PARIS: Après un examen inachevé en commission, la députée Stéphanie Rist, rapporteure de la réforme des retraites, "espère aller jusqu'au bout" du texte en séance, en évitant un recours au 49.3 dont le gouvernement et sa majorité sortiraient "politiquement affaiblis".
"On n'a pas envie d'un 49.3 sur ce texte, évidemment", a déclaré Mme Rist, députée Renaissance, jeudi lors d'une rencontre avec l'Association des journalistes de l'information sociale (Ajis). Déjà utilisée à dix reprises pour les budgets de l'Etat et de la Sécu, cette arme constitutionnelle permet à l'exécutif de faire passer un projet de loi sans vote.
"On (n'en) a envie sur aucun texte, mais particulièrement sur des textes forts comme celui-là", a-t-elle ajouté, jugeant que le risque serait moins social que politique.
Avec "déjà 70% de gens qui sont mobilisés contre" la réforme selon les sondages, "ça ne changera rien pour la rue qu'il y ait un 49.3 ou pas". "Par contre tout ce qu'on pourra être amenés à faire après... Une fois que vous avez fait un 49.3 sur une réforme comme ça, politiquement vous êtes quand même affaiblis", a-t-elle souligné.
La rapporteure "espère vraiment qu'on pourra aller jusqu'au bout" lors des débats dans l'Hémicycle, alors que trois jours d'examen en commission n'ont pas permis d'aller plus loin que les deux premiers articles du texte - qui en contient vingt au total.
"Ca dépendra du nombre d'amendements déposés et de la stratégie de nos oppositions", a-t-elle expliqué, pointant "une vraie possibilité pour que chaque amendement soit un prétexte de blocage", en particulier lors des mobilisations syndicales - à commencer par celle de mardi.
Si les discussions avancent assez vite, un scrutin sera nécessaire sur la première partie du texte (qui inclut la suppression des régimes spéciaux) avant de passer à la seconde (avec le report de l'âge légal à 64 ans).
Or, "pour qu'on ait une majorité il faut que d'autres votent avec nous", a relevé Mme Rist, qui "trouverai(t) vraiment incohérent que Les Républicains ne votent pas le texte", alors qu'il y a "déjà eu des avancées par rapport à leurs demandes", notamment sur la revalorisation des petites pensions.
Le député Renaissance Marc Ferracci a lui aussi dit jeudi à l'AFP souhaiter "ardemment qu'on n'adopte pas ce texte avec un 49.3".
"Je pense qu'on va réussir", mais "si on n'arrive pas à dégager une majorité sur un texte de cette importance, je pense qu'il faudra chercher une autre majorité", a-t-il affirmé, alors qu'Emmanuel Macron a déjà évoqué l'hypothèse d'une dissolution ces derniers mois.
"Je ne sais pas comment on continue un quinquennat si on a pas réussi à dégager une majorité sur un texte comme ça", a-t-il insisté. Dans un tel scénario, "on fera voter des choses consensuelles. Mais on a été élus pour transformer le pays et je pense que c'est en continuant de transformer le pays qu'on aura les meilleures chances de battre l’extrême-droite en 2027".