Netanyahou rencontre Macron pour parler Iran et violences israélo-palestiniennes

Emmanuel Macron et Benjamin Netanyahou lors d'une conférence de presse conjointe après leur rencontre à l'Elysée à Paris en 2018 (Photo, AFP).
Emmanuel Macron et Benjamin Netanyahou lors d'une conférence de presse conjointe après leur rencontre à l'Elysée à Paris en 2018 (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 03 février 2023

Netanyahou rencontre Macron pour parler Iran et violences israélo-palestiniennes

  • La partie israélienne souhaite surtout axer cette visite sur l'Iran, espérant que la guerre pousse les Occidentaux à accentuer la pression sur Téhéran
  • Les deux dirigeants se verront pour le dîner, mais aucune prise de parole publique n'est prévue

PARIS: Les tensions croissantes autour de l'Iran et les violences israélo-palestiniennes devaient être au coeur d'une rencontre entre le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, qui est arrivé jeudi soir à Paris.

M. Netanyahou devait discuter "de l'effort international pour arrêter le programme nucléaire iranien et des moyens de renforcer et d'étendre les accords d'Abraham" normalisant les relations entre Israël et certains pays arabes, selon l'ambassade israélienne à Paris.

Le président français a accueilli le Premier ministre au palais de l'Elysée où un dîner a été organisé, ont constaté des journalistes de l'AFP. Mais aucun point de presse n'était prévu dans la soirée.

Selon l'Elysée, le président Macron "exprimera une nouvelle fois la solidarité de la France avec Israël face au terrorisme", "rappellera la nécessité pour tous d'éviter des mesures susceptibles d'alimenter l'engrenage de la violence et exprimera sa disponibilité à contribuer à la reprise du dialogue entre les Palestiniens et les Israéliens".

Depuis plusieurs jours, des violences entre Israéliens et Palestiniens ont fait des dizaines de victimes.

Dix personnes, des combattants et des civils, ont péri le 26 janvier dans un raid israélien dans le camp de réfugiés de Jénine, le plus meurtrier depuis des années en Cisjordanie.

Sept civils sont morts le lendemain dans une attaque palestinienne à Jérusalem-Est, occupé et annexé par Israël. Et samedi un Palestinien a blessé deux Israéliens, un père et son fils, également à Jérusalem-Est, avant d'être blessé et arrêté. En Cisjordanie, des gardes israéliens ont tué dimanche un Palestinien et les forces israéliennes ont tué lundi un Palestinien.

Carte ukrainienne
La partie israélienne souhaite surtout axer cette visite sur l'Iran, espérant notamment que son implication croissante dans la guerre entre la Russie et l'Ukraine --le régime des mollahs est un important fournisseur d'équipements à la Russie-- pousse les Occidentaux à accentuer la pression sur Téhéran, bête noire d'Israël.

L'Iran, qui appelle régulièrement à l'éradication de l'Etat hébreu, accuse son ennemi juré d'être derrière plusieurs attaques sur son propre sol contre son programme nucléaire --ce qu'Israël n'a jamais reconnu-- ou en Syrie voisine, alliée de Téhéran, où Israël conduit régulièrement des frappes aériennes contre des intérêts iraniens.

Paris estime nécessaire une politique de "très grande fermeté" à l'égard de l'Iran, selon une source diplomatique, car "le programme nucléaire continue à un point qui est dangereux" et l'Iran s'implique dans la guerre d'Ukraine en Europe.

Cette implication de Téhéran dans une guerre en Europe permet à M. Netanyahou d'espérer "consolider un front anti-iranien", explique David Khalfa, co-directeur de l'Observatoire de l'Afrique du Nord et du Moyen-Orient de la Fondation Jean Jaurès.

Il vise notamment un "accroissement des sanctions contre Téhéran et la mise à l'index complète des Gardiens de la révolution", dans leur composante civile et militaire, une option pour l'instant refusée tant par Paris que par Berlin, explique-t-il.

Depuis plusieurs mois, l'Iran est devenu un acteur de plus en plus important dans la guerre en Ukraine, en fournissant de nombreux drones à Moscou, alors même que les négociations sur le nucléaire sont au point mort, et que l'Iran détient plusieurs étrangers considérés comme des otages par les capitales occidentales.

Benjamin Netanyahou "est en train d'abattre la carte ukrainienne" de son jeu, explique David Khalfa, négociant ainsi un changement de posture israélienne sur l'Ukraine en échange d'un soutien européen sur l'Iran.

Le Premier ministre a annoncé mercredi ce qui semble être un important changement de stratégie, en se disant désormais prêt à envisager de fournir des armes à l'Ukraine.

Jusqu'ici, Israël avait pris soin de rester neutre, notamment à cause de la présence de l'armée russe déployée en Syrie, donnant un levier à Moscou.

Israël doit notamment prendre en compte la présence dans ce pays voisin de systèmes anti-aérien russes, menaçant ses opérations militaires aériennes au-dessus de la Syrie.

Etat de droit
En plus de ce volet diplomatique, M. Netanyahou "rencontrera des hommes d'affaires de premier plan en France dans le domaine financier et tiendra une réunion avec les chefs de la communauté juive", selon l'ambassade.

Il doit quitter la France samedi soir.

Arrivé au pouvoir en décembre à la tête d'une coalition alliant partis de droite, d'extrême droite et ultraorthodoxes juifs, dont les détracteurs craignent une dérive antidémocratique, le gouvernement de M. Netanyahou fait face à la contestation de certains secteurs de la société israélienne, dont le secteur financier.


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".