Ukraine: aucun char lourd livré à Kiev, Berlin pointé du doigt

Le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin (à gauche) et le président américain des chefs d'état-major interarmées Mark Milley donnent une conférence de presse lors de la réunion du groupe de contact de la défense ukrainienne à la base aérienne américaine de Ramstein, dans l'ouest de l'Allemagne, le 20 janvier 2023 (Photo, AFP).
Le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin (à gauche) et le président américain des chefs d'état-major interarmées Mark Milley donnent une conférence de presse lors de la réunion du groupe de contact de la défense ukrainienne à la base aérienne américaine de Ramstein, dans l'ouest de l'Allemagne, le 20 janvier 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 21 janvier 2023

Ukraine: aucun char lourd livré à Kiev, Berlin pointé du doigt

  • Les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la Suède ou encore le Danemark ont annoncé de nouvelles livraisons substantielles d'armes
  • Le gouvernement néerlandais a à son tour annoncé vendredi soir qu'il allait aider l'Ukraine à s'équiper en système de défense antiaérienne Patriot

KIEV : L'Allemagne était samedi pointée du doigt par d'autres alliés européens de Kiev après avoir pris la décision de ne pas livrer ses chars lourds à l'Ukraine à ce stade, une position également déplorée par Volodymyr Zelensky, au moment où les Russes sont à l'offensive.

Dans une rare critique publique, les ministres des Affaires étrangères des pays baltes ont exhorté samedi matin Berlin "à fournir dès maintenant des chars Leopard à l'Ukraine", plaidant "la responsabilité particulière" de l'Allemagne, "première puissance européenne".

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait, lui, regretté vendredi soir la position prudente de l'Allemagne, se disant convaincu qu'"il n'y a pas d'autre solution" pour ses alliés occidentaux que de livrer des chars à son armée.

Les critiques directes envers Berlin sont également venues d'un sénateur républicain américain, Lindsey Graham, à l'issue d'une visite à Kiev vendredi.

"J'en ai assez du +show merdique+ autour de qui va envoyer des chars et quand", a-t-il fustigé sur Twitter. "Aux Allemands: envoyez des chars en Ukraine car ils en ont besoin. (...) À l'administration Biden: envoyez des chars américains pour que d'autres suivent notre exemple".

A Ramstein en Allemagne, la cinquantaine de pays représentés ne se sont pas entendus vendredi sur l'envoi de chars lourds à Kiev, malgré les demandes répétées de Kiev.

Cité par La Voix de l'Amérique, le ministre ukrainien de la Défense, Oleksiï Reznikov, a toutefois indiqué que des soldats ukrainiens allaient s'entraîner prochainement sur des Leopard en Pologne: "On va commencer avec ça, et on verra pour la suite", a-t-il déclaré.

Le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, a pour sa part temporisé, soulignant qu'il y avait toujours "une fenêtre d'opportunité entre maintenant et le printemps" pour livrer des chars occidentaux.

Selon la Russie, l'envoi de tels engins ne changeraient rien sur le terrain, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov accusant les Occidentaux d'entretenir de fait l'"illusion" d'une possible victoire ukrainienne.

Mais pour nombre d'experts toutefois, des chars lourds modernes seraient un réel avantage pour Kiev dans les batailles dans l'Est de l'Ukraine, où la Russie reprend l'offensive après avoir subi de lourds revers à l'automne.

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Infographie sur le tank Leopard 2A4 (Image, AFP).

Hommage

A Kiev, Volodymyr Zelensky et Olena Zelenska, ainsi que de nombreux dirigeants ukrainiens rendaient samedi matin un dernier hommage au ministre de l'Intérieur, Denys Monastyrsky, décédé mercredi dans un crash d'hélicoptère avec 13 autres personnes.

Le président et sa femme étaient vêtus de noir et ont apporté des fleurs, a constaté un journaliste de l'AFP.

A l'intérieur du bâtiment où avait lieu la cérémonie, situé tout proche de la place Maïdan dans le coeur de Kiev, sept cercueils ont été amenés, portés par des hommes habillés en tenue militaire. Le drapeau bleu et jaune ukrainien était disposé sur chaque cercueil, et les portraits des victimes en noir et blanc à côté.

Dans l'assistance, des membres des familles des victimes se tenaient côte à côte, certains en larmes.

"Gloire à nos héros", ont lancé en coeur les personnes présentes, à l'issue du discours d'un modérateur.

A l'extérieur, les drapeaux ukrainien et européen étaient en berne. Une forte présence policière était visible tout autour du bâtiment.

Les funérailles de M. Monastyrsky doivent se tenir plus tard samedi dans un cimetière historique du centre-ville de la capitale ukrainienne.

Londres veut aider l'Ukraine à faire reconnaître la «responsabilité pénale» de la Russie

Le ministre britannique des Affaires étrangères James Cleverly a qualifié l'invasion de Moscou lancée il y a bientôt un an de "violation scandaleuse de l'ordre international".

Il a affirmé que Londres avait accepté l'invitation de Kiev pour rejoindre "un noyau de partenaires partageant les mêmes idées" afin d'établir la responsabilité juridique de la Russie.

"Aux côtés d'autres partenaires internationaux invités par l'Ukraine, le Royaume-Uni façonnera la réflexion sur la manière de déterminer la responsabilité pénale de l'agression de la Russie contre l'Ukraine", a déclaré la diplomatie britannique.

"Cela inclut l'évaluation de la faisabilité d'un nouveau tribunal 'hybride'", a-t-il ajouté.

"Les atrocités dont nous avons été témoins en Ukraine sont diaboliques (...) et ne doivent pas rester impunies", a déclaré M. Cleverly.

Mouvements dans la région de Zaporijjia

Ailleurs en Ukraine, les autorités d'occupation russe ont dit rapporté vendredi une "forte hausse de l'intensité" des affrontements dans la région de Zaporijjia (sud), "sur toute la ligne de front".

"Cela ne s'était jamais produit auparavant", a affirmé un dirigeant de l'autorité régionale d'occupation, installée par Moscou, Vladimir Rogov.

Dans son bulletin matinal samedi, l'armée ukrainienne a dit avoir essuyé la veille "des tirs" dans une dizaine de villages de la région.

La ligne de contact entre les armées ukrainienne et russe dans cette région du Sud n'a en grande partie pas bougé depuis plusieurs mois et aucun combat majeur n'y a eu lieu, à l'inverse des régions de Kherson (sud), jusqu'en novembre, et Donetsk (est), épicentre actuel des affrontements.

Autour de Bakhmout, les combats restaient intenses vendredi entre armées ukrainienne et russe, appuyée par le groupe paramilitaire Wagner, désigné vendredi comme une organisation criminelle internationale par les Etats-Unis.

Selon un haut responsable américain, l'Ukraine devrait se focaliser sur une contre-offensive d'envergure au printemps, et non sur la défense de cette ville aujourd'hui largement ravagée et quasiment vidée de sa population.

Mais Bakhmout est devenue un enjeu politique et un symbole majeur: Volodymyr Zelensky s'est rendu sur la ligne de front en décembre pour galvaniser ses troupes, tandis que la Russie aimerait annoncer un succès après une série de revers à l'automne.


Selon une source ukrainienne , Zelensky ne serait pas prêt à signer un accord sur les minerais avec Washington

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky n'est « pas prêt » à signer un accord avec les États-Unis qui leur offrirait un accès préférentiel aux minerais du pays, a affirmé samedi à l'AFP une source ukrainienne proche du dossier, alors que les deux pays sont en pleines tensions.

Donald Trump réclame depuis plusieurs semaines l'équivalent de 500 milliards de dollars de terres rares, en guise de dédommagement, selon lui, du soutien américain à Kiev face à l'invasion russe, une condition qu'Ukraine ne peut accepter pour l'instant.

« Le président ukrainien n'est pas prêt à accepter le projet dans sa forme actuelle. Nous essayons toujours de faire des changements de manière constructive », a expliqué cette source ukrainienne qui a requis l'anonymat.

« Ils veulent nous soutirer 500 milliards de dollars », a-t-elle accusé.

« Quel genre de partenariat est-ce là ? (...) Et pourquoi devons-nous donner 500 milliards, il n'y a pas de réponse », a-t-elle encore dit, affirmant que Kiev avait « proposé des amendements. Ils ont été soumis ».

Depuis l'appel entre Donald Trump et Vladimir Poutine le 12 février, Moscou et Washington ont exprimé leur volonté de repartir sur de nouvelles bases, et le président américain a complètement renversé la position de son pays concernant la guerre en Ukraine, en reprenant la rhétorique du Kremlin sur la responsabilité de Kiev.

Le 24 février 2022, l'Ukraine a été envahie par la Russie, le Kremlin affirmant agir pour protéger le pays contre la menace de l'OTAN et empêcher un élargissement de l'organisation.

Donald Trump souhaite négocier un accord avec l'Ukraine afin d'obtenir un accès à 50 % de ses minerais stratégiques, en guise de compensation pour l'aide militaire et économique déjà fournie à Kiev.

Le conseiller à la sécurité nationale de M. Trump, Mike Waltz, s'est montré très pressant vendredi.

« Le président Zelensky va signer cet accord, et vous le verrez à très court terme, et c'est bon pour l'Ukraine », a-t-il insisté lors d'un rassemblement de conservateurs près de Washington.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rejeté avec vigueur la première proposition américaine d'accord, arguant qu'il ne pouvait « pas vendre » son pays.

Il a toutefois laissé la porte ouverte à des « investissements » américains en échange de telles garanties.

De son côté, Donald Trump affirme que les États-Unis ont dépensé 350 milliards de dollars pour s'engager dans une guerre qui ne pouvait pas être gagnée. Or, selon l'institut économique IfW Kiel, l'aide américaine globale à l'Ukraine, financière, humanitaire et militaire, a atteint 114,2 milliards d'euros (près de 120 milliards de dollars au cours actuel) entre début 2022 et fin 2024, dont 64 milliards d'euros en assistance militaire.

Le 1er février, M. Zelensky a assuré que l'Ukraine n'avait reçu à ce stade que 75 des 177 milliards de dollars d'aide votée par le Congrès américain.


Les États-Unis proposent à l'ONU une résolution pour « une fin rapide » du conflit en Ukraine

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) accueille l'envoyé américain Keith Kellogg dans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine.  (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) accueille l'envoyé américain Keith Kellogg dans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine. (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
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  • Les États-Unis ont proposé un projet de résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale de l'Ukraine.
  • Le texte proposé par les États-Unis ne condamne pas l'agression russe ni ne fait référence explicite à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui ressemble à une trahison de la part de Kiev et à un coup bas contre l'UE.

NATIONS-UNIES : Les États-Unis ont proposé un projet de résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale du pays, après une nouvelle attaque du président américain Donald Trump contre son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.

Dans un communiqué, le secrétaire d'État américain, Marco Rubio, a exhorté les pays membres de l'ONU à approuver cette nouvelle résolution « simple » et « historique », et « tous les États membres à la soutenir, afin de tracer un chemin vers la paix ».

« Cette résolution est une bonne idée », a rapidement commenté l'ambassadeur russe à l'ONU, Vassili Nebenzia, déplorant toutefois l'absence de référence « aux racines » du conflit.

Les Européens, désarçonnés par l'ouverture du dialogue américano-russe sur l'Ukraine, n'avaient pas réagi samedi matin à la proposition américaine.

« Nous n'avons pas de commentaire pour l'instant », a simplement indiqué l'ambassadeur français à l'ONU Nicolas de Rivière, alors que l'Assemblée générale doit se réunir lundi.

Le texte proposé par les États-Unis ne condamne pas l'agression russe ni ne fait référence explicite à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui ressemble à une trahison de la part de Kiev et à un coup bas contre l'UE, mais aussi à un mépris pour les principes fondamentaux du droit international », a déclaré à l'AFP Richard Gowan, de l'International Crisis Group.

L'Assemblée générale de l'ONU se réunit lundi pour marquer le troisième anniversaire de l'invasion russe de l'Ukraine.

À cette occasion, l'Ukraine et les Européens ont préparé un projet de résolution qui souligne la nécessité de « redoubler » d'efforts diplomatiques pour mettre fin à la guerre « cette année », et prend note des initiatives de plusieurs États membres ayant présenté « leur vision pour un accord de paix complet et durable ».

Le texte réitère également les précédentes demandes de l'Assemblée générale, appelant à un retrait immédiat et inconditionnel des troupes russes d'Ukraine ainsi qu'à la cessation des attaques de la Russie contre l'Ukraine.

Ces précédents votes avaient rassemblé plus de 140 voix sur les 193 États membres.

Les nouvelles salves de M. Trump contre M. Zelensky interviennent alors que la visite de l'émissaire du président américain, Keith Kellogg, semblait avoir apaisé la situation. Ces nouvelles attaques de M. Trump contre M. Zelensky font suite à des premières invectives virulentes plus tôt dans la semaine, qui avaient suscité une vive réaction de la part de Kiev et la stupéfaction de ses alliés européens.

M. Zelensky avait déclaré avoir eu des échanges « productifs » avec M. Kellogg, et ce dernier l'avait qualifié de « dirigeant courageux et assiégé d'une nation en guerre ».

Vendredi, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a réaffirmé que le président Vladimir Poutine était « ouvert » à des pourparlers de paix.

La Russie exige notamment que l'Ukraine lui cède quatre régions ukrainiennes, en plus de la Crimée qu'elle a annexée en 2014, et qu'elle n'adhère jamais à l'Otan. Des conditions jugées inacceptables par les autorités ukrainiennes qui demandent à leurs alliés des garanties de sécurité solides.

M. Trump et ses collaborateurs ont jugé « irréaliste » l'adhésion de l'Ukraine à l'Otan et son ambition de reprendre ses territoires perdus à la Russie.

Sur le terrain, la situation reste difficile pour les troupes ukrainiennes. L'armée russe a revendiqué vendredi la prise de deux localités dans l'est de l'Ukraine.


60 ans après, l'assassinat de Malcolm X continue de secouer l'Amérique

L'avocat Ben Crump (à droite) et la fille de Malcolm X, Ilyasah Shabazz, s'adressent à la presse pour demander la déclassification des documents du pasteur musulman afro-américain et militant des droits de l'homme Malcolm X, à l'occasion du 60e anniversaire de son assassinat, à Harlem, dans l'État de New York, le 21 février 2025. La conférence de presse s'est tenue au Malcolm X and Dr Betty Shabazz Memorial and Educational Center, dans la salle de bal où Malcolm X a été assassiné le 21 février 1965. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
L'avocat Ben Crump (à droite) et la fille de Malcolm X, Ilyasah Shabazz, s'adressent à la presse pour demander la déclassification des documents du pasteur musulman afro-américain et militant des droits de l'homme Malcolm X, à l'occasion du 60e anniversaire de son assassinat, à Harlem, dans l'État de New York, le 21 février 2025. La conférence de presse s'est tenue au Malcolm X and Dr Betty Shabazz Memorial and Educational Center, dans la salle de bal où Malcolm X a été assassiné le 21 février 1965. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
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  • Six décennies jour pour jour après sa mort, un hommage est rendu vendredi à la figure de proue du mouvement « Black Power », notamment pour son héritage en matière de « justice sociale ».
  • « Nous espérons que la vérité tant attendue éclatera, après 60 ans d'attente, et que ce qui s'est passé sera documenté », explique à l'AFP Ilyasah Shabazz, la fille de Malcolm X.

NEW-YORK : Six décennies jour pour jour après sa mort, un hommage est rendu vendredi à la figure de proue du mouvement « Black Power », notamment pour son héritage en matière de « justice sociale ». C'est ce que rappelle le Shabazz Center, le mémorial et centre éducatif installé dans l'ancienne salle de bal de Harlem où il a été abattu à 39 ans, au faîte de son influence, et ce quelques mois seulement après l'abolition de la ségrégation raciale.

Qui a commandité le meurtre ? Comment le drame a-t-il pu survenir en pleine réunion publique, alors que les menaces pesant sur le militant, porte-voix de la « Nation of Islam » puis de l'abolition des discriminations, étaient connues des autorités ?

Pour obtenir des réponses, sa famille a engagé en novembre 2024 des poursuites au civil spectaculaires, réclamant 100 millions de dollars aux forces de l'ordre et aux agences fédérales qu'elle accuse, selon elle, d'avoir joué un rôle à divers degrés dans son assassinat.

Dans ce dossier qui doit entrer dans le vif du sujet début mars devant un tribunal de Manhattan, la famille assure disposer d'éléments nouveaux lui permettant d'assigner en justice la police de New York (NYPD), le FBI ou encore la CIA.

« Nous espérons que la vérité tant attendue éclatera, après 60 ans d'attente, et que ce qui s'est passé sera documenté », explique à l'AFP Ilyasah Shabazz, la fille de Malcolm X.

- « Qui a donné l'ordre ? » -

Selon l'assignation en justice, la famille du leader afro-américain, également connu sous le nom d'El-Hajj Malik El-Shabazz, estime que les forces de l'ordre et les services de renseignement américains ont sciemment désengagé les policiers dont la mission était de le protéger la nuit du drame.

Des agents en civil ne sont pas non plus intervenus au moment des faits et, depuis sa mort, les agences de renseignement s'emploieraient à dissimuler leurs agissements, selon la plainte.

Contactée par l'AFP, la police de New York n'a pas souhaité s'exprimer pour l'instant.

« Cette dissimulation a duré des décennies, privant la famille Shabazz de la vérité et de leur droit à obtenir justice », estime auprès de l'AFP Me Ben Crump, qui défend le dossier pour les filles de Malcolm X.

« Nous écrivons l'histoire en nous dressant ici face à ces torts et en demandant des comptes devant les tribunaux », se félicite le conseil, qui a demandé vendredi la « déclassification de documents » liés à ce dossier.

L'affaire avait déjà rebondi en 2021, lorsque deux des trois anciens hommes reconnus coupables de l'assassinat et ayant passé plus de vingt ans derrière les barreaux ont finalement été innocentés, ce qui constitue l'une des plus grandes erreurs judiciaires des États-Unis. En réparation, les deux Afro-Américains ont touché 36 millions de dollars de la part de la ville et de l'État de New York.

« On sait déjà assez précisément comment l'assassinat de Malcolm X s'est déroulé. On sait qui en est responsable : cinq membres de la Nation of Islam. La seule chose qu'on ignore, c'est qui a donné l'ordre », observe Abdur-Rahman Muhammad, historien et spécialiste reconnu du dossier, dont les travaux pendant des décennies ont contribué à disculper les deux accusés à tort.

Selon lui, les éléments mis en avant aujourd'hui par la famille de Malcolm X sont « peu crédibles ».

Il concède toutefois que « si la plainte permet de déterminer qui a donné l'ordre final, alors elle aura de la valeur ».

Cet énième rebondissement aura au moins permis de remettre en avant « l'héritage » de Malcolm X, plus important que jamais sous le second mandat de Donald Trump, « ennemi implacable » de la communauté noire, affirme l'historien.

« Cela va inciter les Afro-Américains à se serrer les coudes », anticipe Abdur-Rahman Muhammad. « En résumé, la communauté noire doit revenir au message de Malcolm : lutter. »