CASABLANCA: La croissance sera-t-elle au rendez-vous cette année au Maroc ou fera-t-elle du surplace? Difficile de répondre lorsqu’on sait que l’économie du pays dépend étroitement de l’activité agricole et donc de la pluviométrie. Ce qui est, en revanche, sûr, c’est que la «baraka divine» tarde à tomber du ciel, après avoir marqué le pas avec les quelques précipitations enregistrées au début de décembre 2022.
Selon les prévisions des trois prochains mois, la météo ne sera pas clémente, aggravant ainsi le stress hydrique dont souffre déjà le pays. Au 10 janvier 2023, le taux de remplissage des barrages n’atteint que 31,5%, soit moins de trois points de pourcentage que l’année précédente, année qui, rappelons-le, a connu une sécheresse aiguë. Les agriculteurs vivront-ils le même scénario?
À la différence de l’année écoulée, l’économie marocaine sera davantage confrontée à une hausse continue de l’inflation, à des prix des hydrocarbures élevés, à une baisse de la demande extérieure, en plus des répercussions de la crise russo-ukrainienne. Une inquiétude confirmée par la Banque mondiale qui vient d’émettre ses prévisions de croissance à l’échelle mondiale.
Ralentissement brutal et durable
L’institution de Bretton Woods a prévenu contre un ralentissement brutal et durable pour les pays en développement, dont le Maroc, abaissant ses prévisions pour la croissance mondiale en 2023 à 1,7% contre 3% attendu il y a six mois. Dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (Mena), la croissance devrait ralentir à 3,5% cette année et à 2,7% en 2024.
Du côté de la Bank al-Maghrib (Banque centrale du Maroc), on s’attend à une croissance autour de 3% cette année après un ralentissement à 1,1% en 2022. «La croissance devrait s’accélérer à 3% cette année, portée par la hausse de 7% de la valeur ajoutée agricole, sous l’hypothèse d’un retour à une production céréalière moyenne, alors que la croissance des activités non agricoles décélèrerait à 2,4%, pâtissant en particulier de la détérioration de l’environnement externe», explique la Banque centrale marocaine.
À la différence de l’année écoulée, l’économie marocaine sera davantage confrontée à une hausse continue de l’inflation, à des prix des hydrocarbures élevés, à une baisse de la demande extérieure, en plus des répercussions de la crise russo-ukrainienne.
Mohand Hakhifi
Des hypothèses toutefois incertaines, car basées essentiellement sur la bonne tenue de la saison agricole. Une campagne céréalière dont les prémices ne sont pas reluisantes. Et pour ne rien arranger, l’inflation va devoir continuer à enregistrer des taux élevés pour une période bien plus longue que prévu, avertit la Banque centrale.
«L’inflation devrait ressortir à 6,6% en 2022, après 1,4% en 2021, tirée essentiellement par l’accélération de la hausse des prix des produits alimentaires et des carburants et lubrifiants. Elle se situerait par la suite à 3,9% en moyenne en 2023 avant d’enregistrer un nouveau rebond en 2024 à 4,2%», alerte la même source.
Objectif: stabilité des prix
Ainsi, pour favoriser le retour de l’inflation à des taux en ligne avec l’objectif de stabilité des prix, Bank al-Maghrib a décidé de relever le taux directeur de cent points de base à 2,50%, entre septembre et décembre 2022. Un relèvement qui renchérira les taux d’intérêt des crédits octroyés par les organismes de financement.
En voulant contenir la hausse de l’inflation, la Banque centrale impactera ainsi deux principaux moteurs de la croissance à cause de la hausse du coût du crédit: les petites et les moyennes entreprises (PME), qui constituent près de 90% du tissu économique du pays, et les particuliers qui contribuent à la dynamique de la consommation interne. L’année 2023 ne commence pas sur une note optimiste pour le Maroc. En attendant la clémence du ciel les prochaines semaines…