Macron laisse Darmanin monter au front sur les lois sécuritaires

Gerald Darmanin, ministre de l'interieur français. (AFP)
Gerald Darmanin, ministre de l'interieur français. (AFP)
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Publié le Samedi 21 novembre 2020

Macron laisse Darmanin monter au front sur les lois sécuritaires

  • En plein confinement qui met les Français sous tension, le chef de l'Etat ne s'est pour l'instant pas publiquement exprimé sur la loi « sécurité globale » et son article 24, qui encadre la diffusion d'images de policiers à des fins malveillantes
  • Le chef de l'Etat a besoin de tout son crédit et d'une majorité solide pour convaincre les Français de respecter pour encore des semaines des contraintes liées au contexte sanitaire. Il compte également sur leur adhésion sur la loi contre les séparatismes

PARIS : Concentré sur la préparation d'un allègement du confinement, Emmanuel Macron se tient à l'écart du débat sur les lois accusées d'être « liberticides », laissant aux manettes son ministre Gérald Darmanin, ancien disciple de Nicolas Sarkozy.

En plein confinement qui met les Français sous tension, le chef de l'Etat ne s'est pour l'instant pas publiquement exprimé sur la loi « sécurité globale » et son article 24, qui encadre la diffusion d'images de policiers à des fins malveillantes.

Ce texte, examiné vendredi à l'Assemblée, est la cible des critiques d'organisations de journalistes, de la gauche, de défenseurs des libertés et du droit d'informer, et il divise aussi au sein de la majorité où certains n'ont pas caché leur malaise.

Emmanuel Macron avait déjà refusé de se mêler du débat sur le mot d' « ensauvagement » utilisé  à la rentrée par le même Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur depuis juillet.

Le chef de l'Etat a besoin de tout son crédit et d'une majorité solide pour convaincre les Français de respecter pour encore des semaines des contraintes liées au contexte sanitaire. Il compte également sur leur adhésion sur la loi contre les séparatismes, l'une des plus importantes de son quinquennat, présentée en Conseil des ministres le 9 décembre.

Mais ce doublé de lois axées sur la sécurité gène une partie de la majorité qui s'est souvent divisée sur ces sujets. 

Le ministre de l’Intérieur a jeté de l'huile sur le feu en suggérant dans un premier temps que les journalistes se signalent aux autorités avant de couvrir une manifestation, avant de reculer.

« Couvercle »

La Défenseure des droits Claire Hédon a réclamé vendredi "le retrait" de l'article 24, qu'elle juge « inutile » et potentiellement nuisible au contrôle de l'action des policiers et gendarmes. 

Des syndicats de journalistes, de nombreuses rédactions et d'autres organisations ont dénoncé des « atteintes à la liberté d'informer ». 

Les dangers de dérive « se sont révélés au grand jour » mardi soir, où lors d'une manifestation contre le texte, « des journalistes ont été intimidés verbalement, empêchés de faire leur travail, placés en garde à vue pour l'un d'entre eux », dénonce vendredi le directeur du Monde Jérôme Fenoglio dans un éditorial.

Le MoDem, allié de la majorité, a pris ses distances en annonçant qu'il ne voterait pas l'article 24 dans sa rédaction originelle et des députés Marcheurs ont tenu à défendre la liberté de la presse. 

Jean Castex est finalement intervenu jeudi soir en proposant à Gérald Darmanin et au chef de file des députés LREM Christophe Castaner un amendement de compromis qui garantit le droit d'informer. « Castex a joué son rôle. Cet arbitrage est de nature à calmer le jeu », selon une source gouvernementale.

Cette polémique tombe mal dans un pays « à cran » qui attend un déconfinement qu'on lui annonce comme encore lointain, estime un conseiller de l'exécutif.

« C'est un coup politique » du ministre de l'Intérieur pour répondre aux demande des policiers. « Mais la manifestation de mardi soir a été pour nous un vrai signal d'alerte. On ne peut pas se permettre une telle crise en période de confinement. Lorsque le couvercle sera levé et les mesures d'urgence terminées, nous pouvons avoir à gérer une crise sociale », avertit-il.

« Et il est compliqué de se présenter en défenseur de la liberté de la presse pour Charlie Hebdo tout en demandant une accréditation pour couvrir des manifestations », commente la même source. 

« On a accusé Emmanuel Macron d'être trop libéral, maintenant on lui reproche d'être trop sécuritaire. On oublie un peu vite qu'il défend constamment depuis un mois les valeurs républicaines et a sacralisé la liberté d’expression », défend une source gouvernementale.

 


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".