NEW DELHI: Le partenariat entre les Émirats arabes unis (EAU), la France et l'Inde constitue une avancée significative. L'Inde a déclaré dimanche dernier que cette initiative pourrait renforcer la synergie entre ces pays qui sont convenus de collaborer et d'entreprendre des projets liés à l'énergie, à la lutte contre le changement climatique et à la protection de la biodiversité.
Lors d'un appel téléphonique samedi dernier, l'Inde, les EAU et la France ont décidé de mettre en place une initiative trilatérale destinée à stimuler la coopération, notamment dans le domaine de l'énergie nucléaire et solaire. Le dispositif vise également à aligner leurs politiques sur les objectifs de l'accord de Paris, peut-on lire dans un communiqué commun.
Ces pays prévoient d'organiser des événements trilatéraux dans le cadre de la présidence de l'Inde du Groupe des vingt (G20) et des négociations sur le climat de la COP28, qui se tiendront cette année aux EAU.
L'initiative trilatérale revêt une «grande importance», précise à Arab News l'ambassadeur de l'Inde aux EAU, Sunjay Sudhir.
«L'Inde entretient des relations solides avec les EAU et la France», précise-t-il encore.
«Ces pays s'entendent sur de nombreux points. La synergie qui les unit peut être encore mieux valorisée grâce à un cadre trilatéral. C'est ce qui sous-tend cette coopération.»
L'initiative s'appuiera en outre sur des programmes déjà en vigueur. Parmi ces derniers, citons la Mangrove Alliance for Climate, dirigée par les EAU, et le Partenariat pour les parcs de l'Indo-Pacifique, piloté par l'Inde et la France.
Cette nouvelle initiative fait suite à une tendance croissante des pays à former des groupements multilatéraux. La participation de la France est importante, comme le confie à Arab News Navdeep Suri, ancien ambassadeur de l'Inde aux EAU.
«Les nouvelles stratégies diplomatiques se caractérisent par les groupements multilatéraux, comme le partenariat indopacifique. La coopération trilatérale avec la France et les EAU vient compléter cette tendance», explique M. Suri, qui est également chercheur émérite au sein du groupe de réflexion Observer Research Foundation, dont le siège se trouve à Delhi.
«Cette initiative trilatérale me semble particulièrement importante. La France y apportera une contribution considérable, ce qui ouvrira la voie à de nouvelles collaborations, notamment dans le domaine de la défense.»
L'Inde, les EAU et la France sont également convenus de renforcer la coopération en matière de défense et prévoient de déployer des efforts pour «renforcer la compatibilité, le développement conjoint et la coproduction», selon la déclaration commune.
«Ces trois pays entretiennent des relations particulières», indique M. Suri.
«L'initiative trilatérale permet à des pays qui ont les mêmes idées de se rassembler et de promouvoir des intérêts communs dans des domaines d'intérêt commun.»
Selon Mme Sujata Ashwarya, professeure à l'université Jamia Millia Islamia de New Delhi, ce cadre multilatéral profite à chaque pays dans la mesure où il intervient lors de la présidence du G20 par l'Inde et de la COP28 par les Émirats arabes unis. La France, quant à elle, cherche à renforcer son rôle dans la région.
«La France cherche à étendre son influence et sa présence dans la région alors que les préoccupations politiques se tournent vers l'Asie en raison de la montée en puissance de la Chine», confie Mme Ashwarya à Arab News.
«En coopérant avec l'Inde et les Émirats arabes unis, la France souhaite imposer sa présence de façon souple», ajoute-t-elle.
Cette initiative permet également de maintenir la dynamique dans la lutte contre le changement climatique, qui, selon Mme Ashwarya, constitue «la problématique la plus urgente de notre époque».
«De telles structures permettront aux dirigeants indiens de souligner l'engagement de leur pays en faveur de la lutte contre le changement climatique au moment où l'Inde assurera la présidence du G20. Elles contribueront à présenter le pays sous un jour favorable.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com