PARIS: La Fédération française de football (FFF) a temporisé jeudi sur le sort de son président Noël Le Graët, mis en retrait de ses fonctions mais toujours accroché à son poste malgré une enquête le visant pour harcèlement moral et sexuel.
Réuni jeudi matin en visioconférence sans son patron de 81 ans, le comité exécutif de l'instance "a pris acte de la décision (lundi) du parquet de Paris d'ouvrir une enquête concernant Noël Le Graët", a annoncé la FFF dans un communiqué. Mais "sans plus d'informations à ce stade, et dans le respect de la présomption d'innocence", il a décidé de "reste(r) sur sa position de mise en retrait du président", suppléé par intérim par le vice-président Philippe Diallo, a-t-elle ajouté.
Avant de se prononcer, le Comex attend la communication de l'audit de l'Inspection générale de l'éducation, du sport et de la recherche (IGESR), chargée par le ministère des Sports d'éclaircir les dysfonctionnements au sein de l'instance.
Le rapport provisoire de l'IGESR est attendu en principe le 30 janvier. Puis la Fédération aura plusieurs jours pour formuler des observations avant la constitution du rapport définitif. Celui-ci accablera-t-il Noël Le Graët ? L'avenir de l'ancien maire de Guingamp, en poste depuis 2011, risque considérablement d'en dépendre.
"Le Comex se réunira quelques jours après pour se consacrer entièrement aux conséquences de l'audit, ce qui nous mène autour de mi-février", a expliqué à l'AFP Eric Borghini, membre du comité exécutif et président de la Commission fédérale des arbitres.
Enquête et dérapages
Déjà fragilisé par de nombreuses polémiques et pointé du doigt par plusieurs témoignages de femmes l'accusant de comportements sexistes, Noël Le Graët a été contraint de se mettre en retrait la semaine dernière lors d'un Comité exécutif extraordinaire convoqué juste après des déclarations à l'emporte-pièces concernant l'icône du football et du sport français Zinédine Zidane.
Et l'ouverture lundi par le parquet de Paris d'une enquête le visant pour harcèlement moral et sexuel, à la suite d'un signalement effectué par les auditeurs de l'IGESR, a assombri ses perspectives.
La "Fédé", désormais commandée par Philippe Diallo, tente donc de continuer son travail sans Le Graët, parti en congés à La Martinique.
Jeudi, l'instance a notamment avancé sur le dossier de l'arbitrage et décidé de demander à l'Ifab, gardien des règles du jeu, l'autorisation de sonoriser ses arbitres en Ligue 1, à titre expérimental.
Rapidement néanmoins, le dossier de son management va revenir sur la table: la directrice générale Florence Hardouin a en effet été mise à pied et Noël Le Graët, arrivé sur les ruines du fiasco de la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud, paraît plus que jamais proche de la sortie.
S'il a longtemps été soutenu corps et âme par son comité exécutif - constitué des membres de sa liste pour sa dernière réélection, en 2021 -, ce n'est plus le cas ces dernières semaines. Si aucun membre n'a publiquement appelé à sa démission, plusieurs ont incité "NLG" à lâcher la barre.
Le Graët dément
A l'extérieur de la "3F", le climat est encore plus hostile et les appels à un départ se multiplient.
Mais le patron du football français s'accroche: mardi, il a démenti les accusations, s'en prenant, dans un communiqué transmis à l'AFP, aux fuites organisées "par voie de presse". Il a également égratigné les "interférences et pressions politiques" du gouvernement et notamment de la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra.
Si l'ex-président de l'En Avant Guingamp ne se résout pas à passer la main de sa propre initiative, la marge de manœuvre du Comité exécutif restera réduite: le "gouvernement" de la FFF ne peut en effet "qu'inciter" le président à rendre son tablier, explique un des membres, et ne peut pas l'obliger à quitter la scène.
En cas de refus de Le Graët de s'écarter, la grande crainte des élus est surtout de voir l'Assemblée fédérale être convoquée par le quart de ses membres afin de destituer le Comex dans son ensemble.