Le cinéaste libanais Karim Kassem raconte Octopus, filmé après l'explosion du port de Beyrouth

Soutenu par le Fonds de la mer Rouge et l’Institut du film de Doha, Octopus a été présenté en première au Moyen-Orient et en Afrique du Nord lors du Festival international du film de la mer Rouge de Djeddah, en décembre dernier. (Fourni)
Soutenu par le Fonds de la mer Rouge et l’Institut du film de Doha, Octopus a été présenté en première au Moyen-Orient et en Afrique du Nord lors du Festival international du film de la mer Rouge de Djeddah, en décembre dernier. (Fourni)
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Publié le Jeudi 09 février 2023

Le cinéaste libanais Karim Kassem raconte Octopus, filmé après l'explosion du port de Beyrouth

  • Lorsque, le 3 août 2020, Karim Kassem est arrivé à Beyrouth pour tourner son film Octopus, il a été placé en quarantaine dans un hôtel qui donnait sur le port de la ville
  • «J'étais traumatisé pendant toute la durée du tournage. Je ne me rappelle même pas comment j'ai fait ce film», explique le réalisateur

DUBAΪ: Lorsque, le 3 août 2020, Karim Kassem est arrivé à Beyrouth pour tourner son film Octopus, il a été placé en quarantaine dans un hôtel qui donnait sur le port de la ville. Il s'est donc installé, a fait les préparatifs qu'il a pu et s'est reposé. Le lendemain, sa mère l'a rejoint et ils se sont assis tous les deux, à un mètre de distance, sur le balcon de l'hôtel. Ils discutaient, buvaient probablement du café ou du thé et profitaient de cette fin d'après-midi lorsque le cinéaste a aperçu un champignon au-dessus du port. Il attrape alors immédiatement sa mère et court à l'intérieur. Tous deux sont soufflés hors de la pièce.     

«À partir de ce moment précis, j'ai décidé de faire un Octopus différent», explique Kassem. «Il me suffisait de rentrer chez moi, de m'assurer que mon père et mes sœurs allaient bien puis de commencer immédiatement à planifier ce film muet. Je savais dès le départ qu'il serait muet. Il était presque nécessaire de le rendre silencieux, car tout ce qu’on pouvait dire se diluerait.»

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Karim Kassem a commencé à travailler sur Octopus en 2020. (Fourni)

Ce qui a émergé de cette première réaction est impossible à catégoriser. Bien qu’Octopus ait remporté la compétition Envision lors du Festival international du film documentaire d'Amsterdam en 2021, les caractéristiques traditionnelles d'un documentaire sont en grande partie absentes du film de Kassem. Il n'y a pas de dialogue, pas d'explication, pas de trame – la seule brève bribe de discours provient d'une émission de radio. À la place, il y a une série de plans lents et prolongés de personnes traumatisées, de rues vides, d'efforts collectifs. Le tout est filmé avec une patience et une poésie parfois hypnotiques. 

Dans sa forme la plus élémentaire, Octopus présente une série de plans magnifiquement cadrés accompagnés d'une musique d'ambiance sombre. Aux deux tiers du film environ, la caméra se concentre sur un seul carrefour de Beyrouth pendant un long moment. Alors que le son des cloches d'église se mêle au vacarme de la reconstruction, la caméra effectue des panoramiques à gauche et à droite, mais, la plupart du temps, elle se contente d'observer.

 

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Octopus présente une série de plans magnifiquement cadrés, accompagnés d'une musique d'ambiance sombre. (Fourni)

«Mon monteur appelle ce plan le “plan Pasolini” [en référence au cinéaste italien Pier Paolo Pasolini]», confie Kassem en souriant. «Parce qu'il reste en place pour toujours. Pour moi, il n'y avait pas d'autre façon de faire le film. C'était en grande partie instinctif. J'ai une formation en philosophie, alors j'essaie d’adopter ce que je pense être une position ontologique ou métaphysique, par exemple, et de l'appliquer à la culture. Le but de ce film est de poser les questions “Quel est notre but?”, “Quel est le sens de la vie?” et “Quelle est la nature de la réalité?”. Il a été conçu pour être intemporel. Ce n'est pas un lieu, ce n'est pas un moment, cela peut être n'importe quoi. Il pourrait n'y avoir aucune ligne de journal, vous pourriez juste entrer et regarder. Vous pouvez en faire ce que vous voulez.»

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Octopus présente une série de plans magnifiquement cadrés, accompagnés d'une musique d'ambiance sombre. (Fourni)

«J'ai beaucoup travaillé avant le tournage. J’ai rencontré des gens, j’ai pris leurs numéros. Vous leur parlez, vous leur dites que vous allez filmer ça, et vous tournez comme si c'était un documentaire. Vous faites exprès de donner cette impression. Mais, pour moi, c'est hybride. Il y a certaines caractéristiques du documentaire, mais je ne sais même plus ce que cela veut dire.»

Le tournage a commencé un mois après l'explosion et il a duré trente-six jours. Kassem, qui a réalisé, produit et tourné le film lui-même, était accompagné d'un coordinateur de production et, à l’occasion, d'un assistant. Bien que certaines personnes aient accepté de lui parler pendant des heures, elles n’étaient pas toujours disposées à être filmées. Toutefois, comme Kassem avait lui-même vécu l'explosion, les gens le laissaient entrer.

«J'étais traumatisé pendant toute la durée du tournage. Je ne me rappelle même pas comment j'ai fait ce film», admet-il. «Cela me dépasse. Je ne savais pas ce qui se passait parce que j'étais sous le choc. J'ai volontairement attendu un mois, car, à ce moment-là, ils avaient presque tout nettoyé. J'aurais pu tourner immédiatement, alors que les destructions étaient nettement plus visibles, mais j'ai tourné bien plus tard. C'est à ce moment-là que les émotions ont commencé à se faire sentir et que les regards des milliers de personnes sont devenus plus présents. C'était le moment pour moi de faire le film.»

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Octopus a remporté la compétition Envision au Festival international du film documentaire d'Amsterdam en 2021. (Fourni)

Pour Kassem, qui a vécu à New York pendant dix ans avant de passer la majeure partie de l'année dernière à Beyrouth à développer son quatrième film ou à passer d'un endroit à l'autre, le film propose un dialogue intérieur avec le spectateur. En tant que telle, son œuvre peut être interprétée d'un nombre infini de façons. Au début du film, par exemple, un homme anonyme conduit vers un lieu situé dans la banlieue de Beyrouth un camion rempli de portes. Sur chacune d’elles est dessinée au pochoir une pieuvre. À la fin du film, ces portes sont transportées à travers Beyrouth, mais le porteur ne reçoit aucune réponse lorsqu'il tente de les livrer à plusieurs appartements.

Quelle est la signification de tout cela et de la pieuvre elle-même? Kassem indique qu'il n'y a pas de bonnes ni de mauvaises réponses. Peut-être que les tentacules de l’animal représentent la multiplicité des expériences et des pensées humaines. Ou bien s'agit-il d'une simple ode à la mer (lorsque la caméra va sous les vagues, elle ne trouve que des déchets). Ou encore, c’est un message politique. «On pourrait dire: “Oui, ce gouvernement ressemble à une pieuvre, qui opère en secret”», explique le réalisateur. «On ne le voit jamais vraiment, mais il contrôle tout. À Beyrouth, à chaque pas que vous faites, vous êtes en quelque sorte sous contrôle – vous avez l'impression d'avoir un rôle à jouer, mais ce n'est pas le cas.»

Soutenu par le Fonds de la mer Rouge et l’Institut du film de Doha, Octopus a été présenté en première au Moyen-Orient et en Afrique du Nord lors du Festival international du film de la mer Rouge de Djeddah, en décembre, peu avant la première mondiale de son troisième film, Thiiird, au Festival international du film de Rotterdam, en février. Avec pour vedette le porteur de porte d’Octopus, Thiiird est le film que Kassem avait initialement prévu de réaliser lorsqu'il est arrivé à Beyrouth en août 2020. Aujourd'hui, raconte-t-il, c'est «comme un écho des idées que j'ai eues pour Octopus au départ».

Avec un casting d’amateurs, le film raconte l'histoire d'un mécanicien automobile qui a du mal à joindre les deux bouts pendant la crise économique du pays. Mais lorsque les gens lui apportent leurs voitures pour la faire réparer, il devient rapidement évident que ce sont leurs propriétaires qui ont besoin d'être aidés.

«Il devient une sorte de thérapeute», explique Kassem. «Et son garage devient cet environnement dans lequel nous plongeons tous dans notre subconscient.»

Thiiird est le troisième film réalisé par Kassem en trois ans. Il travaille actuellement sur son quatrième. Il enchaîne les tournages comme s'il n'y avait pas de lendemain. Pourquoi?

«Parce que je sais qu'il faut beaucoup de temps pour faire des films et que j’ignore si je ne vais pas mourir demain», répond-il. «J'ai toujours eu cette conviction – depuis très jeune – que je mourrais très vite, ce qui est normal, je pense. C'est une philosophie qui m'anime. Je ne ferai peut-être pas de film pendant deux ans, peut-être trois, quatre... Je ne sais pas. La vie vous emmène dans des directions différentes. Mais cela fait trois ans, trois longs métrages consécutifs sans la moindre aide. Je les ai tous produits moi-même, de manière indépendante. J'ai eu la chance d'obtenir des subventions de postproduction du Fonds de la mer Rouge, de Doha et de l'Arab Fund for Arts and Culture [Afac], mais c’est tout. Je viens en quelque sorte de l'underground. Je suis juste un cinéaste indépendant qui trace sa propre route.»


Des projets architecturaux saoudiens parmi les 15 finalistes du nouveau prix RIBA

Le Wadi Safar Experience Center est une porte d'entrée vers le développement plus large de Wadi Safar et s'inspire du style vernaculaire Najdi. (Fourni)
Le Wadi Safar Experience Center est une porte d'entrée vers le développement plus large de Wadi Safar et s'inspire du style vernaculaire Najdi. (Fourni)
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  • Deux projets innovants situés à Riyad – le parc King Salman et le centre d’expérience de Wadi Safar – ont été sélectionnés parmi les 15 finalistes du nouveau prix RIBA
  • Ce prix célèbre des projets ayant un impact social fort et une vision durable

DUBAÏ : Riyad s'impose comme un centre du design de pointe, alors que le Royal Institute of British Architects (RIBA) a dévoilé les 15 finalistes de son tout premier prix des bâtiments les plus transformateurs du Moyen-Orient.

Cette nouvelle distinction récompense les projets architecturaux récents ayant le plus d’impact social et de transformation à travers le Golfe, et deux des candidats les plus remarquables se trouvent dans la capitale saoudienne.

Au cœur de la contribution de Riyad figure le parc King Salman, une vaste opération de réhabilitation de l’ancien aéroport de la ville, réalisée par Gerber Architekten, Buro Happold et Setec. Ce projet ambitieux transforme une relique de l’ère aérienne en une oasis urbaine immense, offrant aux habitants et visiteurs un réseau de jardins, de plans d’eau et d’espaces de loisirs. Il met en œuvre des techniques novatrices de régénération des sols désertiques, d’utilisation durable de l’eau et de plantation résistante au climat.

Non loin de là, le centre d’expérience de Wadi Safar sert de porte d’entrée au développement plus large de Wadi Safar. Conçu par Dar Al Omran – Rasem Badran, il s’inspire du style vernaculaire najdi, avec des cours intérieures et un aménagement paysager en bermes de terre créant une atmosphère fraîche et contemplative tout en valorisant le patrimoine régional.

La liste des finalistes met également en lumière l’excellence dans tout le Moyen-Orient. Aux Émirats arabes unis, le sanctuaire des tortues et de la faune de Khor Kalba (Hopkins Architects) soutient la réhabilitation des tortues et oiseaux en danger dans la mangrove ancestrale de Sharjah, avec des pavillons arrondis se fondant dans le paysage côtier. À Dubaï, le centre Jafar du Dubai College (Godwin Austen Johnson) offre un espace STEM flexible, baigné de lumière naturelle, où l’acoustique et l’efficacité énergétique sont prioritaires.

À Doha, le centre Al-Mujadilah et sa mosquée pour femmes (Diller Scofidio + Renfro) réinterprètent de manière contemporaine un espace sacré, avec un toit percé de plus de 5 000 puits de lumière diffusant une lumière naturelle apaisante dans les salles de prière et les espaces communautaires.

Plusieurs projets revisitent les formes patrimoniales dans un contexte contemporain. À Sharjah, The Serai Wing, Bait Khalid Bin Ibrahim (ANARCHITECT) transforme deux maisons familiales des années 1950, autrefois propriétés d’un marchand de perles, en un hôtel boutique alliant préservation du patrimoine et design contemporain.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Cate Blanchett sera à l’honneur au Festival du film d’El Gouna

Cate Blanchett sera l'invitée d'honneur de cette année et recevra le prix Champion de l'humanité. (Getty Images)
Cate Blanchett sera l'invitée d'honneur de cette année et recevra le prix Champion de l'humanité. (Getty Images)
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  • L’actrice australienne sera l’invitée d’honneur du festival égyptien et recevra le Champion of Humanity Award pour son engagement humanitaire auprès des réfugiés en tant qu’ambassadrice du HCR
  • Reconnue pour ses rôles marquants au cinéma et son implication sur scène, Blanchett est aussi saluée pour son action sur le terrain dans des camps de réfugiés, incarnant la vision du festival : le cinéma au service de l’humanité

DUBAÏ : L’actrice et productrice australienne Cate Blanchett sera mise à l’honneur lors de la 8e édition du Festival du film d’El Gouna, en Égypte, qui se tiendra du 16 au 24 octobre.

Elle sera l’invitée d’honneur de cette édition et recevra le Champion of Humanity Award (Prix de la Championne de l’Humanité).

« De ses rôles emblématiques dans Elizabeth, Blue Jasmine et TÁR, à ses collaborations remarquables avec les plus grands réalisateurs, Cate Blanchett a laissé une empreinte indélébile sur le cinéma mondial », a publié le festival sur Instagram.

« Au-delà de son art, elle continue de défendre des causes humanitaires urgentes en tant qu’ambassadrice de bonne volonté mondiale pour le HCR, reflétant ainsi la vision du festival : le cinéma au service de l’humanité », ajoute le communiqué. « Pour saluer son engagement en faveur des réfugiés et des personnes déplacées de force, Cate Blanchett recevra le Champion of Humanity Award du Festival du film d’El Gouna. »

Cate Blanchett est également connue pour son travail sur scène, ayant été co-directrice artistique de la Sydney Theatre Company. Elle est aussi cofondatrice de Dirty Films, une société de production à l’origine de nombreux films et séries récompensés.

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Depuis 2016, elle occupe le rôle d’ambassadrice de bonne volonté pour le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés. À ce titre, elle utilise sa notoriété pour sensibiliser à la cause des réfugiés et encourager le soutien international. Elle a visité des camps de réfugiés et des communautés hôtes dans des pays comme la Jordanie, le Liban, le Bangladesh, le Soudan du Sud, le Niger et le Brésil.

En 2018, elle a reçu le Crystal Award lors du Forum économique mondial en reconnaissance de son engagement humanitaire.

Amr Mansi, fondateur et directeur exécutif du Festival d’El Gouna, a déclaré : « C’est un immense honneur d’accueillir une artiste du calibre de Cate Blanchett. Son talent exceptionnel fascine le public depuis des décennies, et son engagement humanitaire à travers le HCR est véritablement inspirant.

Ce partenariat avec le HCR et la Fondation Sawiris, ainsi que sa venue, illustrent parfaitement la mission essentielle de notre festival : utiliser la force du cinéma pour promouvoir un changement positif et soutenir l’humanité. »

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Quatre chanteuses pour une diva: Céline Dion au coeur d'un nouveau spectacle hommage

Céline Dion se bat depuis 2022 contre le syndrome de la personne raide, une maladie neurologique incurable.  Après quatre ans sans se produire en public, elle était réapparue à la tour Eiffel lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024, pour interpréter en mondovision l'intemporel "Hymne à l'amour" d'Édith Piaf. (AFP)
Céline Dion se bat depuis 2022 contre le syndrome de la personne raide, une maladie neurologique incurable. Après quatre ans sans se produire en public, elle était réapparue à la tour Eiffel lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024, pour interpréter en mondovision l'intemporel "Hymne à l'amour" d'Édith Piaf. (AFP)
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  • Pour interpréter les plus grands tubes de Céline Dion, dont les fans espèrent le retour, quatre chanteuses se partagent l'affiche de "Génération Céline", spectacle hommage piloté par Erick Benzi, fidèle arrangeur de la star québécoise
  • Pour "Génération Céline", qui démarre vendredi à Beauvais (Oise) avant Paris ce week-end puis une tournée en 2026, il a écouté les maquettes de plus de 200 chanteuses avant de retenir une vingtaine de candidates pour les castings

PARIS: Pour interpréter les plus grands tubes de Céline Dion, dont les fans espèrent le retour, quatre chanteuses se partagent l'affiche de "Génération Céline", spectacle hommage piloté par Erick Benzi, fidèle arrangeur de la star québécoise.

"Il y a une vraie attente de se retrouver tous ensemble, de chanter, de danser sur les chansons qu'on connaît. Et je pense que Céline, elle incarne ça", s'enthousiasme Erick Benzi, aux manettes de ce "tribute", ou spectacle hommage, un format qui rencontre un vif succès en France comme à l'étranger.

Pour "Génération Céline", qui démarre vendredi à Beauvais (Oise) avant Paris ce week-end puis une tournée en 2026, il a écouté les maquettes de plus de 200 chanteuses avant de retenir une vingtaine de candidates pour les castings.

"D'abord, est-ce qu'on est capable de chanter +All by myself+ ? Il y a des chansons comme ça qui sont des espèces de couperets", lance Benzi, en référence au standard d'Eric Carmen repris par Céline Dion en 1996.

Quatre chanteuses ont été sélectionnées pour interpréter des tubes en français et en anglais, tels que "On ne change pas", "I'm alive" ou "My heart will go on", le thème du "Titanic" de James Cameron. Catherine Pearson - chanteuse québecoise qui officie déjà dans le spectacle "Passion Céline" au Canada -, Magali Ponsada, Chiara Nova et Virginie Rohart unissent leurs voix, aux ressemblances troublantes avec celle de leur idole.

Plutôt que de faire incarner la star par une seule artiste, il a préféré opter pour "le fun d'une soirée" où "on raconte sa vie musicale" comme "un groupe de fans", explique le directeur de ce show produit par Richard Walter, l'un des spécialistes des "tributes" (Queen, Pink Floyd).

"Populaire" 

"Je connais bien Céline, parce que j'ai fait quatre albums avec elle, donc je sais un peu comment raconter cette histoire-là sans la trahir, sans mettre quoi que ce soit en péril", assure Erick Benzi, qui a notamment œuvré sur son album culte "D'Eux", avec Jean-Jacques Goldman.

Mais "il faut être bien conscient qu'on ne peut pas remplacer Céline: ce n'est pas qu'une des cinq meilleures chanteuses du monde - déjà ça, c'est difficile à trouver - mais c'est aussi une icône de mode, un conte de fées", s'exalte celui qui fut aussi proche de son mari et mentor René Angélil, décédé en 2016.

Céline Dion se bat depuis 2022 contre le syndrome de la personne raide, une maladie neurologique incurable.

Après quatre ans sans se produire en public, elle était réapparue à la tour Eiffel lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024, pour interpréter en mondovision l'intemporel "Hymne à l'amour" d'Édith Piaf.

L'amour du public tient en partie à sa musique, "à la fois très exigeante au niveau vocal et en même temps très populaire", relève Erick Benzi.

"Tribute to Céline Dion", "Entre-D'eux", "Destin": les spectacles-hommages à la star sont légion, portés par un répertoire qui reste une valeur sûre et la demande d'un public jamais rassasié.

D'autant que son éventuel retour, en concert ou à travers un nouvel album studio, alimente les rumeurs mais reste hypothétique à ce stade.

Les fans se consolent avec l'anniversaire de l'album "D'eux", sorti il y a 30 ans avec des chansons ("Pour que tu m'aimes encore", "Je sais pas") écrites par Goldman et devenues cultes. Il est encore le disque francophone le plus vendu au monde, à environ 10 millions d'exemplaires.

"Quand je serai plus là", déclarait la chanteuse de 57 ans dans un documentaire diffusé fin août sur M6, "je pense sincèrement qu'il sera encore joué et qu'il sera encore chanté".