PARIS: La réforme des retraites va pousser les femmes à allonger leur carrière davantage que les hommes, ce qui va contribuer à "réduire les écarts de pensions" entre les retraités des deux sexes, selon un document présenté lundi par le gouvernement comme l'étude d'impact de son projet de loi.
Les prévisions de l'exécutif ne trancheront pas le débat sur la "justice" et "l'équité" de sa réforme des retraites. En particulier pour les femmes, dont le sort est au coeur des critiques des syndicats et de la gauche.
Selon le document gouvernemental, la réforme aura sur elles des effet contrastés: elles devraient y gagner plus que les hommes, mais aussi prolonger un peu plus leur activité.
Dans l'ensemble, entre les hausses de l'âge légal (64 ans en 2030), de la durée de cotisation (accélérée pour atteindre 43 ans dès 2027) et les diverses "dispositions dérogatoires", l'âge moyen de départ devrait passer d'un peu moins de 63 ans aujourd'hui à 64 ans et demi pour les futurs retraités qui partiront dans une vingtaine d'années. Sans la réforme, ils s'arrêteraient à 64 ans.
Un effort global de six mois qui recouvre de fortes disparités, notamment entre hommes et femmes: l'écart ira en effet du simple au double entre les premiers (4 mois) et les secondes (8 mois) pour la génération 1980, qui pourra partir à la retraite dans une vingtaine d'années.
Une "hausse moyenne plus marquée pour les femmes" que le document ne justifie pas, mais que le ministre du Travail, Olivier Dussopt, a liée aux "majorations de durée de cotisation au titre de la maternité". Une à deux années validées par enfant, qui font "qu'aujourd'hui un certain nombre d'assurées partent à la retraite de manière un peu anticipée", a-t-il expliqué lors du compte rendu du Conseil des ministres.
"Le fait de décaler l'âge légal de départ a cette conséquence", a-t-il ajouté, insistant toutefois sur la contrepartie: "la pension moyenne des femmes sera revalorisé de 2,2%" à terme, contre 0,9% pour celle des hommes.
Effet «petites pensions»
Cette "amélioration nettement plus marquée", que le gouvernement ne manque pas de souligner, est aussi en partie due à la revalorisation du minimum de pension, censé augmenter à 85% du Smic net pour une carrière complète, soit environ 1.200 euros brut (avant éventuel prélèvement de la CSG).
Du fait de carrières plus souvent hachées, les femmes seront en effet plus nombreuses à bénéficier de ce filet de sécurité: sur les quelque 1,8 million de retraités actuels qui bénéficieront de la mesure, 60% sont des femmes. Celles-ci verront leurs pensions augmenter de 6,7% en moyenne, soit 760 euros par an, contre 5,1% (540 euros) pour les hommes.
La hausse profitera également davantage aux futures retraitées qu'à leurs homologues masculins: à partir du 1er septembre, 30% des femmes en bénéficieront pour une montant annuel de 460 euros en moyenne, contre 17% des hommes pour 300 euros.
Ainsi, "prises dans leur ensemble", les mesures de la réforme des retraites devraient "contribu(er) à réduire les écarts de pensions entre les femmes et les hommes". Reflet de leurs "carrières moins favorables", avec un "taux d'emploi plus faible" et "des rémunérations inférieures", les retraites des femmes sont actuellement 40% en dessous de celles des hommes, une différence réduite à 28% avec les pensions de réversion.
Même sans réforme, "l'écart devrait encore s'atténuer", note cependant l'exécutif: proche de 75% actuellement, le rapport entre le niveau de pension des femmes et des hommes devrait atteindre 83% en 2035. A plus long terme, il devrait s'établir à 93% en 2070.