniens à Gaza, 4 Israéliens, 1 Syrienne et 8 Libanais – dont les 3 derniers assassinés au sud Liban le 25 octobre 2024".

Ce texte est signé de la FIJ, du Syndicat national des journalistes (SNJ), de la SNJ-CGT, la LDH (Ligue des droits de l'homme), Solidaires, Reporters solidaires et du Comité de soutien Assange.

Ces journalistes "ont en très grande majorité été délibérément ciblés, ce qui constitue des crimes de guerre", poursuivent les signataires.

"Israël a en outre récemment stigmatisé six journalistes du nord de Gaza en les présentant comme des +terroristes+, une accusation sans preuve qui vise à faciliter l'acceptation de leur potentiel assassinat", lit-on encore.

Les signataires condamnent "ces assassinats de journalistes" et s'élèvent "contre les menaces explicites à leur encontre".

Ils soutiennent "l'exigence d'un cessez-le-feu au Proche-Orient" et exigent "l'ouverture de Gaza aux médias internationaux et la protection des journalistes, en commençant par l'évacuation d'urgence des journalistes blessés".

À l'occasion de la Journée internationale pour la fin de l'impunité pour les crimes commis contre les journalistes, les signataires appellent aussi à un rassemblement samedi à 15H00, place de la République, à Paris.

L'offensive israélienne dévastatrice à Gaza a été lancée en riposte à une attaque menée le 7 octobre 2023 contre Israël par le mouvement islamiste Hamas. Cette attaque a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles israéliennes, incluant les otages tués ou morts en captivité.

En représailles, Israël a promis d'anéantir le mouvement palestinien, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007, et lancé une offensive qui a tué au moins 43.061 Palestiniens, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas.


Sahara occidental: Macron réaffirme le soutien à la «souveraineté marocaine», une position «hostile à personne»

Emmanuel Macron a réaffirmé mardi solennellement, devant le Parlement du Maroc à Rabat, que "le présent et l'avenir" du Sahara occidental "s'inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine", suscitant les applaudissements nourris des élus. (AFP)
Emmanuel Macron a réaffirmé mardi solennellement, devant le Parlement du Maroc à Rabat, que "le présent et l'avenir" du Sahara occidental "s'inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine", suscitant les applaudissements nourris des élus. (AFP)
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  • Emmanuel Macron a réaffirmé mardi solennellement, devant le Parlement du Maroc à Rabat, que "le présent et l'avenir" du Sahara occidental "s'inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine"
  • "Cette position n'est hostile à personne", a assuré le président français dans une réponse aux critiques de l'Algérie, qui soutient les indépendantistes sahraouis du Front Polisario dans ce territoire disputé

RABAT: Emmanuel Macron a réaffirmé mardi solennellement, devant le Parlement du Maroc à Rabat, que "le présent et l'avenir" du Sahara occidental "s'inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine", suscitant les applaudissements nourris des élus.

"Cette position n'est hostile à personne", a assuré le président français dans une réponse aux critiques de l'Algérie, qui soutient les indépendantistes sahraouis du Front Polisario dans ce territoire disputé.

"Et je le dis ici aussi avec beaucoup de force, nos opérateurs et nos entreprises accompagneront le développement de ces territoires au travers d'investissements, d'initiatives durables et solidaires au bénéfice des populations locales", a-t-il ajouté.

Cette ex-colonie espagnole, considérée comme un "territoire non autonome" par l'ONU, oppose depuis un demi-siècle le Maroc au Front Polisario.

Après la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté du Maroc sur ce territoire, Rabat a multiplié les pressions sur la France pour qu'elle en fasse autant.

Le 30 juillet, Emmanuel Macron a fini par considérer dans une lettre adressée au roi Mohammed VI que l'avenir du Sahara occidental s'inscrivait "dans le cadre de la souveraineté marocaine", ouvrant la voie à un réchauffement avec Rabat et par ricochet à une nouvelle crise avec Alger.

Ce réalignement de la position française avait ouvert la voie à cette visite d'Etat, maintes fois repoussée jusque-là.

"Nouvelle page"

"L'autonomie sous souveraineté marocaine est le cadre dans lequel cette question doit être résolue et le plan d'autonomie de 2007" proposé par le Maroc "constitue la seule base pour parvenir à une solution politique juste, durable et négociée, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies", a insisté mardi le président français.

"Ancrée dans l'histoire, respectueuse des réalités et prometteuse pour l'avenir, cette position est celle que la France mettra en œuvre pour accompagner le Maroc dans les instances internationales", s'est-il engagé.

Selon lui, "elle permet d'ouvrir une nouvelle page", y compris "avec tous ceux qui veulent agir dans un cadre de coopération régionale en Méditerranée avec les pays voisins du Maroc et avec l'Union européenne".

Au-delà du territoire disputé, Emmanuel Macron a évoqué la nécessité d'aboutir dans la région du Sahel à "une stabilité respectueuse des peuples".

Il a plaidé pour des "projets de développement pour la jeunesse" qui "seule permettra non seulement la stabilité, mais de mettre fin aux routes des trafics et de la misère qui, du Golfe de Guinée à la Libye, sont ceux qui font souffrir le continent africain et le continent européen".

Trois pays du Sahel, Niger, Mali et Burkina Faso, dirigés par des juntes, ont rompu avec la France, ex-puissance coloniale.

La France "a été accusée par certains de tous les maux, bien injustement, car pendant une décennie, elle a évité l'effondrement de plusieurs Etats face au terrorisme et à des califats territoriaux", a déploré le président français. Il a assuré vouloir, "avec humilité", "bâtir une stratégie partenariale nouvelle" dans la région.


Sciences Po: quatre étudiants propalestiniens toujours suspendus

Des étudiants se préparent à quitter l'Institut d'études politiques (Sciences Po Paris) en brandissant un drapeau palestinien pour manifester contre la guerre d'Israël dans la bande de Gaza, à Paris, le 8 octobre 2024. (AFP)
Des étudiants se préparent à quitter l'Institut d'études politiques (Sciences Po Paris) en brandissant un drapeau palestinien pour manifester contre la guerre d'Israël dans la bande de Gaza, à Paris, le 8 octobre 2024. (AFP)
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  • Quatre étudiants de Sciences Po Paris qui avaient mené fin septembre une action propalestinienne et sont depuis interdits d'accès à l'établissement par la direction, vont devoir poursuivre leurs cours à distance
  • Plusieurs syndicats d'enseignants et étudiants (Sud Education, Solidaires, Unef...) ont dénoncé "le nouveau tournant répressif de l'administration de Sciences Po à l'encontre des étudiants engagés contre la guerre menée par Israël contre les Palestiniens

PARIS: Quatre étudiants de Sciences Po Paris qui avaient mené fin septembre une action propalestinienne et sont depuis interdits d'accès à l'établissement par la direction, vont devoir poursuivre leurs cours à distance, a-t-on appris auprès de leur conseil et de la justice administrative, lundi.

Saisi en référé pour la deuxième fois, le tribunal administratif de Paris a débouté lundi les étudiants qui réclamaient leur retour en classe en estimant que "la condition d'urgence n'est pas remplie" pour examiner leur demande.

"Nous attendons désormais une prochaine date d’audience au fond et en attendant, les quatre étudiants poursuivent leurs cours à distance", a expliqué leur avocate, Me Damia Taharraoui, contactée par l'AFP.

Les faits remontent à fin septembre, lors d'un forum auquel participaient des entreprises pour informer sur les débouchés professionnels.

Selon Sciences Po, quatre étudiants avaient "été identifiés comme ayant participé à une action" propalestinienne au cours de laquelle "du matériel a été dégradé notamment" sur les stands de quatre entreprises. "La section disciplinaire a été saisie, et dans l'attente de sa décision, ils ont eu une interdiction d'accès au campus" prononcée début octobre.

"On leur a proposé de suivre leurs études en zoom", a précisé Sciences Po à l'AFP.

Dans une interview aux Echos mi-octobre, le nouveau directeur de Sciences Po Paris, Luis Vassy, avait promis de "prendre les décisions pour assurer un fonctionnement serein". Il avait précisé l'avoir fait "en prenant quatre mesures temporaires d'interdiction d'accès au campus pour des étudiants qui avaient participé, lors de la journée des carrières, à une action dirigée contre les représentants de quatre entreprises".

Il avait alors estimé que le rejet du premier référé des étudiants par le tribunal administratif était "un bon signal en vue du retour à la sérénité sur le campus".

Dans un communiqué publié jeudi, plusieurs syndicats d'enseignants et étudiants (Sud Education, Solidaires, Unef...) ont dénoncé "le nouveau tournant répressif de l'administration de Sciences Po à l'encontre des étudiants engagés contre la guerre menée par Israël contre les Palestiniens et les Libanais".

"Nous réaffirmons notre soutien plein et entier aux étudiants mis en cause et demandons que cessent immédiatement toutes les poursuites et qu'aucune sanction ne soit prise à leur encontre", ont-ils ajouté.