OUAGADOUGOU: Le président du Burkina Faso issu d'un coup d'Etat, le capitaine Ibrahim Traoré, a affirmé vendredi qu'il n'y avait "pas de rupture des relations diplomatiques" avec la France et a démenti la présence de mercenaires russes de Wagner dans son pays.
"La fin des accords diplomatiques, non !", a déclaré le capitaine Traoré dans un entretien télévisé accordé à des journalistes burkinabè. "Il n'y a pas de rupture des relations diplomatiques ou de haine contre un Etat particulier", a-t-il ajouté.
Il a affirmé qu'il y avait eu rupture d'un accord militaire sur la présence des forces spéciales françaises à Ouagadougou. "C'est juste un processus qui a été enclenché et ça n'a rien à voir avec la diplomatie", selon lui.
Il a par ailleurs démenti la présence de mercenaires russes de la société Wagner au Burkina, en proie à la violence jihadiste depuis 2015 et où les violences se sont multipliées ces derniers mois.
"On a entendu partout que Wagner est à Ouagadougou, j'ai même demandé à certains ah bon, ils sont où?", a déclaré le capitaine Traoré dans cet entretien.
Une ONG accuse l'armée d'avoir tué au moins 25 civils
Ces exécutions auraient eu lieu lors du passage dans ces trois localités situées le long de la Route nationale 4 (RN4) d'un convoi de "plus d’une centaine de véhicules" en partance pour la mine d'or de Boungou et "escorté par des dizaines de véhicules pick up 4x4 qui transportaient plusieurs FDS en tenue" militaire, selon le CISC.
Douze morts (dont trois femmes et un bébé) sont évoqués dans le village de Sakoani, à environ 125 km de Fada N’Gourma, chef-lieu de région de l'Est, sept (dont quatre femmes) dans le village de Piega à 60 km de Fada N'Gourma, et six dans le hameau de Kankangou sur le territoire du village de Sampiéri, selon le CISC.
Des habitants de Sakoani joints par l'AFP, ont témoigné de la découverte de "onze corps" sans vie après le passage du convoi.
"Le bilan ne cesse de s’alourdir au fur et à mesure que les informations nous parviennent du terrain", selon le CISC.
Selon l’ONG, des témoignages concordants décrivent les victimes comme "des personnes civiles non armées".
"Nous avons nos Wagner, ce sont les VDP (Volontaires pour la défense de la patrie, supplétifs civils de l'armée) que nous recrutons. Ce sont eux nos Wagner", a-t-il expliqué.
Le capitaine Traoré, arrivé au pouvoir le 30 septembre par un coup d'Etat, a estimé que le rapprochement du Burkina avec la Russie était perçu "forcément de façon politique, mais nous sommes là pour une mission, c'est la sécurité, c'est la mission première".
"Nous voulons vraiment scruter d'autres horizons, parce que nous voulons des partenariats gagnant-gagnant", a-t-il dit. "Nous ne voulons pas de partenariats pas clairs, un peu flous ou déséquilibrés", a-t-il ajouté.
Il a affirmé que "tout ce que le peuple veut, c'est sa souveraineté, vivre dignement". "Ça ne veut pas dire quitter un pays pour un autre".
Et si un pays vient "pour nous coloniser, nous dominer, nous ne serons pas d'accord".